Bons baisers du Stromboli

Un neveu et deux nièces viennent d’apprendre que leur vieille tante est décédée. Ils accourent. Malheureusement, elle est toujours vivante et rentre, flanquée d’un gigolo, et bien décidée à en profiter.

Liste des personnages (1)

Mamie JosetteFemme • Adulte • 47 répliques
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Décor (1)

Bons baisers du StromboliSalon contemporains Costumes contemporains

ACTE 1

Scène 1 : Agnès, Jean-Luc, Concierge

Concierge - C'est gentil d'être venus.

Agnès - Dès que l'on a su, on est venus.

Concierge - C'est une bien triste nouvelle, ça m'a fait un choc.

Agnès - Oh oui. Nous aussi. Ça fait un choc. .. Enfin, il faut bien vivre.

Concierge - Je vous souhaite bon courage.

Merci - On va essayer.

Ils entrent sur la scène

Agnès - J'ai cru qu'elle n'allait jamais nous lâcher.

Jean-Luc - C'est la concierge de ta tante, peut-être même sa meilleure amie. Et elle vient d'apprendre que sa meilleure amie est décédée.

Agnès - Elle s'en remettra. Je m'en remets bien, moi.

Jean-Luc - Tout de même, c'est ta tante. La pauvre femme.

Agnès - La pauvre ? Elle était pleine de pognon ! Et le pognon, ça console.

Jean-Luc - Ça me fait quand même un petit quelque chose. Les vieux, à force, on s'y attache.

Agnès - Le pognon aussi. (Elle jette un regard circulaire dans la pièce) Non mais regarde moi ces meubles ! (Elle montre un meuble) Tiens ! Rien qu'en vendant ce machin, je pourrais me payer une croisière aux Bermudes.

Jean-Luc - Elle a drôlement amassé.

Des meubles, ils peuvent extraire des objets divers ou inattendus (vêtements, souvenirs à deux balles...)

Agnès - T'as vu ça ! C'est marqué. Second Empire. Hé ! Vive l'empereur !

Jean-Luc - C'est idiot de mourir quand on a du pognon.

Agnès - Place aux jeunes ! La tante, elle a fait son temps. Moi, je suis faite pour le luxe. Depuis que j'ai trois ans, j'ai envie de péter dans la soie, de bouffer du caviar à la louche, faire du ski à la mer..

Jean-Luc - A la mer ?

Agnès - Du ski nautique ! Aux Bahamas ! Je veux aller dans les Bahamas !

Jean-Luc ouvre un tiroir

Agnès - Qu'est-ce que tu fais ?

Jean-Luc - Les vieux, ça planque tout, et les tiroirs, c'est bourré de souvenirs : Des bijoux.. Du fric.. (En fouillant, il met quelques bijoux dans sa poche)

Agnès - Moi, les souvenirs, ça me rend sentimentale.


Jean-Luc - Le fric, ça rajeunit.

Agnès - Avec l'argent de la vieille peau, tous les ans, je pourrai me payer un lifting.

Jean-Luc - Surtout que ça coûte la peau des fesses.

Agnès – Et j'irai tous les jours au coiffeur ! Et je ne sortirai que dans du vison. C'est avec les vieilles peaux qu'on s'fait sa p'tite fourrure !

Jean-Luc et Agnès examinent le contenu des tiroirs

Jean-Luc - Y'a rien dans celui-là !

Agnès - Là non plus. Elle a dû les planquer, elle mettait rarement ses bijoux.

Jean-Luc - Forcément ! On aurait fauchée la grand-mère avec sa quincaillerie. Ensuite, ils auraient fait le tri.

Agnès - Au prix de la ferraille, elle vaudrait une fortune.

Jean-Luc - Des bijoux partout. On l'entendait arriver. Les vieux, faut toujours que ça en mette plein la vue.

Agnès - Si ça s'trouve, peut-être qu'elle les avait sur elle quand elle est tombée. Tombée du Stromboli ! Peux tu me dire ce qu'elle foutait sur le Stromboli ?

Jean-Luc - Peut-être qu'elle voulait acheter des glaces.

Agnès - Cinq cents mètres sans parachute. Forcément, les vieux, c'est radin (Elle singe sa tante) Je la vois d'ici : «Non merci, je n'ai pas besoin de parachute». … Et paf !

Jean-Luc - A cet âge là, on glisse sur des épluchures, on se pète le col du fémur dans un escalier !


Agnès - Seulement, madame a voulu faire se faire remarquer !


Jean-Luc - Les vieux, c'est capable de tout.


Agnès - Paraît qu'avant de mourir, on voit toute sa vie qui défile.

Jean-Luc - Cinq cents mètres ! Elle a dû rien rater du film.

Agnès - On n'a retrouvé que le sac. En bas du volcan, au bord de la mer. Elle a dû se noyer. .. (Elle singe sa tante) «Non merci, je n'ai pas besoin de bouée !»  Et plouf !

Jean-Luc - Sans compter que ta tante, avec sa quincaillerie ambulante, elle a dû couler direct.

Agnès - Tu crois qu'on va retrouver le corps ?

Jean-Luc - Ils ont envoyé des archéologues. Les archéologues, c'est spécialisé dans l'ancien. Les archéologues, ça r'trouve tout.


Agnès – Tu sais qu'elle portait toujours un rubis sur elle ?

Jean-Luc – Ah oui ! C'était au moins un douze carats. C'est quand même dommage de ne pas l'avoir encore retrouvée.


Agnès - Regarde les papiers ! Des fois qu'elle aurait laissé un testament.

Jean-Luc - Et si on n'est pas dessus ? Les dernières volontés ?

Agnès - A la poubelle !

Ils continuent leurs recherches dans le salon

Jean-Luc - Un dentier ! (Il se sert du dentier comme d'une marionnette) «Ah mes enfants ! Surtout, faîtes comme chez vous».

Agnès - On vendra ça à un brocanteur.

Jean-Luc - Une médaille ! C'est qui sur la photo ? C'est sa mère ?

Agnès - C'est la Sainte Vierge, patate ! Elle était allée à Lourdes.

Jean-Luc - Ta tante avait de la famille à Lourdes ?


Agnès - (Elle parle au public) C'est malheureux à dire mais j'ai pas épousé une lumière.

Jean-Luc - Elle aurait pu penser à sa famille.

Agnès - Les vieux, c'est égoïste.

Jean-Luc - Au moins, on laisse un mot. C'est pas gentil de partir comme ça. On meurt pas sans prévenir.

Agnès - En attendant, cherche ! Dans les murs. Dans les pots de confiture. Parce qu'on est pas seuls. Y'a Dominique ! L'autre teigne ! C'est peut-être ma cousine mais j'ai pas envie que cette saleté en profite.

Scène 2 : Agnès, Jean-Luc Dominique

Dominique  - (Dominique entre) Alors, cousine, on parle de moi..

Agnès - Merde.. Euh.. Non. C'était... Oh mais, bonjour ! (Elle lui fait une bise pas très franche) Mais qui t'as prévenu(e) ?

Dominique - Pas toi en tout cas. (Elle ne fait pas la bise à Jean-Luc qui tendait bêtement la joue)

Agnès - On ne savait pas comment te l'annoncer. Tu l'aimais tellement.

Dominique - Autant que toi. .. Pauvre tante.. Le seigneur l'a rappelée à lui. Cela m'a fait un choc.

Agnès - Elle apportait tant de joie. C'était.. Comment dire..

Jean-Luc - Une emmerdeuse ! Toujours à vouloir en mettre plein la vue !

Dominique - Oh mon Dieu ! Il ne faut pas parler ainsi.

Agnès - Pardonne lui. Il ne sait pas ce qu'il dit, il est bouleversé.

Dominique - La pauvre Tantie. Tomber du Stromboli, à son âge..

Jean-Luc - Cinq cent mètres ! Elle a battu le record du monde du saut en profondeur.

Dominique - Elle voulait tant voir le Stromboli. Le Seigneur lui aura laissé cette dernière joie. Maintenant, elle est au Paradis.

Jean-Luc - Un nouveau voyage...

Dominique - (Elle aperçoit le désordre) Vous avez commencé à ranger les affaires de Tantie ?

Jean-Luc - Euh.. Non ! Enfin. Euh.. Nous cherchons la... La bague de ta cousine ! Elle vient de la perdre. Je lui avais offert avant le mariage.

Agnès - Oui. Parce qu'après... Côté bijoux, j'ai pas vu grand chose.

Jean-Luc - Tu exagères, mon minou. Pour notre premier anniversaire de mariage, je t'avais offert un fer à repasser avec huit vitesses !

Agnès - C'est quand même un cadeau de mon mari. C'est pas que j'y tienne, mais c'est un souvenir.


Dominique - Et tu l'aurais perdue dans un tiroir ?

Agnès - Va savoir. Je voulais voir des photos de Tantie. Et hop, j'ai perdu ma bague. C'est bête, non ?

Dominique - Comme dirait Sœur Jeanne de l'enfant Jésus, même quand on a perdu sa culotte, on n'a pas tout perdu ! Allez, aide toi, le ciel t'aidera ! On ne sera pas trop de trois à chercher.

Tous les trois se mettent à fouiller

Jean-Luc - Je vais aller voir dans la chambre. Sous le matelas. C'est fou ce que les vieux peuvent entasser sous les matelas.

Agnès - Moi aussi. Et si c'est pas dans l'matelas, jette un œil dans les oreillers ! Après, on creusera dans la cave, et si on ne trouve rien, on s'attaquera au parquet.

Dominique - Je vous suis. Faudra aussi regarder dans les pots de fleurs ! Tantie aimait tellement les fleurs.

Jean-Luc - Les vieux, ça enterre tout. C'est comme mon teckel. Tu lui donnes un os, monsieur l'enterre dans le jardin. Et bien les vieux, c'est pareil. Ils gardent toujours pour plus tard. Et quand c'est plus tard, c'est trop tard.

Ils disparaissent dans la pièce. Entrée de Tantie et de la Concierge

Scène 3 : Tantie, Concierge

Concierge - Ça alors ! Si je m'attendais.. On m'a dit que vous étiez..

Tantie - Morte ? Et non. Je ne suis pas morte.

Concierge - Mais ! Ils ont retrouvé votre sac ?

Tantie - C'était bien mon sac. Je l'avais laissé à une femme qui voyageait dans le même groupe que moi. Sous...

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