La mort avance masquée

Dans un village anglais où toutes les habitations sont proches des unes des autres (le manoir des Margery, la maison des Griffon, l’étude du notaire Fairley), Robert Margery a été retrouvé mort empoisonné dans son lit, sa chambre fermée à clef de l’intérieur. Il avait pris le même repas que le reste de la famille et on ne retrouve pas de trace de poison dans la carafe d’eau et le verre près de son lit.
Qui a tué, comment le meurtre s’est-il opéré et quel est le mobile de l’assassin ?

Scène 1

Au manoir des Margery. Esther et Arthur

Esther : il était là, gisant dans son lit, déjà bleui par la mort ! Mon dieu, cette image m’obsède !

Arthur : calmez-vous Esther, reprenez vos esprits et racontez-moi tout,

Esther : oh mon cher Arthur, vous êtes là, votre présence est déjà un tel réconfort. C’était le matin, il était environ neuf heures. Robert descend toujours tôt pour prendre son café. M’inquiétant de ne pas le voir au salon, je suis montée, j’ai frappé à sa porte, mais il n’a pas répondu. J’ai frappé encore, un vrai silence

Arthur : de mort

Esther : oh mon Dieu, oui, il est mort. Robert ne reviendra jamais plus…

Arthur : et ensuite que s’est-il passé ?

Esther : la porte était fermée à clef, j’ai appelé de plus en plus fort, et puis

(Elle manque de défaillir)

Arthur : je vais vous préparer une tasse de thé. Miss Egan ! Miss Egan !

Esther : elle est sortie. Je lui ai laissé son après-midi. Elle est aussi très affectée par ce drame.

Arthur : mais pas autant que vous Esther…Je vais le faire ce thé moi-même.

 (Il revient)

Arthur : une pointe de lait, et voilà.

Esther : oh merci Arthur. Vous savez comment je le prends.

Arthur : où en étions-nous ?

Esther : Ensuite je suis allée chercher la clef dans le vestibule où se trouve le guéridon qui contient tous les doubles de la maison…je suis remontée, j’ai essayé d’ouvrir mais…

Arthur : mais ?

Esther : c’était impossible, la clef était dans la serrure, de l’autre côté. Je criais Robert, Robert… Je sentais qu’un malheur était arrivé…

Arthur : que s’est-il passé ensuite ?

Esther : j’étais désemparée. Inquiétée par mes cris, Miss Egan est arrivée. Elle m’a dit que Monsieur aurait dû descendre depuis une heure, qu’il devait être souffrant, qu’il fallait faire quelque chose au plus vite !

Arthur : vous voulez dire que Miss Egan sentait, elle aussi, qu’un malheur était arrivé ?

Esther : oui, elle connaît Robert aussi bien que moi, et ce n’est pas dans ses habitudes de traîner au lit. Nous avons encore appelé, encore crié… (un temps) jusqu’à ce qu’elle me dise qu’il fallait appeler la police…

Arthur : la police n’a pas tardé, et ?

Esther : Miss Egan et moi étions devant la porte, nous n’osions pas nous regarder, de peur de lire dans les yeux l’une de l’autre ce que nous ne voulions pas encore croire, mais que nous savions déjà…la police est arrivée…ils ont dû défoncer la porte, quel fracas…Robert était dans son lit.

Arthur : il était couché ?

Esther : oui.  Il est mort dans son lit. Lui qui détestait rester allongé… J’ai couru à son chevet, en espérant qu’il soit encore…

Arthur : vivant

Esther : oui, mais il était froid, déjà emporté loin de moi…ses yeux ouverts comme s’il avait vu la mort en face ! Mon Dieu ! Cette image m’obsède

Arthur : Mais comment est-il mort ?

Esther : Nous n’avons pas su tout de suite, j’ai pensé à une attaque,

Arthur : Robert n’était pas cardiaque

Esther : non. La police a affirmé qu’il ne fallait toucher à rien,

Arthur : pour quelle raison ?

Esther : c’était une scène de crime.

Arthur : expliquez-moi tout ma chère.

Esther : La fenêtre et la porte étaient fermées de l’intérieur… pourtant Robert a été assassiné !

Arthur : mais comment ?

Esther : empoisonnement !

Arthur : mais enfin Esther, qui aurait pu vouloir tuer Robert, lui qui était si bon, si avenant, si généreux, si…

Esther : je sais tout ça Arthur, pourtant Robert s’est fait empoisonner !

Arthur : mais comment ?

Esther : l’enquête est en cours, tout est mystérieux et étrange…je ne sais plus quoi penser… on me pose des tas de questions auxquelles j’ai déjà répondu cent fois !

(Elle éclate en sanglots, Arthur se lève pour la réconforter.)

Arthur : ma chère Esther, je veillerai personnellement à ce que vous ne soyez pas inquiétée au-delà des limites du supportable. Je vous offre mon soutien,

Esther : je vous en prie Arthur, je vous ai fait appeler en urgence, vous êtes venu, malgré toutes vos obligations…mais…

Arthur : je suis là

Esther : je vous en conjure, restez à la maison quelques jours, le temps que ce drame soit élucidé. Je ne sais pas si je pourrai le supporter…sans vous.

Arthur : mais vous n’avez pas à vous sentir menacée ! Et vous êtes en deuil ! Tout comme moi d’ailleurs…

Esther : vous savez, (elle parle tout bas, et fais signe à Arthur de s’approcher)

Arthur : qu’y a-t-il…

Esther : j’ai l’impression qu’ils pensent que je suis…

Arthur : vous parlez de la police ? Elle vous soupçonne ?

Esther : je ne sais plus…

Arthur : vous ne m’avez pas tout raconté Esther

Esther : n’est-ce pas toujours le conjoint qui est en première ligne dans une affaire de meurtre ? Mais c’est plutôt Miss Lestrade dont je me serais débarrassée si j’étais une meurtrière ! Et pas de mon pauvre Robert !

Arthur : de quoi parlez-vous Esther ! Reprenez une tasse de thé.

Esther : Et bien avec tout le respect que je dois à mon défunt mari, et Dieu sait ce que je lui dois – rendez-vous compte, il m’a légué toute sa fortune – Robert avait une maîtresse.

Arthur : je n’ose croire que mon oncle ait pu faire une chose pareille ! Miss Lestrade est pourtant la fiancée de votre fils…

Esther : et bien si Arthur, votre oncle entretenait une liaison avec cette petite dépravée !

Arthur : il s’agit donc de cela…

Esther : je ne ferai pas de mal à une mouche mais parfois j’ai de mauvaises pensées à son égard…

Arthur : je suis…stupéfait.

Esther : Ce meurtre livre en pâture notre vie privée

Arthur : oui car à présent il faut tout dire.

Esther : oui, ces secrets…dégoutants….Robert menait une double vie.

(Noir).

 

 

Scène 2

Au manoir des Margery, Harry, Miss Linda Lestrade et…Miss Egan

Harry : ma mère est ravagée par le chagrin.

Linda : et moi tu crois que je m’en fous que Robert soit mort ? Esther pleure, d’accord, mais nous avons tous perdu Robert.

Harry : et toi tu joues à quoi, hein ? A la maîtresse éplorée ? Ma mère a perdu son mari.

Linda : et toi ton beau-père.

Harry : ou mon rival. Je ne sais plus très bien…

Linda : je…

Harry : ces lettres, Linda, ces lettres me donnent envie de vomir !

Linda : J’avais de l’affection pour Robert.

Harry : tu couchais avec lui !

Linda : tu deviens vulgaire.

Harry : sans doute le chagrin

Linda : ou le whisky,

Harry : ouais, il me reste ça, Miss

Linda : on n’était pas mariés à ce que je sache, Harry ! T’as jamais daigné t’engager avec moi, t’avais trop peur que ta maman chérie soit fâchée, hein ? J’étais pas assez bien pour ça ? Tu voulais passer du bon temps, mais pour le reste…

Harry : et quoi, on était heureux comme ça, non ?  Jusqu’à ce que tu te mettes à fricoter avec le vieux…le jeune te suffisait plus ?

Linda : encore vulgaire

Harry : le chagrin, Miss

Linda : Je voulais arrêter. J’en pouvais plus de cette situation. Je ne cherche pas d’excuse mais Robert me menaçait…

Harry : de quoi ?

Linda : il disait que si je le quittais, il te couperait les vivres. Il avait un plan, il voulait t ‘évincer.

Harry : je sais plus si je dois te croire

Linda : Robert me faisait du chantage. Il m’obligeait…Je voulais te protéger… Harry, je n’ai jamais voulu te faire de mal.

Harry : Robert était devenu incontrôlable …

Linda : cette relation a été un fiasco, c’est avec toi que je voulais être et quand j’ai voulu clarifier les choses, c’est devenu impossible…je suis désolée Harry

Harry : tu ne l’aimais pas ?

Linda : non c’est toi que j’aime

Harry : oh comme je...

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