Séniors… Prends pitié !

La petite résidence privée « Les Joyeux Coucous » accueille des pensionnaires âgés, certains toujours très lucides et efficaces dans leurs anciens domaines professionnels et d’autres un peu – beaucoup – fêlés.

Le groupe dont fait partie la résidence est en difficultés.
Faute d’un repreneur avant fin décembre, la fermeture sera inévitable.
Espoir soudain ce jour de novembre ! La directrice, madame HENRIETTE, annonce que des Qataris sont sur le coup pour racheter le groupe ! Libre cours aux fantasmes….
Mais la résidence, petite et peu rentable, risque fort de ne pas intéresser les émirs !
Elle risque donc plutôt de fermer purement et simplement.

Qataris ou fermeture ? Inacceptable ! Ni l’un ni l’autre, pour SYLVAIN, le comptable, et pour ADAM, maire du village (ancien flic et amant d’Henriette) !
Avec l’aide de résident(e)s et de membres du personnel, ils vont tenter de sauver leur résidence confortable.
Le plan ? racheter eux-mêmes l’établissement en coopérative.
Problème, ils n’ont pas le sous… Enfin si… Quoique peut-être, si on prends en compte… Mais non, c’est risqué… A moins que l’on s’arrange pour… Et là je vous dis pas le magot. Mais bon… C’est délicat, très délicat… Faut voir avec LUCIEN !

LUCIEN ? C’est leur ami résident. C’est lui qui détient la clé : il a conservé de son passé trouble 4 valises de faux billets (indétectables) qu’il ne peut écouler que prudemment et donc lentement.
Au train actuel où il puise dans ses valises, il lui restera encore près de 40 millions d’€ en fausses devises inutilisées s’il meurt à 100 ans. Quel gâchis !

Alors on va vous expliquer, en 1h30 environ, les méandres de l’arnaque la plus sympathique du siècle.
Même le père noël est mis dans le coup.
Malgré les facéties de CHARLES (Alzheimer, réincarnation loufoque du général De Gaulle) le succès sera, comme vous le devinez au rendez-vous;
Mais au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer car ETIENNE, curé du village, très bien vu à Rome (et même bien plus haut), vient glisser son goupillon dans cette affaire.

Liste des personnages (12)

HENRIETTEFemme • Adulte
Mme HENRIETTE : La directrice (40 à 65 ans)
GERMAINE ou GermainIndifferent • Adulte/Senior
GERMAIN(E) : Employé(e) à l’entretien. Rôle féminin de préférence.
SYLVAIN(e)Indifferent • Adulte/Senior
SYLVAIN(e) : le comptable. Ancien(ne) trader et informaticien(ne).
LUCIEN(ne)Indifferent • Senior
LUCIEN(ne) : résident ancien faux-monnayeur.
CHARLESHomme • Senior
CHARLES : résident, ancien sous-officier, perd la tête, se prend pour De Gaulle.
YVONNEFemme • Senior
YVONNE : résidente en couple avec Charles.
ADAMHomme • Adulte/Senior
ADAM : maire et ancien lieutenant de police. Amant d’Henriette (40/65)
Le père ETIENNEHomme • Age indifferent
Le Père ETIENNE : curé du village.
IRMAFemme • Senior
IRMA : voyante très lucide. Personnage absent de la version 8 rôles.
CAMILLE (H ou F)Indifferent • Age indifferent
CAMILLE : Animateur (trice) (20 à 50 ans) Absents dans la version 8.
DENIS(e)Indifferent • Senior
DENIS(e) : ancienne chanteuse sans succès. Présente seulement dans la version à 11 personnages.
DISRIBUTIONS POSSIBLESIndifferent • Age indifferent
LES DISTRIBUTIONS POSSIBLES : 9 personnages : 4H5F 5H4F 6H3F 10 personnages : 3H7F 4H6F 5H5F 6H4F 7H3F 11 personnages : 3H8F 4H7F 5H6F 6H5F 7H4F 8H3F

Décor (1)

DECOR UNIQUELa salle de vie d'une résidence pour séniors : tables, chaises... Déco à votre libre imagination.

Le public est installé. Rideau fermé, les 3 coups !

La sono commence à diffuser « Mon vieux » interprétée par Daniel Guichard.

Laisser chanter jusqu’au couplet 5 durant lequel le rideau s’ouvre : “ on n’recevait jamais personne, ça n’le rendait pas malheureux, Je crois, mon vieux...“

La chorale, soit est déjà en place, soit entre sur scène en chantant la suite en karaoké.

NB : vous pouvez simplifier en faisant chanter vos comédiens en karaoké depuis le début

ou en accompagnant Daniel Guichard.

CAMILLE est aux commandes, tel un chef d’orchestre.

Ils ne chantent pas tous très juste, surtout DENISE, très émue qui sanglote.

 

 

 

ACTE 1

 

Scène 1

CAMILLE, ADAM, CHARLES, DENISE,

IRMA, LUCIEN, SYLVAIN, YVONNE

 

La chorale des résidents.

 

Dans son vieux pardessus râpé,

Les jours de paie quand il rentrait

On l’entendait gueuler un peu

Mon vieux

Nous on connaissait la chanson,

Tout y passait, bourgeois, patrons

La gauche, la droite, même le bon dieu

Avec mon vieux.

Chez nous y-avait pas la télé

C’est dehors que j’allais chercher

Pendant quelques heures l’évasion,

Tu sais, c’est con !

Dire que j’ai passé des années

A côté d’lui sans l’regarder…

On n’a à peine ouvert les yeux

Nous deux…

CAMILLE

Soupir et bras levés vers le ciel, en signe de désespoir.

Stop !…. Mais vous me faites quoi là ? Et Denise ! Pourquoi tu pleurniches en chantant ?

DENISE

Cette chanson… Je repense au vieux pardessus râpé de mon regretté papa…

Et c’était aussi sa chanson préférée.

IRMA

C’est ta faute aussi Camille, là. Dans notre chorale “ les Joyeux Coucous “, on est des personnes sensibles, alors si tu nous branches sur radio nostalgie…

CHARLES

Le mieux ce serait de le faire façon « Ici Londres ».

Vous pouvez ajouter en fond sonore le fameux brouillage (ça se trouve sur internet) tandis que Charles parle avec le ton saccadé qui convient pour imiter De Gaulle.

Les Français parlent aux Français. Voici quelques messages personnels :

« Les dimanches étaient monotones… On ne recevait jamais personne ».

Je répète : « Les dimanches étaient monotones, on n’recevait jamais personne ».

« Dans son vieux pardessus râpé… Les jours de paie quand il rentrait… »

Je répète…

CAMILLE

Oui bon Charles ! On va pas vous écouter élucubrer jusqu’au débarquement. Je sais pas ce que vous avez ce matin mais vous chantez faux ! Allez ! On se le refait ce couplet…

Elle lève les bras, prête à diriger un nouvel essai et donne le ton de la première note…

Les dimanches étaient monotones…. Do… Do…

LUCIEN

Prenant l’initiative de chanter en impro.

C’est p’t être exprès qu’on chante faux

Et qu’on s’emmêl’ tous les pinceaux

Parce qu’on n’veut pas faire des envieux, mon vieux,

SYLVAIN

Alors on chante comme des tocards

Pour pas vexer Daniel Guichard

Tant pis si c’est pas mélodieux, mon vieux

DENISE

Chantant juste cette fois (tonalité montante).

Si on voulait s’lâcher la voix,

On s’rait d’jà tous à l’Olympia,

Elle se tourne vers Camille et pointe son index vers elle.

Toi t’en croirais pas tes oreilles… Ma vieille…

CAMILLE

Applaudissant doucement

Eh ben, tu vois Denise quand tu veux.

Denise flattée se redresse fièrement.

N’empêche que vous aviez bien monté votre coup. Parce que là, ne mes dites pas que c’est de l’impro…

SYLVAIN

Oui bon… On avoue. On a voulu te taquiner.

DENISE

Parce qu’en vrai, moi, j’ai le niveau pro !

LUCIEN

ça va là Denise ! On sait tous que t’es passée à « The voices kids », mais c’était il y a longtemps ! Très longtemps !

ADAM

Moqueur

Si longtemps que ça ne s’appelait pas « the voices kids ».

A cette époque lointaine, c’était « L’école des fan’s ».

CHARLES

Oui, bon, Adam, un peu de respect s’il vous plaît !

ADAM

V’là t-y pas que “Mon Général“ se met à me vouvoyer !

LUCIEN

Maintenant, Camille, si tu veux de l’impro…

Il se tourne vers Denise et chante...

 

A la télé en noir et blanc,

T’avais chanté « prendre un enfant

Par la main » ou par les oreilles, ma vieille…

YVONNE

Elle enchaîne elle aussi en chantant.

J’suis désolée ma pauv’ Denise,

Mais si j’en crois c’que les gens disent

T’as massacré grave Yves Duteil, ma vieille,

C’était y-a plus de 50 ans…

Denise se met à pleurer.

IRMA

Prenant Denise dans ses bras pour la consoler

Voyons, voyons… A mon avis, plutôt que Duteil, en pleine période yéyé, t’aurais mieux fait de chanter un succès anglais.

SYLVAIN

Denise qui chante en anglais… (Il prononce à l’anglaise) Imagine !

CHARLES

Baisemain à Yvonne

Chanter en anglais, Pfff… Cher ami, c’est là une très mauvaise idée. Vous n’êtes pas sans savoir, que j’ai été contraint quant à moi de m’exiler 5 longues années…

CAMILLE

Et c’est reparti !

CHARLES

… 5 longues années au pays des rosbeefs ! Un calvaire, mes amis, un calvaire !

Au milieu de tous ces gens qui parlent avec un accent épouvantable à force de se nourrir de plats plus épouvantables encore… Le plus dur ma chère, cela n’a pas été les bombardiers allemands, mais bien la nourriture britannique.

CAMILLE

Arrêtez ! On ne va jamais y arriver ! Dès que j’essaie de vous remettre dans le ton, vous vous mettez à plaisanter, à déconner grave !

ADAM

Oh la la ! Si on peut plus rigoler !

CAMILLE

Adam, tu es le maire de notre commune et peut-être devrais-tu montrer l’exemple, non ?

CHARLES

Affirmatif !

CAMILLE

Et je vous rappelle que nous chantons « mon vieux » à Noël devant tout le village et aussi quelques cantiques lors de la messe de minuit…

Et… Qu’il y aura même l’Evêque en personne.

YVONNE

Pour ma part, je refuse de chanter dans ces conditions : c’est le pape ou rien !

LUCIEN

Il faut comprendre aussi. On risque de se retrouver à la rue, peut-être en plein hiver, si jamais la résidence ne trouve pas de repreneur.

Alors on n’a pas vraiment le cœur à chanter.

IRMA

Les prenant tous à témoin.

« Pas le cœur à chanter »…

Elle fait des jeux de mots et même pas exprès en plus !

CAMILLE

Justement ! Autant se changer les idées en chantant.

Allez ! Avec moi “ Les Joyeux Coucous “ !

On reprend à « Nous on connaissait la chanson » !

A nouveau doigt levé pour donner le ton.

Nous on connaissait la chanson… Do… Do…

Les 7 choristes

Ils chantent juste cette fois.

Nous on connaissait la chanson,

Tout y passait, bourgeois, patrons,

La gauche, la droite, même le bon dieu

Avec mon vieux.

Chez nous y-avait pas la télé

C’est dehors que j’allais chercher

Pendant quelques heures l’évasion,

Je sais, c’est con…

 

Entrée soudaine de madame Henriette, la directrice.

 

 

Scène 2

LES MÊMES et HENRIETTE

 

HENRIETTE

Bonjour à toutes et tous. Désolée d’interrompre votre répétition, mais j’ai du nouveau.

Tous les autres.

Bonjour !

CHARLES

Du nouveau ? Mais à quel sujet ?

IRMA

Ben… Les problèmes de pognon de la résidence tiens !

HENRIETTE

Exact ! Bien deviné Irma !

DENISE

Elle n’a pas trop de mérite non plus. Elle a été voyante, non ?

IRMA

Et je le reste encore, même à la retraite.

HENRIETTE

Donc, comme vous le savez déjà, notre groupe, “Corpayant“, souhaite céder à des investisseurs privés la gestion de nombreuses résidences et EHPAD dont il a la charge.

Je viens d’être informée qu’il y a une offre de rachat jugée recevable par le tribunal.

Auquel cas, nous allons peut-être changer de propriétaire.

SYLVAIN

En tant que comptable, j’aurais aimé en être informé.

HENRIETTE

Désolée, Sylvain, mais je viens de recevoir l’info il y a quelques minutes.

SYLVAIN

Pardon ! Et c’est qui les repreneurs ?

IRMA

Vision soudaine. Voix forte, yeux fermés, mystérieuse.

Ah !... Je vois… Je vois… Je le vois !

YVONNE

Mais… Vous voyez quoi Irma ?

IRMA

Je le vois !

Bras tendu, elle pointe son doigt vers le public.

Là !

Les autres dirigent leur regard vers le coin indiqué.

CAMILLE

Il n’y a rien !

IRMA

Mais si voyons ! Regardez : Le minaret !

LUCIEN

Mais quel minaret ?

IRMA

Ils vont transformer la résidence en mosquée et construire un minaret dans notre jardin à la place du barbecue et du terrain de boule !

Brouhaha dans les rangs.

CHARLES

Accent gaullien.

Le terrain de boules ? Ah non ! Pas touche à notre terrain de boules !

LUCIEN

Mais qui voudrait construire un minaret dans notre parc ?

IRMA

Ben les Emirs tiens.

CHARLES

Ah mais non ! Sauvons nos cochonnets !

Il se met à chanter.

Formez vos bataillons, marchons, marchons, qu’un sang impur…

YVONNE

Charles !

HENRIETTE

Incroyable Irma ! Je sais pas comment tu as deviné...

LUCIEN

Deviné !... Mais deviné quoi ?

Silence gêné d’Henriette.

ADAM

Deviné que l’offre de rachat validée ce sont des Qataris ! Voilà.

Geste d’agacement d’Henriette.

CAMILLE

Ah ! Et toi Adam, évidemment, t’es déjà au courant !

YVONNE

Tu parles… C’est bien connu : les oreillers ont des oreilles !

Alors madame la directrice… Vous nous dites quoi ? Minaret ou pas minaret ?

HENRIETTE

Je ne sais pas !… C’est bien une offre de rachat par des Qataris qui tient la corde auprès du tribunal. Après… Vont-ils vraiment construire un minaret ?... ça…

LUCIEN

Un minaret ou un nouveau stade de foot de 150 000 places pour la finale de la coupe du monde 2038.

CHARLES

Les Qataris ! Encore les Qataris ! Ils rachètent tout ce qui passe !

Mais n’ayez crainte ma chère, je préviens le général Leclerc et avec sa 2ème division blindée et nous allons repousser les envahisseurs.

CAMILLE

Mon général ! Nous sommes en 2025 ! (Au besoin, actualiser la date)

CHARLES

2025 ? (Il compte un peu sur ses doigts.)

Mon dieu… 2025 et la guerre n’est pas encore finie !

CAMILLE

Et le général Leclerc est mort !

CHARLES

Désemparé.

Leclerc ? Mort ? Mais c’est incroyable ça !

Et on attendait quoi pour me prévenir, hein ?

Leclerc ! Le pauvre…

Soudain ragaillardi.

Je vais de ce pas réunir mon état-major… Ils vont m’entendre !

Il se dirige vers la sortie. Yvonne fonce le rattraper par le bras.

YVONNE

Voyons Charles ! Vous n’allez pas m’abandonner alors que l’ennemi approche !

Restez. Je vous le demande.

CHARLES

Ah… (Infantile) Alors si vous me le demandez, Yvonne, je veux bien.

HENRIETTE

Ecoutez moi s’il vous plaît ! L’option des Qataris, ce n’est peut-être pas le pire.

Il est fort probable que certaines résidences ne seront pas reprises faute de rentabilité.

Et comme vous le savez, ici, notre résidence « les joyeux coucous » est relativement petite et peu rentable... Donc, notre fermeture définitive est sérieusement à envisager.

DENISE

Donc pas de minaret, pas de stade grandiose… Tous à la rue ?

HENRIETTE

Non évidemment ! Vous serez tous relogés ailleurs, mais le calendrier a été avancé.

DENISE

C’est-à-dire ?

HENRIETTE

On fermerait début janvier.

CAMILLE

Eh bien joyeuses fêtes à tous !

HENRIETTE

On m’a juste garanti que vous ne seriez pas à la rue mais ventilés dans d’autres établissements.

YVONNE

Mais je refuse d’être ventilée moi.

CHARLES

Lui réajustant son foulard.

Ma pauvre amie ! Vous qui craignez tant les courants d’air.

HENRIETTE

Je vous tiens tous aussitôt informés quand je sais comment tout cela va se dérouler.

Bon… Je monte informer les autres résidents dans les étages.

Elle sort. Court silence.

 

 

Scène 3

LES MÊMES sans Henriette.

 

Sylvain va vérifier à la porte qu’Henriette s’est éloignée.

SYLVAIN

C’est bon… Elle est bien partie.

LUCIEN

C’est quoi ça ? Tu te crois dans un film d’espionnage ?

CAMILLE

Ah c’est vrai… Tu es là toi !

LUCIEN

Hou là ! Je sens que ma présence dérange. Et ce n’est pas la première fois…

Bon ! C’est quoi le problème ?

ADAM

Te vexe pas Lucien. C’est pas personnel et on t’expliquera le moment venu.

LUCIEN

D’accord ! Le moment semble déjà venu pour tout le monde, mais pas pour moi.

Et… On peut savoir le moment de quoi ?

CAMILLE

Le moment de tout t’expliquer ! C’est comme ça. T’es pas n’importe qui dans cette affaire alors on doit te ménager.

LUCIEN

T’es sérieuse là… En fait, je crois plutôt que tu te fous ouvertement de ma gueule non ?

Un peu de respect ce serait trop demander ?...

CAMILLE

Je te jure que le moment venu tu comprendras et…

LUCIEN

Vous me faites chier avec votre “moment venu“. Eh puis tiens ! Oui, le moment, il est venu que je me casse pour pas supporter davantage vos airs d’Hypocrites.

Il consulte sa montre.

ça tombe à pic, j’ai mon cours d’aquarelle ! ça va me calmer…

Il sort en colère.

 

Scène 4

ADAM, CAMILLE, CHARLES, DENISE,

le père ETIENNE, IRMA, SYLVAIN,...

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