Qui veut l’héritage de tante Hortense ?

Tante Hortense mène une vie calme, trop calme à son goût peut-être, dans sa vieille maison perdue au milieu de la forêt landaise. Pour tromper un peu son ennui, elle décide d’inviter son neveu et ses nièces à venir passer quelques jours chez elle.
Mais le week-end bucolique prend soudain une tout autre tournure lorsque l’empoisonnement de tante Hortense donne lieu à la lecture de son testament. Effroi dans l’assemblée, personne ne touchera quoi que ce soit du patrimoine conséquent de la tante…
Pourtant quelque chose ne tourne pas rond et les bruits qui proviennent de la chambre d’Hortense n’aident pas à désépaissir le mystère.
Mais il se pourrait bien qu’Hortense ait trouvé un drôle de moyen d’égayer son quotidien…




Qui veut l'héritage de tante Hortense ?

Acte I

Scène 1 : Maxime, Sixtine,
Annette et Roselyne.

On entend les personnages arriver et, par intermittence, une sorte de hululement. Maxime entre au fond avec Roselyne, suivis de Sixtine et d’Annette avec leurs sacs et valises.

Maxime. — Ah ! vraiment, merci, madame, de nous avoir guidés jusque chez ma tante Hortense !

Roselyne. — Oh ! mais je vous en prie, ce n’est rien !

Sixtine. — Comment ça, rien ? Ah non ! Je suis certaine que nous marcherions toujours dans les bois si vous ne nous aviez pas accompagnés !

Annette. — Ouais, c’est clair ! Ça fait au moins dix fois que je viens là avec mes parents, et à chaque fois on se paume parce que mon père ne retrouve pas le chemin.

Maxime. — « Mon père ne retrouve pas le chemin ! » Évidemment, tout se ressemble dans ces forêts landaises. À côté d’un pin, tu en trouves un autre, un autre et un autre…

Annette. — Ouais, c’est le principe d’une forêt…

Maxime. — Oui, bon, enfin bref… Nous avons tellement tourné dans cette forêt, justement, que nous sommes venus à bout de notre plein d’essence. Heureusement que le hasard nous a fait croiser votre chemin…

Sixtine. — Le hasard ? Le Seigneur, tu veux dire, Maxime ! Mes prières ont été entendues.

Maxime. — Oui, ou alors mes appels de phares ont été vus par madame. Madame… ?

Roselyne. — Roselyne. Je vous en prie, appelez-moi Roselyne. Je n’allais tout de même pas vous laisser dans la mouise ! Une panne de voiture en pleine forêt c’est déjà une tuile, mais en plus avec la tempête annoncée… J’aurais été à votre place, j’aurais apprécié que l’on m’aide ! Et puis je connais tellement votre tante Hortense… Elle est délicieuse !

Sixtine. — Vous lui rendez souvent visite ?

Roselyne. — De temps en temps. Il y a peu de monde dans la région à posséder une aussi belle demeure isolée au milieu de la forêt landaise et préservée de toute l’agitation quotidienne. Parfois, je lui rends une petite visite de courtoisie, je passe un petit moment avec elle, on discute de choses et d’autres en prenant un thé dans le jardin. Alors, quand j’ai su que vous étiez de sa famille, je ne pouvais que vous aider…

Sixtine. — Merci encore, madame. Sans vous, nous n’aurions pas pu participer à la petite réunion de famille qu’organise la tante de mon mari, ici, chez elle, ce week-end.

Annette. — Au fait, vous savez pourquoi exactement elle nous a invités, la tante Hortense ?

Maxime. — Mais pour nous offrir un petit week-end au vert, tout simplement ! Je suis gendarme, voyez-vous. (Il se met au garde-à-vous.) Maréchal des logis-chef Maxime Lescourret. Ma tante sait à quel point mon métier est stressant. Alors elle s’est dit qu’un week-end à la campagne me ferait le plus grand bien ! Et puis ça nous donnera l’occasion de revoir mes sœurs.

Sixtine. — C’est vrai, ça, ce sera l’occasion de passer un moment avec Hélène et Harmony, nous ne les voyons pas si souvent !

Annette. — Il y aura aussi ma cousine ? Ce serait cool !

Maxime. — Oui, Hélène m’a dit que Lucie viendrait avec elle. J’espère juste que ma sœur Harmony ne va pas encore nous ramener un des marlous qu’elle rencontre une semaine avant de nous voir et qu’elle nous présente à chaque fois comme l’homme de sa vie !

Sixtine. — Mon Dieu, la pécheresse !

Roselyne. — Bon, si vous ne m’en voulez pas, je vais vous laisser. Je préférerais être rentrée chez moi avant que la tempête n’arrive.

Maxime. — Bien sûr, nous comprenons. Enfin, vraiment, Roselyne, mille fois merci pour votre aide.

Roselyne. — Je vous en prie, c’était avec plaisir !

Maxime, sortant son carnet de contraventions. — Dites-moi, par contre, j’ai remarqué que votre plaque d’immatriculation arrière n’était pas très lisible…

Roselyne. — Ah…

Maxime. — Alors ça, malheureusement, ça relève de l’article R317-8 du Code de la route, et je ne peux pas fermer les yeux… Alors, ça fait 135 euros d’amende. (Il lui tend l’amende qu’il vient de rédiger.)

Roselyne, se saisissant de l’amende. — Bon, eh ben…

Maxime. — Et puis alors, dites-moi, ma petite Roselyne, il y a aussi le problème de votre phare avant gauche qui ne marche pas… Alors là, c’est l’article R313-3 qui m’oblige à vous dresser une contravention de 68 euros. (Il lui tend la nouvelle amende qu’il vient de rédiger.)

Roselyne, se saisissant de la deuxième amende. — Mais je…

Maxime. — Et alors, vous vous souvenez quand on a pris le grand chemin limité à 50 kilomètres-heure ?

Roselyne. — Oui, peut-être…

Maxime. — Eh bien, dans ce chemin vous étiez à 80 kilomètres-heure… Alors là, d’après l’article R413-14, c’est 135 euros et un retrait de trois points sur votre permis. (Il lui tend la dernière amende.) Ça va aller ?

Roselyne, se saisissant de la dernière amende. — Oui, enfin, il faut quand même maintenant que je paie 338 euros, tout ça pour avoir voulu rendre service. Ça m’apprendra…

Maxime. — Mais, ma petite Roselyne, je plaisantais ! Rassurez-vous, vous ne devrez pas payer 338 euros ! (Un temps, pendant lequel Roselyne semble rassurée.) Si vous réglez sous trois jours, toutes ces contraventions sont minorées. Vous ne devrez plus régler que 225 euros. Bon, par contre, pour les trois points de retrait, là je ne peux rien faire. (Roselyne, furieuse, sort en pestant.) Ben, qu’est-ce qu’elle a ?

Sixtine. — Ils prennent peut-être vite la mouche, les gens du coin…

Maxime. — Alors elle nous rend service, moi je lui rends service à mon tour en l’aidant à respecter la loi, et voilà le résultat ! Ça m’apprendra à être aimable !

Sixtine. — Ne t’inquiète pas, mon chéri. Tu n’as fait que ton devoir !

Maxime. — Dura lex, sed lex : « la loi est dure, mais c’est la loi ».

Annette. — Allez, c’est reparti avec le latin ! En même temps, comme c’est la seule phrase que tu dois connaître…

Maxime. — Ma petite Annette, la loi, c’est moi, et j’entends bien qu’elle soit respectée sous mon propre toit !

Annette. — Je crois bien qu’on est chez tante Hortense, là…

Sixtine. — Ne joue pas sur les mots, ma chérie !

Scène 2 : Maxime, Sixtine, Annette,
Lucie, Hélène et Paulette.

Lucie, entrant. — Bon, on vous attend, ça urge !

Maxime. — Bonjour, Lucie ! Oh ! ma petite nièce adorée !

Lucie, coupant court. — Oui, salut !

Sixtine. — Bonjour, ma chérie !

Annette. — Salut !

Lucie. — Alors, qu’est-ce que vous foutez ?

Maxime. — Mais comment ça, « qu’est-ce que vous foutez » ?

Lucie. — On est au fond du jardin avec tante Hortense, y a urgence ! Vous n’avez rien entendu ? Il y a au moins un quart d’heure qu’on vous appelle avec maman.

Sixtine, contente. — Oh ! Hélène est arrivée elle aussi ?

Maxime. — Mais nous n’avons pas vu votre voiture…

Lucie. — On est tombés en panne !

Maxime. — En rade d’essence, c’est ça ? (À Annette.) Tu vois !

Lucie. — Pas du tout ! Panne de batterie. Nous avions fait une pause sur une aire d’autoroute à peine une heure avant d’arriver ici, et quand on a voulu reprendre la voiture, plus rien, le moteur ne faisait plus un bruit. Une dépanneuse est venue, le gars nous a dit qu’il suffisait de changer la batterie mais qu’il n’avait pas ce modèle avec lui. Résultat : il a embarqué la voiture au garage et c’est le service d’assistance de l’assurance qui nous a envoyé un véhicule pour nous conduire jusqu’ici.

Sixtine. — Eh bien, quel périple ! C’est une épreuve que le Ciel vous a envoyée, un peu comme le chemin de croix…

Annette. — Ouais, la couronne d’épines en moins, quand même… Aïe ! Ouille ! Ça pique !

Sixtine. — Annette, ne blasphème pas, je t’en prie !

Maxime. — Bref, vous êtes arrivées, c’est l’essentiel ! Assieds-toi, je vais aller te chercher un petit jus de fruits de tante Hortense, ça te fera le plus grand bien ! (Il va pour sortir à cour mais fait demi-tour.)

Lucie. — Merde, tante Hortense ! Un peu plus et j’allais l’oublier ! C’est elle, justement, l’urgence dont j’ai voulu vous parler tout à l’heure !

Sixtine. — C’est-à-dire ?

Hélène, entrant. — Alors, qu’est-ce que vous foutez ? Y a un moment qu’on vous appelle depuis le fond du jardin ! (À Lucie.) Et toi, je t’envoie chercher de l’aide et tu me laisses toute seule avec la tante !

Lucie. — Excuse-moi, maman, ça m’était sorti de l’esprit.

Sixtine. — Mais que se passe-t-il, enfin ?

Hélène. — Tante Hortense a été prise d’une envie pressante quand elle se trouvait au fond du jardin…

Maxime. — Laisse-moi deviner : elle est allée faire un petit pipi entre les groseilliers et les mûriers, et elle est encore une fois tombée dans les ronces !

Lucie. — C’est ça, tonton.

Maxime. — Mais combien de fois faudra-t-il lui dire de ne plus aller dans ce coin-là du jardin ? À chaque fois, c’est la même chose : elle reste coincée au milieu des ronces.

Hélène. — Oui, on peut le lui répéter, elle ne fait que ce qu’elle veut… Tu la connais… Je tire pour essayer de la décoincer depuis que nous sommes arrivées, je suis vannée !

Annette. — Tu m’étonnes ! Surtout que Lucie vient de nous raconter que votre arrivée a été compliquée…

Hélène. — Oh ! ne m’en parle pas ! (Elle s’assied sur le canapé.)

Maxime. — Pour nous aussi, l’arrivée ne s’est pas faite sans peine… Mais grâce à ma capacité de réaction en...

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