Panique avant l’heure

Genres :
Thèmes : · · ·
Distribution :
Durée :

Une partie de poker qui tourne mal et sans le savoir Maxime Muguet, jeune publicitaire, va voir sa vie complètement chamboulée, un voyage tant espéré annulé, une femme qui désire divorcer, une maîtresse qui veut s’installer, une concierge bien incrustée, une mère ressuscitée, un diplomate bègue bien décidé, une belle-mère bien frappée, des gros clients embourgeoisés Bref, la journée s’annonce être un vrai cauchemar Après le succès de sa première pièce “Quel scandale !” Franck Morellon récidive avec cette comédie explosive, aux situations désopilantes, et aux personnages irrésistibles ! Bref une pièce délirante et du rire garanti.

🔥 Ajouter aux favoris

Soyez le premier à donner votre avis !

Connectez-vous pour laisser un avis !

 

ACTE I

 

Le téléphone sonne.

Au bout de cinq sonneries le répondeur s’enclenche.

Voix de Sarah - Bonjour.

Voix de Max - Bonjour.

Voix de Sarah - Vous êtes bien chez Max…

Voix de Max - … et Sarah.

Voix de Sarah - Nous ne sommes pas là pour le moment mais…

Voix de Max - … vous pouvez nous laisser un message après le bip.

Voix de Sarah - On vous rappellera dès notre retour…

Voix de Max - Oui, enfin si on a envie…

Voix de Sarah - Arrête !

Bip du répondeur.

Voix d’une femme - Bonjour, monsieur Muguet. Ici le secrétariat de M. l’ambassadeur, juste pour vous confirmer qu’un attaché de l’ambassade arrivera demain matin comme convenu dans le courrier que nous vous avons adressé. Je comprends que cela puisse vous bouleverser, mais ce sera je suppose un grand moment pour vous et toute votre famille.

Max entre. Il court et ferme la porte, effrayé. Le téléphone sonne. Il pousse un hurlement et répond.

Max - Allô !… Vanessa, mais ça ne va pas d’appeler ici ! Tu imagines si c’est ma femme qui avait décroché ?… Écoute, je pensais avoir été clair. Je t’ai déjà dit que je ne peux pas quitter Sarah. On en a discuté, ma femme souffre d’une grave dépression, elle est abrutie par les médicaments. Elle a besoin de moi… Écoute, on se voit de temps en temps, c’est déjà pas si mal… Bon, allez, je te laisse et ne m’appelle plus ici, c’est moi qui le ferai. (Il raccroche. On sonne. Il hurle.) Ahhhh ! (Il s’approche de la porte timidement.) C’est qui ?

Maria (hors scène) - C’est moi, monsieur Max ! Maria. (Max ouvre la porte, la tire par le bras et referme aussitôt.) Mais ça va pas bien, non ?!

Max - Qu’est-ce que vous voulez ?

Maria (reprenant son souffle) - Je vous ai couru après mais vous ne m’avez pas entendue. (S’asseyant.) Je suis au bord de l’apoplexie. Oh là là ! J’ai la tête qui tourne !

Max - Maria, ne faites pas un malaise chez moi ! Ce n’est pas le moment !

Maria - Merci beaucoup. Je crois que je suis en train de mourir !

Max - Vous avez monté deux étages à pied, faut quand même pas exagérer, on va pas vous enterrer demain. Faut faire du sport plus souvent, Maria, vous seriez moins essoufflée.

Maria - Eh bien, la prochaine fois je ne me déplacerai pas ! (Lui donnant la lettre.) Tenez, c’est pour vous. Apparemment elle traîne depuis un moment à la poste, regardez la date ; en plus elle vient de loin.

Max (prenant le courrier et le reposant) - Merci, mais c’est pas le moment de lire le courrier !

Maria - Vous êtes tout stressé, que se passe-t-il ?

Max (se regardant dans la glace) - Je suis pas un peu pâle ?

Maria - Pâle ? Non.

Max - Si, je dois couver quelque chose, je ne me sens pas bien. J’ai mal à l’estomac, je dois faire un ulcère.

Maria - Mais pas du tout, vous avez bonne mine, juste que je vous trouve stressé.

Max - Vous êtes sûre ? C’est une catastrophe !

Maria - Vous tenez tant que ça à être malade ? C’est vrai alors ce que votre femme m’a dit ?

Max - Qu’est-ce qu’elle vous a dit ?

Maria - Que vous étiez hypo… hypo… hypo je sais plus quoi.

Max - Hypocondriaque, oui, et alors ? Je me soucie de ma santé. Mais ça n’a rien à voir. C’est une catastrophe, Maria !

Maria - Quoi ? Votre voyage est annulé ?

Max - Mais non ! C’est une catastrophe, je vous dis !

Maria - Oui, j’ai compris. (Sortant.) Ça va vous faire du bien, vous, les vacances !

Max - Maria, est-ce que vous pouvez garder un secret ?

Maria (revenant en courant) - Bien sûr.

Max - Cet après-midi…

Maria - Oui ?

Max - … j’ai fait croire à ma femme…

Maria - Oui ?

Max - … que j’avais un rendez-vous avec un gros client italien.

Maria - Et vous étiez avec l’autre ?

Max (s’énervant) - Mais pas du tout ! (Réalisant.) Comment ça, l’autre ?

Maria - Vous croyez que je ne vois pas votre manège avec la petite blonde ?

Max - Pardon ?

Maria - Je l’ai vue sortir de chez vous la dernière fois. En plus qu’est-ce qu’elle fait vulgaire ! Franchement on se demande où vous l’avez dénichée celle-là, à Pigalle ?

Max - Je l’ai rencontrée dans une soirée de charité.

Maria - Vous allez aux soirées de charité, vous ?

Max - Mais non, c’était la première fois. Vous croyez que j’ai le temps de m’occuper des pauvres ? Ma vie est assez compliquée comme ça ! J’accompagnais seulement un ami qui ne voulait pas y aller seul.

Maria - Je me disais aussi, un radin comme vous ! C’était pour quelle association ?

Max - J’en sais rien je vous dis, j’ai pas écouté le discours.

Maria - Vous étiez occupé avec la blonde.

Max - Pas du tout. Elle fait partie de l’association… Oh ! et puis j’ai passé une nuit avec elle, j’étais bourré et depuis, elle me harcèle soi-disant parce que cette nuit-là je lui ai promis de l’épouser ! C’était une grosse erreur d’un pauvre mec complètement pinté. Et en plus Sarah était chez sa cousine à Meudon, je me sentais seul…

Maria - Ils disent tous ça ! Mais bon, une nuit, c’est une nuit de trop !

Max - Bon d’accord, deux nuits…

Maria - Oh !

Max - Trois au maximum, mais je suis un homme !

Maria - Et alors ? Vous êtes bien tous les mêmes ! Mais ne vous inquiétez pas, je ne dirai rien à votre femme.

Max - Puisque je vous dis que j’étais bourré ! L’alcool me fait faire n’importe quoi !

Maria - Si je vous suis, à chaque fois que vous avez trompé votre femme vous étiez ivre ? Mais alors vous êtes alcoolique !

Max - Oh ! ça va ! Et puis cela ne vous regarde pas, Maria, c’est ma vie privée ! Mais mon problème n’est pas là !

Maria - Alors quel est le problème ?

Max - Je disais donc que, cet après-midi, je n’étais pas avec un gros client italien.

Maria - Oui, jusque-là j’ai compris…

Max (hurlant) - Taisez-vous ! (Silence.) J’étais à une partie de poker.

Maria - Quoi ? Vous avez recommencé ?

Max - Oui, je sais, j’avais promis à Sarah de ne plus fréquenter ce milieu mais…

Maria - La dernière fois, vous avez été obligé de leur laisser votre gourmette en argent.

Max - Oui, mais c’était plus fort que moi. Je me suis donc retrouvé à une table de jeu avec des gros joueurs, si vous voyez ce que je veux dire.

Maria - Pas du tout. Et alors ?

Max - Et alors, j’ai joué. Au début j’ai tout sorti : les brelans d’as, un full aux rois, un carré de valets. J’étais même à deux doigts de la flush royale. Bref, le grand jeu. En moins de quarante minutes j’avais raflé pas loin de dix mille euros.

Maria - Et moi qui joue depuis dix ans au Loto et qui n’ai jamais rien gagné !

Max - Bref, je les avais plumés, ils ont commencé à s’énerver. Il n’y a rien de tel que de jouer au poker avec des gens tendus !

Maria - Tout à fait ! Tous les mardis, avec Mme Gonzalez, on joue au rami. Alors je vois très bien ce que vous voulez dire.

Max - Ça n’a rien à voir, et croyez-moi les mecs qui étaient à la table ne ressemblaient en rien à Mme Gonzalez. Bref, l’un des types, Salvatore, a augmenté la mise à deux mille euros. J’ai hésité longuement et comme la chance me souriait, je me suis dit « banco », faut continuer !

Maria - Et vous l’avez fait ?

Max - Oui, et c’est là que tout a dérapé. Plus aucun jeu, la Berezina ! Le mieux que je sortais c’était une paire de deux.

Maria - Aïe, aïe, aïe ! Une paire de deux ! Ce n’est pas bien ça ?

Max - Non, c’est nul ! En moins de dix minutes j’avais perdu tout ce que je venais de récolter.

Maria - Vous voyez, faut toujours arrêter à temps !

Max - Le problème, c’est que je n’ai pas arrêté.

Maria - Oh non !

Max - Je ne pouvais pas rester comme ça, il fallait que je me refasse. La chance avait tourné, mais j’étais sûr qu’elle allait revenir. Alors j’ai misé.

Maria - Et vous avez gagné ?

Max - Non ! Donc j’ai remisé…

Maria - Aïe, aïe, aïe !

Max - Et encore, et encore. Et là, dans mes mains, un carré de dames.

Maria - Et c’est bien ça ?

Max - Normalement c’est une très, très bonne main.

Maria - Normalement ?

Max - Mais pas là ! Salvatore me sort un carré d’as, incroyable ! Ça doit arriver une fois dans sa vie un carré d’as ! (Pleurant.) J’ai tout perdu, tout perdu, je suis une souillure !

Maria - Mais non monsieur Max, vous n’êtes pas une
« chouillure», vous en faites pas, l’important c’est que vous vous en rendiez compte… (Max la fusille du regard.)… que de jouer c’est mal. Quand vous dites « tout perdu » vous voulez dire…

Max - J’ai laissé ma montre, la voiture et encore, je ne vous dis pas tout… Je dois régler mes dettes au plus vite.

Maria - Comment allez-vous faire ?

Max - Comment voulez-vous que je fasse ? Sois je paie, sois je suis un homme mort.

Maria - Vous exagérez !

Max - Ça se voit que vous ne connaissez pas Salvatore ! Vous avez déjà vu « Le parrain » ?

Maria - Le parrain de qui ?

Max - Le film de mafioso avec Brando, Pacino.

Maria - Désolée, je ne parle pas italien.

Max - C’est le genre de type qui ne rigole pas, qui ne fait pas de sentiment. Le genre de mec qui à la moindre entourloupe vous fait sauter le caisson par son gorille.

Maria (ne comprenant pas) - Le caisson ?

Max - Il vous tire une balle entre les deux yeux, vous troue la cervelle, vous balance sous un train ; bref, le genre de type à qui il ne faut pas devoir d’argent.

Maria - Et qu’est-ce qu’il ferait avec un gorille ?

Max - Un gorille, Maria, c’est un mec qui fait le sale boulot à sa place.

Maria - Un peu comme moi, quoi !

Max - Hein ?

Maria - Qui fait le sale boulot, un peu comme moi ! (Aucune réaction de Max.) De toute façon il ne connaît pas votre adresse.

Max - Il n’a pas besoin que je lui donne ma carte de visite pour me retrouver.

Maria - Et qu’est-ce que vous allez faire ?

Max - Je ne sais pas.

Maria - Vous lui devez combien ?

Max - Trente mille euros !

Maria - Quoi ?! Mais ce n’est pas possible !

Max - Si.

Maria - C’est une catastrophe ! Comment avez-vous fait pour perdre trente mille euros en dix minutes ?

Max - Avec un carré de dames contre un carré d’as ! Suivez un peu, Maria.

Maria - Alors là vous êtes vraiment dans la mouise ! Heureusement que demain vous partez en vacances au Brésil ! Avec un peu de chance il ne se souviendra pas de vous !

Max - Je pars quinze jours, Maria, pas quinze ans ! Et puis de toute façon il m’a fait signer une reconnaissance de dettes.

Maria - Il faut réfléchir.

Max - C’est ça, réfléchir ! Réfléchir… Réfléchir que je vais finir une balle entre les deux yeux, oui !

Maria - Vous avez qu’à appeler la police.

Max - Et je leur dis quoi ? Que j’ai joué au poker avec des truands qui ont les poches remplies d’argent sale ?

Maria - Expliquez à votre parrain que vous êtes malade, que vous n’étiez pas vous-même et que pour vous le jeu c’est comme une drogue.

Max (hurlant) - Mais il s’en fout ! Je vous ai déjà dit que Salvatore n’était pas un tendre !

Maria - Ce n’est pas la peine de vous en prendre à moi ! J’y suis pour rien si vous êtes un minable ! Fallait faire attention.

Max (pleurant) - Je ne me contrôlais plus, l’appât du gain était plus fort, je me sentais surpuissant.

Maria - Surpuissant ? Résultat vous revenez à pied, sans montre et bon pour finir mort chez vous. À moins que vous ayez aussi joué votre appartement ?

Max - Bien sûr que non… (Il réfléchit.) Je n’y ai pas pensé !

Maria - Et vous allez faire quoi alors ?

Max - Je ne sais pas.

Maria - Sarah va être furieuse.

Max - Sarah ne va rien savoir !

Maria - Vous êtes bien obligé de lui dire, elle va bien se rendre compte qu’elle n’a plus de voiture ! Et qu’il vous manque trente mille euros !

Max - Je lui dirai que… que… que la voiture est au garage ! Et que j’ai prêté de l’argent à un ami !

Maria - Trente mille euros ? Vous les...

Il vous reste 90% de ce texte à découvrir.


Achetez un pass à partir de 5€ pour accéder à tous nos textes en ligne, en intégralité.




Acheter le livre


Retour en haut
Retour haut de page