Scène 1

Casimir et Maguy

 

Au lever du rideau, la scène est vide. Le téléphone sonne, insistant… Casimir entre alors sur scène en caleçon, tee-shirt et chaussettes, décroche le combiné, raccroche aussitôt et repart en coulisse.

Un instant, puis le téléphone sonne à nouveau…

Casimir (il entre de nouveau sur scène, même allure, mal réveillé, décroche le combiné) - C'est pas vrai… Elle va pas se taire !... Oui ! Maman ! J'en étais sûr. Qu'est-ce que tu veux encore ? J'espère que c'est pas pour me demander si j'ai bien nettoyé derrière mes oreilles... Oui maman… Bien entendu, je me suis couché très tôt et avec mes chaussettes pour ne pas attraper froid. Voilà ! C'est tout ? T'es contente ? Ah non, j'oubliais ! Hier, je suis bien allé aux toilettes deux fois… Le compte est bon ? Allez, bonne journée maman !… Quoi encore, la tante Jeanne ?! V'là maintenant deux ans qu'elle est partie aux States. Enfin elle donne de ses nouvelles... (Il s'énerve.) Qu'est-ce qu'elle a ? Elle nous invite pour son 100ème anniversaire ?… Alors ? Si c'est pas ça… Non… Dis-moi pas qu'elle va se remarier ! (Il perd ses moyens.) Trois, elle a déjà eu trois maris ! Paix à leurs âmes… Comment ça, c'est p't'êt' bien son tour ? Penses-tu ! La dernière fois que j'l'ai vue, elle partait sauter en parachute, à quatre-vingt-dix-huit ans ! Enfin, j'te parle de ça, c'est avant qu'elle s'installe en Amérique. Maintenant, ça fait deux ans, alors… Enfin, j'y crois pas bien à ton histoire, non… On sera tous là-haut, qu'elle sera encore là, elle, à s'essayer au saut à
l'élastique… Comment ça, elle a dû l'oublier, l'élastique ?… Elle s'est jetée du haut de son immeuble ! Aïe !… Dis, l'ascenseur était en panne ?… Quoi ? Ils l'ont rapatriée en France ? Tu vas pas me dire que la tante Jeanne, après s'être écrasée au sol… Ils ont quand même pas recollé les morceaux ?! De toute façon, là-haut, j'me fais pas de souci, elle pourra voler sans risque au moins… avec ses ailes. Alors là, tu m'la coupes ! De toute façon, y a qu'un accident comme ça qui pouvait l'arrêter… Tu dis ? Nous sommes ses seuls héritiers ? Miracle !… Non, je disais, cette pauvre tante Jeanne, il faudrait un miracle pour la sortir de là… Et combien ?… Une ou deux heures ! Non, combien d'argent ?… Ah ! tout de même… Bien sûr, quand elle sera plus là… C'est triste, bien entendu… Oui, c'est le destin. (A part.) Et il fait bien les choses !… Non, je disais, on est bien peu de choses… Evidemment, ça fait beaucoup d'argent, mais est-ce le plus important ?

Il s'agenouille par terre. A plusieurs reprises, il embrasse le sol… Maguy entre sur scène en tenue légère.

Maguy - Tu fais ta gym ?

Casimir - Ecoute maman, je vais raccrocher, un client… un client vient d'arriver… Je travaille, maman, je travaille. Tiens-moi au courant dès que la tante Jeanne sera… enfin, tu m'as compris. Non, attends, donne-moi le numéro de l'hôpital… Tu y vas… (Il note.) Hein ? (A voix basse.) Oui… je t'aime, maman… Non, je t'oublie pas !

Pendant ce temps, Maguy s'allonge sur le canapé pour attirer l'attention de Casimir.

Casimir - Je te laisse, j'ai mon client qui s'impatiente… Une grosse affaire, un bon coup… C'est ça, à tout à l'heure ! (Il raccroche, pousse un ouf ! de soulagement mais le téléphone sonne de nouveau. Il décroche alors que Maguy, furieuse, repart en coulisse.) Maman, je te préviens, si tu n'arrêtes pas immédiatement de me harceler, je change de numéro, d'appartement, de ville et de pays ! Compris ?!… (Il se radoucit.) Bonjour monsieur… Je vous règle votre facture au plus vite, entendu comme ça. (Il raccroche.) Si la tante Jeanne veut bien se décider… (Il se dirige vers la chambre tout penaud.) C'était… ma mère…

Maguy (elle rentre sur scène, furieuse) - Je me pose une question, là… Elle...

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