Surpop’

8 personnes qui ne se connaissent pas vont se retrouver dans une pièce avec pour seule compagnie “La voix”. Ils ont été “choisis” pour sauver l’avenir de l’humanité face au péril de la surpopulation. Ils devront se mettre d’accord à l’unanimité pour éliminer 1 milliard d’êtres humains afin de résoudre le problème.
Comédie dystopique au cœur d’un enjeu sociétal, alliances, conflits, accords, manipulation, complots, rivalités, tous les travers sont étudiés.
Mêlant les codes de la télé réalité et des films complotistes, Surpop’ aborde également le thème de la soumission à l’autorité en référence à Stanley Milgram.

Liste des personnages (1)

La voixIndifferent • Age indifferent

Surpop'                      

Brice Ledoyen

 N° dépôt SACD 000164049

En date du 23/02/2016

Personnages :

Chirurgienne

 Musicienne

 Call-Girl

 Retraitée

 Boucher

 Etudiant

 Banquier

 La voix

Scène 1

La voix : Veuillez-vous avancer.

Ils entrent en file indienne, les yeux bandés, une main sur l'épaule de celui qui les précède.

La voix : Veuillez retirer vos bandeaux.

Musicienne : Vous êtes qui ? Qu'est-ce qu’on fait là ?

Etudiant : Et vous, vous êtes qui ?

Boucher : Oh oh, tout doux jeune homme, si tu veux pas finir en hachis !

Etudiant : Du calme, papi. Vous allez faire un infarctus du cœur.

Chirurgienne : C’est sûr, l’infarctus du foie, c’est plus rare.

Call-Girl : Ne vous approchez pas de moi. Je vous interdis de me toucher espèce de malade. Ce n’est pas gratuit de me tripoter.

Musicienne : Il y a toujours des pervers.

Banquier : Vous aussi, gardez vos distances. Et vous, je ne vous permets pas de m’insulter.

Etudiant : Baston générale !

Boucher : Calme-toi, petit, ou tu vas avoir besoin d'un docteur.

Chirurgienne : Je suis médecin !

Retraitée : Et alors ? Vous vous prenez pour qui ? Petite arrogante. Quand on voit l’état de votre profession. Une cohorte de nantis à la solde des laboratoires pharmaceutiques.

Chirurgienne : On en reparlera quand vous aurez mal partout, vous cracherez moins votre venin contre les arrogants médecins.

Call-Girl : Ça se voit, elle a déjà eu affaire à la chirurgie.

Chirurgienne : Vous nous supplierez, je vous le garantis.

Musicienne : Ne la menacez pas !

Retraitée : Je suis assez grande pour me défendre toute seule, je ne vous ai pas sollicité. Je suis présidente du conseil syndical des copropriétaires depuis 14 ans, j’en ai géré des biens plus coriaces. Veillez à vous en tenir à vos affaires !

Banquier : C’est vrai que faire installer un ascenseur, c’est un casse-tête.

Musicienne : Et vous avez fait le Vietnam aussi ?

Boucher : Et les tranchées de Verdun ?

Retraitée : Pire que ça, j’ai vécu en enfer. J’étais enseignante !

Etudiant : Faut pas faire chier mémé.

Call-Girl : Vous, arrêtez de la ramener.

Banquier : Allons, allons, s’il vous plait, mes amis, je vous en prie, gardons notre calme.

Musicienne : Mes amis ? De quels amis vous parlez ?

Banquier : Je disais juste qu’il ne sert à rien de se mettre en colère.

Musicienne : C’est pour moi que vous dîtes ça ?

Call-Girl : Vous vous connaissez ?

Etudiant : Tous les vieux se connaissent. Ils passent leur temps à tchatter.

Call-Girl : Toi, ça suffit ! Ferme-la. Vous vous connaissez ou pas ?

Banquier : Je disais juste …

Boucher : Tu sais mon bonhomme, les avis, c'est comme les trous du cul, tout le monde en a un.

Retraitée : La bêtise et l'impudence ne feront pas de vous un homme.

Chirurgienne : C'est tout de même étonnant, vous réagissez de la même façon.

Call-Girl : C'est vrai que c’est bizarre, vous vous connaissez ? Oui ou pas ?

Musicienne : Vous n'êtes pas un peu en boucle ?

Call-Girl : Vous, foutez-moi la paix. J'aime bien avoir des réponses à mes questions. Alors ?

Retraitée, Boucher, Banquier : Non.

Etudiant : Menteurs !

Chirurgienne : Même si tu as raison, ça va être difficile à prouver.

Banquier : Ecoutez, essayons d'être pragmatique. Au vu des réactions de chacun, il semble que personne ne se connait ici.

Musicienne : Ce n'est pas impossible

Call-Girl : Oui, c'est envisageable.

Banquier : Mais allons, c'est évident enfin.

Boucher : Ouais, c'est sûr.

Retraitée : Ça ne fait aucun doute.

Chirurgienne : C'est certain.

Etudiant : C'est du flan.

Banquier : Très bien, donc, mis à part Monsieur, tous les gens dont la puberté est un lointain souvenir sont d'accord pour envisager l'hypothèse que personne ne se connait. Cette question étant close, ceci amène donc de fait une deuxième question : Que faisons-nous là ?

Boucher : Ça m'a tout l'air d'un enlèvement, non ?

Call-Girl : Un enlèvement ? Mais pourquoi moi ? Pour quoi faire ? Et qu’ont-ils fait de ma fille ?

Retraitée : Et par qui ?

Etudiant : Et c'est quoi cet endroit ?

Chirurgienne : Quelqu'un a-t-il remarqué quelque chose ?

Musicienne : Quel genre de choses ?

Banquier : Qu'est-ce qu'ils vont faire de nous ?

Retraitée : Qui "ils" ?

Call-Girl : Est-ce qu'ils vont nous tuer ?

Retraitée : Qui « ils » ?

Musicienne : Et c’est quoi ces fringues ?

Retraitée :  Auriez-vous un miroir ?

Chirurgienne : Je ne suis pas sûre que ces questions nous mènent bien loin.

Retraitée : Si elles nous mènent vers la sortie ce sera suffisant.

Boucher : On est entrés, doit bien y avoir une porte.

Musicienne : Et s’il y a une porte, il doit y avoir une sortie.

Etudiant : Faut tâter les murs !

Tout le monde se précipite et tâte les murs pour trouver une issue. Chirurgienne et Banquier restent à part.

Chirurgienne : Ils ne trouveront rien.

Banquier : C'est à peu près sûr. Vous m'avez l'air sensé. Vous avez une idée de ce que nous faisons là ?

Chirurgienne : Si on regarde uniquement les faits, nous étions chacun en train de vivre nos vies et d’un coup, nous voilà ici. La thèse de l'enlèvement tient la route. Je m'apprêtais à ouvrir un comte et …

Banquier : Vraiment ? Moi aussi, Un client venait d'entrer à l'agence, il venait pour une assurance vie car il allait mourir, j'allais lui ouvrir un compte et hop je me retrouve là. Il y a peut-être un lien.

Chirurgienne : Moi, c'est le mari de la comtesse que j'allais ouvrir, au scalpel. Je suis chirurgienne, crise d'appendicite. Peu de chances qu’il s’en sorte. Et hop …

Banquier : Pas sûr que ce soit une piste …

Etudiant : J'ai trouvé un truc !

Tous : Quoi ??

Etudiant : Un truc bizarre. Ici il y a un espèce de machin.

Ils se regroupent autour de lui.

Retraitée : La langue française regorge de vocabulaire permettant d’exprimer une pensée claire et constructive. Et on dit « une espèce ». Même si machin est masculin.

Call-Girl : C’est sûr, un machin, c’est masculin.

Etudiant : Eh bien, allez-y vous puisque vous êtes si maline, vous appelez ça comment ?

Boucher : Pousse-toi. Une poignée ? Une poignée de porte ?

Etudiant : Ouais un truc du genre.

Retraitée : Votre vocabulaire est d’une richesse … Trente ans de ma vie pour ça …

Call-Girl : Qu'est-ce qu'on fait ?

Musicienne : On l'ouvre !

Retraitée : Oh là, pas de précipitations.

Banquier : Qu'est-ce que vous craignez ?

Retraitée : Vu la situation, tout est à craindre.

Musicienne : Je ne vois pas ce qui pourrait nous arriver de pire. On ouvre !

Call-Girl : Attendez ! On n’en sait rien. Il pourrait y avoir des gens malintentionnés derrière cette porte.

Chirurgienne : Vous croyez que des gens malintentionnés attendraient qu'on ouvre cette porte pour nous faire du mal ?

Etudiant : Ils ont peut-être perdu la clé, alors ils attendent. Ils ont cherché partout, mais rien. Alors ils se sont dits : On va se mettre derrière et dès qu’ils ouvrent, on les attrape. Genre embuscade.

Banquier : S’il vous plait, jeune homme, pas de mauvais esprit.

Retraitée : Il a raison, l’heure est grave, il peut y avoir Dieu sait quoi derrière cette porte.

Call-Girl : Ou Dieu sait qui.

Musicienne : Et bien demandez-lui.

Boucher : On ne va pas tortiller du cul pendant deux heures. Poussez-vous !

Call-Girl, Retraitée : Non !

Il pousse les deux femmes et ouvre. Moment de stupeur de tous.

Banquier : C'est un placard.

Musicienne : Avec des chaises.

Boucher : Ça valait vraiment le coup d’en faire des caisses.

Call-Girl : C’est tout de même bizarre qu’il y ait un placard.

Chirurgienne : Allez savoir comment les placards arrivent où ils arrivent … Le destin. Bon, au moins on sera...

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