Du rififi au Georges VI

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Bernadette est femme de service à l’hôtel minable Georges VI dont la patronne vient
d’hériter de son dernier mari. La clientèle se faisant rare, la patronne pensait licencier Bernadette.
Cette dernière a trouvé le remède à ce problème en complicité avec son petit ami, gérant de la
station service d’en face. Il propose aux clients de faire lui-même le plein, en les envoyant prendre un
café. Pendant ce temps, il mettait du sucre dans le réservoir pour mettre la voiture en panne et ainsi
diriger le client vers le Georges VI. C’est ainsi que se retrouvent dans le même hôtel, l’inspecteur
chargé de l’enquête d’un vol de bijoux, un des deux braqueurs, une nymphomane, la femme de
l’inspecteur avec son amant et la belle-mère du même inspecteur.
L’inspecteur ayant avoué à Bernadette, qu’il serait capable du pire s’il apprenait que sa
femme le trompe, cette dernière fait de son mieux pour qu’il ne l’apprenne pas, mais ce n’est pas
chose simple entre la gestion des portables et tout le reste. Mais lorsqu’elle s’aperçoit que les bijoux
sont dans la guitare d’un client, elle hésite entre les garder ou les remettre à l’inspecteur. Le
braqueur et sa maitresse du soir découvrant que les bijoux ne sont plus là, font courir le bruit que les
bijoux sont faux, dans l’espoir de les voir réapparaitre.

Décor (1)

Du rififi au Georges VIL’action se passe de nos jours dans un hôtel plutôt minable. Le comptoir à gauche, avec une porte donnant derrière. A droite, une porte donnant vers la chambre 500, au fond la porte d’entrée et à sa droite, un escalier donnant vers les chambres 502, 503 et 504. Sous l’escalier la porte donnant vers la chambre 501. Un petit canapé, une table basse et une petite table ronde avec deux chaises. A droite ou à gauche une petite terrasse avec une table et deux chaises. Sur les murs, 4 tableaux représentant les défunts maris de la patronne.

Du rififi au Georges VI

ACTE 1

Scène 1

(La Patronne, Bernadette)

(Quand le rideau s’ouvre, la patronne est au comptoir à lire des documents. La bonne essuie les tables)

La patronne : Vous vous rappelez Bernadette, notre conversation du mois dernier ?

Bernadette : Celle où vous m’avez annoncé que vous alliez bientôt me virer ? Ben évidemment que je m’en rappelle, vous croyez quoi ? Que j’allais ouvrir une bouteille de champagne en arrivant chez moi ….

La patronne : Allons allons, comme vous y allez, j’avais quand-même dit peut-être !

Bernadette : Ouais, quand on n’est pas sûr eh ben on se la f….. (Gênée) Pardon, mes paroles dépassent parfois mes pensées, alors ! Vous voulez en venir où ?

La patronne : Au moment où je vous ai dit ça, nous n’avions pratiquement plus de clients ….

Bernadette : C’est vrai, à part les deux faiseurs de cocus du mardi soir, personne….

La patronne : Je ne comprends pas, notre hôtel est pourtant très convenable …

Bernadette : Ouais enfin, y’a mieux, des prises qui ne marchent plus, les robinets qui fuient et j’en passe … et le choix du nom de l’hôtel ….. « Hôtel Georges VI », excusez-moi mais c’est pas très judicieux !

La patronne : Peut-être, mais en tous les cas, depuis que j’ai voulu vous congédier, dès la semaine d’après on faisait le plein, c’est incroyable, non ?

Bernadette : (ironique) Un don du ciel !

La patronne : Ecoutez, je sais que vous vous appelez Bernadette mais je ne crois pas du tout aux miracles !

Bernadette : Vous devriez, vous devriez …

La patronne : C’est ça ! Bon, nous sommes mardi, est-ce que vous avez préparé la chambre 502 ?

Bernadette : Evidemment, depuis le temps que ça dure, ça devient automatique !

La patronne : Bien Bernadette !

Bernadette : J’ai une question : On n’a que cinq chambres, alors pourquoi ne pas mettre chambres 1, 2, 3, 4 et 5 au lieu de 500, 501, 502, 503, 504…….

La patronne : Mais enfin Bernadette, quand les clients appellent et qu’ils réservent la chambre 504 par exemple, ils pensent forcément que c’est un très grand hôtel et ….

Bernadette : On n’appellerait pas ça de la publicité mensongère ?

La patronne : Aucune loi interdit de numéroter les chambres comme on le souhaite, si j’avais voulu mettre 4500, 4501 etc .., je pouvais !

Bernadette : A Las Végas, je veux bien mais là !

La patronne : Par contre pour ce soir, à part l’Inspecteur Lapeyre à la 503, nous avons  encore 3 chambres de libres ! (éclair et coup de tonnerre)

Bernadette : Tiens, ça c’est un signe !

La patronne : N’importe quoi ! (elle sort)

Bernadette : (prenant son portable, appelant) Allo ! Dédé ? (silence) Pour ce soir, on a encore trois chambres de libres, si tu peux m’arranger ça, ça serait super, la patronne s’inquiète ! (silence) Quoi, le sucre ? (silence) J’aimerais mieux que tu te débrouilles tout seul, la patronne va finir par avoir des doutes ! Bon, tu peux m’en envoyer trois pour ce soir, merci mon Dédé ! (silence) Bon, ok je file t’en apporter, heureusement que t’es juste en face ! (elle passe derrière le comptoir et met un kilo de sucre dans un sac, veillant à ne pas être vue, un homme arrive d’une chambre)

Inspecteur Lapeyre : Excusez-moi, la prise de ma chambre ne fonctionne pas, je peux me brancher quelque part ici ?

Bernadette : Euh, oui bien sûr ! Tenez, ici !

Inspecteur Lapeyre : (d’un ton sévère) Merci mais je ne voudrais pas dire, hôtel Georges VI avec des prises qui ne fonctionnent pas, ça fait un peu désordre vous ne trouvez pas ?

Bernadette : Alors ça, c’est pas moi qui ai donné le nom à cet hôtel ! Vous pensez que votre voiture sera prête demain matin ?

Inspecteur Lapeyre : Oui, le garagiste me l’a confirmé !

Bernadette : Alors là, vous pouvez avoir confiance en lui, c’est mon …. (Hésitante) mon beau-frère. (À l’oreille) Par contre, je peux vous demander quelque chose ?

Inspecteur Lapeyre : Oui, Je vous écoute !

Bernadette : Si vous pouviez éviter de dire aux autres que vous êtes tombés en panne à la station service de mon beau-frère, ça m’arrangerait, ça pourrait lui faire de la mauvaise pub !

Inspecteur Lapeyre : Pas de soucis. Surtout qu’il a insisté pour faire le plein lui-même, et pendant ce temps-là il m’a même proposé de prendre un café gratos à la boutique. C’est un gars bien, votre beau-frère !

Bernadette : Ça c’est sûr ! Vous m’excusez deux minutes, je dois aller lui porter quelque chose, je reviens !

Inspecteur Lapeyre : Faites donc ! (elle sort. Il appelle) Allo ! (silence) Lapeyre au téléphone ! (silence)  Je suis désolé, je suis en panne, je ne pourrai pas être là pour le débriefing ! (silence) Non, désolé, j’ai perdu sa trace, comme il s’était enfui, j’avais mis une balise sous sa voiture, pensant qu’il reviendrait la chercher à un certain moment, mais il a peut-être changé de véhicule ! (silence) Je suis à l’hôtel pour la nuit, je vous rappelle demain matin ! (la patronne revient)

La patronne : Ah, monsieur Lapeyre, tout se passe bien ? (le voyant brancher son portable) Bon, désolé pour les prises !

Inspecteur Lapeyre : (ton sévère) Vous auriez pu m’avertir !

La patronne : Demain matin, normalement l’électricien vient, je vous tiens au courant !

Inspecteur Lapeyre : Très drôle, mais vous allez vite comprendre que l’humour ne fait pas vraiment partie de mes qualités !

La patronne : Oh là, désolé ! Vous n’avez pas croisé Bernadette ?

Inspecteur Lapeyre : Bernadette ?

La patronne : Oui, la femme de service qui s’occupe des chambres !

Inspecteur Lapeyre : Ah si, elle est sortie voir son beau-frère qui tient la station service d’en face !

La patronne : (surprise) Son beau-frère ?

Inspecteur Lapeyre : Oui celui qui m’a conseillé votre hôtel du fait que …. (Bernadette revient)

Bernadette : Désolé madame, j’étais parti porter quelque chose à …

La patronne : à votre beau-frère !

Bernadette : (surprise) Euh oui …. Mon beau-frère !

La patronne : Vous ne m’aviez pas dit que le patron de la station était votre beau-frère !

Bernadette : Ben, vous me l’aviez pas demandé non plus !

Inspecteur Lapeyre : Désolé de couper cette intéressante conversation, mais pourrais-je avoir une boisson, le temps que mon téléphone se recharge ?

La patronne : Bernadette, occupez-vous de monsieur !

Bernadette : Bien madame ! (la patronne sort) Quand je pense qu’elle voulait me virer le mois dernier !

Inspecteur Lapeyre : Vous virer ?

Bernadette : Ben oui, me virer, me lourder, me licencier quoi !

Inspecteur Lapeyre : Ça va j’ai compris et pourquoi elle a voulu vous virer ?

Bernadette : Pas assez de clients, et ben vous savez quoi, depuis qu’elle a voulu me virer, eh bien on fait le plein tous les soirs, c’est incroyable ça !

Inspecteur Lapeyre : Le hasard !

Bernadette : (malicieuse) C’est ça, le hasard. Bon vous voulez quoi ?

Inspecteur Lapeyre : Un thé ! Vous avez une terrasse ?

Bernadette : Euh oui, vous prenez la porte en face et je vous apporte votre thé !

Inspecteur Lapeyre : Merci ! (il sort)

Bernadette : Un thé ! Il se prend pour Sherlock Holmes ce mec, pas vraiment sympathique… (Elle prend son portable) Oui Dédé, c’est moi, dis-donc le mec que tu viens de m’envoyer, quel rustre, essaie de faire mieux le prochain coup ! (silence) Quoi, tu m’envoies déjà quelqu’un d’autre, super ! J’espère que tu m’as trouvé quelqu’un de mieux à ce coup-ci ! (silence) Différent ? On verra ! Au fait, je dis aux clients que tu es mon beau-frère, ça passera mieux au cas où ! (la porte s’ouvre) Je te laisse, une cliente arrive ! (elle raccroche)

Scène 2

(Brigitte, Bernadette, la patronne)

(Une jeune femme entre. Elle porte une tenue très provocante. Elle mâche un chewing-gum)

Brigitte : Salut !

Bernadette : (surprise, dévisageant Brigitte) Ouah …Euh … salut !

Brigitte : Vous avez une chambre ? On m’a dit que f’était poffible !

Bernadette : Bien sûr, mais qui vous a dit ….

Brigitte : Le mec fuper canon de la ftation d’en fafe. Il f’occupe de ma caiffe qu’a un problème.

Bernadette : (surprise par le parler) Vous savez quoi, le mec super canon de la station d’en face, c’est mon  …beau-frère alors .. pas touche merci, il est déjà pris ! C’est quoi votre nom ?

Brigitte : Moi c’est Brigitte !

Bernadette : Ok pour Brigitte mais votre nom c’est quoi ?

Brigitte : Dis-donc, t’es bien curieuse !

Bernadette : Je ne suis pas curieuse mais ….

Brigitte : Mais t’aime bien favoir !

Bernadette : C’est à cause de vigipirate, on doit avoir les noms c’est tout !

Brigitte : Ok, ok, mon nom c’est Le Buiffon !

Bernadette : (elle note. Brigitte regarde le registre)

Brigitte : Qu’est-ce que vous avez écrit, c’est pas le Buiffon, c’est le Buiffon !

Bernadette : Euh, i don’t understand !

Brigitte : Le buiffon, le buiffon comme la haie quoi !

Bernadette : Okay, okay, le buisson !

Brigitte : Voilà !

Bernadette : Bien, vous aurez la chambre 503, voici les clés ! Dites-moi, vous êtes tombée en panne ?

Brigitte : Ouais, comment t’as deviné ? Ton beauf, le fuper canon, il a infisté pour faire le plein lui-même, vachement fympa …. En plus, pendant qu’il faisait le plein, il m’a proposé un café gratos à la boutique. Vachement fympa ton beauf…

Bernadette : Okay, ça va j’ai compris, il est fympa et alors ….

Brigitte : Eh bien après, pas moyen de démarrer. C’est là qu’il m’a proposé de venir à votre hôtel ! Vous pouvez me dire où fe trouve le jacuzzi ?

Bernadette : (ironique) Le jacuzzi, pas de jacuzzi, vous rêvez …

Brigitte : Ok ! J’me contenterai de la pifine ! (elle prend les clés et monte)

Bernadette : La pifine … c’est ça ! Le petit dej, de sept heures à huit heures !

Brigitte : Ouah, ça fait vachement tôt, je fuis pas fûre d’être levée.

Bernadette : Avec le calme d’ici, vous inquiétez-pas vous allez dormir comme un loir.

Brigitte : Dormir, dormir, fa va dépendre… (La patronne revient)

La patronne : Alors ?

Bernadette : Une cliente vient d’arriver, mais pas n’importe quelle cliente !

La patronne : Comment ça ?

Bernadette : Je vous explique pas la dégaine.

La patronne : C’est qui ?

Bernadette : Brigitte … Lahaye !

La patronne : Quoi ! Brigitte Lahaye a pris une chambre dans notre hôtel ? C’est extraordinaire !

Bernadette : Vous la connaissez ?

La patronne : Voyons Bernadette, c’est une actrice !

Bernadette : Ah bon, connais pas, elle a joué dans quel film ?

La patronne : (gênée, changeant de conversation, consultant le registre) Bon, alors on en est à ….. Qu’est-ce que vous me racontez ? Je ne vois pas Brigitte Lahaye dans le registre. Je vois juste une certaine Brigitte Le Buisson mais …

Bernadette : Ouais, ben j’me suis gourrée, Le Buisson et La haie pour moi c’est pareil, non ! Je monte faire la chambre 504.

La patronne : Dites Bernadette, vous avez dit tout à l’heure que le patron de la station c’était votre beau-frère !

Bernadette : Oui, et alors ?

La patronne : Hier, je vous ai vue en train de l’embrasser. Ça ne me regarde pas, mais vous avez une drôle de façon d’embrasser votre beau-frère dîtes donc !

Bernadette : (Surprise) Hier, ah … oui, bien sûr. En fait, j’étais en train de lui apprendre le baiser théâtral, vous connaissez le baiser théâtral ?

La patronne : Oui, bien sûr !

Bernadette : Eh bien, comme je viens de vous le dire,  j’étais en train de lui apprendre le baiser théâtral, c’est tout.

La patronne : On met bien le pouce sur la bouche du partenaire pour le baiser théâtral ?

Bernadette : Evidemment !

La patronne : Vous aviez les deux mains sur les fesses du garagiste alors .. pour  le pouce !

Bernadette :...

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