Disparitions sur scène

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SCÈNE 1 Paul X, seul en scène   Paul X joue du saxophone. Il arrête de jouer, le morceau de musique se poursuit. Il se dirige vers un magnétophone qu’il arrête et il reprend. On s’aperçoit alors qu’il joue faux. Paul X, tendant l’oreille et répondant à un spectateur fictif. – Pardon ? Je joue …

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SCÈNE 1

Paul X, seul en scène

 

Paul X joue du saxophone. Il arrête de jouer, le morceau de musique se poursuit. Il se dirige vers un magnétophone qu’il arrête et il reprend. On s’aperçoit alors qu’il joue faux.

Paul X, tendant l’oreille et répondant à un spectateur fictif. – Pardon ? Je joue faux ? J’en conviens. Je fais pourtant des efforts pour jouer du saxo aussi bien que mon modèle de détective : Nestor Burma. (Pour lui-même et au public.) C’est drôle, je m’adresse à ces gens-là… (Montrant le public.)… comme on le ferait au… au théâtre. (Il tend l’oreille et répond à un spectateur fictif.) Comment ? C’est normal ? (Au public.) Et pourquoi ? (Il tend l’oreille et répond à un spectateur fictif.) Parce que je suis un personnage de théâtre ? (Il rit.) Je voudrais bien voir ça ! Excusez-moi, je ne me suis pas présenté : Paul X, détective privé. Pourquoi Paul X ? C’est pour que les clients soient assurés de ma discrétion sur toutes les affaires traitées : enquêtes, filatures, observations… (Un temps. Il bâille.) Mais en ce moment, je n’ai pas d’affaire en vue. Pas la moindre demande de recherche de voleur ou d’assassin. C’est pourquoi je m’entraîne au saxo. Mais je me demande comment je vais pouvoir finir le mois et payer la location de mon agence de détective… (Il bâille de nouveau.) Bon, comme je n’ai pas de réel talent de musicien, je vais me jouer une petite berceuse bien méritée avec ronflements en « mi » majeur tout en espérant qu’un client m’appellera. Un peu de repos me fera du bien… (Il s’endort et commence à ronfler. Changement d’éclairage. La lumière est diffuse, comme dans un rêve. Sonnerie de téléphone. Il se réveille en sursaut.) Qu’est-ce que c’est ? Le téléphone ! (Il sort plusieurs portables.) Allô ! Allô ! Allô ! Allô ! (Il trouve enfin le bon téléphone.) Oui, madame, c’est moi, Paul X, détective privé. À qui ai-je l’honneur ?… Vous êtes directrice de théâtre et… (Étonné.)… des personnages ont disparu pendant une répétition ? Que voulez-vous que j’y fasse, madame ? En général, je recherche des personnes, pas des personnages. (Il écoute.) C’est bien embêtant, mais… Comment voulez-vous que… Vous me donneriez… Combien ?… C’est une belle somme. C’est à réfléchir… (Un temps très court.) C’est tout réfléchi : j’arrive. Donnez-moi l’adresse de votre théâtre. (Il note sur un carnet.) Théâtre du Rêve Éveillé, rue des Illusions-Comiques. Très bien. À tout de suite. (Au public.) C’est bien la première fois que je vais enquêter dans un théâtre et pour y retrouver des personnages. On dit toujours que les comédiens recherchent le leur ; cette fois-ci, ils ont besoin d’un détective pour les retrouver… Quelle drôle d’histoire, tout de même !

Il sort.

Noir rapide. Musique de jazz au saxophone.

 

 

SCÈNE 2

Paul X et le pompier

 

Panneau : « Entrée des artistes ».

Entrée en scène de Paul X.

Paul X. – Je suis arrivé par là… (Il regarde le panneau et lit.) « Entrée des artistes. » (Il se serre la main fièrement.) Salut, l’artiste ! Et, normalement, là où je me trouve, ce doit être la scène. (Il frappe du pied sur la scène, puis frappe les trois coups.) Ça m’a l’air solide. (Il regarde à droite et à gauche puis appelle.) Il y a quelqu’un ?… Il y a quelqu’un ?… Je ne vois personne.

Entrée du pompier.

Le pompier. – Eh, vous, que faites-vous ici ? Vous venez passer une audition ? Vous venez pour brûler les planches ? (Il ricane.)

Paul X. – Non, non, pas du tout. Je ne suis pas un incendiaire, monsieur le pompier, je ne veux rien brûler !

Le pompier. – Je plaisantais. Brûler les planches, ça signifie, pour un comédien… (S’enthousiasmant au fur et à mesure.)… jouer un rôle avec fougue, avec enthousiasme, avec ferveur !

Paul X. – Ah ! très bien !

Le pompier. – Je ne vous ai pas vu arriver. Par où êtes-vous entré en scène ?

Paul X, montrant le côté cour et le côté jardin. – Par là ou… par ici, je ne sais plus bien. De la gauche ou de la droite…

Le pompier. – Vous venez de la cour ou du jardin ?

Paul X. – De la cour ou du jardin ? Ni l’un ni l’autre, monsieur le pompier : je viens de dehors.

Le pompier. – Vous devez forcément venir de la cour ou du jardin, puisque vous êtes sur une scène de théâtre. Il n’y a pas d’autre possibilité. À droite c’est la cour et à gauche le jardin.

Paul X, montrant sa gauche et sa droite. – À droite la cour, à gauche le jardin.

Le pompier....

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