Mes meilleurs ennuis

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Le lendemain d’une soirée bien arrosée, deux frères s’apprêtent à assister au mariage de leur sœur. Une matinée somme toute normale, mais qui va tourner au cauchemar ! Ce vaudeville des temps modernes est extrêmement bien rythmé, les situations s’enchaînent et s’épaississent à vitesse grand V, les répliques fusent, les portes claquent et les quiproquos se succèdent pour le plus grand bonheur du spectateur…

Si vous cherchez une pièce originale, drôlissime, énergique, délirante et qui conquiert à coup sûr le “tout public”, ne cherchez plus : vous avez trouvé ! En effet, après plus de mille représentations à Paris “Mes meilleurs ennuis” a fait ses preuves. Depuis plus de six ans et quels que soient l’âge du public, les différents théâtres ou les changements d’horaires, le spectacle rencontre toujours le succès.

La scène s’éclaire en musique. On est chez les jumeaux.

Mme Rodriguez passe l’aspirateur en dansant et chantant.

Arthur entre, tête de lendemain de fête.

Mme Rodriguez - Ah ! bonjour Tanguy !

Arthur coupe l’aspirateur et s’assoit sur le canapé.

Arthur - Arthur, madame Rodriguez… Moi, c’est Arthur…

Mme Rodriguez - Oui. Arthur. Tanguy c’est le même problème.

Arthur - Qu’est-ce que vous faites là, Paquita ?

Mme Rodriguez - Ça se voit pas ? Je fais des claquettes ! Qu’est-ce que je fais… Je fais le ménage !

Arthur - Oui, je vois ça, mais on avait dit que vous veniez le mercredi, madame Rodriguez, parce que ça vous arrangeait plus, soi-disant…

Mme Rodriguez - Ah oui ! Mais mercredi, j’ai pas pu ! Il m’est arrivé une tuile, mais une tuile de chez tuile ! Figurez-vous que j’étais partie pour cirer le parquet avec la nouvelle cire d’abeille… Vous connaissez la cire de la pub ?

Arthur - Non, je connais pas la cire de la pub, non…

Mme Rodriguez - Mais si ! La pub : « Nous sommes des petites abeilles et nous faisons des merveilles ! » Tu parles des merveilles, oui ! J’ai commencé à cirer le parquet du rez-de-chaussée, au bout de cinq minutes qu’est-ce qu’elle m’a fait la cire ? Elle me fait des boutons ! Je me suis fait des cloques partout sur le visage. Mme Rufus, la locataire du dessous, elle est sortie, elle m’a pas reconnue, elle m’a emmenée d’urgence à l’hôpital Saint-Louis ! Là, ils m’ont gardée toute la journée. J’ai été obligée d’appeler Mme Ashkénaze, la locataire du premier, pour qu’elle me prenne la petite…

Arthur - Bref, bref, bref, madame Rodriguez ! C’est pas grave, mais on avait dit que si vous veniez pas le mercredi, vous veniez… je sais pas, moi… le jeudi, le mardi, le lundi, mais pas le samedi, madame Rodriguez ! En plus ma sœur se marie tout à l’heure à un militaire, on a fait la fête toute la nuit, j’ai dormi deux heures, alors j’ai besoin de calme…

Mme Rodriguez - Justement ! À propos de votre petite sauterie d’hier soir, faudrait faire attention au bruit, quand même, parce que Mme Rufus, la locataire du dessous, elle est pas très contente…

Arthur - Excusez-nous, on enterrait la vie de garçon du futur marié, logiquement ça ne se reproduira plus…

Mme Rodriguez - Si… Bon, je m’y remets, ça va pas se faire tout seul ! Tenez, le courrier ! (Elle lui tend le courrier.)

Arthur - Ah ! ben, c’est encore ouvert !

Mme Rodriguez - Si…

Elle rallume l’aspirateur. Arthur l’éteint.

Arthur - Merci, mais vous pouvez y aller…

Mme Rodriguez - Mais j’ai pas fini !

Elle le rallume ; il l’éteint.

Arthur - Je sais, mais c’est pas la peine de continuer…

Elle rallume plusieurs fois ; il éteint à chaque fois. Il finit par débrancher l’aspirateur.

Mme Rodriguez - Ah !… Je laisse le bordel ? Je laisse la maison tout en bordel ?

Arthur - Voilà… On s’en occupera.

Mme Rodriguez - Très bien, j’y vais… (En sortant.) Amusez-vous bien à l’église !

Arthur - C’est ça ! À plus !

Le téléphone sonne.

Mme Rodriguez (off) - À plouss’ !

Arthur répond au téléphone.

Arthur - Allô ! (…) Ah ! maman ! (…) Oui, je suis debout… (…) Tanguy aussi il est debout, à côté de moi. (…) Non, je peux pas te le passer parce qu’il est debout à côté de moi… sous la douche ! (…) Oui… (…) Quoi ? (…) On y va avec Romane, Salomé et Richard, je te l’ai répété mille fois ! T’es chiante ! (…) Quoi ? (…) Mais pourquoi tu les as pas fait livrer directement à l’église ? (…) Mais si, ça se fait très bien… (On sonne à la porte.) Bon, maman, il faut que je te laisse, on sonne à la porte. À tout à l’heure… (…) Oui, maman. Bisous. (Il raccroche.) Tanguy, debout !

Tanguy (off) - J’arrive !

Arthur va ouvrir la porte. Salomé entre.

Salomé - Ah ! t’es réveillé ! C’est mortel ! J’ai grave besoin de toi !

Arthur - Salomé, qu’est-ce que tu fous là ? On part dans plus de deux heures !

Salomé - J’me barre poser pour des photos, j’en ai pas pour longtemps. J’me change et j’y vais.

Arthur - Quoi ?

Tanguy entre, tête de lendemain de fête.

Tanguy - Salut…

Arthur et Salomé - Salut !

Arthur - T’as oublié qu’on mariait Marie ce matin ?

Salomé - J’te dis que j’en ai pour une heure à tout briser.

Arthur - « À tout casser ».

Salomé - J’t’explique : hier soir, on était dans une boîte
« Chippendales » pour la soirée de Marie. Moi ça m’a soûlée, j’suis restée au bar, et j’ai rencontré Steven, un photographe professionnel. Il a une séance ce matin à deux pas d’ici, seulement la flippée qui devait poser pour lui, lui a foutu un plan, donc il m’a proposé de la remplacer. Point rare.

Arthur - « Point barre ». Tu vas remplacer un mannequin ?

Salomé - Ouais.

Arthur - Professionnel ?!

Salomé - Ben ouais ! Et alors ?

Arthur - Rien… (À Tanguy.) Eh ! t’as entendu ? Elle va remplacer un mannequin ! (Rires.)

Salomé - Hé ! ho ! (Elle gifle Arthur.) J’ai de l’expérience : j’ai été élue trois années consécutives Miss Summer au camping du Hamel Burnouf ! De toute façon, j’ai besoin de faire ces photos, j’ai de gros problèmes de fric…

Arthur - T’es payée combien ?

Salomé - Trois mille euros au black !

Arthur - Mais Salomé, qu’est-ce que tu fais pour trois mille euros au black ?!

Salomé - Ben, rien de désagréable… Bon, j’y vais. (Elle va pour sortir.) Ah ! détail important : si Richard appelle, tu lui dis que je suis descendue à la bibliothèque pour chercher un extrait de Bible pour la cérémonie… Tiens, ça c’est le numéro du studio. S’il téléphone, tu m’appelles, j’le rappelle, quoi !

Arthur - Parce que Richard n’est pas au courant ?

Salomé - Non, excuse-moi, j’me voyais mal lui dire : « Chéri, j’descends poser à poil pour “Penthouse”, j’reviens dans une heure ! »

Arthur - « Penthouse » ?

Salomé - « Penthouse ».

Arthur - « Penthouse » ?!

Tanguy - « Pentouze » !

Arthur - « Pentouze » !! Mais Salomé, t’es folle ! Tu sais ce que font les filles dans ce genre de magazines ?

Salomé - Ben, quoi ? C’est la nature…

Arthur - La nature… Mais tu connais à peine ce type ! Qui te dit que c’est pas un gros vicieux qui va te foutre… je sais pas, moi… complètement à poil au milieu d’une bande de gorilles en érection ?!

Salomé - Une bande de gorilles en érection ? J’adore !

Arthur - Oui, j’ai déjà vu : « New Look », mars 2001 !

Salomé - Non, mais t’es hystéro, Arthur ! Tanguy, dis quelque chose !

Tanguy - Mal à la tête…

Salomé - Bon, j’vais faire des photos légèrement dévêtue, mais c’est bon ! J’suis majeure et toutes mes dents, j’risque rien. De toute façon, Richard dort comme un loup.

Arthur et Tanguy - « Un loir » !

Salomé - Il appellera pas ! Au pire, si y’a un problème, vous m’appelez.

Arthur - D’accord, mais c’est la dernière fois, Salomé…

Salomé - Promis. T’es un amour. (Elle lui fait signe d’approcher.) Hep ! hep ! hep ! (Elle l’embrasse.) Twingo ! (Elle va pour sortir). Ah ! au fait, les gars…

Arthur et Tanguy- Quoi ?

Salomé - J’ai eu Mme Cheville au téléphone. Il faut absolument que quelqu’un appelle Achille, il va pas bien…

Arthur et Tanguy- Encore?

Salomé - Ouais… (Elle sort.) Allez, à plus, bisous, ciao, bye !

Arthur - Ouais… À plus, bisous, ciao, bye… (Le téléphone sonne.) Tanguy, réponds ! C’est maman. Moi, je l’ai déjà eue…

Tanguy (au téléphone) - Allô ! (…) Oui, maman… (…) Oui, je suis réveillé, tu vois… (…) Non, pas beaucoup… (…) Quoi ? (…) Mais on y va avec Romane, Salomé et Richard, je te l’ai répété mille deux cent douze fois ! T’es chiante ! (…) Hein ? (…) Non, on n’a rien reçu…

Arthur - Je comprends pas pourquoi elle les a pas fait livrer direct à l’église… (On sonne à la porte.) Ah ! moi j’y vais pas ! Je vais faire du café. Tu vas ouvrir. Et si t’as un moment, profites-en pour appeler Achille, il va pas bien…

Arthur sort.

Tanguy (au téléphone) - Bon, maman, on sonne à la porte… (…) Oui, je vais ouvrir… À tout à l’heure… (Il raccroche.) Qu’est-ce qu’ils ont tous à me faire chier ce matin ?

Il va ouvrir. Romane entre.

Romane - Tanguy ! J’crois que j’suis enceinte !

Tanguy - Quoi ?!

Romane - Je suis enceinte Tanguy je crois !

Tanguy - Jure !

Romane - Mais je te jure ! Enceinte je suis je crois Tanguy !

Tanguy - Oui, bon, ça va, j’ai compris…

Romane - J’comprends pas comment ça a pu arriver, on a fait super attention, j’ai pris ma pilule tous les soirs à la même heure, j’suis hyper sérieuse, j’fais tout pour que ça s’passe bien, en plus Arthur en ce moment il est vachement distant, à la maison ça va pas, j’me sens plus chez moi et là j’ai trois semaines de retard, ça m’bouffe la tête, j’ai pas osé en parler à ton frère parce que ça va pas, j’sais plus où j’en suis, et pour couronner le tout mon nouveau Spir 2000 m’a lâchée ce matin… (Elle fait une crise d’asthme.)

Tanguy - Ça y est, elle va nous taper un arrêt respiratoire ! Fais le petit chien !

Romane (ne comprenant pas) - Ouah ! ouah !

Tanguy - Mais qu’est-ce qu’elle fait ? Qu’est-ce que tu fais ? Tu souffles à la façon du petit chien ! (Il lui montre. Elle souffle.) Ventoline ! (Elle lui donne son sac. Il sort la Ventoline et lui fait aspirer trois grandes bouffées. Elle s’assoit.) Ça va mieux ?

Romane (encore haletante) - Oui…

Tanguy - Bon, je vais chercher Arthur, il est dans la cuisine.

Romane - Attends ! Laisse-moi me mettre en condition, je sais absolument pas comment lui dire…

Tanguy - Écoute, c’est simple : dans ce genre de situation, et en particulier avec Arthur, le mieux c’est d’être franc et direct.

Romane - Franc et direct ?

Tanguy - Je pense.

Arthur entre.

Arthur - Bon, j’en ai lancé du bien serré parce qu’il va falloir tenir toute la journée ! (Il voit Romane.) Ben, t’es déjà là, toi ?

Romane - Oui, je… je suis passée plus tôt parce que… parce que… j’ai flingué mon nouvel aspirateur !

Arthur - Ah ! merde ! Et alors ?

Romane - Rien. Je voulais te le dire, c’est tout.

Arthur - Eh ben, ça y est, tu l’as dit… T’as pris ton p’tit déj’ ?

Romane - Non, pas encore.

Arthur - Bon… Opération petit déj’ donc. Je vais chercher le reste, je m’habille et j’arrive. Tanguy, tu peux surveiller le café s’il te plaît ?

Arthur sort.

Tanguy - Dis donc, tu te fous de ma gueule, toi ? C’est ça, « franc et direct » ?

Romane - Tanguy, j’peux pas, il va super mal réagir… Tu le connais, non...

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