Derrière les fagots.

Vous connaissez point la ferme de la Grande Goulotte ?
Chez les Pigeonneau, Auguste et Elise Pigeonneau qu’ils s’appellent, on fait dans la qualité.
Point d’aliments « trangénisses », pas forcément du bio non plus, mais hum…des saveurs, et des sauces…
Et en plus, l’Elise a la ben heureuse idée d’offrir à ses invités un spectacle. Un spectacle du terroir lui aussi, avec des gens comme vous croirez point qu’il en existe encore. C’est ben simple, rien qu’à y penser, me v’là à causer comme eux…
J’dois quand même vous prév’nir, avant qu’on arrive, que des fois le spectacle se déroule point tout à fait comme on voudrait…
Mais bon, je vous promets un de ces p’tits dimanches de « derrière les fagots » !

Succès garanti si vous adaptez (un peu ? beaucoup ?) en patois ou langue régionale.
Amis Berrichons, Savoyards, Franc-Comtois, Wallons, Vaudois… Lâchez-vous !

Liste des personnages (9)

AUGUSTEHomme • Adulte/Senior
AUGUSTE : le paysan caricatural, bougon, grande gueule, porté sur la bouteille, beauf parfait mais sympathique.
JUSTINEFemme • Adulte/Senior
JUSTINE : femme d’Auguste, maîtresse femme, cordon bleu, plus fine que son mari dont elle rattrape les gaffes.
LOUISHomme • Jeune adulte
LOUIS : leur fils, étudiant à la ville, où il a rencontré Marlène, avec laquelle il se fiance précisément ce jour là.
MARLENEFemme • Jeune adulte
MARLENE : étudiante, plutôt jolie et timide.
MARCHomme • Adulte
MARC : père de Marlène. Quelque peu brimé par sa femme, il profite de l’occasion pour se libérer un peu… Il finit même très éméché.
ELISEFemme • Adulte
ELISE : femme de Marc et mère de Marlène. Végétarienne, plutôt coincée mais sans excès. Elle finit même par se prendre au jeu lorsque le dénouement révèle des surprises.
LEONHomme • Adulte/Senior
LEON : le maire du village. En campagne électorale il cherche à engager Justine pour étoffer sa liste. Vieux camarade d’enfance d’Auguste et du curé.
LE PERE MATHIEUHomme • Adulte
LE PERE MATHIEU : curé du village, le seul curé encore en soutane ! Il est cependant à la page et manque vite de retenue à la moindre provocation. Il est aussi goal dans l’équipe locale de football.
JOSIANEFemme • Jeune adulte
JOSIANE : la jeune voisine, exploitante en bio. Militante active écolo, elle semble avoir une relation équivoque avec Louis et se chamaille sans cesse avec Auguste.

Décor (1)

DECOR UNIQUELe salon ou la cuisine d'une ferme

ACTE 1

SCENE 1

Justine – Auguste – Marc – Elise - Marlène

 

Justine et Auguste sont en train de finir de mettre la table pour 6 personnes, beaucoup de bouteilles de vin, quand on frappe à droite à la porte de la grande salle commune de la ferme.

JUSTINE - Voilà, je crois que je n’ai rien oublié. (à Auguste :) Va voir à côté si c’est prêt aussi.

AUGUSTE (il sort un court instant à gauche et revient) - Pas de problème, ils sont prêts, on va se surpasser aujourd’hui !

(On refrappe à la porte)

JUSTINE - Alors, allons ouvrir ! (Elle va ouvrir.)

JUSTINE - M’sieur et m’dame Debessart ! Nous vous attendions, entrez, mais entrez donc, restez point en travers d’ la porte. Vous êtes les bienvenus à not’ goûter à la ferme. Bonjour Marlène. Ah, quelle jolie plante vous avez là ! Si vous saviez comme Louis nous parle de celle qu’il veut fiancer !

AUGUSTE (bourru) - Il nous parle ? Il nous rabâche, te veux dire.

MARC, ELISE, MARLENE - Bonjour madame Pigeonneau… Bonjour monsieur !

AUGUSTE (bourru) – « Ouais, bonjour ! » (Justine lui file un coup de pied en douce pour qu’il change de ton.)

JUSTINE - Voici Auguste mon mari. Moi c’est Justine, vous pouvez d’ailleurs m’appeler Justine.

MARC - Alors appelez-nous par nos prénoms aussi : Marc, Elise et bien sûr Marlène.

JUSTINE - Vous allez vous assouère et nous allons vous servir not’ fameux « goûter à la ferme ». (Tout en continuant de dialoguer, Justine place ses invités.) Madame Debessart, pardon madame Elise, assoyez vous ici. Vot’ mari à côté ben sûr. Et pour not’ jolie p’tite fiancée, la place d’honneur, ici au bout d’ la table !

ELISE - Notre fille nous a beaucoup parlé de vos goûters et Louis nous assure que c’est un délice. Mais au fait, Louis n’est pas là et sa jeune sœur non plus ?

AUGUSTE - Louis a un p’tit travail à terminer à la grange, il va point tarder. Quant à not’ fille, Annette, vous la verrez point pour le repas elle est invitée pour l’anniversaire d’une amie au village.

MARLENE - Et il y a aussi le spectacle que vous offrez chaque dimanche, en plus du goûter, à vos clients.

ELISE - Marlène n’a rien voulu nous dire de plus sur ce spectacle !

AUGUSTE - Une idée saugrenue d’ ma pauv’ femme. Tout ça parc’ qu’elle s’est jamais r’mise d’avoir arrêté le théâtre dans sa jeunesse.

MARC - Mais dites-moi, ce spectacle, c’est de quel genre ?

AUGUSTE - C’est une surprise et pour plus tard. Pour l’instant, vous allez me goûter ça. Ma femme vous a mitonné un p’tit pâté aux boyaux de porc à la sauce d’orties urticantes… Vous m’en direz des nouvelles ! (Il se prend un nouveau coup de pied.)

JUSTINE - Ne l’écoutez point, mon mari est incorrigible, y faut toujours qu’y plaisante. Rassurez-vous, y a pas plus de pâté de boyaux dans not’ ferme, que d’ mirabelles sur l’ pommier d’ nos voisins.

ELISE - C’est aussi bien, car je me permets de vous dire que je suis végétarienne.

JUSTINE - Ah !

AUGUSTE - Végéta quoi ?

ELISE - … Rienne, végétarienne.

AUGUSTE (il s’est échappé de l’autre côté de la table pour éviter un nouveau coup de pied) - Oh ma pauv’ dame ! Et l’ monsieur, il est pas malade lui ? C’est grave ? Pas contagieux au moins ?

JUSTINE - J’ vous l’ai dit, il arrête jamais d’ blaguer ! Mais n’ vous en faites point, y a un tel choix ici qu’il y en a pour tous les goûts. J’ai les légumes du potager, cueillis du matin. Des saveurs comme vous n’en trouvez point en ville.

ELISE - Je suis certaine que nous allons nous régaler.

MARLENE (ton amusé) – « Et moi aussi ! »

A cet instant, on entend un cri épouvantable et strident. Marc et Elise se regardent.

AUGUSTE - Ah cette foué, y l’a enfin réussi à l’attraper !

MARC - A l’attraper ? Mais qui ?

AUGUSTE - Not’ fils, le Louis.

ELISE - Louis ? Mais pourquoi hurle-t-il comme ça ? (Nouveaux cris épouvantables.)

AUGUSTE - Bigre, c’est normal qu’il pousse des cris. J’voudrais vous y vouère vous si on vous attachait les pattes avec de la corde d’ marine.

MARC - Le pauvre jeune homme !

AUGUSTE - Vous en faites point pour lui, à 22 ans, y a longtemps qu’il a le cœur ben accroché, le bougre ! ça fait 8 ans qu’y fait du Rugby.

ELISE - Mais c’est cruel !

AUGUSTE - N’exagérons point. Ce n’est jamais qu’un cochon

ELISE - Vraiment, monsieur, votre propre fils !

JUSTINE - Je crois bien qu’il y a comme un petit malentendu. Auguste, si te veux bien expliquer  à ces dames de quoi qu’il s’agit.

AUGUSTE - Ben je fais que ça d’expliquer. (Nouveaux cris horribles) ça c’est not’ fils qu’est en train de s’entraîner pour la fouère aux cochons. On lâche un cochon et c’est à celui qui l’attrape et lui ligote les pattes le plus vite. L’année dernière il a fait deuxième, il a gagné son poids en tripes, jambonneaux et andouillettes.

ELISE - Ah bon ! J’aime mieux ça ! Mais cette pauvre bête !

AUGUSTE - J’va aller vouère comment qu’ y s’débrouille. La dernière foué, le cochon y s’est tell’ment débattu, qu’y s’est échappé. Avec la corde qui lui traînait derrière il a accroché le l’ grillage du poulailler et y s’est enfui avec le grillage et toutes les volailles. Y-avait des plumes partout, quelle panique !

MARC - J’imagine !

AUGUSTE - Et la meilleure, tenez-vous bien, on a r’trouvé tout cet attelage sur le parking de la gendarmerie de ……………………. (Ville ou village à choisir.)

JUSTINE - Imaginez mon mari courant autour de la gendarmerie en hurlant « Mes poulets, mes poulets ! ». Il a failli avoir des ennuis !

AUGUSTE - Bon, j’ y va vouère, mais avant,… v’là un p’tit …………… (Choisir un vin local.) qui mérite l’ détour. (Il remplit copieusement de vin les verres de Marc et Elise et sort à gauche.)

 

SCENE 2

Justine – Marc – Marlène – Elise

JUSTINE - Pardonnez-nous, mais c’est la vie de la ferme !

MARC - C’est tout à fait pittoresque, enfin je veux dire traditionnel, surtout ne changez rien à vos...

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