Cyrano junior

Cyrano de Bergerac dans une cour d’école ! Cyrano est ici un garnement poète, Roxane la plus belle de la classe et De Guiche, le chef d’une bande rivale. Très fidèle à la pièce d’Edmond Rostand et en vers également, cette adaptation permet une approche simple, mais pas naïve, du texte original. À partir de 10 ans.

 

ACTE 1

 

Dans un terrain vague. Des enfants arrivent, cartable sur le dos.

Milka. – Roxane, tu joues avec nous ?

Roxane. – Je préfère rester assise, le temps est si doux.

Margot. – Mais nous sommes restées six heures sur une chaise à l’école.

Lise. – Pendant le cours de math, j’ai bien cru devenir folle.

Heidi. – Alors, les cours terminés, vive le ballon !

Raquel. – Tu te souviens du jeu pendant la récréation ?

Roxane. – Sans moi, merci. Ce soir, j’ai le cœur qui ne tourne pas rond.

Milka. – Ça y est, ma petite sœur est encore amoureuse…

Roxane. – Non, justement. Et c’est ce manque qui me rend malheureuse.

Margot. – L’amour ! L’amour ! Tu y crois encore ?

Roxane. – À onze ans, je pense que ce n’est pas un tort.

Lise. – Regarde tes parents. Ça les a menés au divorce.

Roxane. – Tant pis pour eux. Moi, je suis sûre que l’amour est une force.

Raquel. – Ma pauvre, tu lis trop de romans.

Heidi. – Venez jouer et laissez-la rêver au prince charmant.

Arrivée de Christian.

Christian. – Bonsoir.

Toutes. – Bonsoir.

Christian. – Je cherche le boulevard Albert Camus.

Milka. – Pourquoi ? Tu es perdu ?

Christian. – Oui, c’est idiot, je sais, mais je suis arrivé ce matin

Et dans cette ville, je suis comme l’aiguille dans la botte de foin.

Ma mère m’a demandé d’aller acheter le pain

Mais, après la boulangerie, impossible de retrouver mon chemin.

Heidi. – Tu t’appelles comment ?

Christian. – Christian.

Lise. – Tes parents ont déménagé ?

Christian. – Oui, mon père vient d’être muté.

Margot. – À quelle école tu es inscrit ?

Christian. – Jules Ferry.

Raquel. – Nous aussi.

Christian. – Alors, on se reverra.

Heidi. – Si tu ne te perds pas !

Milka. – Ton boulevard, il est à droite, là-bas.

Christian. – Merci. Bon… À demain.

Toutes. – À demain.

Il sort.

Margot. – Ouaah ! Il est mignon, le nouveau !

Raquel. – Il ne va pas le rester longtemps, avec la bande à Cyrano.

Roxane. – Qu’est-ce que tu veux dire ?

Milka. – Que le Christian, ils vont te l’aplatir.

Roxane. – Et pourquoi une telle histoire ?

Lise. – Pour marquer leur territoire.

Arrivée bruyante de la bande de Cyrano.

Carbon. – Alors, il va commencer ?

Jodelet. – Mais de qui veut-il parler ?

Valvert. – De Montfleury ! Il va nous réciter sa dernière poésie.

Le Fifre. – Il en a encore écrit une aujourd’hui ?

Bellerose. – Il n’arrête pas ! C’est le premier de la classe.

Carbon. – Personne n’arrive à lui piquer sa place.

Cuigy. – Normal ! Il ne fait jamais de fautes d’orthographe !

Jodelet. – C’est vrai que si on compare à toutes tes gaffes…

Cuigy. – Tu me cherches ? Tu me trouveras !

Le Fifre. – Arrêtez ! Le voilà !

Bellerose. – Montfleury ! Tu as dit qu’on allait rigoler !

Montfleury. – Alors venez m’aider à me déguiser !

Ils sortent.

Ragueneau. – Le Bret, tu as vu Cyrano ?

Le Bret. – Non. Il aurait dû être là tantôt.

Ragueneau. – Pourtant, ici, c’est son territoire, à Cyrano.

Il n’aime pas quand Montfleury vient y faire son numéro.

Le Bret. – S’il ne vient pas, j’ai gagné mon pari, Ragueneau.

Tu me dois deux macarons bien chauds.

Ragueneau. – Non, un ! D’accord, mon père est le boulanger du coin

Mais je ne peux pas tout piquer dans le magasin.

Lise. – C’est vrai ! Si papa savait tout ce que tu lui voles,

Il te ferait goûter son fouet sur tes guibolles.

Ragueneau. – Frangine, essaye pas d’aller cafter,

Sinon je te brûle toutes tes poupées !

Raquel. – Regardez qui va là !

Arrivée de De Guiche et ses deux acolytes.

Heidi. – De Guiche ?! D’habitude, il ne vient pas.

Margot. – Ce n’est pas son quartier, ici.

Raquel. – Il vient frimer, nous montrer ses beaux habits.

Margot. – Déjà, à l’école, il nous nargue avec ses vêtements super

classe.

Lise. – Lui, au moins, son père est plein aux as.

Milka. – Moi, je sais pourquoi il traîne ici.

Heidi. – Pour Montfleury ?

Milka. – Tu rêves ? C’est pour Roxane.

Roxane. – Moi ? Avec cet âne ?

Heidi. – Tu n’as pas encore remarqué comme il te regarde en classe ?

Roxane. – Beurk ! Dégueulasse !

Milka. – S’il te serre d’un peu trop près, je lui abîme sa petite gueule.

Roxane. – Sois polie, grande sœur ! Je suis capable de me défendre seule.

Tous, revenant. – Montfleury ! Montfleury !

Montfleury. – Salut, les gars !

Carbon. – Pour Montfleury, hourra !

Brissaille. – Fais-nous marrer, qu’on se torde la panse !

Montfleury. – Silence ! Je commence.

C’est un cactus, us, us,

Qui pique les fesses, esses, esses,

Des bébés russes, usses, usses,

Remplis de graisse, aisse, aisse.

Cyrano, voix off. – Silence ! Plus un bruit !

De Guiche. – Continue, Montfleury.

Montfleury. – C’est un requin, quin, quin,

Qui mord le nez, nez, nez,

Des gros marsouins, ouins, ouins,

Qui nagent l’été, té, té.

Cyrano, voix off. – J’ai dit « silence », gros tas !

Lignières. – Vas-y, Montfleury, t’arrête pas !

Montfleury. – C’est une trompette, pette, pette,

Qui joue avec fracas, cas, cas…

Cyrano, voix off. – Mais vas-tu te taire, binocleux,

Ou faut-il que je devienne nerveux ?

Ragueneau. – Un cri pareil, c’est Cyrano !

Le Bret. – J’ai perdu mon gâteau…

Brissaille. – La suite, Montfleury, si t’es pas une tapette !

Montfleury. – C’est une trompette, pette, pette…

Cyrano, sortant de sa cachette. – Hors de ma vue, poète ridicule,

Si tu ne veux pas que je te désarticule.

Roxane. – Ah, bravo ! Très joli !

De Guiche. – Laissez-le finir sa poésie.

Montfleury. – Allons, Cyrano, j’en étais à « Trompette, pette, pette ».

Cyrano. – Si ta trompette pète encore une fois,

Tu vas tâter de mon direct du droit.

Valvert. – Mais pourquoi ne laisses-tu pas Montfleury réciter ?

Lignières. – En le frappant, tu nous empêches de rigoler.

Déjà, en classe, la semaine dernière,

Tu lui as mis un coup de pied dans le derrière !

Cyrano. – Il le méritait, cette baudruche,

À force d’écrire des vers d’autruche

Je déteste sa poésie bidon

Qui ne fait rire que les cornichons.

Margot. – Moi, j’aime bien son histoire de trompette…

Cyrano. – Normal, tu es tellement bête…

Valvert. – Bien envoyé, Cyrano !

Bellerose. – Là, elle tombe de haut !

Montfleury. – Cyrano, il ne me reste qu’une strophe…

Cyrano. – Si tu la reprends, il va y avoir une...

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