La guerre des paillassons

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6 f. – 5 h. – 2 enfants de minimum 10 ans – Décor : un appartement, un palier et une entrée de loge – Durée : 1h40

Pauline répète avec sa tante une scène pour décrocher le premier rôle dans le dernier Albodollar. La concierge, comme à son habitude, colle son oreille à la porte et surprend le dialogue lourd de sous-entendus. Persuadée qu’il se trame quelque chose, elle décide de mener son enquête. Elle met son mari à contribution, ses deux plus jeunes enfants s’en mêlent… Le quiproquo sera réciproque car la tante, persuadée que la fille aînée de la concierge est la rivale de sa nièce, va la mettre hors circuit. Sa belle-sœur, mère de Pauline et dépressive chronique, arrive avec la véritable rivale du casting à qui elle a administré des somnifères. Deux policiers interviennent : un vieux de la vieille, accompagné d’un jeune diplômé de l’école de police qui se gargarise d’un vocabulaire réglementaire. Il va falloir beaucoup d’ingéniosité pour qu’ils ne se rendent compte de rien.

Ne passez pas à côté de cette « guerre » désopilante et savoureuse de bout en bout !

 

 

 

 

 

Acte I

 

Appartement.

Alice - Ah ! écoute, ça suffit ! J’ai eu une journée assez éprouvante comme ça, alors n’en rajoute pas, s’il te plaît !

Pauline (ironique) - Toi ! Une journée éprouvante, vraiment ? Laisse-moi rire…

Alice - Je t’interdis de prendre ce ton ironique.

Palier : la concierge s’approche de la porte de l’appartement.

Mme Truchard - Ouh là là ! ça barde, là-dedans !

Appartement.

Pauline - Tu n’as rien à m’interdire du tout, je prends le ton que je veux.

Alice - Je te rappelle que tu es ici chez moi et tant que tu seras sous mon toit, je te conseille de me montrer un minimum de respect.

Pauline - On ne respecte que les gens respectables ! Et c’est loin d’être ton cas.

Palier : la concierge colle son oreille à la porte.

Mme Truchard - Tiens, tiens… Ça devient intéressant.

Appartement.

Alice - Pardon ? Qu’est-ce que tu dis ?

Pauline - Je sais tout.

Alice - Tu sais quoi ?

Pauline - Tu ne t’en doutes pas ?

Alice - Je ne vois pas de quoi tu parles.

Pauline - Arrête cette comédie. J’ai tout découvert. J’ai trouvé un paquet de lettres. C’était une lecture… comment dire… édifiante !

Palier.

Mme Truchard - Les lettres d’un amant… C’est du propre !

Appartement.

Alice - Tu as fouillé dans mes affaires !

Pauline - Même pas, je suis tombée dessus par hasard.

Alice - C’est impossible que ce soit par hasard.

Pauline - Quand on conserve ce genre de courrier, on le cache très soigneusement.

Alice - Toi et ton sale petit nez de fouine…

Pauline - Tu trempes dans des affaires plutôt louches, non ? Dis donc, c’est pas très légal tout ça… Je me trompe ?

Palier.

Mme Truchard - C’est pas un amant, c’est pire !

Appartement.

Alice - Je suppose qu’il va être difficile pour toi de tenir ta langue…

Pauline - J’en ai bien peur, en effet.

Alice (menaçante) - Tu viens de commettre une grave erreur. (Il lui semble entendre du bruit sur le palier. Elle se tait et se dirige vers la porte qu’elle ouvre en grand. Mme Truchard est entraînée et se retrouve presque par terre.) J’en étais sûre ! Vous êtes encore là à espionner. C’est plus fort que vous, hein ?

Mme Truchard - Pas du tout… Je passais par là.

Alice - C’est une évidence ! Vous vous baladez dans le couloir, mmm ? En pantoufles, en tablier et un torchon à la main.

Mme Truchard (se mettant à frotter la poignée de la porte) - Ben oui… Je vérifie que tout brille, c’est normal.

Alice - Vous êtes une concierge très zélée… Et arrêtez de frotter cette poignée ! Fichez le camp d’ici !

Mme Truchard (repartant chez elle) - Et voilà, rendez service aux gens, tiens ! Moi, je fais mon travail, un point c’est tout.

Alice - Dites plutôt que ça vous sert de prétexte pour fourrer votre nez partout ! Mêlez-vous donc de vos affaires !

Mme Truchard - Elles vont bien mes affaires.

Alice - Vous feriez mieux d’avoir l’œil sur votre fille aînée !

Mme Truchard - Ma Lisa ? Qu’est-ce qu’elle a qui vous plaît pas ?

Alice - Non mais, vous avez vu l’allure qu’elle se donne ? Quel exemple pour les deux autres !

Mme Truchard - C’est une artiste, vous pouvez pas comprendre !

Alice - Ben voyons ! Enfin, elle fait ce qu’elle peut avec la mère qu’elle a…

Mme Truchard - Vous savez ce qu’elle vous dit, sa mère ?!

Lisa (qui a entendu les cris, arrive sur le palier) - C’est quoi tout ce boucan ? Oh non ! Encore ! Vous pouvez pas arrêter toutes les deux ?

Mme Truchard - ça veut donner des leçons… Quel culot !

Lisa (à sa mère) - Allez, rentre, ça suffit…

Alice - Si vous cherchez des ennuis, vous allez les trouver.

Pauline (tirant sa tante par le bras) - Calme-toi, viens.

Mme Truchard - Eh ben, on sera deux !

Lisa - Réponds pas, rentre je te dis !

Alice - Je vous avertis, j’en ai assez !

Pauline (à sa tante) - Viens, laisse tomber…

Solène et Romain viennent voir ce qui se passe.

Romain - Y a maman qui se bagarre avec la voisine !

Solène - Pousse-toi, je vois rien…

Lisa - Vous mêlez pas de ça, vous !

Alice - C’est insupportable !

Mme Truchard - Vous avez des choses à cacher, peut- être…

Alice - N’importe quoi !

Lisa - Maman, arrête, bon sang ! (Poussant sa mère chez elle.) Allez ! Faut que j’y aille, moi, je suis à la bourre…

Chacune rentre chez elle en claquant la porte. Lisa s’en va. Mme Truchard et les enfants partent vers les autres pièces.

Appartement.

Alice - Et voilà ! Elle m’a fait perdre le fil… On en était où, déjà ?

Pauline va chercher un texte posé sur la table, elle le feuillette, pointe une phrase du doigt.

Pauline - Ici, à la phrase : « Tu viens de commettre une grave erreur. »

Alice - Ah oui ! C’est vrai. (Elle va vers le petit meuble bar et verse deux verres de jus de fruits.) Elle n’est pas possible cette bonne femme !

Pauline - Je me doute que ça doit être énervant…

Alice - Tu ne te rends pas compte, toi, il n’y a que huit jours que tu es là.

Pauline - Allez, n’y pense plus… En tout cas c’est super sympa qu’on soit chez toi.

Alice - Je n’allais pas laisser ma belle-sœur et ma nièce préférée s’installer à l’hôtel, tout de même ! Et puis, qui te ferait répéter ?

Pauline - Et en plus, tu as appris le texte par cœur, c’est génial !

Alice - ça me permet de mieux te donner la réplique et de jouer la situation. J’aurais tellement aimé être comédienne… Mais bon, je n’en ai pas eu le loisir et maintenant, c’est trop tard… En attendant, je m’amuse comme une petite folle !

Pauline - Tu crois que j’ai une chance de décrocher le rôle ?

Alice - J’en suis certaine. Tu as tout ce qu’il faut pour réussir : le physique et le talent.

Pauline - Il y a tellement d’autres filles…

Alice - Tu seras la meilleure !

Pauline - Ma mère n’y croit pas.

Alice - Ta mère ! Mais c’est une éternelle pessimiste, tu le sais bien.

Pauline - Le rôle principal dans le dernier Albodollar ! Tu te rends compte ? Ce serait trop beau. Ce n’est pas pour moi…

Alice - Je t’interdis de parler comme ça. Tu es prête comme personne ne peut l’être. Le personnage te va comme un gant. Elmira, c’est toi !

Pauline - Quand je t’écoute, j’arrive presque à y croire, mais après quand j’y réfléchis…

Alice - Tu réfléchis trop ! « Pense » Elmira, « respire » Elmira, « vis » Elmira, à chaque instant ! Bon, on reprend ?

Pauline - On recommence depuis le début, c’est mieux.

Alice - Tu as raison. Attends, on va aller dans ma chambre, on sera plus tranquille.

Elles partent tout en reprenant le texte du début : « Ah ! écoute, ça suffit ! J’ai eu une journée assez éprouvante comme ça, alors n’en rajoute pas, s’il te plaît ! », etc.

Palier.

Arrivée de M. Truchard, le mari de la concierge. Il entre dans la loge. Mme Truchard apparaît avec ses deux plus jeunes enfants.

  1. Truchard - ça y est, le gars a nettoyé la chaudière.

Mme Truchard - Filez dans votre chambre tous les deux, faut que je parle à votre père.

Romain - Et pourquoi on peut pas écouter ?

Solène - Si on pouvait elle nous dirait pas de partir, espèce de crétin ! (Romain lui tire les cheveux.) Aïe !!! Maman, il m’a tiré les cheveux !

Romain - Elle m’a traité de crétin !

Ils se bagarrent.

Mme Truchard - Allez vous bagarrer ailleurs ! (À son mari.) Dis quelque chose, toi !

  1. Truchard (débonnaire) - Allons les enfants, du calme…

Mme Truchard - Alors ça c’est efficace ! (Elle hausse les épaules et chasse les gosses à coups de torchon.) Je vais vous mettre d’accord, moi ! (À son mari.) J’en ai appris une bonne…

  1. Truchard - Moi aussi ! C’est un type qui…

Mme Truchard (le coupe) - Je te parle pas d’une blague, je te parle de la voisine d’en face.

  1. Truchard - Qu’est-ce qu’elle a ?

Mme Truchard - Elle a qu’elle trempe dans des affaires louches, que sa nièce le sait et qu’elle sait qu’elle le sait et qu’elle veut pas qu’on le sache !

  1. Truchard - Et toi, tu le sais aussi ?

Mme Truchard - Non, mais je vais pas tarder à le découvrir, fais-moi confiance !

  1. Truchard - Et comment tu sais que sa nièce est au courant ?

Mme Truchard - Je les ai entendues se disputer.

  1. Truchard - Fifine, t’as encore écouté aux portes !

Mme Truchard - C’est pas mon genre… Je nettoyais et elles parlaient fort.

  1. ...

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