Un Mari très cabot

Le mari de Madame Ricou a disparu depuis 3 jours. L’inquiétude la pousse à faire appel au détective Debrick, mais un quiproquo s’installe quant à l’identité de la personne à rechercher. Dès lors, un va-et-vient quasi incessant va perturber la vie jusque là monotone et insipide de la maisonnée : Valérie, la fille très pieuse de Madame Ricou, essaye de consoler sa mère tout en repoussant les avances d’un voisin vulgaire et intrusif. Bernadette, l’employée de maison sans grande culture mais pragmatique, se plaint de ses conditions de travail. Une femme mystérieuse s’invite pour un sondage, une charcutière puis une boulangère suivent tour à tour ; et enfin, le désagréable Raoul Coulanges qui soupçonne sa femme d’avoir un amant dans l’immeuble ; sans oublier le fameux inspecteur Debrick qui vient sonner régulièrement pour donner l’état d’avancement de ses recherches délirantes. Qu’en est-il d’Igor, le vieux chien des Ricou ?
On retrouvera au final le mari et le chien, mais pas forcément dans leur état initial…

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Liste des personnages (11)

Denise RICOU, née du PLANTYFemme • Adulte • 225 répliques
Charles-Henry RICOU Homme • Adulte • 64 répliques
Epoux de Denise Ricou
Fiona COULANGESFemme • Adulte • 60 répliques
Maîtresse de Charles-Henry. Elle est cleptomane.
RAOUL COULANGESHomme • Adulte • 38 répliques
Epoux de Fiona. Il est "nez" chez Saint-Laurent.
VALERIE RICOUFemme • Jeune adulte/Adulte • 99 répliques
La fille de M. et Mme Ricou. Très pieuse et plutôt coincée.
EDOUARDHomme • Adulte • 29 répliques
Le voisin sans gêne. Il est amoureux de Valérie. Il est assez vulgaire.
Inspecteur DEBRICKHomme • Adulte/Senior • 94 répliques
Crétin personnifié. Imperméable, lunettes noires, pipe, tout l'attirail du privé, le flair en moins.
SOPHIE FLARDFemme • Adulte/Senior • 10 répliques
La bouchère/charcutière. Brute de fonderie.
MADAME DUPINFemme • Jeune adulte/Adulte • 8 répliques
La boulangère, plutôt snob. Elle parle avec une voix de tête.
BERNADETTEFemme • Adulte/Senior • 105 répliques
La bonne. Très joyeuse et pragmatique.
DOCTEUR CHEVALHomme/Femme • Adulte/Senior • 5 répliques
Le/la vétérinaire. Très pro.

Décor (1)

Tous les actesUn salon bourgeois avec sofa, bergères, une desserte, un porte manteau. 3 portes : une côté cour, une côté jardin et l’autre fond de scène. La première porte donne vers la cuisine où vaque la bonne, la seconde donne vers les chambres et la salle de bain et la troisième est la porte d’entrée.

Note globale : 20.0 / 20 (1 avis)


Moyenne des critères :

  • Progression : (5.0 / 5)
  • Style d'écriture : (5.0 / 5)
  • Personnages : (5.0 / 5)
  • Originalité : (5.0 / 5)

Avis

Note globale : 20.0 / 20

Avis : Comédie désopilante, très rythmée, avec des personnages hauts en couleurs. Le quiproquo portant sur le chien et le mari est particulièrement hilarant.

Notes détaillées :

  • Progression : (5 / 5)
  • Style d'écriture : (5 / 5)
  • Personnages : (5 / 5)
  • Originalité : (5 / 5)

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ACTE 1
Scène 1
Denise, Valérie.

A l’ouverture, Denise RICOU est en pleurs sur son canapé. Valérie entre.

VALERIE - Eh bien maman que se passe t-il ?
DENISE, pleurant bruyamment - BEUHHH !
VALERIE, essayant d’avoir quelques gestes affectueux, mais elle s’y prend très  maladroitement - Voyons… Maman… Pourquoi pleurez-vous ? Là…Là…Tout va bien !
DENISE - Beuhhh ! Non ! Tout va mal ! Beuhhh !
VALERIE, même jeu - Allons… Allons… Si vous ne me dites pas de quoi il s’agit, je ne vais pas pouvoir vous consoler…
DENISE, s’arrêtant brusquement de pleurer - Ton père a disparu !
VALERIE - Papa ?
DENISE, agacée, tout en se mouchant et s’essuyant les yeux - Evidemment ! Pas le facteur !
VALERIE - Comment pouvez-vous dire que papa a disparu ?
DENISE - Trois jours qu’il n’est pas rentré et je n’ai plus aucune nouvelle.
VALERIE - Trois jours ? Oui, c’est intrigant, mais cela n’a rien d’alarmant non plus… Il faut savoir relativiser.
DENISE - Relativiser ! Tu en as de bonnes toi ! Ce n’est pas toi qui vas payer la rançon !
VALERIE - On vous a demandé une rançon ?
DENISE - Non. Mais j’imagine que cela ne va pas tarder !
VALERIE - Vous dramatisez…
DENISE - Evidemment ! Ce n’est pas toi qui vas recevoir une oreille ou un orteil dans ta boîte aux lettres !
VALERIE - Doux Jésus ! Pourquoi dites-vous ces horreurs ?
DENISE - J’y suis pour rien si les ravisseurs donnent dans la mutilation !
VALERIE - Je suppose qu’avant d’en arriver là, ils contactent les victimes et réclament de l’argent. Si l’on refuse de payer, ils montrent leur détermination en vous envoyant un doigt ou une oreille… (Un temps.) D’ailleurs, pourquoi avez-vous parlé d’orteil ?
DENISE – Parce que ça rime.
VALERIE, interloquée - Ça rime ?
DENISE - Oreille/orteil. Ça rime. Oreille/doigt, ça rime pas.
VALERIE, consternée - Oui, bien sûr…
DENISE - Bon, de toute façon, j’ai contacté un détective privé afin qu’il retrouve rapidement ton père, avant de le recevoir sous forme d’échantillons.
VALERIE - C’est une bonne idée, mais c’est sans doute un peu prématuré. (Sortant son portable de son sac à main.) Je l’appelle.
DENISE - J’ai déjà essayé d’appeler ton père plusieurs fois : je tombe directement sur la messagerie !
VALERIE - Chut ! Ça sonne…
DENISE - Oui, pour sonner, ça sonne, mais personne ne répond !
VALERIE - …Il filtre peut-être les appels ?…
DENISE - Je ne vois pas pourquoi il filtrerait mes appels !
VALERIE, embarrassée - Euh… (Un temps, puis essayant de faire diversion.) Ah ? Oui… (Un temps.) Effectivement, je tombe sur la boîte vocale !
DENISE - Qu’est-ce que je disais ! (Insistante.) Tu ne m’as pas répondu : pourquoi il filtrerait mes appels ?
VALERIE, faisant un signe de la main pour que sa mère se taise - Je  laisse un message… « Allô papa ? C’est Valérie, votre fille. Eh bien voilà, maman et moi sommes inquiètes de ne pas avoir de vos nouvelles. Pourriez-vous nous rappeler afin de nous rassurer ? Nous vous embrassons très fort et à bientôt ! » (Elle range son portable.)
DENISE - Bon alors ?
VALERIE - Alors, il n’y a plus qu’à attendre…
DENISE - Non : pourquoi ton père voudrait filtrer mes appels ?
VALERIE - Je n’ai pas dit vos appels, mais les appels.
DENISE - C’est du pareil au même puisqu’il ne répond pas quand j’appelle ! (Pleurant à nouveau.) Beuh ! Je suis virée dans les indésirables ! Beuh ! Mon mari ne m’aime plus ! Beuh ! Je ne suis plus une femme désirable ! Beuh ! (S’arrêtant brusquement.) Ton père a une maîtresse ! Oui, c’est ça ! Il me trompe avec une autre femme ! (Un temps.) Ou peut-être même avec un homme !
VALERIE, choquée et se signant - Oh ! Dieu, Jésus, Marie, Joseph ! C’est dégoûtant ! Comment pouvez-vous dire des choses pareilles ?
DENISE - J’y suis pour rien si les hommes sont des cochons !
VALERIE - Enfin, maman, vous tirez des conclusions bien vite !
DENISE, butée - Pas du tout. Ton père est parti depuis trois jours et ne veut plus me parler : il me trompe. Deux et deux font quatre ! Quand je pense que je m’inquiétais pour lui, quelle idiote !
VALERIE - Vous êtes excessive ! Si ça se trouve il n’a plus de batterie, ou il a égaré son téléphone, ou bien il ne fonctionne plus !
DENISE - Admettons. En tout cas, j’ai bien fait de faire appel à un détective !
VALERIE - Oui maman. C’est une bonne idée. (Regardant dehors dans la cour.) Encore lui !
DENISE - Qui ça ?
VALERIE - Edouard, le voisin de l'immeuble d'à côté ! Il monte !
DENISE - Eh alors ?
VALERIE, éludant - Il faut que je vous laisse. Ne dites à personne que je suis ici ! (Elle sort précipitamment côté jardin.)
DENISE - Je ne vois pas pourquoi je parlerais de toi à des inconnus !
VALERIE, en off, reconnaissante - Merci maman !
DENISE - …D’ailleurs, je ne parle jamais de toi… C’est sans intérêt…
VALERIE, en off, dépitée - MERCI !
La sonnette retentit.
DENISE, hélant vers la cuisine - Bernadette ?

ACTE 1
Scène 2

Bernadette, Denise, puis Edouard.

BERNADETTE, entrant en s’essuyant les mains sur un torchon - Madame a appelé ?
DENISE - Oui. Quelqu’un sonne à la porte. Ce doit être le détective Debrick.
BERNADETTE, allant ouvrir, hilare - J’espère qu’il en casse pas : des briques ! Hi ! Hi ! Hi ! Hi ! (Ouvrant et découvrant qu’il s’agit d’Edouard.) Ah, ben non, c’est le voisin Edouard ! Hi ! Hi ! Hi !
EDOUARD, entrant sans formalité - Bonjour la compagnie ! (S’adressant à Denise.) J’avais cru voir vot’fille monter chez vous : la Valérie. Elle est pas dans le secteur des fois ?
DENISE - Mais non, voyons ! (Un temps.) Nous n’avons pas le temps Edouard ! (Elle fait un signe de la main pour qu’il déguerpisse.)
EDOUARD - C’est pas vous que j’viens voir, mais la Valérie ! J’en pince grave pour elle, pourtant elle est coincée, du genre coincée de chez coincée, mais c’est plus fort que moi, ça m’excite ! (S’échauffant.) Quand elle met son tailleur gris avec la petite croix dorée qui dépasse sur le dessus, ça me chamboule les sens !
DENISE - S’il vous plaît ! Je n’ai pas envie d’écouter vos fantasmes répugnants ! Valérie n’est pas là, un point c’est tout ! En plus, j’attends quelqu’un !
EDOUARD - Qui ça ?
BERNADETTE - Ça te regarde pas Edouard ! Dis donc, tu m’avais pas dit que t’en pinçait pour Valérie. Tu sais que t’as aucune chance ?
EDOUARD - J’vois pas pourquoi !
BERNADETTE – parce que vous êtes pas du tout assortis !
EDOUARD - Comment ça : pas assortis ?
BERNADETTE - Vous allez pas ensemble quoi ! C’est comme si on voulait mettre une jupe avec des après-skis !
EDOUARD, vexé - C’est bien la première fois que l’on me compare avec des après-skis !
DENISE, impatiente - Bernadette, je ne vous paye pas pour parler
chiffons ! Il y a sûrement de la vaisselle ou du ménage à faire !
BERNADETTE, sortant - Bien Madame ! (Elle sort en chantant.)
Tralalalère !

ACTE 1
Scène 3
Denise, Edouard.

DENISE - Quant à vous, je vous demanderai de bien vouloir me laisser seule…
EDOUARD, inquisiteur - Vous attendez quelqu’un ?
DENISE - Ce ne sont pas vos affaires.
EDOUARD, même jeu - Vous avez un amant ?
DENISE, outrée - Ho !
EDOUARD, même jeu - C’est lui que vous attendez ?
DENISE - Mais, pas du tout !
EDOUARD, même jeu - C’est pour ça que vous voulez rester seule ?
DENISE - Je ne veux pas être seule puisque j’attends un monsieur.
EDOUARD - C’est bien c’que j’dis : vous voulez être seule avec un homme dont on sait pas qui c’est. Votre amant, quoi !
DENISE - Pas du tout ! Cela ne vous regarde pas ! Maintenant, fichez-moi le camp !
EDOUARD, sortant - J’dirais rien du moment que vous causez de moi à vot’fille !
DENISE - C’est ça : au revoir !

ACTE 1
Scène 4
Valérie, Denise, Bernadette.

VALERIE, revenant côté jardin - Une sangsue ce type !
DENISE - …Et un grossier personnage !
BERNADETTE, revenant côté cour - Valérie, vous avez tiré le gros lot, ma parole ! Hi ! Hi ! Hi !
VALERIE - Ce n’est pas drôle Bernadette ! (Un temps.) Je passe par la porte de service, venez avec moi pour me dire si la voie est libre.
BERNADETTE, suivant Valérie côté cour - Pas de souci, je vous couvre ! Si on m’avait dit qu’un jour Edouard en pincerait pour vous, je l’aurais jamais cru ! Comme quoi les opposés s’attirent, c’est pas si faux !
VALERIE - Oui, bon ! Epargnez-moi vos commentaires ! Surtout que pour ma part, je ne suis pas attirée du tout !

Elles sortent et la sonnette retentit.

ACTE 1
Scène 5
Denise, détective Debrick.

DENISE, allant ouvrir en râlant - Je suis bonne à aller ouvrir moi-même !

Apparaît le détective, noeud papillon, pipe et lunettes noires.

DEBRICK - Madame Bicou ?
DENISE - Non : Ricou !
DEBRICK, corrigeant de travers - Ah ? Rico.
DENISE, agacée - Non, pas haricot : Ricou ! C’est pour quoi ?
DEBRICK, cassant - J’ai rendez-vous avec Madame Brico, c’est confidentiel.
DENISE - Je suis Madame Ricou, nom d’un petit bonhomme ! Qu’est-ce que vous me voulez ?
DEBRICK - Je suis le détective Debrick, Pierre Debrick. (Il enlève ses lunettes noires).
DENISE, à part, agacée - De bric et de broc, oui ! (Un temps.) Bon, entrez. (Désignant la pipe.) Elle n’est pas allumée au moins ? On ne fume pas chez moi !
DEBRICK - Oh, non ! Elle m’aide à me concentrer ! (Il s’assoit dans une bergère).
DENISE - Tant mieux, parce que Charles-Henry a disparu.
DEBRICK, n’écoutant pas et enlevant une bouloche de dessous le fauteuil - Un mouton…
DENISE, se méprenant - Mais non, pas un mouton, mais Charles- Henry ! Si vous voulez mon avis, ce serait plutôt un cochon.
DEBRICK, n’écoutant pas - Il y a des moutons…
DENISE - Mais, non, puisque je vous dit que je n’ai pas de moutons !
DEBRICK - Ce siège là, il s’agit bien d’une bergère ? (Amusé.) Ha ! Ha ! Ha ! Une bergère ! (Il se tord de rire sous l"oeil exaspéré de Denise.)
DENISE - Oui, une bergère : eh alors ?
DEBRICK, pouffant - Ha ! Ha ! Ha ! Une bergère avec ses moutons ! Ha ! Ha ! Ha !
DENISE - Oui, bon ! Je ne vous ai pas fait venir pour vérifier si le ménage était bien fait ! (Un temps.) Bernadette va m’entendre ! (Un temps.) J’ai besoin de vos services, en rapport avec une disparition…
DEBRICK - Vous avez raison : revenons à nos moutons… (Il éclate à nouveau de rire sous l’oeil éxaspéré de Denise.) Ha ! Ha ! Ha ! Les moutons ! Les moutons ! Ha ! Ha ! Ha ! On n’en sort pas ! Ha ! Ha ! Ha !
DENISE - Personnellement, je n’ai pas très envie de rire : cela fait trois jours que Charles-Henry a disparu et je commence à m’inquiéter.
DEBRICK, reprenant son sérieux - Hem ! Oui, je comprends… Charles- Henry… Auriez-vous une photo ?
DENISE, elle lui présente une photo - Le voici avec Igor…
DEBRICK, observant la photo - Je vois… Bel animal… (A part.) Je trouve ça complètement crétin d’appeler son chien « Charles-Henry », mais bon, le client est roi. (Haut.) Il est castré ?
DENISE, horrifiée - Oh, mon Dieu non ! (à part, froidement.) Remarquez que d’un autre côté cela serait peut-être souhaitable.
DEBRICK, rêveur - Bon, il est entier… (Il tire fictivement sur sa pipe.)
DENISE - Je suppose que oui, je n’ai encore rien reçu ! Pas de phalange… Pas de… Pas de… Euh… Pas d’oreille… Rien ! Notez bien que je n’ai pas non plus reçu de demande de rançon.
DEBRICK - Une rançon ? Comme vous y allez ! A moins d’avoir un sacré pedigree ! Bref. Il est de nature fugueuse ?
DENISE - Oh non, il est en principe plutôt casanier ! Il est très occupé par ailleurs, mais il rentre tous les soirs à la maison. C’est la première fois qu’il part trois jours comme ça sans me…
DEBRICK, coupant la parole - Il ne court jamais après la femelle ?
DENISE, horriblement choquée - OH ! Quelle expression sordide ! Je suis choquée !
DEBRICK, froidement - …En même temps, c’est la nature… Vous n’êtes pas toujours derrière son dos…
DENISE - Oui, bien sûr… On en parlait d’ailleurs avec ma fille tout à l’heure… Mais elle ne semblait pas privilégier cette piste. Pour me protéger sans doute.
DEBRICK - Oh, vous savez… L’instinct animal…
DENISE, précipitamment - Oui, bon ! Gardez la photo, elle vous sera sûrement utile. (Tendant un papier à Debrick.) Par ailleurs, voici un emploi du temps sommaire et les différents endroits qu’il fréquente habituellement…
DEBRICK, il prend le papier et le met dans sa poche sans même le consulter - Bien. (Un temps.) A propos, vous avez averti la S.P.A., les centres pour...
DENISE, coupant la parole, agacée - Mais non ! J'ai averti la police. Cela me semblait judicieux. (A part.) La S.P.A. ! Pourquoi pas l’Armée du Salut ?
DEBRICK, blasé - Vous avez contacté la police ? Oui… Pourquoi pas ?
DENISE - Bien entendu, mais tout le monde s’en fiche ! Cela semblait même plutôt les amuser. D’ailleurs, ce sont eux qui m’ont envoyée vers vous.
DEBRICK, énigmatique - J’ai une certaine réputation…
DENISE, sarcastique - Oui, je commence à le croire.
DEBRICK, bêtement flatté et tirant sur sa pipe - Hé ! Hé ! Si vous avez un peu de temps devant vous, je pourrais vous conter deux ou trois de mes exploits…
DENISE, le poussant vers la sortie - Non, vraiment, je n'ai pas le temps. J'ai plusieurs affaires à régler !
DEBRICK, se laissant diriger vers la sortie, un peu déçu - Pas de problème. Une autre fois peut-être ?
DENISE - C’est ça : une autre fois ! (Restée seule. Dédaigneuse.) Ah ! Les hommes et leurs exploits !

Aussitôt Debrick sorti, la sonnette retentit.

ACTE 1
Scène 6
Denise, Edouard.

DENISE, contrariée - Quoi encore ? (Elle rouvre la porte.)
EDOUARD, entrant sans formalité - J’cautionne pas ! Monsieur Ricou a beaucoup plus de classe !
DENISE, interloquée - comment ça ?
EDOUARD - Rapport au gus qui sort de chez vous… Comme amant, vous auriez pu trouver mieux !
DENISE, outrée - Mais je n’ai pas d’amant ! Monsieur Debrick est détective !
EDOUARD, dubitatif - Mouais… J'aimerais autant, parce que ce bonhomme ne m’inspire pas du tout !
DENISE - De toute façon, notre vie privée ne vous regarde pas !
EDOUARD - Un peu quand même : des fois que Valérie et moi... Je serai comme qui dirait de la famille !
DENISE - On n’en est pas là ! Maintenant, sortez !

Edouard sort, poussé par Denise.

ACTE 1
Scène 7
Denise.

DENISE, regardant sa montre - Eh bien voilà ! Je suis en retard pour ma partie de bridge chez Simone ! (Elle sort côté chambre.)

ACTE 1
Scène 8
Fiona, Charles-Henry.

Entrent simultanément Monsieur Ricou et Fiona.

FIONA - Tu es sûr qu’il n’y a personne ?
CHARLES-HENRY - Mais oui ! Ma femme est à son bridge et la bonne est sortie !
FIONA, coquine - Ah ? Alors, je vais pouvoir te faire plein de petits gouzigouzis !
CHARLES-HENRY, niaisement gourmand - Oh oui ! Tout plein de petits gouzi-gouzis ! (Se déhanchant de manière orientale.) Gougouzi ! Gougouzi ! gouzi-gouzi-gouzi !
DENISE, en off - Il y a quelqu’un ?
Fiona et Charles-Henry qui s’étaient rapprochés l’un de l’autre, se séparent  brutalement et se consultent rapidement du regard, effarés.
FIONA, sur le ton de la confidence irritée - Tu m’avais dit qu’il n’y avait personne !
CHARLES-HENRY, même jeu - Oui, il devait n’y avoir personne ! (Il commence à entraîner Fiona vers la cuisine.) Par ici !
BERNADETTE, en off - Madame m’appelle ?
FIONA - Bravo ! La bonne est là également !
CHARLES-HENRY, entraînant Fiona vers la sortie - Vite ! Sortons !

ACTE 1
Scène 9
Bernadette, Denise.

Bernadette et Denise font leur entrée simultanément. Denise aura mis un manteau.

 BERNADETTE
Et - Vous me parliez ?
DENISE
BERNADETTE
Et - Non.
DENISE
BERNADETTE - V’là que j’entends des voix !
DENISE - Ah non, Bernadette ! J’ai déjà Valérie qui ne parle que du Bon Dieu, vous n’allez pas vous y mettre !
BERNADETTE - Ben non, mais y m’semble bien avoir entendu causer !
DENISE - Moi aussi, mais ce doit être des acouphènes… Bon, je dois partir, mon bridge m’attend… Je suis déjà terriblement en retard !
BERNADETTE - J’savais pas qu’on avait des zacoufaines comme voisins ! Bon, en tout cas, moi, je dois aller récupérer mon Drive.

Elles sortent. Denise précédant Bernadette.

ACTE 1
Scène 10
Charles-Henry, Fiona.

Charles-Henry et Fiona font leur entrée côté cuisine. Fiona est très tendue.

FIONA, elle va s’asseoir dans le sofa - Vraiment, dans le genre rancart pourri, tu te poses là ! La porte de service ! On aura tout vu !
CHARLES-HENRY - Dans la vie, il y a des impondérables ! Maintenant que tout est rentré dans l’ordre, on va pouvoir reprendre la séance de gouzi-gouzis ! (Il se trémousse à nouveau.) Gougouzi ! Gougouzi ! gouzigouzi- gouzi !
FIONA, boudeuse - Je n’ai plus la tête à ça, Charles-Henry !
CHARLES-HENRY - Allez quoi ! Gougouzi ! Gougouzi ! gouzi-gouzigouzi !
La sonnette retentit.
CHARLES-HENRY, allant ouvrir furax - Allons bon, quoi encore ?

ACTE 1
Scène 11
Charles-Henry, Debrick, Fiona.

DEBRICK, sèchement - Bonjour. Détective Debrick. Madame Ricou je vous prie.
CHARLES-HENRY - Je suis Monsieur Ricou et voici ma femme : Fiona (Il présente Fiona.) Que voulez-vous ?
DEBRICK, surpris - Vous êtes sûr que cette personne est votre femme ?
CHARLES-HENRY, sans se démonter - Parfaitement. Bon, alors, que voulez-vous ? Nous étions en pleine séance de gouzi-gouzi, je vous signale !
DEBRICK, interloqué - Gouzi-gouzi ?
CHARLES-HENRY - Parfaitement : gouzi-gouzi, mais pas avec vous ! Bon, alors, que voulez-vous ?
DEBRICK - Eh bien, une femme qui prétend être votre femme, a déclaré la disparition de votre chien.
CHARLES-HENRY, froidement - Si ce n’est pas ma femme, ce n’est pas mon chien non plus.
DEBRICK, décontenancé - Ah ? (Un temps.) Ben oui, c’est logique ! (Un temps, dépité.) Dommage, je crois bien être sur une piste…
CHARLES-HENRY - Bon, eh bien, je suggère que vous alliez pister ailleurs plutôt que de pister chez moi. On ne piste pas n’importe où ! (Il le pousse vers la sortie.)
FIONA, s'apprêtant à sortir, très digne - Je ne resterai pas une minute de plus dans cette maison ! (Elle oubliera son sac à main sur le sofa.)
CHARLES-HENRY, essayant de la retenir sans y parvenir - Bon allez quoi, Fiona ! Gouzi-gouzi-gouzi !
FIONA, furieuse - Dis ça à ton clebs ! (Elle sort.)

ACTE 1
Scène 12
Charles-Henry.

Le portable de Charles-Henry sonne.
CHARLES-HENRY - Crotte ! Encore Denise qui cherche à me joindre ! Trois jours que ça dure ! Elle ne peut pas me laisser vivre un peu ? (Il éteint son portable.) Je l’éteins et toc !
La sonnette retentit.

ACTE 1
Scène 13
Charles-Henry, Sophie Flard.

CHARLES-HENRY, allant ouvrir - Pas moyen d’être tranquille ! (Découvrant la bouchère.) Tiens ? Madame Sophie Flard ! Quel bon vent vous amène ?
SOPHIE FLARD, essoufflée et peu amène - Je serais plutôt vent debout, bon d’là de bon d’là ! En plus de ça que j’suis tout essoufflée parce que vot’ ascenseur est en panne  boudiou !
CHARLES-HENRY - Ah bon ? L'ascenseur est en panne ?
SOPHIE FLARD - Puisque je vous l’dis !
CHARLES-HENRY- C’est curieux, je l'ai pris tout à l'heure et il fonctionnait très bien.
SOPHIE FLARD - Ben là, y marche plus !
CHARLES-HENRY - C'est fâcheux, il va falloir contacter le syndic, parce que, sans ascenseur, ça va devenir compliqué !
SOPHIE FLARD - Je vous l'fais pas dire ! J’me suis tapée trois étages à pied !
CHARLES-HENRY - Oui, mais nous on habite ici et on va être obligés de monter et descendre les escaliers plusieurs fois par jour !
SOPHIE FLARD - Heureusement que vous habitez pas une tour de quinze étages ! Je serais morte à l’heure qu'il est ! Holà-là ! Quinze étages sans ascenseur ! Rien que d’y penser, ça me fait frémir ! (Un temps, puis se ressaisissant.) Mais j'suis pas venue pour causer d'ascenseur !
CHARLES-HENRY - On ne le dirait pas.
SOPHIE FLARD - Je suis venu réclamer des sous !
CHARLES-HENRY - On a oublié de vous régler une commande ?
SOPHIE FLARD - Vot’ chien nous a chouré un chapelet de saucisses !
CHARLES-HENRY - Igor ?
SOPHIE FLARD - J’connais pas son nom, mais j’ai reconnu vot'chien ! Comme j’arrive pas à vous joindre, je suis venue en personne. Trois étages sans ascenseur ! Voilà la facture. (Elle tend un papier).
CHARLES-HENRY, prenant la facture et la mettant dans sa poche sans la lire - Bon. Ma femme passera demain vous régler ça.
SOPHIE FLARD, butée, les mains sur les hanches - J’aimerais autant être payée tout de suite que j’me sois pas éreintée pour rein !
CHARLES-HENRY, sortant des billets de sa poche après avoir consulté  la facture - Bon, voilà 35 €. Maintenant, partez. Moi aussi je suis contrarié : vous vous êtes peut-être tapée trois étages, mais moi, je n’ai pas eu ma séance de gouzi-gouzis !
SOPHIE FLARD, interloquée - gouzi-gouzis ?
CHARLES-HENRY - Oui, mais pas avec vous. Au-revoir Madame Sophie Flard. (Il la pousse dehors et s’affale dans le sofa.) Pfffff ! Je suis crevé, moi !

ACTE 1
Scène 14
Charles-Henry.

On entend la clef dans la serrure de la porte d’entrée, puis la porte s’ouvrir.
CHARLES-HENRY, se précipitant côté chambres - Zut ! On se croirait dans une pièce de boulevard !

ACTE 1
Scène 15
Denise, madame Dupin.

Denise entre, suivie d’Estelle Dupin la boulangère.
DENISE - Entrez donc ma chère… Et désolée pour cet ascenseur qui est en panne !
Mme DUPIN, parlant de façon très mondaine et voix de tête - Merci très chère ! (Soufflant.) Pfou ! Je reconnais que trois étages à pied, cela éreinte quelque peu !
DENISE, se laissant entraîner dans le même jeu - Oui, c’est plutôt sportif ! Cela m'apprendra à sortir sans mon sac ! (Avisant le sac de Fiona sur la canapé.) Ah, le voilà !
Mme DUPIN - Figurez-vous que je suis très embarrassée !…
DENISE, enlevant son manteau - Pas autant que moi, ma chère, pas autant que moi !
Mme DUPIN - Igor est un vilain chenapan si je puis me permettre…
DENISE - Affreux ! C’est un affreux Madame Dupin ! Je suis mortifiée ! Je ne comprends pas comment il a pu s’échapper ! Je vais voir ça avec Bernadette…
Mme DUPIN - Je ne voulais pas vous importuner, mais vous comprenez… une vingtaine de petits pains… Sans vouloir être bêtement vénale…
DENISE - Mais comme je vous comprends et comme je me sens honteuse ! Voyons, dites-moi de combien vous suis-je redevable ?
Mme DUPIN - Voyons, voyons… A 1.20 € le petit pain…
DENISE - Ah ? Tout de même !
Mme DUPIN - Mais ma chère, mon mari est meilleur ouvrier de France et comme vous pouvez l’imaginer, la qualité se paye. En outre, à notre grand désespoir, les matières premières ne cessent d’augmenter…
DENISE, cherchant dans le porte-monnaie qui était dans le sac à main - J’entends bien, Madame Dupin. J’entends bien et je comprends. Tiens ? C'est curieux tout ce bric-à-brac dans mon sac… (Elle extrait un cendrier, un collier, une salière en argent, une sonnette de table qu’elle pose sur le sofa.) D’où cela sort-il ? (Un temps, puis revenant à Mme Dupin.) Excusez-moi ! Bon, Voilà 24 € et n’en parlons plus ! Je vous aurais bien offert le thé, mais hélas, je n’ai pas une minute à moi !
Mme DUPIN, tout en prenant l’argent - Je vous en prie Madame Ricou. Moi-même, je croule sous les contraintes du labeur !
DENISE, accompagnant Mme Dupin vers la sortie - Une autre fois peut-être ? Je vous souhaite le bonsoir !
Mme DUPIN - Bonsoir Madame Ricou et au plaisir de se revoir dans des circonstances moins fâcheuses !
DENISE - Mais oui ! Mais oui ! (Puis, se jetant dans le sofa, tout en gardant son accent très snob.) PFFFFF ! Pour mon bridge, c'est fichu ! Je suis littéralement épuisée moi !
La sonnette retentit.

ACTE 1
Scène 16
Denise, Debrick.

DENISE, se levant pour aller ouvrir - Ils auront ma peau ! (Découvrant Debrick). Ah, Détective ! Comment allez-vous ? (Le détective porte ses lunettes noires. Sa pipe dépasse de la pochette de sa veste, il est essoufflé).
DEBRICK, froidement, mais essoufflé - A qui ai-je l’honneur ? Pffff ! Ou plutôt quel rôle jouez-vous cette fois ? Pffff !
DENISE - Que voulez-vous dire ? Je suis Madame Ricou bien entendu ! (Réalisant qu’elle parle d’une façon inhabituelle.) Mais pourquoi diable est-ce que je parle ainsi ?
DEBRICK, sévère - On se le demande ! Pffff !
DENISE, reprenant donc sa voix habituelle - Bon. Vous savez bien que je vous ai engagé pour retrouver mon Charles-Henry et vu que je viens de vous ouvrir la porte, c’est bien la preuve que j’habite ici !
DEBRICK, sceptique, reprenant peu à peu son souffle - Moui… En même temps, j’ai croisé tout à l’heure un couple ici même qui prétendait être Monsieur et Madame Ricou…
DENISE - Charles-Henry avec une femme, ici ?
DEBRICK - Mais non, pas Charles-Henry. Un homme… (Un temps.) et une femme dont j’ai oublié le prénom. (Réfléchissant.) Mais sa tête me rappelait quelqu’un…
DENISE, surprise et scandalisée - Ah ? Ce doit être Bernadette, ma bonne et l’homme, ce doit être Edouard. Tout de même, se faire passer pour moi et mon mari, c’est gonflé ! Elle va m’entendre Bernadette !
DEBRICK - A moins que je me sois trompé d'étage ? (Regardant autour de lui.) Il fait plus sombre ici... A propos, votre ascenseur est en panne.

DENISE - Oui, je suis au courant. (Impatiente.) Bon, alors, vous avez des nouvelles ?
DEBRICK, tirant sur sa pipe avec emphase - Je pense être sur une piste sérieuse.
DENISE, rassérénée et s’asseyant dans le sofa - Dieu merci ! Racontez-moi !
DEBRICK, faisant lentement les cents pas - Après une enquête de quartier… (Un temps, pour ménager ses effets.)…Il est avéré que Charles-André a commis quelques délits !
DENISE, se relevant brusquement - Mon Dieu ! Il a fini au poste ?
DEBRICK - Non. Il est toujours en cavale.
DENISE, s’asseyant à nouveau dans le sofa, la tête dans ses deux mains - C’est terrible ! Et notre réputation ? Qu’allons-nous devenir ?
DEBRICK - N’exagérons rien ! Il s’agit de délits mineurs. (Un temps.)
Chapardages. Il a notamment volé des saucisses à la boucherie Flard.
DENISE - Décidément, tel chien tel maître ! Igor a volé une vingtaine de petits pains chez la boulangère ! Mais pourquoi n'est-il pas rentré s'il avait faim ? Vous pensez qu’il aurait fait un AVC et qu’il serait sujet à des troubles de l'orientation ?
DEBRICK - A ce stade, toutes les hypothèses restent ouvertes. Le côté rassurant, c’est qu'il a l’air d’errer dans le secteur…
DENISE - C’est très contrariant, car maintenant c’est Igor qui se promène dans la nature !
DEBRICK - Comme vous le disiez : tel chien tel maître ! Ils sont partis ensemble ?
DENISE - Non. Charles-Henry a disparu depuis trois jours, quant à Igor, il a dû filer par la porte de service dans la matinée. Il faut que j’en parle à Bernadette…
DEBRICK, dubitatif et mordillant sa pipe - Je me demande si c’est judicieux, cette Bernadette ne me semble pas très fiable…
DENISE - Justement, j’ai plusieurs choses à remettre en place avec elle.
DEBRICK, amorçant un départ - Bien. J’ai une autre affaire en cours…  Une cleptomane sévit dans le quartier… Des salières et des cendriers disparaissent…
DENISE, se vautrant sur le canapé pour cacher les objets qu’elle y a déposés - Ah bon ? Vraiment ? (Un temps.) Comment savez-vous que c’est une femme ?
DEBRICK, surpris par le comportement de Denise - J’ai son signalement. Euh… Vous allez bien ?
DENISE, minaudant bêtement en se passant une main dans les cheveux - Oui, oui, je suis un peu lasse… Elle est jolie ?
DEBRICK, troublé - Qui ça ?
DENISE, lascive - La nymphomane…
DEBRICK, interloqué - La nymphomane ?
DENISE - oui : la nymphomane ou la pyromane, je ne sais plus ! En tout cas, elle a le feu quelque part !
DEBRICK, corrigeant, gêné - La cleptomane ! Il s’agit d’une cleptomane !
DENISE - Oui, bon, si vous voulez ! Alors ? Elle est jolie ?
DEBRICK - Je l'ignore. On l’a vue de dos sortant précipitamment d’un restaurant gastronomique. On a constaté la disparition d’un cendrier en cristal suite à son passage.
DENISE - Donc, on ne peut pas vraiment la reconnaître ?
DEBRICK - Pas pour le moment, mais elle finira bien par se faire filmer par une caméra de surveillance. Eh alors là : crac !
DENISE, sursautant et se redressant sur le sofa - Comment ça : crac ?
DEBRICK - Eh bien : crac ! Je l’alpague la bourrique !
DENISE, outrée - La bourrique ? Non, mais dites donc ! Soyez poli !
DEBRICK, surpris - Je ne vois pas pourquoi : il s’agit d’une délinquante.
DENISE, embarrassée - Euh… Oui, bien sûr… Mais il s’agit d’une femme avant tout ! Elle est peut-être même très bien de sa personne. Jolie sans doute… Elle souffre  simplement d’un trouble du comportement.
DEBRICK - Si vous voulez. N’empêche que je ne lui ferai pas de cadeau si je la chope.
DENISE, froidement - C’est toujours bon à savoir.
DEBRICK, très content de lui - Hé ! Hé ! Si vous voulez, je peux vous raconter deux ou trois anecdotes amusantes… Où, sans vouloir me vanter, je tiens le beau rôle ! Hé ! Hé ! Hé!
DENISE, impatiente - Non, merci. D’ailleurs, vous êtes pressé.
DEBRICK, surpris - Ah, bon ? Je suis pressé, moi ?
DENISE - Mais oui : vous devez retrouver une dame !
DEBRICK - Un rendez-vous galant ?
DENISE, impatiente - Mais non ! Une femme qui vole des trucs !
DEBRICK - Ah, oui !
DENISE, voyant qu’il ne bouge pas - Vous connaissez le chemin, je ne vous  accompagne pas.
DEBRICK, se dirigeant vers la sortie, franchement déçu - Oui, merci. Je reviens dès que j’ai du nouveau.
DENISE - C’est ça ! (Restée seule, elle fait l’inventaire des objets sur le sofa.) Voyons : Une salière en argent, un collier en or, un cendrier en cristal et une sonnette de table ancienne… Comment ai-je pu subtiliser ces objets sans m’en rendre compte ? Je deviens folle ma parole ! Il faut dire qu’avec Charles-Henry et Igor qui sont partis dans la nature et font plein de bêtises, il y a de quoi !

ACTE 1
Scène 17
Bernadette, Denise.

BERNADETTE, entrant avec 2 sacs de courses, complètement essoufflée - Raaah ! J'en peux plus ! Raaah ! (Elle lâche ses sacs et s’affale dans une bergère.) Raaah ! (Elle ahane bruyamment.)
DENISE - Ah, Bernadette, vous tombez bien ! J'ai deux mots à vous dire !
BERNADETTE - Raaah ! Peux pas causer !... Raaah !
DENISE - C’est bien pratique !
BERNADETTE - Raaah ! Vous... Trouvez ? Raaah ! Pfff ! Pfff ! Pfff ! Parce que, l’ascenseur en panne… Pfff ! C’est pas pratique… Raaah ! Du tout !
DENISE, impatiente - Oui, bon ! J’espère qu’il n’y a pas de congelés dans vos sacs !
BERNADETTE, reprenant peu à peu son souffle - Pfff ! Pfff ! Non… Non… Pas de congelés !
DENISE - Bon, tant mieux ! (Se levant pour toiser Bernadette.) Sachez que je suis très mécontente, Bernadette !
BERNADETTE - Vous vouliez que je prenne des congelés ? Ce n’était pas dans la commande du Drive !
DENISE, agacée - Rien à voir avec le Drive ! Je veux parler des bergères et de leurs moutons !
BERNADETTE, abasourdie - Ah bon ? (Un temps.) Mais j’y connais rien en moutons !
DENISE - Nous avions remarqué !
BERNADETTE, ramassant ses sacs - Bon, alors la discussion est close. J’vois pas l’intérêt de parler de trucs que j’connais pas !
DENISE, arrêtant Bernadette - Ecoutez : quand on s’assoie sur une bergère et que l’on passe la main par en dessous…
BERNADETTE, se méprenant, choquée - Oh, Madame ! C’est dégoûtant !
DENISE, se méprenant - Evidemment que c’est dégoûtant ! Surtout quand il y a plein de poussière et que ça bouloche !
BERNADETTE - La bergère, elle a qu’à faire appel au ramoneur ! C’est son job ! (Elle part d’un pas décidé en direction de la cuisine avec ses sacs.) Je ne sais pas ce que Madame a en tête, mais cela ne m’intéresse pas !
DENISE, surprise, restée seule - …Le ramoneur ? (Un temps, puis sortant vers la cuisine.) Attendez Bernadette ! J’en n'ai pas fini avec vous !
BERNADETTE, en off - Mais pisque j’vous dis que je suis pas intéressée ! Moi, je préfère les hommes !

ACTE 1
Scène 18
Charles-Henry.

CHARLES-HENRY, sortant de la chambre sur la pointe des pieds - Enfin ! La voie est libre ! C’est incroyable, on me croit disparu ! Bon, au final ça m’arrange plutôt, surtout que j’ai l’impression d’avoir le beau rôle… (Guettant en direction de la cuisine.) Zut ! Elles reviennent déjà !
(Il sort par la porte d’entrée.)

ACTE 1
Scène 19
Denise, Bernadette.

DENISE, suivie de Bernadette - …Oui, les bergères sont aussi des fauteuils Bernadette !
BERNADETTE, amusée - Je trouvais ça bizarre aussi, de s’asseoir sur des bergères ! Hi ! Hi ! Hi ! Et moi qui croyais que vous me faisiez des propositions malhonnêtes ! Hi ! Hi ! Hi !
DENISE - Bref, il y a de la poussière accumulée sous ces fauteuils, ce serait bien de les nettoyer !
BERNADETTE - Bien Madame.
DENISE - Par ailleurs, je trouve inconvenant que vous receviez des hommes en mon absence !
BERNADETTE, outrée - Des hommes ? Quels hommes ?
DENISE - Edouard par exemple.
BERNADETTE - Edouard ? Cette andouille ? Manquerait plus que ça ! En plus, je vous rappelle qu’il en pince pour Valérie !
DENISE, réfléchissant - C’est juste… (Un temps.) Le détective Debrick est passé tout à l’heure et il est tombé sur un couple qui s’est fait passé pour mon mari et moi même, cela ne vous dit rien ?
BERNADETTE - Non. J’étais pas là en tout cas. Y aura qu’à me confronter comme on dit ! Surtout que je le connais même pas vot’ bonhomme ! (Un temps.) Bon, c’est pas que je m’ennuie, mais j’ai les courses à ranger. (Elle sort côté cuisine.)

ACTE 1
Scène 20
Denise.

DENISE, restée seule, réfléchissant - Valérie et Edouard… Oui, mais je  ne vois pas pourquoi elle aurait caché son identité… Par honte, peut-être ?… (Un temps.) C’est moi qui devrais avoir honte de voler tous ces objets ! En même temps, je ne me souviens de rien ! (Un temps.) Il n'y a pas à dire : c’est troublant ce trou noir !

NOIR

ACTE 2
Scène 1

Denise, Bernadette, puis Fiona.

Le lendemain. A l’ouverture, le salon est vide. Les objets sur le sofa auront été rangés. Chaque protagoniste aura des vêtements différents. Le sac de Fiona aura été accroché au perroquet derrière un manteau.
La sonnette retentit. Elle sonnera entre chaque réplique jusqu’à l'ouverture de la porte.

Dring !
DENISE, fort, en off - Bernadette ! On sonne !
Dring !
BERNADETTE, même jeu - Ben oui, j'arrive, mais j'ai les mains mouillées !
Dring ! Dring !
DENISE, en off - Ce que c'est agaçant !
Dring ! Dring ! Dring !
BERNADETTE, entrant en scène en s’essuyant les mains avec un torchon - On arrive ! On arrive ! (Elle ouvre la porte.) C’est pour quoi ?
FIONA - Bonjour Madame... C'est pour un sondage.
BERNADETTE, hurlant vers les chambres - MADAME ! C'EST POUR UN SONDAGE !
DENISE, entrant furieuse - Vous n'êtes pas folle de hurler comme ça ?
FIONA, qui s’était bouchée les oreilles - C’était violent !
BERNADETTE - Excusez-moi, mais c’est pour toutes les fois où vous ne m’entendez pas et que j'suis obligée de répéter !
FIONA - Ça se défend !
DENISE - En attendant, j'ai fait un pâté sur ma carte de voeux !
BERNADETTE - Désolée, mais j’ai besoin d’être efficace si je veux faire tout ce que j'ai à faire ! Là, j'ai les vitres qui m'attendent ! (Elle sort côté cuisine en chantonnant.)

ACTE 2
Scène 2
Fiona, Denise.

FIONA - C’est un ouragan cette bonne femme !
DENISE, voulant couper court - Oui, bon. Excusez-moi Madame, mais je n’ai vraiment pas le temps ! (Constatant que Fiona n’est pas essoufflée.) Vous n’êtes pas essoufflée ?
FIONA, surprise - Non. Pourquoi ? Je devrais l’être ?
DENISE - Oui : trois étages à monter tout de même !
FIONA, sobre - J’ai pris l’ascenseur.
DENISE - Il fonctionne ?
FIONA - Oui.
DENISE, radieuse - Enfin une bonne nouvelle ! Je suis drôlement contente !
FIONA, ironique - A chacun ses petits plaisirs !
DENISE, en joie - On ne s’imagine pas la chance que l’on a d’avoir un ascenseur, jusqu’au jour où il tombe en panne ! Là, on prend pleinement conscience de son utilité et de l’économie de temps et de fatigue qu’il nous procure. (Très « publicitaire ».) C’est formidable un ascenseur !
FIONA, moqueuse - Ça ferait presque envie !
DENISE - Oui, bon ! Comme je vous le disais, je n'ai pas de temps devant moi !
FIONA, forçant le passage - Ce ne sera pas long ! (Pendant tous les dialogues, elle cherchera son sac des yeux.)
DENISE - Vous dites tous ça et on se retrouve coincé pour une heure !
FIONA - Promis, ce ne sera pas long !
DENISE, de mauvaise grâce - Bon. Cela porte sur quoi votre sondage ?
FIONA - La fidélité.
DENISE - Ça promet !
FIONA - Pardon ?
DENISE - Rien. Allez-y.
FIONA - Votre mari est-il fidèle ?
DENISE - Oui… Non… Peut-être !
FIONA, intrusive - Soit c'est oui, soit c'est non. Vous avez un doute ? Vous soupçonnez quelque chose ? Quelqu'un ?
DENISE - Je ne sais pas. Mon mari a disparu depuis 4 jours et ma fille et moi élaborons des hypothèses. L’infidélité en fait partie.
FIONA, ébranlée - Ah ? Vous avez une fille ? Ça alors, je n'en savais rien !
DENISE - Evidemment ! On ne se connaît pas !
FIONA - Bien sûr, suis-je bête ! (Un temps.) Bon, deuxième question : êtes-vous fidèle ?
DENISE - Bien entendu !
FIONA - Vous dites ça comme si c’était une évidence !
DENISE - Evidemment, puisque c’en est une !
FIONA, dubitative - Mouais ! (Un temps.) Bon, nous en avons terminé.
DENISE, surprise - Déjà ?
FIONA - Je vous avais dit que ce ne serait pas long.
DENISE - Oui, mais enfin… Là c’est franchement court. Limite bâclé. C'est pour quoi ce sondage ?
FIONA - Des croquettes pour chiens : la marque Fidélio.
DENISE - Connais pas !
FIONA, à part - Tu m'étonnes ! (Haut.) Vous n’avez jamais entendu le slogan : « Moi, je suis fidèle…à mes croquettes Fidélio ! »
DENISE - Non, mais c'est pas terrible comme slogan !
FIONA - J’avoue que c'est moyen… (A part.) C’est vrai que j'aurais pu trouver mieux...
DENISE - Un chien est surtout fidèle à son maître…
FIONA - …Et à sa maîtresse !
DENISE - Oui, bien entendu !
FIONA, insidieuse - Tout comme l’homme...
DENISE - Non ! L'homme est fidèle à son épouse, sûrement pas à une traînée !
FIONA, scandalisée - Une traînée ? Eh puis quoi encore ?
DENISE, interloquée - Qu’est-ce qui vous prend ?
FIONA, prise en faute - Euh… Excusez-moi ! Je n'aime pas quand on  insulte les femmes.
DENISE - Je comprends. (Un temps.) Mais là, il ne s’agit pas des femmes, mais d’une traînée qui se tape le mari des autres !
FIONA, à part - Restons calme ! (Haut, très hypocrite.) Bien entendu ! Comme le terme est bien choisi !
DENISE - Notez que j'aurais pu dire p...
FIONA, coupant la parole - Vous n'y pensez pas !
DENISE - Si. Je trouve que p...
FIONA, même jeu - Non ! Non ! J’admets que c’est plus court, mais non !
DENISE - Ah bon ? Vous trouvez que péripatéticienne, c’est court ?
FIONA, désarçonnée - Ah ? Euh... Disons que c’est réducteur... Voilà : je trouve que c'est réducteur…
Silence embarrassé. Fiona aura cessé ses regards furtifs à la recherche de son sac.
DENISE, reprenant ses esprits - Bien, vous m’aviez laissée entendre que nous en avions fini…
FIONA - Oui, mais si vous permettez, j’aimerais utiliser vos toilettes…
DENISE, un peu étonnée - Euh... Oui, bien sûr. (La dirigeant vers la porte des chambres.) Voilà : dans le couloir, première porte à gauche.
FIONA, sortant - Merci !
DENISE, restée seule - "Fidélio" ! « Fidèle à mes croquettes ! » N'importe quoi ! Elle est nulle cette bonne femme ! En plus, si j’ai envie de dire que la maîtresse de Charles- Henry est une traînée, ou une sal… sal… sale bonne femme, ce n'est pas elle qui m’en empêchera !
FIONA, revenant avec un sac à main - Voilà ! Je l’ai trouvé ! Euh… J'ai trouvé les toilettes !
DENISE - J'espère bien ! Vous avez déjà fini ?
FIONA - Oui, je n’aime pas traîner.
DENISE - On le saura !
FIONA - Pardon ?
DENISE - Rien. Dites-moi ce sac...
FIONA, sur la défensive, en le serrant contre son corps - C’est mon sac !
DENISE, se levant et se dirigeant vers le perroquet - Je n'avais pas remarqué que vous aviez un sac…
FIONA, même jeu - Si, si ! J'avais un sac ! C’est mon sac !
DENISE, décrochant le sac du perroquet et le présentant - C’est amusant, j'ai exactement le même !
FIONA, éclatant de rire, soulagée - Ha ! Ha ! Ha ! C'est très drôle ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha !
DENISE, décontenancée - Tant que ça ?
FIONA, pouffant tout en se dirigeant vers la sortie - Oui ! Hi ! Hi ! Hi ! C’est très drôle ! Au revoir Madame ! (Elle sort en riant.)
DENISE, seule, abasourdie - Ce n'est quand même pas drôle à ce point là !

ACTE 2
Scène 3
Bernadette, Denise.

BERNADETTE, revenant avec un plumeau - Ben dites-donc, elle est en joie la petite dame ! J’pensais pas qu’un sondage pouvait être aussi rigolo !
DENISE - Ce n’était pas rigolo du tout. C’est cette dinde qui rit sous le prétexte que nous avons exactement le même modèle de sac.
BERNADETTE, tout en époussetant - Ça doit être le genre à rire aux enterrements ! (Voulant refermer le tiroir d’une commode.) Il est drôlement dur ce tiroir !
DENISE - Laisser ça Bernadette, ce n’est pas grave…
BERNADETTE - Y a un truc qui coince… (Elle ouvre le tiroir.) Ah ? Ben ça alors ! C’est quoi tout ce bazar ?
DENISE, sur la défensive - Comment ça ? Quel bazar ?
BERNADETTE, sortant les objets un à un - Un cendrier en verre…
DENISE, corrigeant malgré elle - …En cristal !
BERNADETTE - Peut-être. Moi, j’y connais rien. Une salière…
DENISE, complétant - …En argent...
BERNADETTE - ...Un collier...
DENISE, même jeu - …En or...
BERNADETTE - Une drôle de sonnette...
DENISE, même jeu - …De table ancienne...
BERNADETTE - En quoi ?
DENISE - Ancienne : une vieille sonnette de table que l’on utilisait autrefois pour appeler les domestiques afin qu'ils vous apportent le plat suivant.
BERNADETTE - Ah ? C’est pour ça qu’on dit : « On vous a pas sonné » ?
DENISE - Euh… Oui, sans doute.
BERNADETTE - Mais, ça vient d’où toute cette brocante ?
DENISE - Si seulement je le savais !
BERNADETTE - Ah bon ? Vous savez pas ? C’est quand même pas tombé du ciel !
DENISE - C’est très embarrassant…
BERNADETTE - Pas tant que ça : ça rentre dans un tiroir !
DENISE - Non, non… Je veux dire que je suis honteuse : j’ai retrouvé tous ces objets dans mon sac à main !
BERNADETTE - Ah ? Vous les avez achetés et vous les planquez car vous les trouvez trop moches ?
DENISE - Non, pas du tout. Je les ai trouvés dans mon sac et je ne me souviens pas de les y avoir mis !
BERNADETTE, choquée - Vous les avez volés ?
DENISE - Je n’en sais rien Bernadette, et c’est bien ce qui me
chamboule ! Cleptomane ! Je suis devenue cleptomane ! (Se mettant à pleurer de plus en plus fort.) Beuh ! Je crois bien que je perds la tête, Bernadette ! Beuh ! J’ai bien  besoin de ça ! Beuh ! Avec Charles-Henry qui a disparu et Igor qui a fugué ! Beuh !
BERNADETTE - Ah bon ? Igor s’est échappé ? A l’âge qu’il a ?
DENISE, pleurnichant - Beuh ! Y a pas d’âge pour courir le guilledou ! Beuh ! Les hommes sont des cochons ! Beuh !... Et les chiens aussi ! Beuh ! Si ça se trouve, il s’est trouvé une poule et je passe pour une dinde ! Beuh !
BERNADETTE, interloquée - Ben dis donc, c’est une vraie basse-cour ! (Un temps.) Vous oubliez les moutons…
DENISE, arrêtant brusquement de pleurer, agacée - Mais non ! Les moutons n’ont rien à voir là-dedans ! (Se dirigeant vers la chambre.) A propos de moutons, je vais me coucher !
BERNADETTE, surprise - A cette heure-ci ?
DENISE, superbe, en sortant - Il n’y a pas d’heure pour les braves !
BERNADETTE, désabusée - J’ai du mal à suivre en ce moment ! Avant, cette maison était plus calme !
La sonnette retentit.

ACTE 2
Scène 4
Bernadette, Raoul Coulanges.

BERNADETTE, allant ouvrir - Si c’est pour Madame, je dirai qu’elle est sortie…  (Découvrant Raoul Coulanges, peu amène.) C’est pour quoi ?
RAOUL, décontenancé - Ah ? Vous êtes une femme ? (Il entre malgré tout et lance un regard circulaire.)
BERNADETTE, interloquée, puis outrée - Evidemment que j’suis une femme ! On me l’avait encore jamais faite celle-là ! Eh pis, faites comme chez vous ! Entrez donc !
RAOUL - Je cherche ma femme, je suis certain qu’elle a un amant… (Un temps où il jauge Bernadette.) Ou bien une maîtresse !
BERNADETTE - Oui, eh bien, elle est pas ici vot’ bonne femme !
RAOUL - Je l’ai vue entrer dans l’immeuble.
BERNADETTE - Il y a quatre étages et deux appartements par étage, sans compter le rez-de-chaussée, j’vous signale !
RAOUL - Certes, mais j’ai suivi ma femme à son parfum.
BERNADETTE - Vous voulez dire qu’elle sent mauvais et qu’on peut la suivre à la trace ?
RAOUL - Au contraire ! Ma femme sent très bon !
BERNADETTE - Tant mieux ! Bon maintenant, sortez, surtout que je ne vous connais pas !
RAOUL - Raoul Coulanges.
BERNADETTE - C’est bien ce que je dis : connais pas !
RAOUL - …Par contre, vous connaissez ma femme…
BERNADETTE - Non plus !
RAOUL, humant l’air - Si, si… Je sens sa présence…
BERNADETTE, même jeu - J’sens rien… A part le produit pour vitres…
RAOUL - Très habile ! Mais, cela ne parvient pas à masquer totalement le sillage épicé et fleuri qu’a laissé ma femme… On capte encore les fragrances de myhrre et les touches vanillées !... Opium !
BERNADETTE - C’est bien ma veine, je suis tombée sur un camé !
RAOUL, continuant sa pensée, sans tenir compte de la remarque - Opium : c’est le nom du parfum que porte ma femme ! Elle est donc ici !
BERNADETTE - Mais, puisque je vous dis que non !
On entend ronfler en off, côté jardin.
RAOUL, se dirigeant au bruit - A présent je l’entends !
BERNADETTE, s’interposant vivement - Madame se repose !
RAOUL, déstabilisé - Je n’avais pas souvenir que ma femme ronflait ! (Hélant.) Chérie, c’est toi ?
BERNADETTE - C’est pas vot’ femme, c’est madame Ricou, née du Planty !
RAOUL, se méprenant - Ah bon, elle est nez, elle aussi ?
BERNADETTE - Evidemment qu’elle est née, sinon on ne l’entendrait pas !
RAOUL - Parce que, figurez-vous que je suis nez chez Yves Saint-Laurent.
BERNADETTE, à part - Complètement frapadingue, le bonhomme ! (A l’attention de Raoul.) Eh bien, Madame Ricou est née à Choisy-le-Roi et elle n’en fait pas tout un plat !
RAOUL, méprisant - Peuh ! Nez à Choisy-le-Roi ! Ce ne doit pas être une grande maison !
BERNADETTE - Faut pas croire ! Chez la vicomtesse du Planty, il y a eu autrefois un ministre !
RAOUL - Je ne vois pas ce que ça change. (Un temps.) Bref, mon flair
ne me trompe jamais : ma femme est derrière cette porte. (Cherchant à passer.) Fiona, je sais que tu es là !
BERNADETTE, se fâchant, tout en bousculant Raoul - Ça suffit maintenant ! Je vais appeler la police ! Vot’ femme n’est pas là, c’est madame du Planty qui se repose !

ACTE 2
Scène 5

Les mêmes, Denise en off.

DENISE, d’une voix endormie en off - Charles-Henry !... Vous êtes là ? (Quelques borborygmes puis elle ronfle à nouveau.)
RAOUL, surpris - Charles-Henry ?
BERNADETTE, poussant Raoul vers la sortie - Bon, maintenant : ouste ! Dehors !
RAOUL, tout en sortant et parlant fort - Ha ! Ha ! J’ai un nom ! Je reviendrai avec un huissier ! Tu ne t’en tireras pas comme ça Fiona !

ACTE 2
Scène 6
Bernadette.

BERNADETTE, restée seule - Cette maison est devenue une maison de dingues ! (Elle sort côté cour en direction de la cuisine.)

ACTE 2
Scène 7
Valérie, Edouard.

VALERIE, entrant par la porte principale - Non, non Edouard ! N’entrez pas ! Et ne me touchez pas !
EDOUARD, entrant malgré tout - J’vous ai à peine effleuré la main !...
VALERIE - Oui, on sait ce que c’est : on commence par la main, puis vient l’avant-bras, puis le bras, puis l’épaule… Oh ! Doux Jésus ! Je m’enflamme ! (Elle embrasse son  crucifix).
EDOUARD, à part, au public - C’qu’elle peut m’exciter quand elle fait la Sainte-Nitouche ! (Haut.) Faut pas croire, je sais me tenir ! En même temps, j’y suis pour rien si vous me chamboulez les sens !
VALERIE, lui tendant son bréviaire - Tenez. Voici de quoi raffermir votre esprit et apaiser votre exaltation.
EDOUARD, radieux - Qu’est-ce que c’est ? (Découvrant l’objet, déconfit.) Un bréviaire… (Un temps.) Ah, ben oui, c’est sûr : ça calme !
VALERIE, le poussant vers la sortie - Bon, à présent, laissez-moi.
EDOUARD, sortant dépité - Y’a même pas d’images !

ACTE 2
Scène 8
Valérie, Bernadette.

VALERIE - Je me demande pourquoi le Seigneur m’envoie cette épreuve dépravante !
BERNADETTE, venant de la cuisine - Ah, bonjour Valérie !
VALERIE - Bonjour Bernadette. Maman est-elle là ?
BERNADETTE, sobre - Elle dort.
VALERIE, choquée - A quatre heures de l’après midi ?
BERNADETTE - Elle est toute chamboulée depuis qu’elle a découvert qu’elle était catwoman !
VALERIE, interloquée - Catwoman ?
BERNADETTE - Ben oui… Elle croit qu’elle a volé dans des magasins…
VALERIE - Voler ? Maman s’imagine avoir des super pouvoirs ?
BERNADETTE - Faut pas exagérer, bien fâchée, moi aussi je pourrais le faire ! Il suffit de tendre la main…
VALERIE - Vous dites vraiment n’importe quoi !
BERNADETTE - J’vous fais une démonstration si vous voulez.
VALERIE - Je suis curieuse de voir ça !
BERNADETTE, ouvrant le tiroir de la commode et mettant les objets un à un dans la poche de sa blouse - Pas compliqué ! Hop ! Hop ! Hop !
J’allais oublier la salière ! Hop ! Eh voilà le travail d’une catwoman !
VALERIE - Ah ! Je comprends : voler, dans le sens de chaparder ! Cleptomane, vous vouliez dire cleptomane !
BERNADETTE, vexée - On va pas chipoter !
VALERIE - D’ailleurs, vous pouvez ranger ces objets à leur place…
BERNADETTE - Oui : leur place, c’est vite dit ! C’est vot’mère qui les a chourés dans des magasins.
VALERIE, choquée - Cela ne ressemble pas du tout à maman !
BERNADETTE - Elle a la tête à l’envers depuis que votre père est parti sans donner de nouvelles. D’ailleurs, elle comprend pas ce qui lui arrive, c’est pour ça qu’elle est partie se coucher : pour oublier…
VALERIE - Il faudra quand même tirer tout ça au clair.
La sonnette retentit.

ACTE 2
Scène 9
Les mêmes, Fiona.

VALERIE, allant ouvrir, contrariée - Grrr ! J’espère que ce n’est pas encore Edouard ! (Découvrant Fiona.) Ah ? Bonjour Madame…
FIONA – Bonjour. Madame Ricou n’est pas là ?
VALERIE - Non. Je suis sa fille. C’est à quel sujet ?
FIONA, surprise - Ah ? Sa fille ? Vraiment ?
VALERIE - Oui. Cela semble vous surprendre.
FIONA, dans un souffle - Qui ? Moi ? Pas du tout !
BERNADETTE, intervenant - Oh, mais je la reconnais ! C’est la dame pour le sondage !
VALERIE - Le sondage ? Quel sondage ?
BERNADETTE - Chais pas, j’étais partie en cuisine…
FIONA - …Les croquettes Fidélio, mais je ne viens pas pour ça…
VALERIE - « Fidélio » ? Ce sont des croquettes pour chien ?
FIONA, lasse - Oui, voilà.
VALERIE - Ah, bon. Votre sondage portait sur quoi, à part les croquettes ?
FIONA - La fidélité.
VALERIE - Avec un nom pareil, j’aurais pu deviné.
FIONA - : D’ailleurs, c’est le slogan : « Moi, je suis fidèle…à mes croquettes Fidélio ! »
VALERIE - Mmmh ! Pas terrible !
BERNADETTE - C’est nul oui ! Dire qu’on paye des gens pour pondre des âneries pareilles !
FIONA, agacée - Oui, je sais ! De toute façon, je ne suis pas ici pour un nouveau sondage.
VALERIE, impatiente - Bon, alors, que voulez-vous ? Ma mère se repose…
FIONA - Eh bien, je suis donc passée tout à l’heure voir votre mère et je suis repartie avec son sac. J’en déduis qu’elle a le mien…
VALERIE, observant le sac au bras de Fiona - Effectivement, maman possède un sac semblable à celui-ci.
FIONA, tendant le sac - C’est le sien ! J’ai voulu payer un commerçant et en ouvrant mon sac, je me suis rendue compte qu’il y manquait beaucoup de choses. J’ai ouvert le portefeuille et c’est alors que j’ai compris ma méprise !
VALERIE, ayant pris le sac - Effectivement, c’est bien le sac de maman… (Sortant un objet.) Par contre, ce poivrier ne lui appartient pas.
FIONA, embarrassée, saisissant le poivrier tendu - Euh… Ah, oui ! Le poivrier… Le poivrier de grand’mère !
VALERIE, interloquée - Vous trimbalez un poivrier dans votre sac à main ?
FIONA - Il n’y a pas de loi qui l’interdise !
VALERIE - Certes, mais c’est inhabituel.
FIONA, impatiente - Bon, vous l’avez mon sac ?
BERNADETTE, allant au perroquet et rapportant le sac - Le voilà vot’sac !
FIONA, prenant le sac et l’inspectant - Merci. (Un temps, puis affolée.) Holà-là ! Il manque plein de trucs !
VALERIE, pincée - Vous insinuez que l’on vous a volée ?
FIONA, trépignant - Non, mais il me manque des trucs !
BERNADETTE, ironique - On peut dire que c’est précis !
VALERIE - Vous avez votre porte monnaie et vos papiers ?
FIONA - Oui, oui. J’ai aussi mon rouge à lèvre et mon poudrier, mais il me manque ma chaîne en or et mon cendrier…
VALERIE, interloquée - Un cendrier ?
FIONA, agacée - Parfaitement, en cristal. Mais ce n’est pas tout…
VALERIE, ironique - Des chaises pliantes, une armoire normande ?
FIONA - Ce n’est pas drôle ! Il y a aussi une salière, pour aller avec le poivrier…
BERNADETTE, ayant une illumination et se dirigeant vers le tiroir - Ah, ben oui ! Il doit vous manquer la sonnette aussi ! (Elle la fait sonner.) Alors, finalement c’est vous la clebs au manne ? Madame va être rassurée !
FIONA, ahurie - La quoi ?
VALERIE - Bernadette veut dire cleptomane.
FIONA, outragée - Qui ? Moi ? Certainement pas ! Pourquoi pas voleuse tant que vous y êtes ?
VALERIE - Ecoutez : vous avez votre sac et voici vos affaires, (Elle fait un signe à Bernadette qui rend les objets restants.) Le reste ne nous concerne pas.
FIONA, remballant ses affaires et amorçant un départ - Bien. Je vous laisse. (Saluant froidement et sortant.) Mesdames…
VALERIE - Au revoir Madame.
BERNADETTE - Bon vent !

ACTE 2
Scène 10
Valérie, Bernadette, puis Denise.

VALERIE - Je trouve que cette maison n’est plus le havre de paix habituel…
BERNADETTE - C’est devenu une maison de dingues, oui !
VALERIE, choquée - Oh ! Bernadette !
DENISE, sortant de sa chambre, les cheveux en bataille - Ah, tu es là Valérie ? (Elle se dirige vers le bar et commence à se servir un verre. Il y en aura 6. Elle ne pourra en boire aucun.)
VALERIE - Mon Dieu, que faites-vous maman ?
DENISE, portant le verre à ses lèvres - Je picole…
VALERIE, arrachant le verre des mains de sa mère avant qu’elle ait pu boire - Maman ! (Elle pose le verre sur la desserte.)
BERNADETTE - C’est un peu tôt pour l’apéro !
DENISE, se resservant dans un autre verre - Y’a pas d’heure pour les braves !
VALERIE, même jeu - Vous ne devez pas boire ! Il faut garder les idées claires !
DENISE, même jeu - Je ne les ai déjà plus claires, les idées ! J’ai perdu mon mari…
VALERIE, même jeu - Il reviendra !
DENISE, même jeu - J’ai perdu mon chien…
VALERIE, même jeu - On le retrouvera !
DENISE, même jeu - J’ai perdu la tête…
BERNADETTE, sortant côté cuisine - Là, je ne sais pas ce qu’on doit répondre !
VALERIE, même jeu - Bernadette !
DENISE, même jeu - Je vole des objets sans m’en rendre compte…
BERNADETTE, revenant avec un entonnoir - C’est pas vous, c’est la dame du sondage.
DENISE, n’ayant plus de verre, elle s’apprête à boire au goulot - Vous voyez bien que vous me croyez folle : vous avez apporté un entonnoir !
VALERIE, s’interposant entre le bar et sa mère et lui arrachant la bouteille des mains - Assez ! (S’adressant à Bernadette.) D’ailleurs, oui Bernadette : que faites-vous avec cet entonnoir ? (Elle recoiffe sa mère avec les doigts.)
BERNADETTE, pragmatique - Ben, je vais remettre la gnôle dans sa bouteille, pardi ! On va pas laisser perdre ! (Elle joint le geste à la parole.)
VALERIE - Merci Bernadette pour ce souci d’économie domestique. Bon, maman, je propose que nous allions nous promener afin d’aérer toutes ces mauvaises pensées.
DENISE, butée - Bof ! Je préfère me noyer dans l’alcool !
VALERIE, faisant un signe à Bernadette - Bon allez, hop ! (Elle prend sa mère par le bras et Bernadette fait de même avec l’autre.) On part faire un tour !
DENISE, de mauvaise grâce - C’est à mon corps défendant !

Elles sortent.

NOIR

ACTE 3
Scène 1
Charles-Henry seul en scène.

CHARLES-HENRY, entrant par la porte principale - Bon, je vais mettre fin à cette mascarade ! (Il hèle, tout en se déplaçant vers les différentes issues.) Chérie ? Vous êtes là ? (Un temps.) Valérie ? (Un temps.) Bernadette ? (Un temps.) Personne… (Un temps.) Bon, je vais me doucher et me changer…
La sonnette retentit.

ACTE 3
Scène 2
Charles-Henry, Debrick ,suivi de Raoul.

CHARLES-HENRY, allant ouvrir, contrarié - C’est pour quoi ?
DEBRICK, surpris de voir Charles-Henry - Ah ? C’est vous ?
CHARLES-HENRY - Evidemment, puisque j’habite ici.
RAOUL, intervenant - Vous n’étiez pas là tout à l’heure.
DEBRICK - …Mais il était là hier…
CHARLES-HENRY, agacé - A qui ai-je l’honneur ?
RAOUL - Raoul Coulanges.
CHARLES-HENRY, à part - Zut ! Sûrement le mari de Fiona ! (Haut.) Quel est l’objet de votre visite ?
RAOUL - Je suis venu confondre ma femme.
CHARLES-HENRY - Chez moi ?
DEBRICK - Chez vous, c’est vite dit, je sais que vous êtes Edouard !
CHARLES-HENRY - Edouard ? (Se reprenant pour ne pas divulguer sa véritable identité.) Oui… Bien sûr…
DEBRICK, sur le ton de la confidence à Raoul - Edouard se tape la bonne quand les patrons ne sont pas là… (A Charles-Henry.) Vous êtes seul ? Les patrons ne sont pas là ? Où est Bernadette ?
CHARLES-HENRY - C’est un interrogatoire ?
RAOUL - Non, c’est informatif. Ma femme est-elle là ?
CHARLES-HENRY - Donc : oui, je suis seul. Les Ricou ne sont pas là et Bernadette est sortie. (A Raoul.) Votre femme, que je ne connais pas, n’est pas présente non plus.
DEBRICK, suspicieux - Que faites-vous ici si les propriétaires ne sont pas présents ?
CHARLES-HENRY - Je garde la maison, comme le chien a disparu…
DEBRICK - Oui, d’ailleurs je le cherche et je pense être sur une piste sérieuse…
RAOUL - Oui, bon ! Il s’agit de ma femme pour le moment ! Je sens son eau de parfum dans la pièce.
CHARLES-HENRY, malgré lui - Ce doit être celui de ma femme.
DEBRICK et RAOUL, surpris - Votre femme ?
CHARLES-HENRY, pris en faute - Non, je veux dire : Madame ! Bernadette ne met que de l’eau de Cologne bon marché.
RAOUL, méprisant - Mon épouse ne sort qu’avec Opium ! On ne me la fait pas, je suis un professionnel du parfum ! Je travaille pour la maison Yves Saint-Laurent !
CHARLES-HENRY, agacé - Oui, bon voilà : Madame Ricou se parfume avec Opium.
DEBRICK - Comment le savez-vous ? Vous vous y connaissez en parfums ?
CHARLES-HENRY - Ce doit être Bernadette qui me l’a dit…
RAOUL, furetant dans la pièce, soupçonneux - Ma femme me trompe, avec une femme… Ou bien avec un homme ! (Un temps.) Ou bien les deux à la fois !
CHARLES-HENRY, ironique - Je vois : elle a l’embarras du choix.
(Intrigué.) Pourquoi la cherchez-vous plus particulièrement ici ?
RAOUL - Je l’ai suivie.
DEBRICK - Moi aussi.
CHARLES-HENRY - Vous l’avez vue entrer dans l’appartement ?
RAOUL - Non, je l’ai vue entrer dans l’immeuble. Le temps de garer la voiture, j’ai perdu sa trace. C’est la deuxième fois que cela m’arrive. Heureusement, j’ai un nez ! Les effluves m’ont mené à cet étage et à cette porte.
CHARLES-HENRY - Vous êtes déjà venu ?
RAOUL - Oui, hier.
DEBRICK - Moi aussi. Je suivais une cleptomane. (A Raoul.) Vous savez qu’elle ressemble furieusement à votre épouse ? Du coup, je ne savais plus qui je suivais exactement.
RAOUL, dubitatif - Moui ! Je me demande quel sens domine chez vous. Sachant que vous n’avez ni flair, ni sens de la déduction…
DEBRICK, fat - J’ai un sixième sens ! Un don, une intuition séculaire…
CHARLES-HENRY, moqueur - Rien que ça !
DEBRICK, sans entendre, très imbu de lui-même - C’est, du reste, ce qui m’a poussé à entrer dans cette profession, comme on entre en religion : une sorte de sacerdoce,  voyez-vous. Cela remonte à ma plus tendre enfance… (Un temps.) Vous voulez que je vous raconte ?
RAOUL, définitif - Non.
CHARLES-HENRY - On s’en fout !
DEBRICK, désarçonné - Ah ? (Il se met à mordiller sa pipe par frustration.)
CHARLES-HENRY, impatient - Bon, si vous en avez fini…
RAOUL, buté - Non. Ma femme était là hier et probablement tout à l’heure. Je l’ai entendue ronfler dans la chambre et prononcer le nom d’un homme.
CHARLES-HENRY, intrigué - Ah bon ? Vraiment ? Qui ça ?
RAOUL - Elle appelait un certain Charles-Henry.
DEBRICK - C’est le chien, elle appelait son chien.
RAOUL, choqué - Vous insinuez que ma femme est zoophile ?
CHARLES-HENRY, s’adressant à Debrick - Le chien s’appelle Igor.
DEBRICK, ricanant - Meuh non ! Igor, c’est le mari !
CHARLES-HENRY, moqueur - Effectivement, dans le genre détective, vous êtes puissant !
DEBRICK, sans saisir l’ironie - Merci. Hé ! Hé ! Des années d’expériences !
RAOUL - Mais alors, ma femme ? Comment connaît-elle le chien de la maison ?
CHARLES-HENRY – Selon moi, il s’agissait de madame Ricou. Votre femme ronfle t-elle ?
RAOUL - Bien sûr que non !
CHARLES-HENRY - Vous vous êtes trompé d’étage. A mon avis, votre femme se distrait avec le monsieur du 3ème…
DEBRICK, surpris - Vous êtes sûr ? Il a quatre-vingt-sept ans !
CHARLES-HENRY - C’est un chaud lapin, croyez-moi.
RAOUL - Mais, je n’ai rien senti au 3ème !
CHARLES-HENRY - Si votre femme est maligne, connaissant votre talent olfactif, elle aura évité de se parfumer pour aller voir son amant !
RAOUL, penaud - Oui, j’aurais pu y penser…
DEBRICK - Moi, je me fie à mon instinct !
CHARLES-HENRY - Eh bien, je suis certain que votre instinct infaillible vous incite à creuser la piste du 3ème ! (Il dirige Raoul et Debrick vers la sortie.)
DEBRICK - Oui, d’ailleurs, j’allais le suggérer !
CHARLES-HENRY - Voilà. Au revoir tout le monde ! (Il les pousse vers la sortie.)

ACTE 3
Scène 3
Charles-Henry seul en scène.

CHARLES-HENRY - On est vraiment cerné par les casse-pieds ! (Se dirigeant vers la chambre.) Bon, direction la douche !

ACTE 3
Scène 4
Valérie, Denise et Bernadette.

Valérie, Denise et Bernadette reviennent de promenade.

VALERIE - Rien ne vaut une bonne balade pour se changer les idées !
DENISE - Bof !
VALERIE – Vous devriez être rassurée de savoir que vous n’êtes pas cleptomane.
DENISE – Oui, bof !
BERNADETTE – Logique, puisque c’était pas vot’sac !
DENISE – Bof !
BERNADETTE, désignant le canapé - Installez-vous, je vais vous préparer un thé. (Elle sort côté cour.)
DENISE – Bof !
VALERIE, se dirigeant côté jardin - Il faut que je passe aux petits coins !
La sonnette retentit.

ACTE 3
Scène 5
Denise, Debrick.

DENISE, allant ouvrir mollement – Sûrement une autre une catastrophe…
DEBRICK, entrant sans formalité avec un sac poubelle à la main - Tiens, vous êtes là ?
DENISE, lasse - J’habite ici, figurez-vous…
DEBRICK, désinvolte - Oui. Tout le monde me répond ça en ce moment.
DENISE - C’est que cela doit être vrai.
DEBRICK - Ah bon ? Edouard habite ici ?
DENISE - Bien sûr que non ! Qu’est-ce que vous me chantez ?
DEBRICK - Eh bien, Edouard m’a ouvert la porte tout à l’heure en prétendant qu’il surveillait la maison en votre absence.
DENISE - Edouard ? Ici ? En notre absence ? Il n’a même pas les clefs !
DEBRICK - Il était là en tout cas. Il s’est bien fichu de moi : m’envoyer au 3ème, chez monsieur Ravachol !
DENISE - Il est très gentil monsieur Ravachol !
DEBRICK - Ce n’est pas la question. Il est en déambulateur le père Ravachol. Je ne vois pas comment il pourrait commettre un adultère !
DENISE - Je ne comprends rien à ce que vous dites !
DEBRICK - Je suis sur plusieurs enquêtes, notamment sur une histoire d’adultère : une femme qui trompe son mari. Une femme qui est entrée plusieurs fois dans cet immeuble, mais sans que l’on sache à quel étage elle se rendait…
DENISE - Je m’en fiche un peu : je recherche mon mari, je vous rappelle !
DEBRICK - J’y viens, j’y viens ! Bref, le mari a vraiment cru que monsieur Ravachol était l’amant de sa femme et il s’est mis à imaginer toutes les positions extravagantes que ce couple surréaliste pouvait prendre avec le déambulateur ! Il est parti en courant, surtout qu’il venait d’apprendre que sa femme était zoophile ! Enfin, il avait mal compris, mais le mal était fait ! Trop d’imagination cet homme ! Et malhonnête : il
est parti sans payer !
DENISE - Cela ne me concerne pas ! Je veux des nouvelles de Charles- Henry !
DEBRICK, ouvrant son sac poubelle et en extrayant un gros os - A propos de Charles-Henry, j’ai trouvé ça...
DENISE, horrifiée - Quelle horreur ! Charles-Henry qu'est-ce qu'ils t'ont fait ! Je n’ai même pas eu de demande de rançon ! (Elle s'évanouit dans le sofa.)
DEBRICK, lâchant son os - Allons bon, voilà qu’elle tombe dans les pommes ! (Il s’assoit à côté de Denise et lui tapote la main.) Allons, allons ! Madame Ricou ! (Il tourne la tête de Denise vers lui et s’approche au plus près.) Regardez-moi, ouvrez les yeux !
Surgissent Bernadette et Valérie, l’une par la porte de service et l’autre côté chambres.

ACTE 3
Scène 6
Les mêmes, Valérie, Bernadette.

VALERIE, horrifiée - Doux Jésus ! Un inconnu est en train de violer maman !
BERNADETTE - C’est pas un inconnu, c'est Monsieur Debrick !
VALERIE - Cela ne lui donne pas le droit d’abuser de maman ! Appelez le voisin en renfort !
BERNADETTE, obtempérant - Bon. Même si je ne trouve pas l'idée géniale... (Elle sort.)

ACTE 3
Scène 7
Valérie, Debrick.

VALERIE - Vous, le pervers à lunettes, éloignez-vous de ma mère !
DEBRICK, enlevant ses lunettes par réflexe et se levant - Tout est plus clair... Vous devez être la fille de Madame Ricou. (Amorçant un pas en direction de Valérie.)
VALERIE - N’approchez pas ! Je suis une vraie jeune fille !
DEBRICK, blasé - ...Elles disent toutes ça…
Surgissent Edouard et Bernadette.

ACTE 3
Scène 8
Les mêmes, Edouard et Bernadette.

EDOUARD, s’interposant et sortant manu militari le détective - Bas les pattes ! On touche pas à ma future belle famille ! Dans ma famille à moi, on a des principes et y a pas d’amants dans le placard !
DEBRICK, se laissant faire, interloqué - Mais ?… Mais ?…
VALERIE, à l'attention d'Edouard - Merci Monsieur.
EDOUARD, au public - Elle a son tailleur gris et son crucifix doré ! (A Valérie.) Appelez-moi Edouard !
VALERIE – Je n’aime autant pas. Je ne voudrais pas que vous vous fassiez des idées...
EDOUARD - C’est plus fort que moi ! (Au public.) Houlà-là-là-là ! C’qu'elle m'excite !
DENISE, émergeant - Que s'est-il passé ?
VALERIE - Vous avez eu un petit malaise, maman.
BERNADETTE - On croit bien que Monsieur Debrick en profitait. Monsieur Debrick n’est pas de glace Hi ! Hi ! Hi !
EDOUARD - Un gros dégueulasse ouais !
DENISE - Comment ça : il en profitait ?
EDOUARD - Y vous tripotait grave !
DENISE, très surprise - Ah bon ? J'ai rien senti ! (Un temps où elle se remet les cheveux en place, puis bêtement flattée, sur un ton de midinette.) Je fais encore mon petit effet auprès des hommes ! (Cherchant du regard.) Mais où est-il passé, le petit coquin ?
VALERIE, choquée - Mère ! Ne soyez pas lubrique !
EDOUARD - J’vous l'ai déjà dit : je cautionne pas ! Vot’mari est plus classieux ! J'peux pas tolérer, surtout, si, par bonheur, je deviens vot’gendre…
DENISE, apercevant l’os au pied du sofa, puis hurlant - IL Y A UN OS ! IL Y A UN OS !
Charles-Henry, attiré par le bruit, montrera la tête par la porte côté jardin, sans être vu des autres.
EDOUARD, se méprenant, dépité - J’ai vraiment pas de bol ! Y'a toujours un os !
DENISE, hystérique - L’OS DE CHARLES-HENRY ! (Mettant sa main devant les yeux, théâtrale.) Je ne veux pas voir ! Je ne peux pas ! Je ne peux pas ! Je ne peux pas !
EDOUARD - Oui, l'os de Charles-Henry ou un autre… Y'a toujours un truc ! (esquissant une demande en mariage auprès de Denise.) J'peux vraiment pas demander la main de vot'fille ?
DENISE, hystérique et agressive - Quoi ? Vous voulez mutiler ma fille ? Mon mari en pièces détachées, cela ne vous suffit pas ? Hors de ma vue !
EDOUARD, sortant très déçu - J’ai vraiment pas de pot ! J'suis tombé sur une famille de cinglés !

ACTE 3
Scène 9
Valérie, Denise, Bernadette.

VALERIE, ramassant l’os - Voyons maman, c'est quoi vraiment, cet os ?
DENISE - L’os de ton père, évidemment ! C'est tout ce qui nous reste de lui, hélas !
VALERIE, lâchant l’os - C’est horrible ! Ils ont tué papa ? Tu as refusé de payer ?
DENISE, pleurant - Beuuuuuh ! Non ! Beuuuuuh ! C’est le détective qui me l’a apporté tout à l’heure ! Beuuuuuh ! Je n’ai pas eu de demande de rançon ! Beuuuuh !
VALERIE, flegmatique et s’apprêtant à prier - Prions : au nom du Père…
BERNADETTE, ramassant l’os et pouffant - Hi ! Hi ! Hi ! Hi !
DENISE, voyant l’os dans la main de Bernadette, pleure encore plus fort - BEUUUH ! Charles-Henry ! BEUUUUH !
BERNADETTE, riant de plus belle et bien fort - HI ! HI ! HI !…
Ce manège dure de façon à obtenir quelque chose de « musical », accompagné en off par M. Ricou qui rit également sur un autre ton.
VALERIE, interrompant la scène - Bernadette ! Lâchez papa tout de suite ! C’est parfaitement inconvenant et irrespectueux !
BERNADETTE, tout en retenant ses rires - Hi ! Hi ! Hi ! C’est pas Monsieur, Hi ! Hi ! Hi ! C’est l’os d’Igor ! Hi ! Hi ! Hi !
VALERIE - Igor est mort ?
BERNADETTE - Ben non ! Hi ! Hi ! Hi ! C’est son os à ronger, quoi ! Hi ! Hi ! Hi ! (Elle pose l’os sur un meuble. Elle regarde autour d’elle.) C’est curieux, il y a comme un écho !
VALERIE, contrariée - Il est complètement crétin ce détective, en plus d’être libidineux !
BERNADETTE, s’apprêtant à sortir côté cour - C’est pas tout ça, mais je vais ranger les courses, moi !
La sonnette retentit.

ACTE 3
Scène 10
Les mêmes, Debrick.

BERNADETTE, allant ouvrir - Allons bon, quoi encore ? (Découvrant Debrick.) Ah, tiens ? Quand on parle du loup ! Hi ! Hi ! Hi !
DEBRICK, entrant, suivi du vétérinaire - Pas du tout, je suis venu avec le Docteur Cheval !
BERNADETTE - C’est parfait, on va lui parler ! (Devant la mine ahurie de Debrick, elle précise.) Au cheval ! (Sortant côté cuisine.) Bon, j’ai assez rigolé comme ça !

ACTE 3
Scène 11
Valérie, Debrick, Docteur Cheval, Denise et Charles-Henry en off.

VALERIE, froide à Debrick - Vous êtes venu présenter vos excuses ?
DEBRICK - Non, je suis venu avec le Docteur Cheval qui a malheureusement de mauvaises nouvelles au sujet de Charles-Henry… (Invitant le vétérinaire à s’exprimer.) Docteur…
DOCTEUR CHEVAL - En effet. Nous avons retrouvé son adresse grâce à sa puce et…
DENISE, choquée - Oh ! Charles-Henry n’a pas de puces !
Charles-Henry pouffe en off.
DOCTEUR CHEVAL - Hem ! Sans doute, mais vous savez… au bout de plusieurs jours dehors… Au contact d’animaux errants…
VALERIE, coupant court - Bon ! Vous l’avez retrouvé, c’est l’essentiel ! Où est-il ? (Essayant de voir au dessus des épaules de Debrick et du vétérinaire.)
DOCTEUR CHEVAL - Hélas ! Il est mort ! (D’un geste catégorique.) Indigestion !
DENISE fond en larmes, soutenue par Valérie.
DEBRICK - Il avait chapardé des saucisses chez le boucher… J’avais d’abord retrouvé son os… Et ensuite son corps qui n’était pas bien loin dans le fossé, mais je voulais avoir confirmation par Madame… (Il désigne le véto.) Qu’il s’agissait bien de votre chien.
DENISE et VALERIE - Igor ?
DEBRICK - Non, Charles-Henry.
DENISE, pleurant bruyamment - BEUUUUH ! Mon chien et mon mari sont morts ! BEUUUUH ! C’est affreux !
DEBRICK, surpris - Votre mari ? Toutes mes condoléances !
DOCTEUR CHEVAL - Le corps est disponible à la clinique. Vous pourrez le récupérer quand vous voulez. A moins que vous ne préfériez l’incinération ou l’équarrissage…
DENISE - BEUUUUH ! Je veux qu’on enterre mon mari dignement ! BEUUUUUH !
VALERIE, outrée - …Et avec les sacrements de l’Eglise ! (Au docteur.) Vraiment, Docteur, vous manquez totalement de tact ! Il s’agit de mon père et du mari de ma mère !
Charles-Henry pouffe.
DOCTEUR CHEVAL, surprise - Il doit s’agir d’un quiproquo… Je vous parle de votre chien Igor. Je suis docteur vétérinaire et le détective ici présent (Désignant Debrick qui regarde ses souliers, embarrassé.) m’a priée de l’accompagner pour vous annoncer la triste nouvelle du décès de votre chien… Si vous n’y voyez pas d’inconvénients, je vais vous laisser. Cette mascarade n’a que trop duré. (Elle sort dignement.)

ACTE 3
Scène 12
Debrick, Charles-Henry, Denise, Valérie.

DEBRICK - Bon… Eh bien… Mon enquête est close… Certes, elle se termine sur un drame, mais j’ai retrouvé Charles-Henry. (Tendant sa facture.) Voici ma note.
CHARLES-HENRY, faisant une entrée fracassante, (il aura changé de tenue) - Je suis là ! (Il arrache la note des mains de Debrick et la déchire.) Personne ne m’a retrouvé puisque je n’ai jamais disparu !
DENISE - Mon mari !
VALERIE - Mon Papa !
DEBRICK, abasourdi tel un petit garçon - Ma facture ! (Faisant la leçon en brandissant sa pipe.) Monsieur Edouard, ce n’est pas correct ! (Menaçant.) Madame Ricou est au courant des relations louches que vous entretenez avec la bonne !
CHARLES-HENRY, toisant Debrick - Vous êtes un beau spécimen d’abruti !
DEBRICK - On me le dit souvent, mais je ne crois que ce que je vois !
CHARLES-HENRY, le prenant par le col et le mettant dehors - Eh bien  rentrez chez vous et contemplez-vous dans la glace ! (Revenant, triomphant vers sa femme et sa fille.) En voilà du remue-ménage ! Je pars trois jours à Cherbourg et on m’enterre déjà !
DENISE - Mais je n’avais plus de nouvelle et je tombais constamment sur la messagerie de votre téléphone. J’étais morte d’inquiétude !
CHARLES-HENRY - Pas de réseau et ensuite plus de batterie ! C’est ballot hein ? (Il fait un clin d’oeil complice au public.) Bon, je propose que nous allions au restaurant, pour fêter nos retrouvailles.
DENISE - Vous êtes sûr ? Vous avez encore faim après toutes ces saucisses et tous ces petits pains ingurgités ?
CHARLES-HENRY - Non, non, les saucisses et les petits pains, c’était Igor. Sacré toutou ! Au moins, il sera mort heureux !
VALERIE, exaltée - Papa, j’ai beaucoup prié pour vous !
CHARLES-HENRY, embarrassé - C’est gentil, ça…

ACTE 3
Scène 13
Les mêmes, Bernadette.

BERNADETTE, entrant côté cour - Ah ? Monsieur est donc de retour ? Faut pas partir comme ça sans rien dire : on s’est fait du mouron et des personnes aux intentions douteuses ont commencé à roder dans votre entourage !
CHARLES-HENRY, satisfait et prenant sa fille et sa femme par les épaules, tout en invitant Bernadette à se rapprocher - Eh bien ! Eh bien ! Voilà, je suis de retour ! Je ne le ferai plus ! (Théâtral.) Je suis là, tel le vaillant chevalier revenant d’une farouche bataille, harassé, mais satisfait du devoir accompli et heureux de retrouver son foyer, sa femme, sa fille et sa fidèle servante ! (Sur un ton normal, au public.) Finalement ce
détective n’avait pas tout à fait tort : j’ai des côtés très cabot !

FIN

EPILOGUE (facultatif)
En avant scène.
Fiona, Debrick et Raoul.

Fiona entre côté jardin et sort rapidement côté cour, tout en regardant derrière elle, inquiète.
Debrick suit lentement armé d’une grosse loupe à la recherche d’indices.
Raoul arrive à son tour en humant l’air, traverse l’avant-scène et sort côté cour.
Fiona revient côté cour et sème les objets qui étaient dans son sac pour retarder ses poursuivants qui arriveront également côté cour.
Debrick, inspecte chaque objet et parcours de fait très lentement l’avant scène. Il est rattrapé par Raoul qui lui rentre dedans. Ils lèvent tous les deux les bras au ciel et se séparent, chacun partant dans une direction opposée. Debrick disparaît en coulisses et Raoul se retrouve face à Fiona qui revenait. Ils tombent dans les bras l’un de l’autre,
s’embrassent, puis sortent définitivement.
Le rideau s’ouvre et tous les acteurs viennent saluer.


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