Une belle-mère encombrante

Genres :
Thèmes : · ·
Distribution :
Durée :

Bernadette est femme de service à l’hôtel minable Georges VI dont la patronne vient d’hériter de son dernier mari. La clientèle se faisant rare, la patronne pensait licencier Bernadette. Cette dernière a trouvé le remède à ce problème en complicité avec son petit ami, gérant de la station service d’en face. Il propose aux clients de faire lui-même le plein, en les envoyant prendre un café. Pendant ce temps, il mettait du sucre dans le réservoir pour mettre la voiture en panne et ainsi diriger le client vers le Georges VI. C’est ainsi que se retrouvent dans le même hôtel, l’inspecteur chargé de l’enquête d’un vol de bijoux, un des deux braqueurs, une nymphomane, la femme de l’inspecteur avec son amant et la belle-mère du même inspecteur.
L’inspecteur ayant avoué à Bernadette, qu’il serait capable du pire s’il apprenait que sa femme le trompe, cette dernière fait de son mieux pour qu’il ne l’apprenne pas, mais ce n’est pas chose simple entre la gestion des portables et tout le reste. Mais lorsqu’elle s’aperçoit que les bijoux sont dans la guitare d’un client, elle hésite entre les garder ou les remettre à l’inspecteur. Le braqueur et sa maitresse du soir découvrant que les bijoux ne sont plus là, font courir le bruit que les bijoux sont faux, dans l’espoir de les voir réapparaitre.

Décor (1)

Une belle-mère encombranteSalon traditionnel mais assez luxueux. On retrouve sur chaque mur la même photo de la belle-mère disparue.

ACTE 1

Scène 1

(Yvan, Catherine, Adèle, le livreur)

            (Le salon est vide. Le téléphone sonne et au bout de quelques instants, Yvan arrive de l’extérieur, défait son manteau et l’accroche sur le porte manteau)

Yvan : Allo ! (il aperçoit la photo de da belle-mère décédée  sur le mur avec un effet de surprise) Ah, c’est toi Nicolas ! (silence) Oui, je te remercie ! (silence) Catherine  ça va, enfin c’est un peu dur pour elle … c’était tout de même ….(apercevant les autres photos) euh, non je dirais, c’est même très dur pour elle ! (silence) Un virage, tu sais ma belle-mère a eu son permis de conduire, mais comme on dit elle avait certainement du l’avoir dans un paquet de lessive. (Silence) Oh tu sais très bien, qu’entre elle et moi ça n’a jamais marché. Elle ne pouvait pas me sacquer, je ne pouvais pas la sacquer,  en clair nous ne pouvions pas nous sacquer. Catherine ? …….. Qu’est-ce que tu veux, c’était quand même sa mère. (Silence. Il raccroche) Catherine ! Catherine ! (Catherine arrive, descendant l’escalier)

Catherine : Ah, tu es déjà arrivé ? (elle l’embrasse)

Yvan : Tu n’as pas entendu le téléphone sonner ?

Catherine : Non, je me séchais les cheveux !

Yvan : Ah ! Tu te séchais les cheveux, d’accord mais par contre,  (désignant les photos) tu peux me dire ce que c’est que tout ça ?

Catherine : Voyons chéri, ça comme tu dis, c’est maman, c’est tout !

Yvan : Une seule photo n’aurait pas pu suffire ?

Catherine : C’est maman,  elle n’est plus là, alors je veux qu’elle soit présente par ses photos … c’est tout !

Yvan : Bon sang, tu connaissais les relations qui existaient entre ta mère et moi, je conçois que tu sois très perturbée mais je te rappelle que je n’aimais pas ta mère et d’ailleurs personne n’aimait ta mère.

Catherine : Si moi !

Yvan : Evidemment, mais ça fait peu compte tenu de tous les gens qu’elle fréquentait. Franchement, une photo sur chaque mur. Pendant que tu y es, placardes-en aussi dans notre chambre ! (elle le regarde d’un air coupable). Non, ne me dis pas que …. (Il se précipite dans les escaliers. De la chambre). Ah non ! (Il redescend) Tu vas m’enlever toutes ces photos immédiatement !

Catherine : Non !

Yvan : (surpris) Comment ça non ?

Catherine : Je te signale que maman  nous a laissé une jolie fortune,  je me demande d’ailleurs comment elle ne t’a pas déshérité dans son testament.

Yvan : J’en suis moi-même fort étonné. Finalement, elle avait peut-être une estime que je n’ai jamais remarquée !

Catherine : Tu rêves ! Alors, je pense que rien que pour cette raison, tu n’auras pas d’autre choix que de supporter le regard de maman dans toutes les pièces de cette maison.

Yvan : En fait, j’ai compris, quand j’en aurai marre,  j’irai aux toilettes ou dans la salle de bain. (Rires de Catherine, il réagit) Non, non et non, pas dans la salle de bain. Tu m’imagines tout nu, devant  le regard de ta mère. Tu me diras, il reste encore les toilettes (rires, Yvan s’emporte)

Catherine : Mais ce n’est qu’une photo ! (Elle regarde sa montre)

Yvan : Et dans la chambre, et notre intimité alors !

Catherine : Ne t’en fais pas, au cas où, je retournerai les cadres. Et puis (rires moqueurs) ce n’est pas tous les jours que ….

Yvan : (en aparté) Même disparue, elle continuera à m’emmerder!

Catherine : Tu dis chéri ?

Yvan : Rien ! Tu as vu Adèle ?

Catherine : Non, ce matin, elle est encore en retard (elle consulte ta montre) !

Yvan: A son prochain retard, elle aura droit à aller pointer à l’anpe, et arrête de regarder ta montre, ce n’est pas ça qui la fera venir plus vite ! (elle s’impatiente, ouvre la porte d’entrée pour surveiller l’arrivée de quelqu’un. Pendant ce temps, Yvan se sert un verre et s’approche d’une photo de sa belle-mère) Décidément, même là-haut, vous allez continuer à m’emmerder ! (lorsqu’il se retourne, le visage de la photo change avec la langue tirée) Franchement si vous continuez à ….. (Il revient devant la photo, aperçoit le changement, et recrache son verre) Catherine ! (elle revient)

Catherine : Tu m’as demandé chéri ?

Yvan : D’accord, tu voulais des photos de ta mère partout dans la maison, j’admets difficilement mais bon … mais ta mère en train de me tirer la langue, ça c’est trop !

Catherine : Comment çà ?

Yvan : Vois ça ! (la photo est revenue comme au début)

Catherine : Voyons chéri, que me chantes-tu là ?

Yvan : (qui ne comprend pas) Je ……je pense que ta mère, même plus de ce monde, est déjà en train de me faire péter les boulons !

Catherine : C’est ça, c’est ça ! (on sonne)

Yvan : Tiens,  voilà Adèle !

Catherine : Ça m’étonnerait, tu l’as déjà vu sonner !

Yvan : Tu as raison, alors c’est qui ? (elle va ouvrir. Un homme entre avec un paquet)

Le livreur : Bonjour Madame, vous êtes bien Madame Dupontel ?

Catherine : Exactement, vous avez un peu de retard ?

Le livreur : Excusez-moi madame, mais pour ce genre de livraison, je ne vous explique pas les paperasseries. (Il lui donne le paquet)

Catherine : Merci ! (elle porte le colis sur son cœur) Je vous dois combien ?

Le livreur : Six mille huit cents euros ! (Yvan s’interroge)

Catherine : Chéri, tu peux faire le chèque ?

Yvan : Excuse-moi, mais je peux savoir de quoi il s’agit, je pense que pour un montant pareil, j’ai le droit de savoir !

Catherine : Mais c’est une surprise !

Yvan : Une surprise pour qui ?

Catherine : Pour toi mon chéri !

Yvan : J’adore les surprises mais pour cette somme là, j’ai un mauvais pressentiment. (Pendant qu’il fait le chèque, Elle regarde avec affection  les photos de sa mère. Yvan  donne le chèque au livreur)

Le livreur : Messieurs dames ! (il sort)

Catherine : (s’asseyant sur le canapé) Bon, puisque c’est ta surprise, tu pourrais défaire le paquet. Attention, il y a un haut sur le paquet.

Yvan : Je te sens bien sûre de toi ! (il défait le paquet et en sort un vase) C’est ça la surprise, tu parles !

Catherine : Attention de ne pas le renverser !

Yvan : Qu’est-ce que tu veux qu’il y ait dedans. Un vase, tu parles d’une surprise, en plus il est assez banal !

Catherine : Ah, tu le trouves banal ?

Yvan : Et bien oui, banal de chez banal ! (réagissant) ne me dis pas que c’est ce vase que tu as payé plus de six milles euros !

Catherine : Eh bien si !

Yvan : Je peux comprendre ?

Catherine : Dans ce vase, en fait ce n’est pas un vase mais une urne, il y a quelque chose qui m’est très très cher. (Réagissant au bout de quelque temps)

Yvan : Non, ne me dis pas que ….. !

Catherine : Si, mon chéri, maman est dans cette urne, enfin je veux dire ses cendres sont dans cette urne !

Yvan : (excité) Ah non, trop, c’est trop, les photos, les cendres…et tu veux les mettre où, ces cendres ?

Catherine : Ici, sur la télé !

Yvan : Non, non et non, à chaque fois que je vais regarder la télé, je ….. il va falloir que tu choisisses, ta mère ou moi !

Catherine : Mais mon chéri, j’ai déjà choisi ! (Adèle entre) Ah, c’est vous. Vous avez vu l’heure ?

Adèle : Que madame et monsieur m’excusent, (apercevant les photos)  j’ai été malade toute la nuit et je n’ai pas fermé l’œil ! (Catherine passe le doigt sur un meuble) Je sais madame, y’a du boulot ! Je m’y mets tout de suite !

Catherine : J’y compte bien ! Quant à nous, mon chéri, si tu veux bien, nous allons continuer notre conversation ailleurs ! (ils sortent)

Adèle : (les regardant partir) A ce que je vois, y’a encore des choses que je ne dois pas entendre ! (Catherine réapparaît)

Catherine : J’avais oublié,  je vais vous demander de prendre un grand soin de ce vase !

Adèle : Encore un truc nouveau, décidément chez vous, vous aimez le changement. Vous avez du le payer cher ?

Catherine : Cela ne vous regarde pas, mais je puis vous assurer que sa valeur est inestimable et surtout sentimentale ! Avec mon mari, nous avons rendez-vous chez notre notaire, nous ne serons pas de retour avant une bonne heure (elle sort)

Adèle : (prenant le vase) Tu parles d’une mocheté ! (regardant les photos) Et puis, l’autre là ! Une photo sur chaque mur, elle va me donner le bourdon de bonne heure ! (elle pose le vase sur la table de salon et prend l’aspirateur. S’adressant aux photos) Bon c’est pas la peine de me regarder comme ça, je vais le faire le ménage ! (en aparté) bon sang, c’est quand même pas des photos qui vont me gâcher la journée ! Et faîtes-moi ci et faîtes moi-ça, ah  ça, ça  marchait ! En tout cas, vous, (regardant la photo) c’est pas le boulot qui vous aura fait clamser ! (en se retournant, elle fait tomber le vase avec le manche de l’aspirateur) eh merde, ça commence bien ! (le couvercle s’étant défait, les cendres se sont éparpillées sur le tapis) Le tapis, bon sang, le tapis, j’ai intérêt de le nettoyer avant  le retour de la patronne. (Elle met l’aspirateur en route) Bon sang, je sais pas ce que c’est mais bon diou c’est coriace, (elle frotte) mais c’est que ça tacherait cette saloperie ! (elle insiste) Voila, ça y est, bon sang quelle saloperie ! (à une photo) Bon ça va, ça va, c’est pas à vous que je disais ça ! (baillant) C’est pas vrai,  j’ai à peine commencé à bosser que je suis déjà crevée ! Je vais m’assoir cinq minutes pis on verra (elle s’assoit sur le canapé, baille de plus en plus et finit par s’endormir. A un moment, la lumière s’éteint, bruit de tonnerre, éclairs stroboscopiques, signifiant le début d’un rêve. Au bout de quelques secondes, l’aspirateur* se déplace...

Il vous reste 90% de ce texte à découvrir.


Connectez vous pour lire la fin de ce texte gratuitement.



Donner votre avis !

Retour en haut
Retour haut de page