Une famille décomposée

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Paul invite Max Crooner, son ami et auteur de théâtre à succès pour un déjeuner. Il a une révélation à faire et la présence de son ami et de son épouse Édith est indispensable. Ils vont, ainsi, faire connaissance de la famille de Paul. Cette invitation va se révéler plein de surprises, beaucoup plus que ce qui imaginait Paul en lançant son invitation. Les révélations vont se succéder les unes aux autres. Viviane, la sœur de Paul, qui s’est invitée, sera la première à dévoiler son secret. Les enfants de Paul, Emma et Thomas, ainsi que la petite amie de ce dernier, Lucy apprendront des choses sur leurs naissances respectives, mettant la famille sens dessus dessous. Enfin Louise, la femme de Paul et Édith auront, elles aussi, leur part de secret dévoilé. Dans un tourbillon de découvertes et de surprises, cette intrigue se révélera très souvent drôle, parfois émouvante jusqu’à son dénouement dans la bonne humeur.

Décor (1)

Chez Paul un salon avec un canapé, deux fauteuils, un meuble-bar et de quoi asseoir 8 personnes. 3 portes ; une d'entrée, une menant à la cuisine, une dernière allant vers la salle à manger et le jardin.

ACTE 1

Un salon. Paul lit un journal. Emma entre sur scène brusquement.

EMMA : Papa, c'est vrai, Max Crooner va venir manger ?

PAUL : C'est exact !

EMMA : C'est fou ! Mais comment connais-tu un auteur de théâtre aussi célèbre que lui ?

PAUL : On s'est rencontré il y a plus de 30 ans. Il venait d'écrire sa première pièce.

EMMA : Comment, toi, un représentant en système d'alarme, as-tu rencontré un auteur en devenir ?

PAUL : On s'est rencontré par hasard. J'étais à Paris pour le SISSA.

EMMA : Le quoi ?

PAUL : Le SISSA ; le Salon International de la Sécurité et des Systèmes d'Alarme.

EMMA (incrédule): Il est venu te voir à ce salon ?

PAUL : Attends. Le SISSA est le rendez-vous annuel des fabricants d'alarmes. Chacun apportant ses nouveaux modèles à une clientèle à la recherche de l'alarme la plus performante, la plus efficace. C'est une vraie compétition.

EMMA : Je ne vois pas ce que Max Crooner vient faire là-dedans.

PAUL : Max était venu à ce salon parce qu'il y avait une journée spéciale où on élisait miss alarme.

EMMA : Sérieusement, il y avait une miss alarme ? C'était un concours de beauté ?

PAUL: Oui. On élisait la plus jolie et celle qui poussait le cri le plus proche d'une alarme.

EMMA : Hein ! Ce n'est pas possible. L'élection de la plus stridente des miss, je cauchemarde, là.

PAUL : C'était comme ça. Il y avait un spectacle pendant lequel on élisait la miss de l'année. Le jury était composé de professionnels de l'alarme et d'une vedette. Cette année-là, comme Max avait triomphé avec sa première pièce, les organisateurs ont eu l'idée de lui demander de présider le jury.

EMMA : C'est dingue ! Ils ont pensé à lui.

PAUL : Oui. Bon, pour être honnête, ce n'était pas leur premier choix. D'autres avant lui avaient été contactés, Johnny Halliday, Pavarotti, Mireille Matthieu, mais présider l'élection de miss alarme n'emballait pas grand monde. Même le mime Marceau a refusé. Alors, à force de refus, ils se sont tournés vers lui. Il cherchait à se faire installer un système d'alarme chez lui, c'est comme ça qu'on le lui a proposé.

EMMA : Et il a accepté.

PAUL : S'il venait, on lui offrait l'installation gratuite de son alarme. Il a sauté sur l'occasion.

EMMA : Et c'est là que tu l'as rencontré.

PAUL: Oui. Il se trouve que cette année-là, j'avais été élu meilleur vendeur de France. À ce titre, j'étais membre du jury. On s'est trouvé côte à côte. Et comme l'apéritif avait été bien arrosé, nous avions tous les deux, comme on disait à l'époque « chargé la mule ». Bien éméché, il a essayé de monter sur le podium. J'ai réussi à le plaquer au sol au pied de miss TOUTALARME. La peur lui a fait pousser un tel hurlement, avant de s'enfuir en courant, qu'elle aurait dû gagner le concours si on l'avait retrouvée.

EMMA : Élégant, le Max. Je suis déçue.

PAUL : Il n'était pas dans son état normal. C'est un brave garçon.

EMMA : Ça ne pardonne pas son attitude.

PAUL : C'est vrai. Il n'en était pas fier. Il voulait même se faire pardonner auprès de la candidate... (en plaisantant), mais comme on ne l'a jamais retrouvé.

EMMA : Tu es lourd, papa.

PAUL : C'est après cette soirée qu'il a eu l'idée d'écrire une pièce sur le métier de vendeur. Je le ramenais chez lui et il m'a proposé qu'on se voie pour que je lui raconte les anecdotes du métier. Il s'en est bien servi pour écrire sa pièce.

EMMA : C'est génial ! C'est un peu comme si tu avais coécrit la pièce.

PAUL : Il ne faut pas exagérer. C'est son talent qui a fait le succès de cette pièce, pas mes histoires. Après, on a continué à se voir chaque fois que je montais à Paris. On en a fait de bonnes tous les deux.

EMMA : C'est incroyable ! Comment ne nous as-tu jamais parlé de lui ?

PAUL : On s'est perdu de vu. Pris par son succès, il n'était plus aussi disponible. J'allais moins souvent sur Paris. La vie a fait son chemin.

EMMA : Et maintenant, vous vous retrouvez.

PAUL : C'est vrai. Par le plus grand des hasards. La semaine dernière, j'étais à Paris. J'avais un rendez-vous important. Je suis passé près de chez Max, là où il habitait à l'époque. Nous nous sommes retrouvés, nez à nez, en bas de chez lui. On est tombé dans les bras l'un de l'autre.Il m'a avoué qu'il pensait souvent à moi. Alors, quand je lui ai proposé de l'inviter, il a accepté de suite.

EMMA : Je suis impatiente de le rencontrer. (elle hésite un moment) Dis papa ?

PAUL : Oui, ma fille ?

EMMA : Tu crois que je pourrai lui montrer...

PAUL (s'amusant des hésitations de Emma) : Lui montrer quoi ?

EMMA : Tu sais bien... ma...

PAUL : Ta quoi ?

EMMA : Papa, tu le fais exprès. Tu sais bien de quoi je parle.

PAUL : Ta pièce de théâtre ?

EMMA : Oui.

PAUL : C'est un peu aussi pour ça que je l'ai invité.

EMMA : C'est vrai ?

PAUL : Tu pourras essayer de lui faire lire ta pièce. Je me suis dit que si elle lui plaisait, il pourrait t'aider à la faire jouer.

EMMA  (entourant son père de ses bras) : Oh merci, mon petit papa chéri !

PAUL : Tu as du talent, Emma. Il faut que ça se sache. Mais n'en parle à personne. La raison de sa venue reste, entre nous, d'accord ?

EMMA : D'accord...... Je n'en reviens pas.

À ce même moment, Thomas et Lucy entrent dans la pièce.

THOMAS : Tu n'en reviens pas de quoi ?

EMMA : (enthousiaste) : Tu sais qui vient nous rendre visite ?

THOMAS : Non. Nous attendons une visite ?

EMMA : Max Crooner

Thomas et Lucy se regardent. Ils ne voient pas de qui parle Emma.

LUCY : Qui ça ?

EMMA : Max Crooner

THOMAS : C'est un ami de papa ?

EMMA : Oui.

THOMAS : Que l’on connaît ?

EMMA : Non.

THOMAS : Qu'est-ce qui te rend si excité à recevoir un ami de papa qu'on ne connaît pas ?

EMMA : Parce que c'est Max Crooner.

Thomas et Lucy se regardent encore, incrédules.

LUCY : Et c'est qui ce Max Crooner ?

EMMA ( toujours enthousiaste) : Si je vous dis : « Spécimens en voie de disparition » ou « un VRP pour une VIP» ou encore «  L'expertise ». Ça vous évoque quoi ?

THOMAS (feignant l'inquiétude) : Tu es sûre que tu vas bien ?

EMMA : Mais enfin, ça ne peut pas rien vous dire.

THOMAS : Rien.

LUCY : Rien.

EMMA (désespéré, regardant son père qui lit toujours son journal) : Mais,ce n'est pas possible, Thomas. Encore Lucy, je comprends, elle est belge.

LUCY (énervée) : Qu'est-ce que ça veut dire ? Parce que je suis Belge, je ne peux pas comprendre ?

EMMA (se rendant compte de sa gaffe) : Mais non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.

LUCY (toujours énervée) : Qu'as-tu voulu dire ?

EMMA (embêtée) : Rien...Je me dis que peut-être cet humour...très français....avec les Belges...

LUCY (même jeu) : Tu sais ce qu'ils te disent les Belges ?

EMMA : Pardonne-moi Lucy...mais sa réputation.

LUCY :  Quoi sa réputation ?

THOMAS (intervenant pour apaiser la discussion) : Ah ! Voilà un premier indice. Il a une réputation. Il est donc connu ?

EMMA : S'il est connu ? Mais bien sûr qu'il est connu. Il est plus que ça; il est célèbre !

THOMAS (se tournant vers Paul) : Papa, tu as un ami qui est célèbre ?

PAUL : (sans lever le nez de son journal) : Il semblerait.

THOMAS : Bon, Emma, tu nous dis ? C'était quoi tes messages codés de tout à l'heure.

EMMA : Des pièces de théâtre. C'est le plus grand auteur contemporain.

THOMAS : Rien que ça ?

EMMA : Je t'assure. Il est mondialement connu.

LUCY (vexée) : Sauf en Belgique !

PAUL : N'exagère pas, Emma. Il a un beau succès en France, c'est déjà pas mal.

EMMA : Peut-être, mais il a été nommé aux Molières.

LUCY: Et, c'est bien ça ?

EMMA : Et comment !

THOMAS (se rapprochant de Raymond) : J'aimerais bien savoir pourquoi cette « célébrité » vient ici. C'est toi qui l'as invité ?

PAUL : Oui.

THOMAS : Pour quelle raison ?

PAUL : Pour une bonne raison.

THOMAS : Tu ne peux pas être plus précis ?

PAUL : Non.

THOMAS: Je ne comprends pas. Tu ne veux rien nous dire de plus ?

PAUL (pliant son journal et se levant) : Tu comprendras en temps et en heure. En attendant, je vais me préparer pour accueillir nos hôtes du jour.

Il sort.

LUCY : (s'adressant à Emma) : Tu sais ce qu'il a voulu dire ?

EMMA (jouant l' étonnée) : Pas du tout.

On sonne.

THOMAS : Ah, voilà l'artiste 

EMMA : Déjà ?!

On entend deux voix de femmes qui s'approchent.

THOMAS : Zut ! Voilà tatie Cata. Je m'échappe.

EMMA : Ne l'appelle pas comme ça, si elle savait.

THOMAS : Comment veux-tu que je l'appelle ? Rien ne va jamais avec elle. Toute bonne nouvelle en cache une mauvaise. Et sa façon qu'elle a de me pincer la joue...

À ce moment entre Louise et Viviane. Thomas n'a pas le temps de sortir.

LOUISE (en les apercevant) : Vous étiez là les jeunes !

EMMA : Oui, maman, nous discutions.

VIVIANE : Bonjour les enfants. (elles se rapprochent de Thomas et lui pince la joue). Comment va mon petit Thomas ?

THOMAS (en faisant un pas en arrière) : Arrête tatie ! Tu sais bien que j'ai horreur de ça.

VIVIANE : Pauvre chéri !

THOMAS : On vous laisse. On va se préparer.

EMMA : Pour accueillir le grand homme.

Ils sortent tous les trois.

VIVIANE : Accueillir le grand homme ? De qui parle-t-elle ?

LOUISE : Nous recevons la visite de Max Crooner.

VIVIANE : Qui ?

LOUISE : Max Crooner, l'auteur.

VIVIANE : L'auteur ? L'auteur de quoi ?

LOUISE : C'est vrai que tu n'apprécies pas trop le théâtre, ce n'est pas trop ton truc ?

VIVIANE : Quelle horreur ! Des histoires d'amants, de maîtresses, d'infidélité, quel spectacle affligeant !

LOUISE : Tu pourras lui dire, je suis sûre que ça va lui plaire.

VIVIANE : Tu veux dire que ce Max Croo....

LOUISE : Crooner.

VIVIANE : Ce Max Crooner écrit des pièces de théâtre ?

LOUISE : Tout à fait. Et au dire d'Emma, c'est un des plus grands.

VIVIANE (horrifiée) : Emma connaît cet individu ?

LOUISE : Pas lui, son œuvre.

VIVIANE : Elle a vu ses pièces jouées. Elle va au théâtre ?

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