L’expertise

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Pas de chance, l’expert venu constater les dégâts des eaux dans la salle de bain de Pierre et Béatrice Grandin, perd la mémoire, suite à la chute d’une tuile. Là-dessus Judith, la maîtresse de Pierre, fait son apparition, ayant une grande nouvelle à lui annoncer. Celui-ci essaiera de la faire passer pour la femme de l’expert devenu amnésique. De son côté, Béatrice avait engagé un détective privé, soupçonnant son mari d’avoir une liaison. Une série de mensonges feront passer le détective pour le fiancé de la domestique de la maison qui n’en reviendra pas. Les révélations qui suivront plus l’arrivée de la véritable femme de l’expert mettront Pierre dans une situation très inconfortable. L’expertise est une comédie rythmée et enthousiasmera à coup sûr le public.

Pierre, au téléphone. – Mais enfin, puisque je te dis que je ne peux pas faire autrement… De toute façon, on se voit après, à onze heures. J’ai prétexté un rendez-vous urgent… Pourquoi pas plus tôt ? Mais à cause de l’expert. J’avais complètement oublié qu’il passait aujourd’hui… Mais non, je ne préfère pas la compagnie de l’expert à la tienne… Mais je n’en sais rien moi, si c’est une femme… Encore moins si elle est jolie. Qu’est-ce que tu vas chercher, Judith ?… Un expert, c’est un expert, c’est tout… Mais si, il doit avoir un sexe quelconque, ce n’est pas un ange… Oui, c’est toi, mon ange, bien sûr… Comment ?… Qu’est-ce qu’il vient expertiser ? Mais enfin, Judith, je te l’ai déjà expliqué ! Nous avons eu des dégâts dans la maison et il passe pour estimer le coût des travaux… Tu veux que je te raconte à nouveau ?… Mais Judith, je n’ai pas trop le temps, là. Béatrice finit de se préparer, elle risque d’entrer d’un moment à l’autre… Béatrice… Ma femme… Qui veux-tu que ce soit d’autre ? Je l’entends qui arrive… Je te quitte… Oui, moi aussi, je t’embrasse…

Sa femme arrive, il raccroche précipitamment.

Béatrice, d’un air soupçonneux. – Tu étais au téléphone ?

Pierre. – Hein? Non… Enfin, oui… Ce n’était pas important.

Béatrice. – C’était qui ?

Pierre. – Hein ?

Béatrice. – Mais tu es sourd ou quoi ? Tu n’entends rien de ce que je te demande.

Pierre. – Heu… pardonne-moi, ma chérie… je suis un peu perturbé.

Béatrice. – Rien de grave qui te préoccupe, j’espère ?

Pierre. – Ben, tu sais, je m’inquiète un peu pour cette expertise.

Béatrice. – Il n’y a vraiment pas de quoi. L’expert ne pourra que constater l’état déplorable de notre salle de bains.

Pierre. – Ce ne sont pas les dégâts qui m’inquiètent. Il me paraît difficile de contester les conséquences du drame. Je pense qu’il n’y a pas une grande différence entre notre salle de bains et le « Titanic »… après qu’il a coulé. Non, ce serait plutôt la cause.

Béatrice. – Quoi, la cause ? Il n’y a rien à cacher.

Pierre. – Oui, bien sûr, mais comment va-t-on expliquer à l’expert cette invraisemblable cascade d’événements maritimes ?

Béatrice. – Des circonstances malheureuses !

Pierre. – Certes, on peut voir ça comme ça.

Béatrice. – C’est très simple. Je prenais ma douche, et au moment de sortir, je glisse malencontreusement sur la savonnette qui était tombée au sol.

Pierre. – Savonnette que tu n’utilises jamais d’habitude. Parce qu’elle glisse des doigts.

Béatrice. – Justement, ce jour-là, j’ai voulu l’utiliser et elle m’a glissé des doigts.

Pierre. – Et elle s’est retrouvée sous ton pied.

Béatrice. – Exactement. J’essaye de me rattraper à la colonne de la douche.

Pierre. – Qui lâche.

Béatrice. – Et je vais me cogner contre la porte.

Pierre. – Qui cède.

Béatrice. – Entraînant à sa suite toute la cabine. Je t’avais bien dit qu’elle était vieille et qu’elle bougeait.

Pierre. – Et cette cabine, en se descellant, arrache les robinets de la douche, libérant à travers la salle de bains un jet d’eau d’une puissance inouïe qui va pulvériser la vitre qui lui fait face, laissant cette même eau continuer sa course dans la maison de notre voisin qui prit le jet en pleine figure, explosant ses lunettes.

Béatrice. – Mais que faisait-il à sa fenêtre ?

Pierre. – On se le demande !

Béatrice. – Après, j’ai paniqué.

Pierre. – Tu peux le dire. Car, courir dans la rue toute nue et en hurlant…

Béatrice. – Mais comprends-moi, mon chéri. J’ai eu très peur. Je ne savais plus quoi faire, alors j’ai cherché du secours.

Pierre. – Et il ne t’est pas venu à l’esprit qu’en arrivant dans le plus simple appareil dans la rue, cela pouvait entraîner quelques troubles ?

Béatrice. – Sur le moment, pas du tout.

Pierre. – Eh bien, le jeune chauffeur livreur qui t’a vu déboucher sur le trottoir devant lui, entièrement nue, a pour le moins été troublé. On ne saura jamais si c’est la peur, la surprise ou, sait-on jamais, l’extase qui l’a fait réagir, mais en tous les cas son camion a fini dans la borne incendie du trottoir juste en face de chez nous et que, de ce fait, et par une invraisemblable précision, l’eau qui a jailli, après une courbe élégante, est venue exploser les tuiles de notre maison juste au-dessus de notre salle de bains, la remplissant par le haut. Comme s’il n’y avait pas assez d’eau comme ça…

Béatrice. – Un malheureux accident.

Pierre. – En effet, un malheureux accident qui risque de nous coûter très cher parce que je ne suis pas persuadé que l’expert qui va venir va accepter tout ce scénario sans tiquer. Du reste, je vais de suite voir si tout est en ordre… pardon, en désordre, dans la salle de bains.

Il sort. Béatrice, sans tarder, attrape le téléphone et compose un numéro en le lisant sur une carte de visite.

Béatrice. – Allô ! L’agence Futon, détective ?… Monsieur Futon ?… Béatrice Grandin. Pourrez-vous être ici dans une heure comme convenu ?… Très bien. À tout à l’heure.

Elle raccroche au moment où son mari revient.

Pierre. – Tu téléphonais ?

Béatrice. – Hein ?

Pierre. – Je te demande si tu téléphonais.

Béatrice, hésitant. – Euh… oui… oui… J’appelais ta secrétaire pour savoir si ton rendez-vous de onze heures ne s’était pas décommandé.

Pierre, inquiet. – Et alors ?

Béatrice. – Tout va bien. Ton rendez-vous est maintenu… avec le représentant de quoi déjà ?

Pierre. –...

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