Janine Truchot a disparu

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Trois comédiennes vives et douées, mais en manque de propositions, habitent un logement sous les toits, au sixième sans ascenseur. Trois tempéraments actuels : Julie, délurée qui ne compte plus les déconvenues sentimentales, Camille, charmeuse, rêveuse et distraite, Marthe, rockeuse de charme, toujours la pêche ! Un trio épique, mouvementé, drôle. Un jour, débarque chez ces dames, François, placeur en assurances. Il se trouve embarqué dans de sacrées péripéties, des aventures incroyables, des imprévus délectables. Les réactions de chacun vont être pour le moins, imprévisibles…

ACTE I

 

Au lever du rideau ou lorsque les lumières s'allument, on découvre deux filles s'activant dans des mouvements de gym. L'une des deux, fulmine.

MARTHE : (après un temps) Ras le bol ! Tu m'entends ? Ras le bol !

CAMILLE : Chérie, tu te répètes.

MARTHE : (inspirée) Lorsqu'on répète cinq fois la même chose, ça prouve le volume énorme de lassitude qui nous mine !

CAMILLE : Tu vas éclater !

MARTHE : Tu pourras ramasser les morceaux !

CAMILLE : Merci. J'ai déjà donné !

MARTHE : Sympa la copine !

CAMILLE : T'arrêtes pas de sombrer ! On se lasse ! Il y a des mauvaises habitudes à ne pas prendre !

MARTHE : C'est pas juste !

CAMILLE : Quoi ?

MARTHE : Toi ! Tes sourires ! ton assurance ! ta pêche ! Nous sommes dans la même dèche, je flippe un max' tandis que toi, tu t'éclates comme si de rien n'était.

CAMILLE : Tu veux que je te dise : tu te plantes royalement. T'étais faite pour le fonctionnariat. Sécurité matérielle et prime de fin d'année !

MARTHE : T'as du gardénal ?

CAMILLE : (surprise) Euh, non... Pourquoi ?

MARTHE : Après ton verdict, je n'ai plus cinquante solutions pour m'en sortir. Il ne me reste plus qu'à avaler un tube complet ! Je quitterai la terre sans laisser de regrets... Dans l'indifférence totale d'un public pas encore conquis. (Se reprenant) Et puis, basta ! J'ai rien à prouver ! Je suis attendue !

CAMILLE : Ah, oui ? J'ai vu personne derrière la porte !

MARTHE : (haussant les épaules, se levant) T'es jalouse ! Voilà la vérité. Tu sais qu'avec ma sensibilité frémissante qui peut parfois m'abattre, je suis une véritable comédienne riche d'émotions ! (Fixant son amie) Pas très courant, le modèle...

CAMILLE : Tu insinues quoi, là ?

MARTHE : A défaut d'être fragile, tu es intelligente. Tu m'as parfaitement comprise.

CAMILLE : Je crois que nos relations diplomatiques sont définitivement rompues !

MARTHE : (éclatant de rire) Arrêtons la casse ! Tu es une actrice merveilleuse. La plus grande, juste après moi !

(Julie apparaît. Elle regarde stupéfaite ses amies.)

 

JULIE : Merci ! Je suis une nouvelle fois larguée ! On s'absente quelques minutes et on vous enterre aussi sec ! Sympas les copines !

CAMILLE : Mais voilà notre Scarlett !

JULIE : (absorbée) J'arrivais pas à m'en débarrasser. Dingue !

MARTHE : Mais de qui parles-tu ?

JULIE : De Janine ! De Janine Truchot, évidemment !

CAMILLE : Qui est-ce ?

JULIE : La femme à Marcel !

CAMILLE : Quel Marcel ?

JULIE : Faut vous faire un dessin ? Vous pigez pas vite ! Et puis, pas envie de m'appesantir sur ces beaufs ! Alors ! quelles nouvelles, les filles ?

CAMILLE : Rien de génial. Marthe a reçu un appel d'Hollywood. On lui propose trois semaines de tournage auprès d'Eddie Murphy.

JULIE : OK ! Ça veut dire que l'incomparable Olga Spielberg a loupé son casting au théâtre de Bagneux ?

MARTHE : Ecœurant ! J'étais la meilleure ! Mais le metteur en scène n'avait d'yeux que pour un boudin anglais. Je suis sûre qu'après l'audition, il se l'est tapée ! J'en attrape des nausées !

CAMILLE : (à Julie) Et toi, ton rancart ?

JULIE : (étouffant des sanglots) Parlons d'autre chose.

CAMILLE : (avec espoir) Oh ? T'as rompu ? Mais faut fêter ça ! Champagne pour tout le monde !

MARTHE : Tu descends chez l'épicier ?

JULIE : (pleurant doucement) Je suis malheureuse ! On devait se retrouver au resto. Ce salaud parce que j'avais un quart d'heure de retard, s'est tiré !

CAMILLE : Une balle dans la tête ?

JULIE : Pire ! Ailleurs...

CAMILLE : Dommage...

MARTHE : T'en as pas marre de tous les plans qu'il te fait ?

CAMILLE : Elle ? Elle en redemande ! C'est une maso !

JULIE : (reniflant) Un peu plus tard, je l'ai appelé chez lui, il m'a raccroché au nez. J'ai renouvelé son numéro, il avait branché son répondeur !

CAMILLE : Quel lâche !

MARTHE : Un chien galeux ! Une vermine ! Un nul !

CAMILLE : Mais pourquoi t'accroches-tu à ses basques ? Il t'apporte rien, ce type ! Il n'est même pas beau !

JULIE : (hésitant, timidement) Il baise comme un dieu.

CAMILLE : C'est tout ?

JULIE : Pas si facile de trouver aujourd'hui, un mec qui assure.

CAMILLE : Sur ce point, je ne te donne pas entièrement tort ! On les compte sur les doigts d'une main.

MARTHE : Moi, dans ma vie, j'ai un ami sublime. Tendre, attentionné, vachement drôle. Seulement voilà, il est pédé !

CAMILLE : C'est vrai, dès qu'un garçon se présente sympa, pas trop branché foot et mécanique, pas trop humour au ras des pâquerettes, pas trop pingre, c'est pas pour nous. Vraiment de quoi flipper !

MARTHE : Les filles, ne nous laissons pas abattre ! Nous devons nous sortir de ces situations indignes de nos personnalités accomplies !

CAMILLE : Nous sommes des comédiennes incomparables et on nous ignore ! Quelle frustration !

JULIE : Moi, je choisis la solution définitive. Quelqu'un a-t-il un peu de cyanure sous la main ?

CAMILLE : Ça peut arranger ta situation ?

JULIE : Ça lui mettrait un terme.

CAMILLE : Alors toi, tu me scies ! Tu priverais la terre, d'une fille épatante comme toi ? Mais on ne s'en remettrait pas !

MARTHE : Moi aussi, j'en ai marre ! A un point, vous pouvez pas savoir ! Tiens, mon boulot dans le self minable : il me sort par les yeux ! Et je te parle pas de “la grosse” !

CAMILLE : Quelle grosse ?

JULIE : (se ressaisissant, souriant) Janine Truchot, bien sûr !

MARTHE : Arlette, ma patronne. Elle glande rien alors elle te fait turbiner comme une dingue ! Et puis, le salaire ! Je me crève pour des miettes ! La misère ! L'aumône ! La manche !

CAMILLE : Ajoutons à tout cela mes chéries que nous avons trois loyers de retard.

JULIE : (soufflant) La galère...

CAMILLE : Tout ça c'est bien gentil mais j'ai un estomac qui hurle ! Qu'est-ce que je sors du congèle ?

JULIE : Tu choisis !

CAMILLE : Il reste des tournedos ?

JULIE : Non.

CAMILLE : Des tomates farcies, ça vous dit ?

JULIE : Tu rêves !

CAMILLE : Des andouillettes ! Super !

MARTHE : On les a toutes digérées, vendredi dernier.

CAMILLE : Entendu. Affichez la couleur !

JULIE : Une boîte de sardines et encore...

CAMILLE : Pas le choix. On se rabat sur les œufs dans le frigo ?

JULIE : T'oublies l'omelette aux cèpes d'hier soir...

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