« L’érudition seule ne suffit pas, il existe un savoir du cœur qui donne de plus profondes explications. Le savoir du cœur ne se trouve dans aucun livre, et dans la bouche d’aucun professeur, mais il grandit en toi comme la graine verte sort de la terre noire »
Carl Jung
Personnages :
Le sage voyant vieux bonhomme prévenant à la stature éprouvée mais majestueuse,
Axel ou Le petit fils du sage voyant orphelin d’un héros assassiné par des mercenaires habillés en guerriers pendant la guerre pour ses positions loyales. Plus tard axel devint historien et agitateur politique,
La maman d’Axel veuve tourmentée au passé douloureux,
Idriss le fugitif victime d’une société impitoyable, en dérive et des parents méchamment exigeant (futur chef terroriste.)
La maman d’Idriss, femme rigide et autoritaire intraitable,
Medhi, ami d’enfance du petit fils du sage voyant,
Le chœur,
Les pieds-noirs en partance vers l’hexagone,
Petits garçons et petites filles enfants pieds noirs dans leur jardin,
Boumboum, tyran espiègle et guide guidé depuis le proche orient, membre mentor de la tyrannie sévissant dans le pays.
Feu-au-bout porte-parole espiègle et fomentateur avec Boumboum,
Ses auxiliaires anciens maquisards convertis en truands hommes d’affaires,
Les DAF (déserteurs de l’armée française) élus privilégiés de Boumboum,
Le jeune colonel Chabane un des redoutables opposants à Boumboum et ennemi juré des DAF,
Chat Dodo successeur naïf et moins charismatique de Boumboum,
Buda successeur charismatique de Chat Dodo, ancien opposant exilé.
Le bohémien ancien combattant éternel errant, engagé dans la lutte contre les tyrans.
L’ancien migrant agitateur politique ami du Bohémien en exil.
Le sédentaire ancien combattant crédule ami séparé de bohémien.
Les énergumènes du quartier (plusieurs voix ricaneuses),
Les filles et les garçons du Jardin de l’après-guerre.
Aldja l’épouse d’Idriss future terroriste.
Le père d’Aldja un paysan conservateur
La sœur d’Aldja
Les chefs terroristes
Les nouvelles recrues de l’armée islamique
Le journaliste d’une chaine étatique orpheline et honnie de la population,
Alyabasse un hypocrite religieux instigateur de la guerre contre les civils.
Éric Un athée bienveillant, empathique, sincère et honnête
Mme Kharya femme obscène représente la junte militaire au pouvoir,
Mouchard indic du pouvoir
Le philosophe cadre exilé
Le commandant H ancien officier de l’armée, en dissidence et en fugue pour son témoignage compromettant sur les exactions et les crimes commis par ses supérieurs, sur la population.
Le psychanalyste cadre exilé,
Amel la psychologue. Cadre exilé
Beka Le sociologue. Cadre exilé
Abdel Le poète romantique idéaliste. Artiste exilé.
Sérine la journaliste. Cadre exilé
Wided enseignante, cadre exilé
L’oculiste Dr Véronique Loumyère Griyet
Le neurologue belge Van Der Lee Nervriyet
Le psychiatre Henri Gaulle de Fofole
Narrateur.
Confiscation et appel de vengeance.
Alors que le petit fils du sage voyant (alias Axel) s’endormait, brouillé par les échos lointains des batailles, son grand-père (le sage voyant) ressentait un frisson dans l’air. Il sentait que la paix ne serait qu’un leurre, un voile dissimulant des ambitions meurtrières. Le sage se pencha près de son petit-fils, murmurant des paroles anciennes, des incantations qui transcendaient le temps et l’espace.
Echos du sage voyant : « Mon cher petit-fils, lorsque la douleur te ronge, souviens toi que la lumière existe toujours. Même dans L’obscurité la plus profonde. Prépare-toi, car la nuit est encore jeune. »
Le sage voyant, rongé par l’inquiétude, retenait que la lutte allait être inévitable comme au temps du colon.
Le triomphe décrié :
Quelques villageois, faisant face aux exactions des mercenaires, étaient forcés de partir, pour ne pas trahir leurs voisins et espérer survivre. Les rumeurs d’un assaut imminent circulant alimentant la colère et la méfiance dans les cœurs.
À l’aube, alors que le jour naissant dévoilait un paysage de désolation, la veuve du père d’Axel (belle-fille du sage voyant), errait parmi les vestiges de leur foyer. Son visage portait les stigmates de la perte, mais aussi la détermination de protéger son fils. Autour d’eux, les villageois, oppressés par les vendus, tenaient en dépit à leurs espoirs suspendus à un fil.
Axel, dès la première heure, éveillé, sentait la colère brûler en lui, alimentée par les récits des braves qui, malgré la menace, se levaient pour défendre leur terre.
Dans ses rêves, Axel, grandissant, était tourmenté par des visions de son grand-père, sa silhouette héroïque se faisant lentement engloutir par l’ombre. Un appel à la vengeance résonnait dans son cœur, un désir ardent de rendre justice. Les enseignements de son grand-père résonnaient en lui, lui insufflant le courage de se dresser contre l’oppression. Il entendait les récits des braves qui résistaient encore. Des hommes et des femmes qui malgré la menace, se levaient pour défendre leur terre. Son grand-père lui avait toujours appris à faire face à l’adversité avec courage et maintenant il se devait d’agir, il devait grandir.
Une nouvelle ère commence :
Avec une résolution farouche, Axel rassembla quelques compagnons éveillés à la dure réalité, formant une alliance déterminée à s’opposer aux tyrans. Les enfants de la guerre, bien que n’étant pas encore des héros, étaient animés par une flamme de justice et de liberté, les transformant en guerriers.
Dans un élan de bravoure, ils forgèrent des plans pour contrer l’oppresseur, porteurs de l’espoir d’un avenir meilleurs. Même au cœur des ténèbres, la lumière de leur détermination brillait, promesse d’une renaissance à venir.
Mais l’aube de la victoire se lèverait-elle un jour sur leur horizon ? Les sacrifices consentis seraient-ils récompensés ? La lumière de l'espoir parviendrait-elle à percer les ténèbres qui les entouraient ? Et si la lutte s'avérait vaine, quelles conséquences cela aurait-il sur ceux qui osaient rêver d'une vie digne ?
Scène première :
Le sage-voyant et son petit-fils Axel.
Le sage-voyant, un homme à la stature éprouvée mais toujours majestueuse, se lève brusquement en sursaut. Sa silhouette tremblante se découpe dans la pénombre des nuits sans sommeil. Les draps sont éparpillés autour de lui, témoin d’un cauchemar qui l’a tiré hors de ses rêves. Dans un délire embarrassant, il gesticule avec ses mains luttant contre une force invisible comme pour arracher un être cher qu’on lui soustrait férocement d’entre ses mains :
Non ne t’en vas pas ! lâchez-le ! assassin ! ne te laisse pas emmener ! ils vont te trucider !
Le petit fils du sage voyant se réveille en sautillement, sous l’agitation de son grand père qui dormait à ses côtés. Les battements effrénés de son cœur font écho aux cris désespérés. Tiré follement et brutalement de son sommeil, il s’assoit, une lueur d’inquiétude dans ses yeux :
Grand -père ! grand père ! qu’est-ce-qui t’arrive ? tu as de la fièvre grand-père ?
Il agrippe une épaule de son grand-père cherchant à le ramener à la réalité, à fuir cette angoisse qui enveloppe leur espace. Le sage voyant encore effaré, les yeux troublés par des visions terrifiantes, soupir profondément tentant de calmer la tempête qui fait rage en lui : j’ai fait un rêve mon fils ! J’ai fait un rêve !
Le petit-fils du sage-voyant, soucieux, le regard scrutant celui de son grand-père, cherche à comprendre la profondeur de l’angoisse qui l’habite : un rêve ? quel rêve grand-père ? un rêve qui t’effare ? mais pourquoi les frayeurs ? Raconte-moi ce rêve s’il te plait !
Le sage voyant couvant de ses mains son petit-fils inquiet : Oui, mon fils ! je vais te le conter ! écoute-moi ! ô écoute ! Je vais te narrer l’ineffable. Mais, rappelle-toi bien, plus tard quand tu seras plus grand. Que ta mémoire ne soit, pour rien au monde, jamais souillée ! Mes jours sont comptés et je ne serai certainement pas là demain pour te le rappeler. Alors, garde le bien ancré dans ton esprit. Je vais devoir bientôt rejoindre ton brave père dans un monde où personne n’est assez puissant pour bafouer la justice. Ça serait bien mieux pour nous deux, là-bas, que de rester ici à nous infliger une débâcle des plus humiliantes… à assister, lâches et impuissants, à un déclin des plus déshonorants !
Le petit-fils du sage-voyant : Non, ne dis pas ça ! tu ne mourras pas si tôt grand père ! tu n’es pas si vieux que ça ! je te promets, ton histoire, je la garderai bien ancrée dans ma tête, telle que tu me l’auras confiée ! je m’en souviendrai aussi longtemps que je suis en vie ! mais, ne me dis plus que tu vas mourir je t’en prie ! maintenant vas-y ! racontes-la-moi donc cette histoire ! c’est quoi cette lourde tragédie que tu tardes à me dévoiler et qui, déjà, me donne à tressaillir de tout mon corps ?
Le sage voyant (raconte son rêve d’un ton grave, imprégné d’une tristesse et d’une désolation sépulcrales) : ô chair da ma chair, la voici l’histoire ! Une famille, frappée d’une malédiction, perdit ordre et équilibre. Ses membres se dispersèrent, chacun choisissant sa sphère, applaudissant un fou qui pénétrait dans leur maison. Le fou s’enfonça dans l’ombre d’une fête et n’en fit qu’à sa vilaine tête. Une seule pensée obsédait son esprit rusé et obtus. Le trône !
Il maquilla la division sous leurs niais et maniaques applaudissements. Il leurs a promis le droit chemin, l’idéal moral et le bon devenir dans la Servitude, l’hébétude, l’ingratitude, sous l’alibi de couper court avec les turpitudes. Il fit trucider, l’un après l’autre, les anges qui veillaient sur nous… (pause puis tristement) il s’est intronisé.
Le petit-fils du sage-voyant, tenu en haleine, souffle : Alors ! comment ça intronisé ?! aussi facilement ! personne n’a pu l’en empêcher ?! C'est une tragédie, grand-père ! Que faire, face à un tel destin ?
Le sage-voyant :
Rappelle-toi, ô chair de ma chair, La force réside dans l’unité et l’amour. L’amour est plus puissant que n’importe quel trône ! Veille sur ceux que tu chéris, Ne laisse jamais la division s’installer, Car elle est la clef qui ouvre les portes de toutes les ruines. Garde cette vérité dans ton cœur, et deviens le gardien de notre histoire, pour que jamais le mal ne s’insinue dans nos vies.
Le petit-fils du sage-voyant : Où est donc passé le courage qui, comme tu me l’as souvent narré, leur permettait de renverser des montagnes d'injustice ? comment ont-ils pu changer après cela ?
Le sage voyant : Hélas, mon fils ! La peur, telle une brume épaisse, a obscurci leur jugement. Ils ont choisi l’égoïsme, abandonnant le lien sacré de l’amour et de l’esprit familial. Et dans le tumulte de leurs conflits, Ils ont laissé le pouvoir à celui qui voulait leur déchéance.
Le petit fils du sage voyant de plus en plus curieux et de plus en plus tramé : Et le fou grand père ! Qu’en est-il de ce fou devant toute cette scandaleuse attitude ?!!!
Le sage voyant tout rembruni : le fou, gâté par tant d’idolâtres arrivistes, avides, anciens lèches bottes et soutiens tourbe de clébards, étendit ses pouvoirs. Il enfila ses palmes, enfla les pénuries, réduisit les espaces et fit décliner l’artisanat… Il s’installa pérenne sur un divan tragiquement dérobé. Ensuite, dans ces temps où de plus grandes adversités sont occasionnées et combien même ovationnées, reproduisant de tristes et lugubres horizons, des membres oublièrent leur vieille bonhommie.
Ils se braquèrent sur leurs ventres. Ils devinrent indifférents et complices même, devant une myriade d’horribles abus. La soumission et le silence, forcés ou consentants, passèrent pour une religion sainte et inviolable. Une épreuve de survie quasi insurmontable. Enfin, mon fils, le chaos était d’une telle extravagance que je n’ai pu m’y agripper pour rattraper la suite ! mais telle que je l’ai vu s’annoncer, ce fut une scène, je ne saurais mieux la qualifier, autrement qu’alors là, horriblement apocalyptique !
Le petit fils du sage voyant : ô grand père ! si seulement tu avais résisté à cet épisode ! Il aurait peut-être abouti à une issue heureuse ! Maintenant, il va falloir nous délivrer de cette diabolique et sanguinaire dévastation nuitard !
Le sage voyant en se levant, tenant son fils par l’épaule et, quittant la scène en sa compagnie : Oui ! tu as bien raison mon fils ! Allons dormir dans le couloir ! Il y a de mauvais esprits dans ce taudis maudit !
Le petit fils du sage voyant emboîte le pas à son grand père : Oui… cette histoire me fait trembler grand-père, des pieds jusqu’à la tête ! C’est bien dommage ! je n’ai reçu aucun talent pour interpréter loyalement une pareille tragédie ! De plus, je ne suis pas censé jouer les cauchemars !
Le sage voyant disparaissant avec son petit fils : laissons loin derrière nous ce cagibi ! ça soulagerait le restant de notre nuit ! sinon, elle demeurera effroyable m’est avis ! et je doute qu’elle ne débouche sur une éclaircie matinale ou qu’elle n’en découd avec sa semblable !
Quelques petites années plus tard
Décès du sage voyant,
Passage d’une procession funèbre portant la dépouille du brave sage-voyant en répétant des vers du patrimoine kabyle sur la survenue de la mort
Ô vent des montagnes, porte ma douleur,
Vers l'horizon où repose mon cœur.
La terre a pris celui que j'aime,
Mais son souvenir, jamais ne s'éteint.
Les larmes coulent comme un ruisseau,
Emportant avec elles mon chagrin.
Dans le silence des nuits étoilées,
Je murmure son nom, un écho lointain.
Ô terre ancestrale, douce et amère,
Garde en ton sein cet être cher.
Un jour, nos chemins se croiseront,
Et nos âmes, ensemble, danseront. (1)
[1]
Quelques mois après le décès du sage voyant
On entend un écho : Je vous ai compris !
Narrateur :
Nous sommes à l’aube d’une indépendance illusoire, un pays enfin libéré des chaînes d’une colonisation impitoyable et séculaire. Les pieds-noirs se préparent à quitter leur ville natale, affaiblis par le poids d’une crise profonde.
L’accord, soi-disant scellé entre les fougueux belligérants, promettait que les natifs vivraient libres citoyens dans leur pays de naissance, quelles que soient leurs cultes ou leurs origines. Mais ces belles promesses ne sont rien d’autre qu’un mirage, une encre sur un papier qui se dissout dans la réalité.
L’annonce de leur départ vers la métropole est tombée tel un couperet pour les uns et une délivrance pour d’autres. Une rumeur bien plus que des mots, se propageant tel un feu de forêt dans les villes et villages.
Pour la plupart, il ne s’agit même pas d’un retour au bercail. Le pays qui les a vus naître ne leur est plus familier, et l’idée de s’embarquer pour une terre qu’ils n’ont jamais foulée, les remplit d’effroi. Ils sont des étrangers dans leur propre histoire, déracinés, désorientés.
Et rester ici, dans un pays où le pouvoir se voit pris par des militaires auto proclamée prônant l’idéologie arabo-islamique, et des chefs de guerre aux ambitions dénaturées, serait un suicide.
Divisés entre deux héritages, ces futurs rapatriés vivent un cauchemar éveillé, hantés par la peur d’être rejetés, d’être considérés comme de misérables fichus migrants malvenus lorsque leurs pieds se poseront sur le sol hexagonal.
Les nouveaux décideurs, étant eux-mêmes de l’herbette, engoncés dans leur ignorance, n’ont même pas cette clairvoyance ni cette conscience de discerner le bon grain de l’ivraie. Tous sont condamnés à fuir, à se débrouiller pour renaître ailleurs, dehors, loin de cette terre qu’ils ont tant chérie.
Scène deux :
Les ultras - les modérés-les filles et les garçons du jardin de l’ère coloniale.
Intermède.
(Les filles et les garçons)
La scène est peuplée d’ultras enflammés et de modérés prostrés, tous en partance. Ils portent valises, sacs et quelques précieux objets, souvenirs de leur ville natale. Dans ce climat de chaos, les garçons jouent aux billes, aux noyaux d’abricot, à la tchape et, tout aussi innocemment, les filles chantonnent en tournant en cercle tandis que d’autres jouent à la marelle :
Quand Janet, Janet, Janet allait aux fêtes,
Elle était bien si jolie,
Elle portait un chapeau de paille,
Un ruban de trois couleurs ;
Blanc, bleu, rouge.
Une femme mûre s’adresse aux filles :
Venez par-là, mes chéries ! Ce n’est plus la fête maintenant ! Vous allez toutes devoir rentrer chez votre arrière-arrière-arrière-grand-père aujourd’hui ! Janet, va porter son chapeau loin là-bas ! Vous ne la chanterez plus ici désormais.
Les ultras mettent le feu à la scène, vociférant et détruisant tout ce qui est à leur portée. Des voix s’élèvent, un mélange de fureur et de désespoir. Certains, abattus, demeurent aphones. D’autres, au contraire, hurlent leur révolte et saccagent tout.
Voix 1 :
Allez ! On vous laisse tout, bande de bougnoules ! Détruisez bien ce que nous avons construit ! parce que vous n’avez que ça dans la caboche !
Voix 2 :
Vous n’êtes que de piètres consommateurs insatiables, toujours en état de dépendance chronique !
Voix 3 :
Voyez bien ! Nous avons transformé votre gourbi en un véritable palais de fée… Amusez-vous bien dedans !
Voix 4 :
Vous le regretterez ! Ce palais s’effondrera sur vos têtes de gueux enturbannés. Quand vous l’aurez délabré, quand vous l’aurez transformé en une monstrueuse décharge à ciel ouvert, vous risqueriez, sans honte et frappés d’amnésie, vos vies et votre honneur, et vous serez à genoux là-bas, devant votre ennemi !
Voix d’une femme modérée et pacifique : faites attention à ce que vous dites ! choisissez vos mots ! Soyons honnêtes et réalistes avec nous-même ! Ils ont fini par en avoir ras-le-bol. On n’a eu cesse de les rabaisser avec notre arrogance de civilisés propre à nous. Nous les traitions comme des sous hommes. Nous les avons privés de leur moindre droit. Nous avons spolié leur terre. Nous avons interdit leurs enfants de l’école. Nous avons exploité, jeunes et adultes, dans les mines de charbon et dans des guerres qui n’étaient pas les leurs… en voici le résultat ! (En écrasant une larme) ils ne veulent plus de nous !
Voix d’une autre femme aussi attristée, aussi traumatisée mais un peu ou presque innocemment ultra elle aussi : et nous, qu’avons-nous fait pour nous chasser de notre terre natale de cette façon ? Nous destituer de notre identité ? C'est ici que nous avons vu le jour, et nous n'avons nulle part où aller ! N'avons-nous pas été des voisins paisibles et généreux ? N'avons-nous pas partagé tant de douceurs et de peines, les joies comme les douleurs, même au cœur des conflits ? les plaisirs et les gémissements. Pourquoi cette injustice alors ?
(Elle délire parlant dans le vent comme une possédée) : nous sommes, nous aussi attachés et bien ancrés à ce sol et la guerre ce ne sont pas nous qui vous l’avions faite. Et le respect qu’on se manifestait mutuellement, vous l’avez déposé où ? Voyez, voyez comme c’est affreux de mettre tout le monde dans le même panier ! Non ! Comme vous le dites si bien d’ailleurs : « Kaci meure ici » Moi je ne partirai pas ! Désormais, je resterai à vie, plantée ici ! D’ailleurs, dorénavant je ne suis plus Lucie, vous devriez tous et toutes m’appeler Kaci. Et je ne le dirais jamais assez, je resterai ici ! vous, par contre, partez si vous voulez d’ici !
De l’autre côté de la scène, des ultras du camp adverse ripostent aux rivaux ultras en vociférant à leur tour.
Voix 1 : Bon débarras ! la valise ou le cercueil ! et ne revenez surtout pas ! Si seulement une telle idée effleure intentionnellement vos têtes de taris, on sera encore là pour redoubler de férocité !
Voix 2 : le couteau sur la gorge ! et des couffins partout ! - Ronchonne un autre - Bande de criminels ! pillards ! pirates ! assassins ! vous ne règnerez plus sur nous ! On ne vous regrettera pas ! nous vous avons chassé de notre terre car vous êtes des monstres immondes ! de piètres spoliateurs qui se croyaient tout permis parce que pseudo-civilisés !
Voix 3 : cette forteresse, vous l’avez bâtie sur des rivières empourprées de notre sang versés par vos mains sanguinaires ! Allez ! maintenant, partez ! on a hâte de vous voir disparaitre comme ça, comme de la poudre désagrégée dans l’air par un vent impétueux et irrésistible ! ce sont nous ce vent !
Voix 4 : on vous les déposera là-bas ! où sont vos valises ? je m’inquiète ! allez ! prenez vos caisses et partez vivants ! Autrement, on ne vous le répétera jamais assez !
La scène se fige dans un mélange de chaos et de désespoir, chaque personnage incarnant la tragédie d’un avenir incertain, tandis que le tumulte des voix résonne dans l’obscurité grandissante...
Scène trois
Lumière.
Narrateur : D’avion en avion, dessus dessous les nuages, Boumboum et sa clique survolent Tunis, Dakar, le Caire, Oujda, où, au frais de la princesse, ils séjournèrent de longues années durant, toute la période de la guerre.
Au cœur de la ville des pharaons, Boumboum fréquentait un bar situé entre une mosquée et un institut de théologie de grande renommée. Il y étudiait en roulants ses cigares et en sirotant ses bières dans une ambiance de détente, profitant d'une boisson entre amis dans des moments de relaxation. Pendant ce temps, ses soi-disant frères, tombaient comme des mouches, sous les balles, la guillotine et la torture.
Nous sommes enfin à Oujda, l'une des villes envoûtantes d'un pays emblématique d'Afrique du Nord. Boumboum, attablé, est entouré de son clan, se préparant à la ruée vers le sacre. L’impatience de retourner au bercail sur des chars et une artillerie lourde, acquise par des moyens détournés, le consume. C'est un conspirateur, un envieux, un revanchard, au caractère bestial et, on ne peut plus opportuniste.
Croisant ses pieds, Boumboum s’adresse à ses alliés :
L’instant fatidique, tant espéré, est enfin à nos portes ! La délivrance, le retour tant attendu, est désormais une réalité. Le pays nous appelle !
Son porte-parole Feu-au-bout :
Cela est vrai ! Nous devons répondre présent à l’appel de notre chère patrie.
Boumboum :
Nous assaillirons la frontière au petit matin. L’armée, main courante, nous attend là-bas, prête à accueillir notre raid. Tout est préparé pour notre succès. Un échec serait fâcheux. Il serait inadmissible. La balle est dans notre camp !
Feu-au-bout :
Le passage de la frontière est assuré, nous ne saurions connaître le revers ! Le peuple est derrière nous, entier et solide.
Boumboum :
Les véritables guerriers, ceux qui comptent, se légueront à nos côtés. Nous frapperons nos rivaux et nous leur porterons un coup fatal. Notre stratégie, farcie d’un discours percutant, saura séduire la peuplade. Bientôt, nos partisans, se comptant par millions, nous porteront en triomphe, sur leurs épaules, dans une célébration terrifiante et féérique.
Feu-au-bout :
Il faudra faire preuve de fermeté devant nos ennemis jaloux, tout en étant éloquents et charmeurs dans nos slogans pour posséder nos suiveurs aimables, serviables.
Boumboum :
Nous devrons sortir le grand jeu contre les récalcitrants qui, sans aucun doute, finiront par capituler face à notre force.
Feu-au-bout :
Notre discours est jalonné de tournures envoûtantes, résonnant comme une mélodie mélancolique et nostalgique, tantôt vexante et tantôt enchanteresse dans les cœurs de nos adorateurs. La danse s'exécutera sur une toile de joie teintée d’une joyeuse tristesse, une soumission digne, libre, et parfaite. On va rationaliser les paradoxes et châtier les hétérodoxes !
Boumboum : Nos propos sont doux comme le miel, mais nos mots les plus tragiques créeront cette coexistence entre bien et mal. La démocratie, le respect des libertés individuelles et collectives, la victoire et l’avenir radieux de la oumma arabe, l’agriculture, les infrastructures, la culture, et puis l’héritage historique et notre foi en Dieu pour leur clouer le bec — voilà nos mots d’ordre pour rallier la majorité à notre cause.
Un de ces mordus fanatiques de la mouvance islamo-arabo-baathiste :
Deux mots suffisent pour embraser et éteindre les foules à la fois : « arabité et islamité. » En synchronisant ces deux valeurs, que l’on a toujours associées à l’honneur et à la dévotion, ils verront grandes ouvertes les portes de notre palais… ainsi que celles du paradis qu’ils convoitent. Ils viendront à nous. Nous jouerons les plantons. Les hérétiques n’ont pas leur place au paradis, notre foi les expédiera en enfer. Dieu n’aime que ceux qui croient en lui ! il faut rêver de lui faire changer d’avis !
Boumboum : le rêve est une hallucination dangereuse, source de beaucoup de compromettants dérapages. La loi interviendra pour calmer le noctambulisme diurne ou nocturne. La plupart des rêveurs ne savent pas où marcher, inconscients, ils vont casser toutes nos porcelaines. On n’aura plus rien à présenter dans nos magasins idéologiques.
Feu-au-bout : ils doivent rester confinés chez eux, figés dans leur destinée, peu importe les épreuves que nous leur infligeons. De plus, nous partageons la même foi. Quiconque hétérodoxe, osera contester nos paradoxes, sera impitoyablement réduit au silence... et nous avons amplement de moyens à notre disposition, sans oublier les sourates nécessaires pour justifier nos actions (pause) et les hadiths aussi. Nous avons des Cheikhs à notre usage pour en inventer au cas où la rhétorique tombe en panne. La religion justifiera tout pour nous.
« Boumboum et son clan se préparent à leur sinistre dessein, prêts à plonger dans le chaos et l’effusion de sang qui s’annoncent. »
L’assaut.
Boumboum, entouré de son clan, observe le chœur qui se faufile en zigzaguant parmi eux, débitant des vers qui résonnent comme un funeste présage. Le chœur, tel un souffle collectif, annonce au public la triste nouvelle de la prise de pouvoir par cette bande d'espiègles détrousseurs.
Le Chœur :
Boumboum à l’attitude sauvageonne,
Rentre de son exil,
Depuis ses chars il ordonne,
D’assiéger toutes les villes.
Par un discours monotone,
Il séduit quelques civils,
Mais la majorité entonne,
Tu te cachais où, pègre vile ?
Ne pense pas que tu nous impressionnes,
Tu n’es qu’un prétentieux débile,
Mais il prit l’arme et actionne,
La gâchette sur des viriles.
Et les gueux DAF époumonent,
Vive Boumboum le subtil,
Il s’emparât de la couronne,
Trucidant des gens tranquilles.
Il s’est entouré d’une milice,
D’anciens vendus,
Et l’espérance matrice,
Chez les masses a fendue.
Toutes désormais,
Vont dépendre de lui,
Lui seul sait,
Et le clan qui le suit.
Ainsi accéda-t-il au trône,
Et fit des choix sélectifs,
Et depuis lors il bourdonne,
Des mots répétitifs…
(Le chœur, après avoir délivré son sombre message, s’évanouit dans l’obscurité, laissant Boumboum et son clan, figés, comme pétrifiés par la puissance de cette vérité révélée.
Scène quatre
Lumière aveuglante
Boumboum – ses auxiliaires – les ralliés (anciens maquisards devenus de truands hommes d’affaires et, auxiliaires de la junte arriviste) – les DAF (déserteurs de l’armée française) au service du clan Boumboum.
Quelques instants après le départ des forces d’occupation. La scène est vide. Au fond, une porte entrebâillée d’une bâtisse où campent les miliciens putschistes.
Boumboum, sortant sa tête de l’entrebâillement de la porte laissée par de fougueux belligérants, scrute, les yeux écarquillés, exorbité par la malice, sa tête se tournant dans tous les sens comme un radar. Il veut s’assurer que la scène a été bel et bien déminée par les torrentueux rivaux, pour se permettre l’assaut fatal. Finalement, il entre avec ses sacripants, s’attaquant à la triste demeure. Ce jour où l’on croyait avoir irréversiblement libéré la ville de ses vieilles chaînes, la décrépitude était venue déconfire la hardiesse et renverser le triomphe des braves. »
Au même moment
Intermède
Les garçons et les filles de l’indépendance jouent rappelant avec exactitude, ceux et celles récents de l’époque coloniale.
Scènes joyeuses et enflammée.
Des garçons joyeux jouent aux cerceaux, à la tchape, aux billes, aux noyaux d’abricot. Des filles ravissantes, émerveillées, se regroupent. Les unes jouent à la marelle, tandis que les autres chantonnent innocemment des airs glorieux que ce jardin féerique leur a bien gardés en âme vivifiante :
Quand Janet, Janet, Janet,
Allait aux fêtes,
Elle était bien si jolie,
Elle portait un chapeau de paille,
Un ruban de trois couleurs,
Blanc, rouge, vert.
Noir sur scène.
Scène cinq
Lumière.
La scène est consacrée à Boumboum et son armée. Derrière le rideau, il s’adresse à ses alliés complices d’une offensive lâche et honteuse.
Boumboum :
La porte est bel et bien ouverte ! Les belligérants se seraient enfuis dès qu’ils ont eu vent de mon arrivée ! Entrons ! Vite ! Faites attention ! La couleur de drapeau a changé, et l’hymne aussi !
Feu-au-bout : c’est vrai ? Vous le connaissez, vous le nouvel hymne ?
Boumboum : Je ne sais pas, on va le découvrir après ! si l’idée vous vient de chanter, ne chantez pas ! sinon vous allez vous tromper et nous allons être démasqués ! Suivons ce vent en poupe qui souffle dans notre direction ! Il nous portera droit vers le palais royal ! Soyez vigilants ! La main invisible dont j’ai parlé s’emmêle déjà dans les coulisses, et bientôt, nous allons la tailler en miettes.
Les DAF :
À l’assaut ! Vive l’indépendance ! Vive la liberté ! Vive la justice ! Mort aux séparatistes ! Boumboum ! Boumboum ! Boumboum !
Boumboum feint l'inquiétude face à la rapide reconversion et l’adhésion totale des déserteurs de l’armée coloniale à son complot. Avec une fausse appréhension, il interroge son porte-parole à leur sujet : As-tu vu comme ils me scandent déjà ? J’ai à peine ouvert la bouche et eux viennent juste d’arriver !!!
Feu-au-bout :
N’ayez crainte ! Ces gens-là nous servirons comme ils ont servi les ennemis sortants ! ils le font à la Bacchus ! c’est un vieil héritage de père en fils, depuis une ère bien lointaine. Ils se sont toujours offerts partout. C’est dans leur sang d’être obséquieux, esclaves de luxe, en retour de quelques piètres privilèges qu’ils savent manigancer à leurs galons !
Boumboum : C’est qui Bacchus ? C’est un opposant ?
Feu-au-bout : un peu ou presque ! c’est un opposant style DAF ! un DAF de l’époque romaine ! Il a livré Jugurtha en chair et en os à l’armée de Giulio César.
Boumboum : Tu es fort en géographie Feu-au-bout ! tu n’arrêtes pas de m’étonner !
Feu-au-bout : Non c’est de l’histoire ! çà, ce n’est pas de la géographie !
Boumboum : Ah, bon ! Jugurtha, ce n’est pas de la géographie ? Et Giulio césar ! ça aussi, ce n’est pas non plus de la géographie ?
Feu-au-bout : Non ! c’est l’empereur romain qui a reçu Jugurtha des mains de ce Bacchus ! il l’a laissé mourir de faim et de sévices !
Boumboum : Dans ce cas alors, ce serait moi l’empereur romain dans cette géo ah, j’allais dire dans cette histoire ! et ce Jugurtha ? C’est aussi un héros !!!
Feu-au-bout : Non ! Jugurtha, c’est comme Chabane et sas compères, mais de l’époque romaine.
Boumboum : ça alors ! je ne veux pas de Jugurtha dans mon effectif (pause) ni de ses compères ! Nous ne recrutons que de braves Bacchus qui savent livrer des Jugurthas !
Feu-au-bout : Pour ne pas se mentir, bacchus c’était colle-au-dos de l’époque romaine.
Boumboum : Colle-au-dos ? c’est qui alors ?!
Feu-au-bout : c’est Bacchus en chef mais de notre époque ! c’est lui qui nous livrera les Chabane !
Contexte. On entend souffler un vent furieux, accompagnant un écho du jeune colonel Chabane, redoutable opposant à Boumboum.
Échos du colonel Chabane : « Ils se plantent, comme vous, là où ça engrange des dividendes et des postes de commande ! Ils aiment, comme vous, s’aplatir à d’indignes honneurs, se tâcher de sordides promotions.
Boumboum fou furieux : Vous avez entendu ?! Ô mon Dieu ! Vous avez entendu, je vous dis ?
Feu-au-bout : Entendu !!! Entendu quoi ?
Boumboum : ce que je viens d’entendre ?! l’insolent qui vient de parler ! quelqu’un se cache derrière ce rideau. C’est Jugurtha ! C’est à vous ou c’est à moi qu’il s’adresse ?
Feu-au-bout : non c’est Chabane notre ancien allié !
Boumboum s’inquiète : c’est du pareil au même ! que veut-il ?n’avez-vous pas dit que ce Chabane est le Jugurgutha de notre époque ?
Feu-au-bout : Il veut la peau des colle-au-dos et la nôtre avec ! en plus ce n’est pas Jugurgutha, c’est Jugurtha !
Boumboum : les colle-au-dos !!! C’est qui encore ?
Feu-au-bout : ce sont les Bacchus moderne ! Ils choisissent toujours le camp des Giulio César.
Boumboum : Encore ! et c’est qui lui ? Giulio César !
Feu-au-bout : Lui ? c’est nous !
L’écho de Chabane revient : Ils adorent être dominé pour le pouvoir que leur confère leur dominateur de dominer d’autres à leur tour. Et vous comptez bien faire cela avec eux, n’est-ce pas ? »
Boumboum, déconcerté, s’adresse à son porte-parole Feu-au-bout :
Vous avez entendu comme ce vent insiste ? C’est une atteinte à la souveraineté de l’État ! Déjà ?! ça commence à déranger ! déjà des jaloux ! je l’ai bien subodoré ! Quelqu’un serait en train de fomenter contre nous et voudrait nous surprendre ! il nous suit et je le vois partout ! Je crains que ça ne soit quelqu’un de ceux-là qui me scandent à chacune de mes apparitions ! ces Bacchus comme tu les appelle. Ah ! j’ai des doutes ! Pensez-vous que ce soit une aubaine pour nous de recruter des gens de la lignée des Bacchus, comme ça ? S’ils sont au service du plus fort, c’est-à-dire, imaginez que moi, Giulio César tombe malade, ils vont se retourner contre moi ! Mais bien sûr, une fois faible, II vont balancer dans le camp adverse ! si la situation s’inversait en faveur de… comment il s’appelle déjà…
Feu-au-bout : Jugurtha !
Boumboum : Ah, oui ! Jugurtha ! Ils retourneraient l’arme contre moi.
Feu-au-bout : Bacchus au côté de Jugurtha, cela vous ne pouvez même pas le rêver dans le sommeil de la nuit ! il souffle un vent sonore. C’est peut-être lui qui vous rapporte ces horribles et fausses informations ! Non, ne délirez pas ! les Bacchus ont intérêt à nous servir. Leurs ennemis, je veux dire les prétentieux Jugurthas de notre époque, leurs jurent vengeance. Ce n’est pas possible qu’ils nous tournent le dos. Qui les protégera après ? Ils sont entre le marteau et l’enclume. Il y a zéro espoir qu’ils s’allient ailleurs si ce n’est qu’à nous. Honnis de la population, et les soi-disant Guerrero. Le colon qu’ils ont tant servi, tant vénéré, les a foutus à la porte, ils sont abandonnés à leur piètre sort. Ils ne sont rien sans nous aujourd’hui. Notre ennemi ne se liera jamais à eux. Vous pouvez en être sûr ! et nous, nous avons besoin du savoir qu’ils ont acquis au service de l’armée coloniale pour asseoir les fondements de la nôtre toute neuve et toute sophistiquée.
Boumboum : Il faudra d’abord que j’ouvre une enquête !
Feu-au-bout : Contre le vent ?!!!
Boumboum : Non, contre celui qui se cache derrière le vent ! vous croyez que c’est le vent qui a parlé ?
Feu-au-bout en driblant :
Je ne sais pas ! Cela pourrait être le cas ! N'ayez crainte ! Le vent ne parle pas, il souffle ! Vous semblez redouter les nouvelles recrues ‘pause’ et le vent. Vous oubliez que nous sommes les seuls à leur offrir l'occasion d'échapper au spectre de la vengeance qui les guette immédiatement. C’est plutôt une cerise sur le gâteau d’avoir avec eux un ennemi et un idéal commun. C’est le vent que vous redoutiez qui nous envoie les Bacchus ! en plus à l’époque il n’y avait qu’un seul, maintenant ça foisonne des Bacchus ! c’est un Bonus !
Boumboum : (toujours en proie à son appétit d’opportuniste insatiable.) : Soit ! Soit ! si cela est vrai, ça confirmerait l'adage selon lequel « l'ennemi de mon ennemi est mon ami ». Mais pensez-vous que cela soit possible de notre temps ? ou qu’il faille aussi se méfier des adages ? sinon, de pareils Bacchus, je les veux bien dans mes rangs ! surtout que c’est moi Giulio César dans cette histoire, ça ne peut qu’être logique !
Comme on dit : l’histoire est un éternel recommencement !
Feu-au-bout : il faudra qu’on leur donne des ailes, afin qu'ils puissent s'élever dans le vent qui vient de vous parler. Notre dictature est la plus moderne et est la plus séduisante que l'histoire ait connue. Les adages de nos rivaux peuvent être dangereux, ils en connaissent beaucoup, mais ils ne nous mettront pas à genoux. Au contraire, nous pourrions nous en servir à notre guise pour nourrir la violence nécessaire au maintien d’un état souverain héritier de notre combat pour les libertés individuelles et les libertés collectives. Nous saurons les contrecarrer et tourner à notre avantage adaptant chaque adage à la circonstance qui lui convienne pour l’honneur de nos camarades tombés au champ d’honneur !
Boumboum : c’est bien raisonnable. Cela commence à me paraître fort juste les paradoxes !
Feu-au-bout : Ne soyons pas maladroits. Accueillons-les pour renforcer nos rangs. Leur soutien nous reviendra d’un profit inestimable, nul ne pourra nous disputer le trône. Faisons preuve de générosité envers eux !
Boumboum : Ah, oui, en effet ! Je vais dès lors, promouvoir tous ceux et toutes celles qui puissent servir de rempart contre l’invasion des Jugurtha. Les Bacchus, je vais leur accorder le soin de commander l’armée. Je ne veux ni passifs ni craintifs dans mes rangs ! J'ai besoin d'hommes vigoureux, créatifs, audacieux et actifs. Comme Bacchus chez moi, Giulio César ! La ruse est essentielle pour moi... comme en temps de la guérilla. La plèbe jubilera devant notre éloquence et notre détermination à consolider son triomphe auquel nous avons collaboré pendant la guerre !
Le porte-parole : pendant la guerre !!! Laquelle ?
Boumboum : celle qu’on n’a pas faite, je voulais dire celle qu’on a faite derrière les bâches diront nos ennemis, les ingrats et parmi eux le désormais vieil ami Chabane ! Jaloux de tout ce qu’on fait ! Allons de ce pas les chasser ! ces gueux !
(La tension monte sur scène, alors que Boumboum, pris dans un tourbillon d'incertitude, scrute son entourage, craignant que le vent de la révolte pourrait bien tourner contre lui.)
Le narrateur.
A l'apogée de la Kabylie, là où s'épanouissent les vestiges d'un ancien maquis, la beauté résiliente des paysannes se heurte à la brouille cruelle des maquisards. Boumboum, figure de tyrannie, dirige une armée d'anciens camarades, désormais devenus des voyous de hauts rangs, aux côtés des DAF.
Alors que ces courageuses paysannes s’éclipsent, leurs voix s’élèvent sur un air vivifiant célébrant l’amour et les joies mondaines devançant la tragédie.
Intermède
Chants berbères de Kabylie
Invitation à la joie avant l’avènement de l’embuscade.
Des femmes kabyles, traversent la scène, fredonnant des chants joyeux de Kabylie.
O toi, de qui j’ai multiplié la joie,
Viens et réjouis-toi avec moi,
Rends-moi la joie que je t’ai donnée,
Depuis longtemps, depuis si longtemps,
Nous étions dans les champs de l’ombre,
Mais voici que l’astre vient de naitre,
Déjà se répand sa lumière,
La lumière de la pleine lune (2)
Puis un autre chant :
Elle est tombée dans la danse,
Nul de nous ne sait son nom,
Une amulette d’argent,
Se balance entre ses seins,
J’ai vendu pour elle,
Un champ d’olivier
Elle s’est jetée dans la danse,
Anneaux tintant à ses chevilles,
Avec des bracelets d’argent,
J’ai vendu pour elle,
Un verger de pommiers
Elle est tombée dans la danse,
Sa chevelure s’est échappée,
J’ai vendu pour elle,
Mon champ d’oliviers,
Elle s’est jetée dans la danse,
Un sourire la fleurissait,
J’ai vendu pour elle,
Tous mes orangers. (3) JEAN Amrouche)(page 180)
Scène six
L’arrivée des combattants, poussés par le devoir de défendre leur territoire, se teinte d'une effusion de sang, prélude à une tragédie inéluctable.
Les tyrans s’avancent, drapés dans leur arrogance.
Boumboum : « Hâtez-vous, braves soldats ! Nettoyez cette scène ! Rendez hommage aux martyrs initiateurs de notre nouvelle république démocratique et populaire, À nos compagnons d’arme qui ont offert leur vie pour les libertés individuelles et les libertés collectives, tirez sur tout ce qui vibre ! Aucune âme ne doit échapper à la purge ! Nous avons la chance d’avoir un dieu, Nous vaincrons le diable à nouveau ! »
Des tirs résonnent, déchirent la nuit, des corps s’effondrent dans un ballet tragique, les morts se comptent par dizaines, parmi les justes.
Des soldats Kabyles, l’âme alourdie, pénètrent en scène, traînant les cadavres de leurs frères d’armes, chantant leur mauvais sort.
Chant Kabyle par les maquisards :
Ma mère,
Ô ma mère très douce,
Mon esprit est tordu comme un sarment,
Quand je me suis éveillé à moi-même,
La foule était déjà dispersée,
Et j’ai connu ma solitude,
Derrière les montagnes
Le soleil est tombé,
Vers le passé
Les ponts sont coupés.
Le surlendemain de la purge.
Lamentations de paysannes sur les tombes de leurs maris.
Première voix en larmes :
Mon cœur est toujours malade,
Malade à cause des hommes de mal,
Ils se glorifient des œuvres des autres,
De cuivre vil,
Ils fondent des bijoux d’argent,
Ils ne plantent pas,
Ils déracinent,
Deuxième voix sanguinolente :
Voici que mon cœur est couvert d’ulcères,
Pour d’autres blessures il n’y a plus de place,
Les sources de ma vie sont taries,
Nous nous aimions par-dessus tout au monde,
Nous étions soudés l’un à l’autre,
De la trahison nos cœurs fuyaient l’ombre,
Mais tel est le vouloir des anges,
La malédiction est inscrite sur mon front,
Aurais-je détruit un sanctuaire ?
Scène sept.
Le narrateur.
Le lendemain de la purge des insurgés, Boumboum se tenait là, contemplant le sol qu'il revendiquait avec une ferveur tumultueuse. Sa détermination était palpable, prête à affronter quiconque oserait s'opposer à lui, car toute résistance était perçue comme une menace envers les intérêts d(une caste et d’infime peuplade déjà à la solde sous le joug des dirigeants, dont les DAF faisaient partie intégrante.
S'adressant à son public, Boumboum déclara : "Grâce à ta piété ô peuple glorieux parmi tous, nous avons déjoué l’infâmie d’un groupe d’insignifiants sans culte ni origine. Je tiens à saluer l'esprit indomptable de nos guerriers, qui ont infligé à nos ennemis une défaite cuisante et mémorable.
Nous avons été plus forts et plus vigilants ! Le nombre de victimes dans leurs rangs témoigne de notre puissance inébranlable. Qu’ils brûlent en enfer. Notre pouvoir est inaltérable, notre langue inimitable, notre voie inévitable, notre demeure imprenable. Notre résolution à protéger la population de ces vautours qui planent à ras de notre ciel est la seule voie viable, et elle demeurera intacte jusqu'à ce que justice soit rendue aux contribuables."
"Il reste quelques voix dissidentes, quelques esprits égarés qui s'accrochent à leurs mauvaises habitudes et refusent de se joindre à notre noble cause. Nous leur avons offert la chance de survivre, mais ils ont choisi l'anathème. Par conséquent, ils ont été maudits à jamais. Ils ont rejeté notre clémence, car ils désirent que nos chemins divergent. Eux, ils souhaitent vendre cette citadelle aux enchères, tandis que nous aspirons à redonner vie à cette terre mourante."
"La tâche de déloger ces traîtres vous a été confiée, ô gens courageux et virils, vous avez accompli votre devoir avec une discipline digne des successeurs de nos martyrs, vous êtes les héritiers de la révolution et gardiens de notre patrimoine plusieurs fois séculaire. C'est la promesse tenue envers nos frères d'armes ! Comme vous le voyez, ayant succombé aux combats, ils ne sont plus parmi nous."
À ces mots, les DAF échangent des regards moqueurs, tandis que Boumboum, feignant d'essuyer des larmes de crocodile avec son jouet en mouchoir, poursuit : "Qu'ils soient fiers de nos exploits et de l'avènement de notre nouvelle république démocratique et populaire, avec les libertés collectives et les libertés individuelles sur lesquelles nous nous sommes mis d’accord et pour lesquelles ils sont tombés en martyrs attachés à leur sol... elles leur appartiennent aussi."
-Ovations délirantes des partisans de Bomboum.
Boumboum pète. D’autres ovations retentirent, et Boumboum, dans un geste théâtral, laissa échapper un autre éclat sonore, accueilli par un autre tonnerre d'applaudissements.
Chœur :
Des personnages censés être en mutation,
Déambulent autour d’un jardin.
Chabane jeune colonel en ébullition,
Accoste d’un geste soudain,
Des vieux de la révolution,
Hé, vous-là !
Braves maquisards,
Vous êtes assis là
Sur vos bancs tous peinards
Et n’êtes même pas au courant !!!
Des derniers événements…
Ses amis du maquis le coupent et ripostent :
Justement nous venons de l’apprendre sur ce poste !
Vous parlez de la purge Kabyle ?!
Nous l’avons bien su et sommes restés immobiles !
Nous sommes tous des lâches enfin,
Nous avons laissé faire un piètre faquin,
À l’heure de la guerre il partit bien loin,
Et de sa personne il prit bien soin,
Il attendit le temps que revienne le calme,
Et pour s’introniser il enfila ses palmes.
Des membres ayant encore le sang bouillonnant,
S’élevèrent bien haut pour clairement lui dire non !
Voix du petit peuple qui manifeste dans les rues :
Nous n’acceptons plus,
Ni guerre ni répression,
Et le monstre qui nous provoque,
Paiera l’addition,
Sept ans et demi ça suffit,
Ô cerveaux infects,
Ô cerveaux bouffis,
Lumière,
Scène huit.
Narrateur. La scène est scindée en deux. À gauche, Boumboum et sa meute, à droite, le restant de ses opposants encore en vie. Chaque groupe s'anime tour à tour, chacun prenant la parole, séparément, en alternant.
Contexte. Le groupe de l’opposition discute de la situation déjà tragique.
Les voix opposantes dans la partie A de la scène.
Voix 1 : En un dernier sursaut, au cœur de cette épreuve cruciale, ils ont atteint le lieu où ils ont tissé leur piège perfide. Avant cela, ils s’étaient retirés se drapant d’un prétexte fallacieux : poursuivre des études et soutenir la révolution depuis l’exil. Dans quel pétrin sommes-nous tombés ?
Voix 2 : Et les voilà, désormais maîtres sur la scène ! Ils n’ont jamais goûté aux affres du combat. Ils ont attendu patiemment que des âmes vaillantes défrichent le chemin, puis, tels des renards rusés, ils ont investi les lieux, escortés de chars et d’un bataillon acquis par leurs intrigues. Boumboum, quant à lui, n’est pas seul… ce Moyen-Orient, avec son culte et ses traditions dénaturés, s’empare de notre sol par sa complicité ! Bientôt, ils détourneront toute cette population de sa réalité, insufflant dans leurs esprits, comme une drogue, leur langue de bois ! Et Boumboum sera le héros de cette tragédie, un héros qui fera trembler les cœurs par son inhumanité !
Chabane le jeune colonel : un héros de pacotille ! comment peut-on craindre un pareil cachotier ? C’est un guide guidé, qui n'est que le pantin de ses maîtres-proxénètes bassistes.
Voix 3 : Il faudra les raser avant qu’ils nous ne rasent !
Dans la partie B de la scène.
Boumboum, chauffé à blanc, s’adresse au public : Je dénonce ! Je m’en offusque ! Des langues zélées, endoctrinées, beuglent à l'instant même, répandant le bruit d’une attaque inéluctable et impérative, d’une razzia contre moi ! Contre ce peuple brave et désarmé, épuisé par les guerres ! Et maintenant, Chabane nous inflige une honteuse démonstration de haute trahison en refusant de nous soutenir. Lui et son clan, manipulent dangereusement la situation, cela risque de se propager si ce vent-là re souffle ! si ce courant se renforce, les conséquences seront désastreuses ! Voilà pourquoi nous sommes tous réunis ici ! »
Partie A de la scène.
Voix 3 : Tout a fendu comme du beurre devant l'allégeance, les DAF lui rendent bien des services, par leur opportunisme et leur duplicité d’obséquieux-dominateur.
Chabane : Il le doit surtout à nos anciens compagnons qui ont troqué leur combat pour des calembredaines.
Partie B.
Boumboum séparément interroge ses acolytes, dans tous ses états : Vous voyez ? la jalousie ! Ils veulent tous me renverser ! Chabane, mon camarade d’hier, prend leur défense et, pire encore, me menace ! Vous l’avez entendu, j’espère ! cette fois-ci, ne me dites pas que c’est le vent qui a parlé !
Feu-au-bout attise Boumboum : Cela est vrai, ils aspirent à tout nous prendre si nous n’y prenions garde ! Il faut les écraser sinon c’est eux qui nous écraseraient !
Partie B.
Voix 3 : … ce ne sont pas des calembredaines, mais de grosses fortunes et d'énormes profits à rafler. Au moment où les masses se sentent affaiblies par la guerre, sans aucun espoir pour leur misère, ils ne se préoccupent plus que d'eux-mêmes, de leurs carrières.
Voix 4 : Des intrus malvenus ! des brebis galeuses ! Un jour de malheur s'abat sur notre contrée. Il est impératif de rester aux aguets, d’attaquer même, il faut nous défendre ! c'est urgent !
Partie B ;
Plus loin Boumboum courroucé s’adresse au public : Il y a sur cette terre sainte, arrosée du sang de braves hommes et de femmes, une région qui se croit au-dessus des autres. Ce sont des impies qui l’habitent et nous traitent de brebis galeuses et d’intrus malvenus. Une peuplade étrange et arriérée. Leur dialecte est d'une époque révolue est un déni de notre langue sacrée, une insulte à notre patrimoine mystico-culturel.
Plus loin l’opposition s’avance pour en découdre avec le clan à Boumboum prenant le public à témoin.
Voix 4 : Ils ne sont redevables qu’envers eux-mêmes. Leur liberté ils l’ont conquise par eux-mêmes, ils la doivent à leurs souffrances, à leur dévouement. Celui qui n’est pas content, qu’il aille prolonger ses vacances au proche orient.
Le désormais ancien colonel Chabane défie : L’armée a le devoir de protéger, non de contrôler ni de réprimer. Il n’y aura jamais de place pour les DAF ! Ils méritent un bel châtiment pour ce qu’ils nous ont fait endurer pendant la guerre !
Plus loin les putschistes avancent eux aussi.
Feu-au-bout : vous êtes une menace pour notre union, notre patrie, notre patrimoine, notre foi... et surtout pour la sécurité de chacun de vous, celle de notre grande famille qui mérite mieux que vous !
L’aile religieuse de Boumboum : il n’y rien à craindre ! Nous sommes unis, comme rapporté dans le livre saint ; « l’exemple des croyants dans leur union et leur altruisme est comme l’exemple d’un corps saint, si un de ses organes souffre, tout le corps en pâtit. » Comme le dit le Hadith !
Feu-au-bout : c’est le Hadith qui le dit ou bien c’est le livre saint ?
L’aile religieuse : C’est la même chose ! quand l’un dit l’autre confirme !
Partie B va en découdre avec Boumboum en avançant vers la partie B de la scène..
Voix 7 : vous menacez de mater notre rébellion pacifique. Pourquoi vous n’étiez pas venu pendant la guerre. Vous avez attendu que l’on vienne à bout de souffle, que nos combats se terminent, que nous déposions les armes et que nous rentrions victorieux au bercail, pour nous attaquer avec l’appui de nos camarades convertis, plus que jamais décidés à s’allier avec le diable pour gouverner. Voilà ce qui explique leur participation dans la lutte armée.
Colle-au-dos DAF en chef s’adresse défie la voix sept tout en s’adressant à Boumboum : Nous serons livrés à l’anarchie et à la déchéance, et nous porterons aussi notre part de responsabilité si nous laissons ces prétentieux prendre la relève. Nous avons laissé faire cet oiseau de mauvais augure. Il doit être soigné, il a perdu la raison (faisant allusion à Chabane)
Un truand en fixant Chabane : il ne fallait pas attendre aujourd’hui, nous avons trop tardé pour le faire ! nous vous avons loupé ! ce ne sera pas le cas cette fois-ci !
Chabane : oui le colon vous gênait. C’était l’obstacle à votre ambition de régner. Il fallait le dégager pour lui succéder aux rênes du pays. Nous restons mobilisés, nous avons le soutien de tous ceux et celles qui, hier, ont combattu à nos côtés et qui n’ont pas changer de camp. Croyez-moi, nous sommes loin d'être une minorité ! et vos DAF le payeront cher !
Collo-au-dos : Il faudra marcher sur nos cadavres, nous autres ! Notre détermination est intacte ! Vous verrez comme cela va être compliqué pour vous et pour ceux que vous défendiez ! Nous n’aurons aucune pitié pour vous ! et vos piètres compagnons petit colonel de bimbeloterie ! vous me le payerez de votre vie !
Chabane : Nous non plus ! tous les guerriers de notre époque sont dans nos rangs !
Colle-au-dos : Qui trouvera la motivation pour vous rejoindre ? Les gens sont épuisés et complètement désespérés. Vous n'avez plus de munitions.
Voix d’un opposant chuchotant à l’oreille de Chabane : Zut ! Nous avons rendu nos armes le lendemain du cessez-le-feu. Et maintenant, tout est entre les mains des tyrans. Tout est conspiration. C'est le Proche-Orient qui tire les ficelles de cette tragédie. On aurait dû rester sur nos gardes nous aussi, avant que ne survienne ce drame. Les spectateurs vont avoir plein les yeux
.
Chabane : Oui c’est une erreur d’avoir cru que c’était acquis. Encore une fois, des ennemis émergent de nos flancs. Désormais, cette histoire ne veut pas prendre fin ! et voilà nos Bacchus qui repoussent comme de l’ivraie dans une pleine abandonnée !
Séparément des opposants.
Boumboum murmure à l’oreille de Colle-au-dos : Oui, adjugé ! J’ai toujours redouté ce vil personnage. Nous l’avons déjà envoyé se battre dans le désert sans munitions pour qu’il périsse loin des yeux, loin du cœur. Ni vu ni connu. Mais il nous a fait de la peine, et nous l’avons fait revenir. Mais il m’a l’air immortel, ce rustre. Il faut en finir avec lui par tous les moyens !
Contexte : Chabane et ses compagnons dissidents, révoltés par l’ascension de ces déloyaux, s’éloignent, laissant des échos à ce personnage qui se goinfre d’adversité et à ceux qui l’escortent.
Les DAF suivent les dissidents, proférant insanités et menaces dans cette atmosphère de complots, d’abus et de harcèlement flagrants.
Un DAF, s’adressant aux opposants qui quittent la scène : Ne vous en faites pas ! Nous prendrons notre revanche, nous aussi !
Un autre DAF « Et vous, allez les rejoindre dans leur brousse ? Battez-vous contre nous ! Battez-vous à leurs côtés ! Montrez-nous votre audace ! de quoi vous serez capables ! »
« Vous aurez des figues et des olives en récompense ! » (Dixit colle-au-dos, défiant le colonel Chabane avec moquerie.)
La foule de DAF éclate d’un rire vulgaire, répétant avec le même sarcasme : Ô des figues et des olives… des figues et des olives ! Vous en serez bien servis si vous survivez ! Mais il faudra ramener de grands paniers pour la cueillette !
Un autre DAF ajoute : Hier, vous nous aviez chassés, aujourd’hui c’est nous qui vous chassions. Œil pour œil, dent pour dent ! Nous sommes partout où il y a une cause juste !
Furieux, le colonel Chabane laisse entendre : Ne vous inquiétez pas ! On vous a tous vus ! Vous êtes partout où elle est, pour la combattre, la bonne cause ! Pour provoquer son déclin et celui des justes qui se soucient de sa survie ! Oui, parce que vous êtes d’éternels vendus !
Le colonel Chabane s’éloigne, outré par l'incivisme de ces putschistes.
Boumboum : vous avez entendu la menace ? Ils veulent la guerre ! Ils veulent me renverser !
Les DAF à tour de rôle :
Voix 1- Oui, colonel, nous avons tout entendu !
Voix 2- Nous sommes là pour empêcher cette conspiration !
Voix 3- Nous allons vous venger, colonel !
Voix 4- Nous allons déconstruire cet assemblage absurde et insensé !
Colle-au-dos, DAF en chef, toujours...