Bis two rire

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L’inattendu arrive toujours quand on ne l’attend pas. C’est une lapalissade. Mais quand cette lapalissade arrive vraiment, quand cet inattendu arrive, c’est terrible ! Que faire ? Comment réagir ? La troupe de théâtre démunie va céder sa place à un staff médical hors norme. Réussira-t-il à sauver la représentation ? Leur mission n’est pas théâtrale mais médicale ? Alors réussiront-ils l’opération de la dernière chance ?

L’humour, grand vainqueur de « Bis two rire », va faire tourner bien des têtes !

Le rideau est fermé, la salle allumée. Sérieux, le présentateur arrive sur scène et lit un discours écrit à la dernière minute.

Présentateur - Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs. Chaque année, notre troupe… (Citez le nom de la troupe qui joue la pièce.)… est heureuse de vous accueillir. Merci de venir toujours aussi nombreux pour nous soutenir. Nous faisons notre maximum pour le choix de la pièce de théâtre afin que vous passiez une belle soirée. Cette année nous avons évidemment opté pour une pièce comique. Nous nous sommes beaucoup amusés pendant nos longs mois de répétitions mais maintenant que tout est en place, nous sommes dans l’incapacité de vous la présenter.

Oui, vous m’avez bien entendu. Je vais être franc, un de nos camarades vient de perdre la tête. Ne comprenez pas qu’il ne sait plus son texte ou qu’il est devenu fou, non. Il vient de perdre la tête au sens propre du verbe « perdre »… Plus de tête… Coupée. On a tous un jour ou l’autre le droit de faire une bêtise… Eh bien lui l’a faite juste avant notre représentation.

Les urgences médicales sont déjà à pied d’œuvre pour la tête. Je vous rassure, notre camarade accidenté n’a pas la tête complètement coupée mais nous craignons le pire. Rodolphe, puisqu’il s’agit de Rodolphe, n’est pas transportable. Il a donc été décidé que l’opération chirurgicale aurait lieu ici même, juste derrière ce rideau.

Cette opération est délicate. Il s’agit, n’ayons pas peur des mots, d’une transplantation de tête. L’opération consiste à greffer une autre tête sur le corps de Rodolphe.

Pour l’équipe médicale, le temps est compté. Évacuer la salle serait trop long et les mouvements de la foule pourraient générer de la poussière. Virus et bactéries sont trop dangereux. Nous allons aussi être obligés d’ouvrir ce rideau afin que le corps médical soit plus à son aise.

Les portes du théâtre seront fermées pendant la durée de l’intervention ; à ce sujet, si vous pouviez éteindre vos portables…

Je sais, je vous demande beaucoup, une opération chirurgicale n’a rien de drôle.

Comme vous êtes obligés de rester ici et que vous êtes venus plutôt pour rigoler, j’ai demandé au staff médical, dans la mesure du possible, de pratiquer son art en y joignant une touche divertissante. Ils m’ont tous assuré qu’ils y veilleraient.

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, merci pour votre compréhension. Je vous souhaite néanmoins de passer une bonne soirée. Comme le veut la tradition, je demande que les trois coups soient donnés !

Le présentateur se retire. Noir dans la salle. Les trois coups se font entendre : un, deux, trois… et se poursuivent… Le rideau de scène s’ouvre. Les coups sont portés par Philippe, chirurgien, tenant fermement un maillet ou un gourdin. Philippe tape violemment contre un billot posé sur la table (invisible des spectateurs). Le spectateur ne voit que le geste de Philippe mais pas ce sur quoi il est censé frapper.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le rideau de scène s’ouvre. En avant et au milieu, un paravent, ou un drap de couleur, est tendu pour cacher une table sur laquelle est allongée Ève. Rodolphe est assis sur un tabouret à côté de la tête d’Ève. Les spectateurs ne voient ni l’un ni l’autre. Ève porte un jean large et une paire de tennis de garçon. Rodolphe doit baisser la tête pour ne pas être vu des spectateurs.

Autour du « drap-paravent », le personnel médical, dont on ne voit que le haut du corps, s’affaire (prévoir une petite estrade).

Le décor est très éclairé.

Philippe frappe toujours au rythme des trois coups pour endormir Rodolphe. Christine observe Philippe qui perd patience et tape de plus en plus fort et vite. Christine intervient.

Christine (entre deux coups) - Il est endormi maintenant !

Philippe - Je ne voudrais pas qu’il souffre !

Christine - Je vous assure, il ne sent plus rien.

Philippe - Ça, c’est une dose d’anesthésie ! Et je ne suis pas regardant, encore une « dosette » ! (Il assène un violent coup sur la tête de Rodolphe.) Je suis certain qu’il ne se réveillera pas !

Christine (prenant le maillet des mains de Philippe) - Arrêtez de lui taper sur la tête !

Philippe (s’adressant au public) - Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, vous allez assister à une première.

Philippe prend la tête de Rodolphe entre ses mains, la soulève pour la faire émerger en haut du paravent. Il la montre aux spectateurs qui ne voient qu’elle. Rodolphe se laisse faire. Il a les yeux fermés, sans réaction.

Philippe - Voici la tête de mon patient. Cette tête, je dois finir de la couper au niveau du cou pour en greffer une autre. Nous avons volontairement caché le reste de son corps derrière ce paravent. En fin d’intervention, cette tête sera détruite et broyée. (Rodolphe ouvre de grands yeux horrifiés.) Une telle coupe demande un travail précis. Nous ne disposons pas ici de tout le matériel adéquat mais nous ferons avec, ou plutôt sans. Maintenant, je passe à l’action pour séparer cette tête de son corps. Je vais la scier !

Rodolphe est affolé.

Philippe dépose la tête de Rodolphe. Elle disparaît derrière le paravent. Un petit chien aboie des coulisses (voix d’une comédienne ou comédien qui imite les aboiements d’un petit chien hargneux).

Philippe - Qui aboie ainsi ?

Christine - C’est un chien, chef !

Philippe - Je reconnais un chien ! À qui appartient-il ?

Christine - C’est Kiki, mon chien-chien ! C’est la première fois que je l’entends aboyer ; sans doute la vue du sang.

Philippe - On n’a pas fini de l’entendre !

Christine - Je vais le faire taire. De toute façon, il ne vous gênera pas, je l’ai accroché au radiateur, vous le voyez ?

Philippe - J’ai d’autres préoccupations.

Christine (fort, vers les coulisses) - Arrête Kiki ! Tu déranges le Professeur.

Philippe (la tête et le corps de Philippe se penchent de temps en temps, il travaille sur la tête de Rodolphe) - Je ne suis pas Professeur.

Christine - Ah bon ?! Je croyais, à vous voir.

Philippe - Je suis en seizième année de médecine.

Christine - C’est presque déjà la retraite pour vous !

Philippe - Je redouble toutes les années. Huit fois de suite, y a pas une année que j’ai réussie du premier coup !

Christine (désignant le patient) - C’est pas gagné pour lui.

Philippe - Qu’est-ce que vous entendez par là ?

Christine - Je parle de la tête, de la greffe, je dis que c’est pas gagné.

Philippe - Sûr c’est pas gagné ! Je pratique des actes médicaux mais parfois… non, souvent, je rate. Vous êtes là pour m’épauler.

Christine - Je ferai de mon mieux, si je peux. Je suis en école d’infirmière. (Elle se met à rire.) Je suis un peu comme vous. Ça fait six ans que je suis à l’école.

Philippe - Six ans à l’école d’infirmière, vous avez fait une spécialisation ?

Christine - Ma spécialisation, c’est la première année, ça fait cinq fois que je la recommence.

Philippe - On va prouver qu’on n’est pas des nuls.

Christine - Ça, c’est pas gagné non plus !

Philippe - À nous deux, on va se battre, on va y arriver.

Christine - On peut toujours essayer. Comment ça se présente ?

Philippe - Quand il s’agit de découper, de trancher, de tailler, d’inciser, d’amputer, de disséquer, de décapiter, de charcuter…

Christine - Oui, bon ben ça va !

Philippe - Je suis le meilleur ! Quant à remettre tout en place, j’ai un taux de réussite quasi nul.

Christine - J’ai le même taux de réussite que vous.

Philippe - Ne parlons plus de nos compétences, j’en sais suffisamment sur vous, et pour que ce soit plus simple, je m’appelle Philippe. Et vous ? (Christine ne répond pas.) Je suis Philippe, et vous ?

Christine - Je ne tiens pas à vous dire mon prénom.

Philippe - Dans notre profession, nous nous devons de nous tenir les coudes.

Christine - Je sais comment on pratique dans cette profession, les fameuses soirées des carabins. Au début, on se tient les coudes et puis après on se tient les…

Philippe - Faut bien se détendre. Bon, pour le moment, nous avons du travail, un gros travail, je me sens fébrile.

Christine - Vous croyez que vous allez échouer ?

Philippe - Si je ne travaille pas dans de bonnes conditions, j’en ai bien peur.

Christine - Christine. Mon prénom, c’est Christine. Vous croyez qu’il a plus de chance de s’en sortir maintenant ?

Philippe - Pas plus qu’avant. (Heureux.) En tout cas, moi, j’ai de la chance !

Christine - Qu’est-ce que je peux être gourde !

Philippe - Ça tombe bien, donnez-lui à boire.

Christine - Il dort, il ne peut pas avoir soif.

Philippe - Juste nettoyer l’intérieur du cou. Quand je coupe, je déteste que ça soit sale.

Christine - Il va étouffer !

Philippe - Vous n’avez qu’à lui maintenir les jambes en hauteur, je m’occupe du reste. Prenez ses pieds et montez-les.

Christine prend les pieds de la comédienne (Ève) allongée sur la table et les monte suffisamment haut pour dépasser le haut du paravent. Les spectateurs croient voir les jambes de...

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