Acte 1
Scène 1
Le rideau s’ouvre sur le bureau allumé de Michel Briçon, il fait nuit dehors et l’on voit la ville éclairée par la baie vitrée. Le téléphone sonne, Michel entre par jardin et se dirige vers son bureau.
Michel Agence Cupidon, l’agence qui vous trouve l’amour pour pas un rond !...........
Bonjour Monsieur….oui tout à fait…nous avons une base de données très complète…il faut que l’on se rencontre pour établir votre profil….demain ? Heu oui, très bien à 9h00….alors à bientôt, bonne soirée Monsieur Corbières.
Il boucle le téléphone et l’interphone retentit.
Michel Bonjour, agence Cupidon l’agence… !
Guy C’est Guy !
Michel Je t’ouvre.
Michel range son bureau, quelques instants plus tard Guy entre.
Guy L’ascenseur est toujours aussi rapide, heureusement que je n’ai encore rien mangé.
Michel Tu pourrais frapper avant d’entrer !
Guy Pardon Monsieur, j’oubliais que je n’étais pas ton meilleur ami !
Il ressort et frappe fort à la porte.
Michel Entre !...Tu n’as pas vu qu’il y avait une sonnette ?
Guy Tu m’as dit de frapper avant d’entrer, je frappe ! Faut que je ressorte pour sonner ?
Michel Tu prends tout au pied de la lettre. Qu’est-ce que tu veux ?
Guy Oh bien, je vois que l’on est de bonne humeur ! Sache que je peux venir chez toi sans avoir quelque chose à te demander !
Michel Tu m’en vois ravi !
Guy Ah si ! Tout compte fait, je souhaite quelque chose…
Michel Tu vois, je le savais.
Guy J’espère que tu ne m’en voudras pas de te demander ça…comment vas-tu ?
Michel C’est tout ?
Guy Oui, c’est tout, la seule chose que je souhaite c’est de savoir comment tu vas, c’est pas trop te demander, j’espère… ?
Michel Excuse-moi mais ces temps ce n’est pas la joie. Les clients se font rares et les caisses sont vides. Si cela continue comme cela, je vais être bon pour mettre la clé sous le paillasson.
Guy Ça c’est impossible !
Michel Pourquoi ?
Guy T’as pas de paillasson !
Michel Quel humour ! Je te parle de mes problèmes et toi tu es là à faire des gags à un balle. Je n’ai pas l’impression que tu te rends compte de la situation. Demain, j’ai rendez-vous avec un client et mon fichier est quasi vide. Si je ne trouve pas de clientes d’ici là je suis fini.
Guy Hou, méchant, méchant…
Michel Ouais, méchant, méchant comme tu dis. Je suis bientôt à découvert et je ne sais plus quoi faire pour m’en sortir.
Guy Il y a certainement des solutions. Tu as discuté avec ton banquier ?
Michel MON banquier ! Tu rigoles ? Quand tu lances une affaire, il te donne l’impression d’être son unique intérêt et dès que les problèmes arrivent tu te rends compte justement du lourd intérêt qu’il t’a offert !
Guy Oh ! Tu exagères...va lui parler, lui demander une rallonge.
Michel Une rallonge ! C’est pas d’une rallonge que j’ai besoin mais d’un enrouleur entier. Et pis oublie, je suis un petit client et un banquier ça dépouille les petits clients de l’indispensable pour pouvoir prêter aux gros clients de l’argent superflu ! C’est le Robin des bois du riche ! D’ailleurs, j’ai envoyé un dossier il y a deux mois et je n’ai jamais reçu de réponse.
Guy Ton affaire peut marcher, c’est juste un problème momentané de liquidité. Tu vis bien, peut-être devrais-tu diminuer ton train de vie.
Michel Oui, sans doute parce que si cela continue, je suis parti pour le train de la mort.
Guy Tout de suite les grands mots ! Le meilleur moyen pour retrouver des liquidités c’est de vendre ses biens. Vends ton bateau ! Marrant non de devoir vendre son bateau pour des liquidités !
Michel Vendre mon bateau ?! Mais tu es fou ! C’est le plus beau cadeau que je me suis offert.
Guy As-tu le choix ? Le temps de te retourner et tu pourras ensuite t’en offrir un plus beau. Faut y croire, sois optimiste et vends ton voilier.
Michel Pas question ! Mon bateau c’est mon bateau. Putain, je te jure quelle galère !
Guy Non, c’est un voilier !
Michel Ton humour me fracasse !
Guy Oui, capitaine ! Allez courage, on va trouver un moyen de te sortir de cette situation.
Michel Je crains que tes idées ne me conviennent pas. On n’a pas le même sens de
l’honnêteté.
Guy Sympathique ! J’ai encore rien dit.
Michel J’anticipe !
Guy Si tu savais anticiper, tu n’en serais pas là Monsieur le donneur de leçon ! Bon c’est quoi le problème ? T’as pas assez de clients ? De clientes ?
Michel Les deux justement ! Si tu n’as pas de femmes cherchant le grand amour, tu n’as pas d’hommes qui s’inscrivent. Et puis avec les sites de rencontres sur internet et autres speed dating les agences matrimoniales tirent la langue.
Guy Attends, tu dis que si tu n’as pas de femmes dans ton fichier, tu n’as pas d’hommes qui paient pour les rencontrer. Il faut donc trouver des femmes !
Michel Oui, c’est simple à dire mais pas à trouver. Au cas où, une femme ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval.
Guy En effet, et si c’était le cas elle ne serait plus en état ! Tu as déjà essayé de consulter les annonces matrimoniales pour contacter les clients et leurs proposer tes services ?
Michel S’ils ont choisis la presse, je ne vois pas pourquoi ils viendraient chez moi.
Guy Justement, toutes ces femmes qui cherchent un canard ont pris le journal sans savoir que tu existais. Et là, tu peux trouver des hommes et des femmes qui ne demandent qu’à tomber sur l’amour fou. Il prend un journal
Regarde, un peu toutes ces annonces…tu les sélectionne, tu les contacte, tu les rencontre, tu les convaincs, tu les marie et hop…on part en croisière sur ton beau bateau !
Michel Dis comme ça…ça paraît simple !
Guy Vas-y lis-les !
Michel Qui ne tente rien n’a rien…
Guy Et en amour, tout n’est que tentation.
Michel Voyons… Agriculteur, photographe amateur, cherche femme pour prendre des pauses.
Guy Je flashe pas pour celle-là.
Michel Homme 78ans, cherche femme pour construire l’avenir.
Guy Lui, il risque de passer l’arme à gauche avant même d’ avoir posé la première pierre.
Michel Femme universitaire cherche homme indépendant et sportif, aimant les enfants et les animaux, sachant cuisiner, attentionné, généreux, modeste, sincère, drôle, honnête et coquin.
Guy C’est incroyable d’avoir fait l’uni et de ne pas savoir ce que toutes ses qualités chez un seul homme n’existe pas !
Michel Boulanger 40ans, cherche femme qui sache éviter le pétrin et qui ne le mène pas à la baguette.
Guy Pas bon, le genre à se prendre un four !
Michel Tu vois, on trouve rien !
Guy Continues !
Michel Femme 38ans cruciverbiste, cherche à croiser un homme pour la guérir de ses maux et remplir une case vide.
Guy Trop intellectuelle.
Michel Pasteur 56ans en quête d’une femme bien en chair. Cloches s’abstenir.
Guy Un pasteur ? Trop sérieux, pas le genre à aller à l’hôtel.
Michel C’est tout, tu vois rien de valable.
Guy Bon, aux grands maux, les grands moyens. Tu vas engager et payer des femmes pour jouer le rôle de clientes.
Michel Quoi ? J’ai besoin de fric et toi tu me demandes d’en dépenser ?
Guy D’investir Michel, d’investir. Si tu as des femmes, et surtout des charmantes, tu auras des hommes qui viendront déposer leurs petits pactoles.
Michel Mais c’est malhonnête !
Guy Oh ! Arrête avec tes principes ! Les hommes cherchent à rencontrer le grand amour, tu leurs propose des femmes et puis voilà !
Michel J’aime pas ça et faut-il encore trouver les femmes d’accord de jouer ce jeu.
Guy Tu me fais confiance ?
Michel Pas trop sur ce coup-là.
Guy Je vais te trouver des solutions et ta situation va s’améliorer en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Bon, je te laisse j’ai du pain sur la planche…
Courage mon ami, je suis là. A demain…
Michel A demain, pas de bêtises !
Guy T’inquiètes.
Guy s’en va. Michel va vers la baie vitrée et regarde la ville.
Scène 2
Michel Croisons les doigts.
On sonne à la porte
Michel C’est bon entre !
Rien ne se passe.
Michel ENTRE !
Lucie la voisine (cheveux attachés) entre timidement.
Michel Tu ne vas pas jouer au con avec cette sonnette. Tout à l’heure j’étais énervé, mais tu sais bien que tu peux rentrer ici comme chez toi. Qu’est-ce que tu as oublié ?
Lucie Mes clés.
Michel Excusez-moi, j’ai cru que c’était un ami. Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
Lucie Bonsoir, je m’appelle Lucie…
Michel Enchanté, Michel Briçon.
Lucie Je suis votre voisine de palier, je viens d’emménager et j’ai oublié mes clés à mon bureau et je ne peux pas rentrer chez moi.
Michel Et vous pensez que j’ai les doubles ici ?
Lucie Non, bien sûr.
Michel Et alors ?
Lucie Et alors, je sais que cela peut paraître cavalier, je viens d’arriver dans cette ville et je ne sais pas où dormir. Je voulais savoir si je pouvais venir chez vous jusqu’à demain matin et je récupérerai mes clés à mon bureau.
Michel Vous ne pouvez pas aller les récupérer ce soir ?
Lucie Pas vraiment les clés du bureau sont sur le même trousseau que celle de l’appartement et les locaux sont fermés à cette heure !
Michel Maline la voisine ! Qu’est-ce que vous faites comme job ?
Lucie Je suis comptable dans une serrurerie.
Michel Ah, ah ! Les cordonniers sont les plus mal chaussés !
Et vous vivez seule ?
Lucie Oui…, enfin non je vis avec Suzie…
Michel … ?
Lucie Ma perruche ! J’espère qu’elle ne va pas s’inquiéter de ne pas me voir rentrer.
Michel Certes…c’est sensibles ces petites bêtes. Elle est vole librement dans l’appartement ?
Lucie Non ! Elle est en cage.
Michel Et comme vous, elle n’a pas la clé. Vous voilà les deux prisonnières. Vous étiez faites pour vous rencontrer !
Lucie Vous êtes drôle ! Alors…vous seriez d’accord de m’héberger pour cette nuit en tout bien tout honneur ?
Michel C’est que…je n’ai qu’un lit dans la chambre.
Lucie Ne vous tracassez pas, le sofa fera l’affaire !
Michel Soit mais demain matin vous devez partir, j’ai des rendez-vous. Je fais vous chercher une couverture.
Lucie Vous permettez que j’utilise votre salle de bain ?
Michel Là-bas.
Lucie Merci.
Michel va chercher une couverture et Lucie entre dans la salle de bain. Michel revient.
Michel Je vous dépose la couverture sur le sofa.
Lucie (off) Très bien merci. J’ai tout de suite fini.
Le téléphone sonne
Michel Bonjour, agence Cupidon l’agence qui…Ah ! Michel qu’est-ce tu veux ?
mmhmm… tu penses que c’est vraiment une bonne idée ?...si tu le dis !
Et tu vas la voir maintenant ?...ok…pas de fausses promesses, hein ? Comment son nom ? La tigresse !...c’est discret comme nom ! Tu ne penses pas que ça verra que c’est une pro ?...oui, bien sûr l’habillement… (long silence)…
Lucie revient avec ses cheveux détachés. Elle cherche à s’installer le plus confortablement possible dans le sofa et Michel l’observe. Elle est maladroite et gênée.
Mmhmm ?... non, non je suis là… j’ai juste devant les yeux un… étonnant! Je
bizarre ? Moi ?... ta remarque serait plutôt judicieuse pour ce que j’ai devant les yeux... oh, une apprentie contorsionniste ! Comment ça qui sait ?!... tu m’énerves avec
tes questions…je te raconterai demain. Et pas de folies de ton côté, ok ? Bonne nuit à demain.
Lucie Elle est jalouse ?
Michel Pardon ?
Lucie C’était votre amie ? Elle est jalouse ?
Michel Ce n’était pas mon amie, je suis célibataire. C’était mon meilleur ami Guy avec qui je traite une affaire.
Lucie Au fait, vous faites quoi dans la vie ?
Michel J’ai une agence matrimoniale « Cupidon ».
Lucie C’est original ! Et vous êtes célibataire ! Je travaille dans une serrurerie et j’oublie mes clés et vous, vous passer votre temps à vendre de l’amour et vous êtes seul, curieuse la vie, non ?
Michel Oui, curieuse.
Lucie Oh ! Mon dieu !
Michel Quoi ?
Lucie Suzie ! Je n’ai pas pu changer son eau et lui donner des graines !
Michel En effet c’est horrible ! Rien que d’imaginer que vous allez la retrouver morte de faim et de soif demain, j’en suis tout retourné !
Lucie Vous n’aimez pas les bêtes !
Michel Si, mais à mon avis votre perruche se fait moins de souci pour vous que vous ne vous en faites pour elle. Et puis un jour de diète ne va pas la déplumer !
Lucie Suzie est tout pour moi et son bonheur est le mien.
Michel Si vraiment vous souhaitiez son bonheur, vous ne la mettriez pas en cage. Vous
devriez essayer d’être en cage un jour…je ne suis pas certain que le fait d’avoir de nouvelles graines et de l’eau fraîche suffiraient à votre bonheur.
Lucie Très drôle ! Une perruche c’est une perruche et ce n’est pas ma faute si les perruches vivent dans des cages tout de même !
Michel C’est quand même pas elles qui ont décidés de s’y mettre et de s’enfermer à double tour, non ? Bon, sur ce, je vais me coucher. Je vous souhaite une bonne nuit.
Lucie Bonne nuit… et merci…
Michel …
Lucie Merci de m’accueillir pour cette nuit.
Michel A demain voisine !
Michel part dans sa chambre
NOIR
Acte 2
Scène 1
Le lendemain, le bureau est éclairé par la lumière du jour, malgré les rideaux tirés. Lucie dort dans le sofa. On entend une clé dans la serrure. Anna entre en chantant, elle tire les rideaux et commence à faire du rangement.
Anna La, la, la, la, la….
Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Dans le sofa maintenant ! D’habitude, je les retrouve dans le lit mais alors là… dans le sofa ! Comment veux-tu que je travaille ! Il ne l’a même pas laissée dormir avec lui ? Décidément, il n’est pas prêt de trouver chaussure à son pied. Allez hop, on s’amuse un peu et ensuite va te coucher au salon !
Ah… Michel… vous ne changerez jamais !!!
Sa tête me dit quelque chose… je l’ai déjà vue…
Lucie gémit et se réveille petit à petit.
Anna Anna, la femme de chambre. Bonjour ! Qu’est-ce que vous faites dans le sofa ? Ça s’est mal passé ?
Lucie Bonjour, qu’est-ce qui s’est mal passé ?
Anna Michel vous a éjecté de la chambre ?
Lucie Non pas du tout, le sofa me va très bien. C’est quelle heure ?
Anna Neuf heures moins le quart.
Lucie Hou là, je suis retard pour le travail !
Anna C’est toujours comme ça après une nuit de fête…on en oublie le travail.
Lucie Vous vous trompez, ce n’était pas une nuit de fête !
Anna Je m’en doute en vous voyant au salon ! Ça vous dérange pas que je passe
l’aspirateur ? Ou autre chose de moins bruyant.
Lucie Non, non…de toute manière je ne vais pas faire long.
Anna Oh vous savez ici, elles n’ont jamais fait très long !
Lucie Et ma petite Suzie, dire que je l’ai pas vue hier soir, j’espère qu’elle ne m’en voudra pas… hop au bureau !
Lucie va dans la salle de bains s’habiller et revient.
Anna Si c’est pas malheureux, découcher et devoir aller s’occuper de sa petite en vitesse avant d’aller travailler. Je te jure cette jeunesse !
Lucie Vous remercierez Michel pour son hospitalité. Bonne journée !
Lucie part.
Scène 2
Anna Bonne journée ! Le remercier pour son hospitalité ! Tu vas voir ce que tu vas voir !
Michel Bonjour Anna !
Anna Ah ! Vous voilà !
Michel Oui, me voilà !
Anna Avec les années vous ne vous améliorez pas ! Et dire qu’on se dit professionnel de l’amour ! Je rigole ! Vous avez encore beaucoup à apprendre ! Faire dormir une jeune maman dans son sofa. Vous imaginez ce que c’est, d’être une femme seule avec une enfant ? De devoir travailler pour la nourrir et lui assurer un avenir potable ? De la voir comme ça…abusée de la sorte. Vous devriez avoir honte ! C’est bien parce que cela fait des années que je travaille pour vous que je reste mais je ne peux pas dire que je sois fière de vous !
Michel Mais qu’est-ce que vous me racontez ? La voisine est partie ?
Anna Quelle voisine ? La femme que j’ai trouvée dans le sofa c’est votre voisine ? Ah, je comprends, je savais que je l’avais déjà vue. Oui, elle est partie à l’instant. C’est donc votre voisine. Eh bé ! Votre territoire de chasse débute juste derrière la porte !
Michel Mon territoire de chasse ? Mais qu’est-ce vous me racontez ? Elle a sonné hier pour…
Anna Mais oui, elle a sonné pour vous demander du sucre en poudre et hop on s’est sucré au passage ! C’est du propre !
Michel Mais pas du tout ! Elle avait oublié ses clés !
Anna Ouais, ben elle n’avait peut-être pas ses clés mais vous, vous avez trouvé la serrure !
Michel Mais enfin je vous interdis de dire…
Anna Pas de leçon de morale, s’il vous plait !
Michel Mais enfin Anna…arrêtez de vous monter la tête ! C’est ma nouvelle voisine qui vient d’emménager, elle avait oublié ses clés au bureau et elle m’a demandé de l’héberger pour cette nuit et elle s’est installée dans le sofa, c’est tout !
Anna C’est tout ?! Et vous allez me faire croire que la voisine n’avait pas ses clés et qu’elle a laissé sa petite Suzie seule chez elle pour venir ici ?
Michel Elle vous a dit ça aussi. Sa petite Suzie, elle va pas mourir d’avoir été seule une nuit !
Anna Mais vous êtes un monstre ! Laisser une gamine seule à la maison se débrouiller par ses propres moyens… c’est inimaginable !
Michel Une gamine ?
Anna Oui parfaitement, une gamine et ne faites pas celui qui ne sait pas ! Elle me l’a dit ce matin et en plus elle s’en veut de ne pas s’en être occupée hier soir.
Michel Mhmmm… ne vous inquiétez pas ma petite Anna, il ne pouvait rien arriver à sa petite Suzie. Elle est en cage !
Anna QUOI ! Non mais je rêve ! Dites-moi que je rêve ! Cette femme a mis sa gamine dans une cage ?!!!
Michel Ma pauvre Anna, vous lisez trop de romans ! La voisine a bien une petite qui s’appelle Suzie, mais ce n’est pas une enfant mais une perruche ! Une stupide perruche !
Anna Une perruche ?!
Michel Oui, un volatile dans une cage !
Anna Ah… en effet… excusez-moi…
Michel J’apprécierai que vous vous mêliez un peu moins de ma vie privée.
Anna Je vous rassure je ne m’en mêle pas ! C’est vous qui vous vous emmêlez dans votre vie N’importe qui à ma place s’y perdrai. Si vous croyez que c’est simple d’être votre femme de ménage ?! Vos clients, vos clientes, vos amies, je m’y perds ! Il y en a tellement que je n’arrive plus à les compter.
Michel Vous l’avez dit Anna, je vous ai engagé comme femme de ménage, pas comme
comptable ! Alors merci de faire ce pour quoi je vous paie.
Anna Vous faites bien d’en parler de paie. Le mois passé, je ne sais pas si mon salaire s’est perdu entre ici et mon compte mais je n’ai encore rien vu ! Alors on ne se paie pas de ma tête et on paie !
Michel Je sais Anna, elle ne s’est pas perdue, je ne l’ai pas versée. Depuis quelques mois les affaires ne sont plus ce qu’elles étaient et j’ai quelques difficultés financières. Mais je vous promets que vous serez payée très bientôt.
Anna Gardez vos promesses pour vos clients ! En attendant, je vais vous ranger cet
appartement à crédit et comme je suis bonne…sans intérêt !
Michel Merci de votre générosité.
Anna vaque à son ménage tandis que Michel se met à son bureau.
Scène 3
On sonne à la porte, Michel va ouvrir.
Michel Bonjour Michel Briçon de l’agence Cupidon ! Entrez !
Vincent Bonjour, Vincent Corbières. Enchanté !
Michel Je vous en prie installez-vous. Merci de compléter vos coordonnées et ensuite nous discuterons de votre recherche.
Vincent Oh ! Elle est très simple ! J’espère que cela ne durera pas trop longtemps, j’ai encore de nombreux CHEQUE BARRE rendez-vous.
Michel Heu… je ferai de mon mieux mais vu l’importance de la recherche, il me semble qu’il faut prendre un minimum de temps.
Vincent Le temps c’est de l’argent Monsieur Briçon, plus je perds de temps, plus je perds
d’argent. C’est pour cela que je viens vous voir pour me faire gagner du TIMBRE
FISCAL …du temps donc de l’argent.
Michel Vous êtes sûr que vous vous sentez bien ?
Vincent Oui, oui, je vous rassure, je vais très bien. Je comprends votre VERSEMENT…votre étonnement. Je suis atteint du syndrome Gilles de la Tourette avec la particularité qu’il est lié à mon métier, la PLUS VALUE… la banque.
Michel Etonnant, très étonnant ! Bien, je n’en ferai pas cas enfin maintenant que je le sais, je serai moins surpris. Vous avez déjà eu recours à une agence matrimoniale ?
Vincent Non ! Je n’en ai pas eu besoin pour trouver mes épouses. Eh, oui j’ai été marié deux fois… je les ai CAC 40… raté tous les deux ! Ma première femme est partie et la deuxième est restée ! Je sors de ce deuxième divorce et je cherche celle qui sera ma dernière compagne, je n’aime pas la RENTABILITE… la solitude.
Michel Pourquoi faire appel à une agence ?
Vincent Dans mon milieu professionnel, la banque, je ne croise que des femmes qui
connaissent mon excellente situation financière ce qui, je n’en doute pas, les aident à éprouver des sentiments pour moi. Je souhaite trouver une femme qui n’en veuille pas à mon argent.
Michel Ah oui, je comprends…
Vincent Voyez-vous à mon âge, lorsque je rentre seul chez moi WALL STREET…après une
longue journée de travail, cette solitude me pèse, je broie du noir.
Michel Pas au point de commettre une mauvaise action ?
Vincent Oh non, les actions je ne les commets pas, je les émets !
Michel Donc si je comprends bien vous êtes pressé d’en trouver une ?
Vincent Je souhaiterai BON DE CAISSE éviter le jour où je serai ruiné et ne pourrait que marier une femme en ruine !
Michel Vous imaginez une femme de quel âge ?
Vincent Une jeune ! Les femmes sont comme les antiquités, plus elles sont vieilles plus elles sont chères ! Cela étant dit, peu importe le coût de vos prestations je souhaite que vous me trouviez rapidement la perle rare, celle qui me supportera.
Michel Je ferai de mon mieux pour vous contenter. Si une femme est susceptible de vous correspondre, je vous contacterai et vous la rencontrerez une première fois ici. Vous avez des critères précis ?
Vincent Ni trop grande, ni trop petite, ni trop grosse, ni trop maigre BIEN PROPRE. Un
minimum d’éducation et de culture. Pour le reste, je vous fais confiance. Mais surtout, n’indiquez pas ma situation professionnelle, je ne veux pas qu’elles soient influencées.
Michel Que voulez-vous que je leur dise ?
Vincent Ce que vous voulez, dites-leurs que je suis honnête commerçant !
Michel C’est peu courant d’aborder le sujet de la vie à deux de cette manière, je veux dire aussi expéditive ! Vous risquez d’avoir des surprises.
Vincent Comme je vous l’ai dit j’ai déjà été surpris deux fois, jamais deux sans trois !
Bien, je crois que vous avez tous les éléments en main pour faire de moi un homme heureux. J’attends de vos nouvelles rapidement. Bonjour TRESOR… Monsieur !
Michel Mais c’est que…j’aurais besoin d’autres informations…
Vincent C’est votre métier de trouver les bonnes personnes. Je suis sûr que vous savez à qui vous avez à faire au premier coup d’œil ! Ne perdons pas de temps ! Je compte BLOQUE… sur vous !
Michel heu…très bien, au revoir…je vous rappelle !
Scène 4
Anna entre dans le bureau.
Michel Eh ben ! Ça va pas être facile de l’avoir lui ! Et j’ai toujours personne à lui présenter !
Anna C’est ce que l’on appelle une affaire rondement menée !
Michel Vous écoutez aux portes maintenant ?
Anna Absolument pas ! Je vous ferai remarquer que les portes sont ouvertes, que je travaille juste à côté et que mon syndicat n’exige pas les protège-ouïes !
Michel Il devrait… !
Anna Vous dites ?
Michel Rien ! Ma chère Anna, la situation n’est pas bonne. Je me retrouve avec un client qui a les moyens de payer plusieurs rencontres mais voilà, je n’aucune célibataire à lui proposer. Et en plus il est pressé…c’est la fin de l’Agence Cupidon !
Anna Vous qui êtes si positif d’habitude, vous allez bien trouver une solution !
Michel Oui, mais là… c’est plus grave. Je dois absolument trouver des femmes célibataires à la recherche d’un futur mari.
Anna Ou c’est-y que vous pourriez en trouver ? J’ai bien ma voisine qui est vieille fille… mais bon, c’est pas pour rien qu’elle l’est ! Elle vous ferait fuir vos clients !
Michel Vous ne m’avez pas dit que vous aviez fait du théâtre dans votre jeunesse ?
Anna Oui, mais je ne vois pas le rapport ?
Michel Je pense que vous pourriez m’aider à retrouver les chiffres noirs.
Anna A quoi pensez-vous ?
Michel Comment dire, vous connaissez très bien la maison, vous savez comment se passe les entretiens, je me disais que vous pourriez vous faire passer pour une cliente.
Anna Quoi ?! Mais vous êtes tombé sur la tête ! Je suis mariée depuis 5 ans et fidèle de surcroît et croyez-moi avec le mari que j’ai, c’est un exploit ! Qu’est-ce que vous voulez que je joue les ingénues en quête d’un homme à marier ! Je veux bien passer l’aspirateur mais passer la brosse à reluire à des hommes en mal d’amour, non merci !
Michel Mais ce n’est que pour une petite période, le temps que les affaires reprennent.
Anna Encore heureux, vous ne voudriez pas que je vous signe un contrat à durée illimitée !
Michel Juste de quoi amorcer la pompe !
Anna Amorcer la pompe ! Belle image ! Est-ce que j’ai une tête à amorcer la pompe ?!
Michel En tous les cas, vous avez encore beaucoup de charme…
Anna Comment ça encore ?! C’est vrai qu’habillée de mon fourreau et avec un plumeau ou une patte à poussière dans les mains, je ne suis pas sexy ! Mais je vous rassure niveau séduction, j’ai pas perdu la main, Môsieur ! Et c’est pas vos clients paumés, incapables de séduire autrement qu’en achetant des rencontres qui vont me faire peur !
Michel Encore beaucoup de charme et de caractère ! Ouais, je me demande quand même si vous pourriez les convaincre ?
Anna Vous en doutez ? Mais vous allez voir ce que vous allez voir. Anna est là et quand Anna est là, les hommes sont babas !
Michel Donc vous acceptez de m’aider ?
Anna Vous aider ? Collaborer oui ! Combien ?
Michel Pas plus de deux ou trois rencontres…
Anna Non ! Combien vous me payer pour jouer la célibataire ?
Michel Parce que vous voulez que je vous paie ?
Anna Et ben un peu mon neveu ! Déjà que j’astique à crédit vous ne voudriez pas que je
brille gratuitement ?
Michel Disons…
Anna Cent francs par bonhomme et on en parle plus. A prendre ou à laisser. Et si vous
laissez, vous perdez votre femme de ménage !
Michel J’ai plus trop le choix !
Anna Vous voulez jouer dans la cour des grands avec les femmes, bienvenue !
Bon, c’est pas tout ça mais j’ai encore à faire en coulisses avant de me produire !
Anna part en faisant la diva.
Michel Mais quelle idée j’ai eu ! Aie, aie, aie….Elle va faire le ménage dans mes
affaires…adieu le bateau !
Scène 5
On frappe puis sonne à la porte, Guy entre accompagné de Natacha. Anna poursuit son ménage dans la salle de bain et ne perd pas une miette de ce qui se passe.
Guy Je m’ suis dit que ce matin j’allais frapper et sonner rien que pour te faire plaisir !
Entrez, entrez… je vous en prie, ne faites pas la timide.
Natacha C’est pas mon genre….
Guy Voilà, voilà, chose promise, chose due ! Ta première collaboratrice-cliente. Je vous
présente Michel Briçon, directeur de l’Agence Cupidon, Natacha dit « la Tigresse ».
Michel Bonjour Madame, enchanté ! Je vous en prie (lui fait signe de s’asseoir)
Guy, tu as une minute ?
Michel prend Guy à part de l’autre côté de la pièce.
Guy (fier) Alors ?
Michel C’est ça ton idée flamboyante d’une professionnelle pour m’aider à renflouer mes
caisses ?
Guy Eh oui, je sais. Tu ne pensais pas que j’en serai capable.
Michel Non mais tu te fous de moi ?! Regarde un peu l’allure ? La dégaine ? On voit bien que ce n’est pas une amatrice ! On voit bien qu’elle a passé depuis longtemps à la
pratique ! Tu me l’as trouvée où ?
Guy Tu vois le bar « La fermeture éclair » ? Eh bien elle travaille juste à côté.
Michel Si tu veux mon avis, elle a plus l’allure d’y travailler dedans !
Guy C’est fin. Je lui ai tout expliqué, elle est d’accord et en plus la journée elle est libre.
Michel Sans blague ? Ça va pas marcher ton truc.
Natacha Bon, vous avez l’intention de discuter tous les deux encore longtemps ? J’ai pas que ça à faire moi. J’ai des affaires en cours.
Michel Bien excusez-nous… Madame.
Natacha Appelez-moi Natacha, Madame ça fait vieille !
Michel Bien Natacha. Donc, Guy vous a expliqué en quoi consistait votre travail ?
Natacha Ben oui, c’est pas compliqué. C’est comme d’habitude sans les joutes sportives à la
fin !
Michel Oui, c’est ça… sans les joutes.
Donc, vous je vous mets dans mon fichier, il me faudra une photo…
Guy J’ai déjà prévu le coup et elle t’en a apporté.
Natacha sort plusieurs photos qu’elle tend à Michel.
Michel Merci. Oui… heu… celle-là, non trop léger les vêtements. Celle-là il n’y en a même pas, je vous la rend, et celle-ci… si je la cadre un peu mieux je devrais pour voir l’utiliser… Donc, je vous insère dans mon fichier et si un client désire vous rencontrer vous êtes prête à le voir et discuter avec lui ?
Natacha Ouais, comme je l’ai dit à votre pote. 200 balles le client.
Michel 200 francs pour le rencontrer et discuter avec lui ? C’est un peu cher !
Natacha Pendant que je cause, je fais pas autre chose ! Faut bien que je gagne ma vie !
Michel A ce tarif, ça fait cher le mot !
Natacha Je parlerai beaucoup comme ça le prix au mot baissera !
Michel C’est gentil ! Je vous rappelle que vous rencontrerez des hommes qui cherchent à une femme à marier.
Natacha Ben ça me changera, d’habitude je les rencontre après le mariage !
Michel Est-ce que Guy vous a dit que ce serait bien que votre tenue, soit celle d’une
femme… comment dire… plus timide ?
Natacha Pas de souci, je mettrai des robes à ma mère.
Michel Donc, si un homme souhaite vous rencontrer je vous appelle pour fixer le rendez-vous. Vous rencontrerez une première fois chaque client. Et s’ils le souhaitent, en passant par l’agence, ils pourront vous revoir. Vous ne devez leur donner ni votre adresse, ni votre téléphone. Juste parler avec eux, répondre à leurs questions sur ce que vous aimez dans la vie, comment vous imaginer votre vie de famille, ce que vous souhaitez faire dans l’avenir etc. Enfin ce que l’on se dit à un rendez-vous galant.
Natacha Je ferai de mon mieux. Déjà que je ne sais pas ce que je vais faire demain alors
l’avenir…
Guy Vous n’avez qu’à inventer !
Michel On n’est pas à ça près !
Natacha Alors ça inventer, y a pas de problème. J’ai beaucoup d’imagination.
Michel Et puis surtout, on ne doit pas savoir que vous travaillez pour moi. Vous êtes une
cliente comme une autre, c’est compris ?
Natacha J’ai peut-être pas inventé le fil à couper l’eau chaude mais je ne suis pas stupide !
Et je les rencontre où vos pigeons ?
Michel Les rencontres se feront ici et je serai dans le bureau d’à côté.
Natacha Comme vous voulez. Et puis au cas où, vous pourrez me souffler.
Scène 6
Anna passe dans le bureau avec ses chiffons.
Guy Bonjour Anna !
Anna Bonjour M’sieur Guy.
Michel Ah ! Anna, je vous présente Natacha qui va travailler pour l’agence. Anna est ma
femme de chambre.
Anna Si j’ai bien compris vous êtes aussi une femme de chambre mais pas dans la même
catégorie !
Michel Oui, bon. Donc, vous serez amenées à vous rencontrer parfois j’imagine.
Natacha Pas la même catégorie et attendez y a pas de sot métier. Et pis les deux on travaille
avec des pattes ! Vous avec une et moi à 4 !
Michel On se calme ! Donc merci Anna de considérer Natacha comme une cliente et de ne pas faire d’esclandres !
Anna Pas de risque ! Mais vous auriez pu soigner un peu plus votre casting, j’ai pas
l’habitude de partager l’affiche avec des comédiennes de province !
Michel Merci Anna, on se calme tout va bien. Madame Natacha va nous aider à développer
notre petite affaire.
Natacha Et ça croyez-moi Anna, faire grandir les petites affaires c’est ma spécialité !
Anna Vaut mieux être sourde que d’entendre ça ! Quand vous aurez besoin de moi vous
savez où me trouver !
Michel Très bien Anna, merci…
On sonne à l’interphone.
Michel Qui c’est ? J’ai pas de rendez-vous ?
Il va vers l’interphone.
Michel Agence Cupidon, bonjour !
Jules (off) Bonjour Monsieur, Jules Merron. J’ai vu une petite annonce de votre agence et je souhaiterai faire appel à vos services.
Michel Heu… oui… très bien, je vous ouvre ! Dernier étage avec l’ascenseur.
Guy Pourquoi tu précises avec l’ascenseur, tu connais beaucoup de personnes qui se
feraient les douze étages à pied ? Tu vois, on a à peine mis en place notre plan que les clients viennent déjà !
Michel Oui, bon…on fait comme on a dit. Je vous appelle dès que j’ai un client qui souhaite
vous rencontrer.
Natacha Vous voulez que je reste pour ce client, c’est tout ça de fait, non ?
Michel Vous n’avez pas compris le principe. Le client va venir me parler de lui, de ce qu’il
recherche, de ses critères et c’est ensuite que je lui propose de rencontrer les femmes qui correspondent le mieux à sa recherche.
Natacha Moi je disais ça pour gagner du temps.
Michel Il vous faut me laisser seul avec lui. Guy, merci de raccompagner Natacha.
Guy (à part) Qu’est-ce qu’Anna a voulu dire par je partage pas l’affiche ?
Michel Elle va nous donner un coup de main et jouer aussi la célibataire.
Guy Anna ? Tu rigoles ? Le but c’est de garder les clients…
Michel On verra ça plus tard, raccompagne Madame… je te téléphone.
Natacha Au revoir M’sieur Michel, on s’appelle !
Michel C’est ça… on s’appelle !
Guy Salut et bonne chance avec ton Jules !
Ils quittent le bureau, Michel marche dans son bureau.
Scène 7
Michel Dans quelle galère je me suis mis ! C’est la faillite assurée avec ce plan foireux !
Faudrait vraiment trouver des sacrés pigeons pour que ça marche !
On sonne à la porte. Michel va ouvrir.
Michel Bonjour Monsieur, Michel Briçon, entrez !
Jules Merci ! Merron, Jules Merron !
Michel Enchanté Monsieur Merron.
Jules Je me suis permis de venir sans rendez-vous, je ne sais pas si cela se fait mais dès que j’ai vu votre annonce, je me suis dit : voilà la solution !
Michel Ah bon ! Qu’est-ce qui vous a fait choisir mon agence ?
Jules Votre slogan ! (il déplie une coupure de journal) L’agence qui vous trouve l’amour pour pas un rond ! Et justement, j’ai pas un rond !
Michel Ah ! Bien, c’est très bien…
Jules Je dois avouer que c’est rare de trouver des gens comme vous qui pratiquent des
petits prix pour les petites bourses. Au jour d’aujourd’hui, il y a tellement d’escrocs qui veulent s’en mettre plein les poches. Vraiment Monsieur Basson…
Michel Briçon…
Jules Oui, Briçon c’est ce que j’ai dit. Eh bien, Monsieur Briçon même si nous n’avons pas
encore traité, je vous dis au nom des petites gens, merci !
Michel Je vous en prie, vous me gênez !
Jules Mais non, mais non. Ce qui devait être dit est dit. Bien, alors comment ça se passe ?
Michel Que voulez-vous vous dire ?
Jules Eh bien, je suis à la recherche d’une femme, oh je ne suis pas compliqué, comment
procède-t-on dans une agence comme la vôtre pour trouver chaussure à mon pied.
Michel C’est très simple, je vais prendre un questionnaire de client et nous allons ensemble
répondre aux différentes questions. Une fois que j’aurai bien compris ce que vous
recherchez, je consulterai ma base de données afin de vous faire rencontrer la bonne chaussure comme vous dites.
Jules Si c’est un escarpin, je ne dis pas non !
Michel Un instant, je vais chercher les documents.
Jules Faites, faites. Dites donc vous êtes bien installé. Comme quoi, on peut réussir même
en pratiquant des tarifs honnêtes. Votre base de donnée là….vous en avez beaucoup des dames qui cherchent des hommes comme moi ?
Michel Des hommes comme vous ? Heu… je ne sais pas encore mais j’ai la chance d’avoir
l’une des plus grandes bases de la ville.
Jules Jamais je n’aurai pensé qu’un jour, j’aurai recours une agence matrimoniale. Comme quoi dans la vie il ne faut jamais dire jamais.
Michel Voilà, je vais donc remplir les différents champs afin de vous rentrer dans ma base.
Jules Et les tarifs ? Ça tourne autour de combien ?
Michel Oh cela dépend de plein de paramètres, notamment du nombre de femmes que vous souhaitez rencontrer et de la durée des recherches. Plus vite on trouvera votre
bonheur moins vous paierez !
Jules Alors ne perdons pas de temps, allez-y, posez-moi vos questions.
Michel Jules Merron
Jules En fait c’est Jules Gaston Anatole Emilien Merron. Jules c’était le prénom de mon père, Gaston mon grand-oncle du côté de ma mère, Anatole le curé qui a baptisé ma mère et Emilien parce que mes parents aimaient ce prénom.
Michel C’est un peu long ! On va mettre Jules. Vous habitez à….
Jules Mérac, au 13 de l’impasse du cul-de-sac.
Michel Date de naissance…
Jules 10 juin 47, je suis gémeaux ascendant poisson mais comme disait mon oncle
Gilbert qui était policier, tu es plutôt balance.
Michel Vous êtes né dans quel état ?
Jules Dans un état lamentable. On a dû me sortir au forceps.
Michel Je voulais dire dans quel canton, province…
Jules Ah pardon ! Le Berri.
Michel Votre état civil.
Jules Veuf depuis cinq ans.
Michel Désolé…
Jules Ne vous en faites pas, vous savez ma femme était volage, alors maintenant je sais
où elle passe ses nuits !
Michel Mais vous avez vécu longtemps dans cette situation ?
Jules Je l’ai su quinze ans avant son décès. Mais peut-être que cela durait depuis plus
longtemps.
Michel Et vous n’avez jamais pensé au divorce ?
Jules Au divorce ? Non, jamais. Au meurtre, oui ! Souvent !
Michel Heu… bien… vous êtes locataire ou propriétaire ?
Jules Locataire, j’ai un petit trois pièces. J’étais propriétaire avant avec ma femme mais à
son décès, il y a eu des histoires avec sa famille qui voulait récupérer la maison. On
m’a obligé à quitter ma maison où j’ai tous mes bons souvenirs, c’est d’ailleurs là que ma femme est morte…
Michel Et quelles sont vos passions dans la vie ?
Jules Je collectionne les capsules de bouteilles, que ce soit de minérales ou de bières, j’en ai près de 10'000 toutes classées par type de produit. Autrement, j’aime beaucoup la télévision et j’enregistre beaucoup d’émissions qui me passionnent.
Michel Très intéressant…
Jules Je ne vous le fais pas dire. J’ai par exemple, toutes les émissions de Question pour un Champion. J’ai répertorié dans plusieurs cahiers toutes les questions et les réponses. Mais attention les réponses sont cachées par un volet en papier. Avec ma voisine, souvent le dimanche on se pose les questions et on se cultive comme ça.
Michel Très, très intéressant…Quel genre de femme cherchez-vous ?
Jules Ben du genre… féminin !
Michel Vous les préférez intellectuelles, manuelles, grandes, petites…
Jules Ah ! Je n’ai pas vraiment de préférence mais si vous pouviez m’en trouver une qui est belle, qui a quelques économies et qui ne soit pas plus intelligente que moi… je ne dirai pas non !
Michel Bien sûr !
Jules Et puis je vous dirai que vous devriez trouver facilement, parce toutes vos clientes sont là pour moi !
Michel C’est-à-dire ?
Jules Et bien oui ! Elle cherche toutes un Jules !
Michel Ah ! Ah ! Ah ! Oui…un Jules….vous aimez l’humour.
Jules Il faut savoir rire dans la vie même dans les pires moments. Voyez moi, le jour de
l’enterrement de mon épouse, j’ai été pris d’un fou rire ! Allez savoir pourquoi !
Michel Bien, je crois que l’on a fait le tour mon Cher…vous permettez que je vous appelle
Jules ?
Jules Mais oui, mais oui… avec plaisir.
Michel Donc, je pense que l’on a fait le tour.
Jules Et vous avez une idée d’une femme de votre catalogue qui pourrait….
Michel Je crois que oui, un instant….
Michel va à son bureau fait mine de chercher, prend la photo de Natacha…la coupe en deux et
revient vers Jules.
Jules C’est extraordinaire quand même. Il y a dix minutes vous ne me connaissiez pas et
vous avez déjà cerné qui j’étais !
Michel Ah Oui ! Je vous ai bien cerné, en effet. Il y a des évidences qu’on ne peut nier. Voilà, je vous ferai certainement plusieurs propositions dans les prochains jours mais voilà quelqu’un qui ne devrait pas vous laisser indifférent.
Jules Ah oui, oui, oui, oui, oui….en effet….c’est du joli, joli ! Je ne pensais pas à si bien… elle n’est pas trop jeune pour moi ?
Michel Ah…heu…elle ne m’a pas donnée de critère d’âge.
Jules C’est une bonne chose. Je peux la rencontrer ?
Michel Oui bien sûr. Donc voilà comment ça se passe. Je vais la contacter afin de lui dire que j’ai trouvé quelqu’un qui pourrait, et j’emploie le conditionnel bien sûr, lui
correspondre.
Jules Bien sûr, bien sûr…on est sûr de rien !
Michel C’est cela ! Donc, je vais lui proposer une rencontre qui se fera en terrain neutre donc ici mais je vous rassure, je ne serai pas présent. Vous pourrez ainsi faire sa
connaissance et voir si le courant passe.
Jules Très bien, très bien…
Michel Pour les honoraires…
Jules Ah oui, bien sûr ! Ne les oublions pas !
Michel Non, non…chaque rencontre coûte 500 francs.
Jules Cinq cents francs ? Mais c’est cher !
Michel Je vous l’accorde mon Cher Jules mais vous n’êtes pas obligé de la rencontrer. Je vous propose et vous disposez. Si vous pensez qu’elle ne vous conviendrait pas, aucun problème. Je vous trouverai une autre dame afin que vous ne dépensiez pas votre argent de manière irraisonnable.
Jules Oui, oui, je comprends. Je peux refuser vos propositions donc ?
Michel En tout temps.
Jules Vous remontrez la photo ?
Michel Je vous en prie.
Jules Oui, oui, oui, oui, oui… à moi de savoir…
Michel C’est cela…vous n’êtes pas obligé de la rencontrer mais je ne sais pas si vous aurez
d’autres occasions comme celle-ci.
Jules En effet, en effet…je suis en face d’une très belle occasion.
Michel Je ne vous le fais pas dire ! A vous de voir…
Jules Je vois, je vois…Bon ! C’est décidé ! Je souhaite la rencontrer, comment procède-t-on ?
Michel Je vous propose demain à 14h00 ici-même en espérant qu’elle accepte. N’oubliez pas ma petite enveloppe pour le rendez-vous.
Jules Pas de soucis. Avec Merron on a toujours ses ronds !
Michel Merci de votre confiance mon Cher Jules et à demain.
Jules C’est moi qui vous remercie de votre professionnalisme.
Mille mercis, quelque chose me dit que je suis un chanceux !
Michel Ah ça ! Pour être un chanceux ! Croisons les doigts ! Au revoir !
Jules Au revoir et merci.
Jules sort, Michel va à son bureau et appelle Guy.
Scène 8
Michel Guy ? Je crois que je tiens un client magnifique, Jules Merron ! Superbe ! Et puis un
banquier un peu plus coriace. Va falloir que Natacha assure un maximum. Je vais les appeler pour fixer le rendez-vous. On se voit demain ? Ok, salut Guy.
Michel Allo, Natacha ? Bonjour ! J’ai vos premiers rendez-vous. Ce sera demain à 14h00 dans mon bureau. Habillez-vous comme convenu, plus sobre. Je compte sur vous.
Anna entre.
Michel Anna, les affaires vont reprendre ! Va falloir mettre le paquet !
Anna Ne vous inquiétez pas ! Je vais vous montrer de quoi je suis capable ! A moi les
célibataires !
NOIR
ENTRACTE
Acte 3
Scène 1
Le lendemain. On sonne à l’interphone, Michel va ouvrir.
Michel Agence Cupidon…
Guy C’est moi !
Michel Je t’ouvre.
Michel va pour aller à son bureau et ça sonne à l’interphone.
Michel Agence Cupidon…
Guy C’est re moi ! L’ascenseur est en panne.
Michel Que veux-tu que j’y fasse ? Je ne suis pas dépanneur ! Prends les escaliers !
Guy Mais il y a 12 douze étages !
Michel Monte les marches quatre par quatre, tu iras plus vite ! Je t’attends !
Guy J’te jure !
Michel va à son bureau et ça sonne pour la troisième fois mais à la porte.
Michel Encore ! Ah c’est vous voisine !
Lucie Bonjour ! Je venais vous remercier pour hier soir.
Michel Je vous en prie…c’était avec plaisir.
Lucie C’est vrai ?
Michel Puisque je vous le dis !
Lucie Je vous ai apporté une petite boîte de pralinés.
Michel Mais il ne fallait pas. Entre voisin faut se rendre service !
Lucie Vous avez raison. Bien, je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Si vous avez
besoin de mon aide, n’hésitez pas je vous le dois bien.
Michel Un instant ! L’autre soir, vous m’avez dit que vous viviez seule ?
Lucie Oui, enfin avec Suzie.
Michel Ah oui, avec la perruche. Vous n’avez pas de petit copain ?
Lucie Vous êtes curieux ! Non je n’en ai pas. Je me suis séparée il y a quelques mois. C’est pour cela que je suis venue ici, pour oublier. Je ne suis pas prête de rencontrer à nouveau l’amour.
Michel Oh vous savez, il n’avertit pas avant de frapper à la porte.
Lucie Pourquoi vous me posez ces questions ? Vous pensiez faire de moi une cliente ?
Michel Hein ? Non, jamais ! Je suis sûr que vous n’avez pas besoin de moi pour trouver
l’amour. Vous ne travaillez pas cet après-midi ?
Lucie Non, je suis en congé.
Michel C’est bien. Vers trois heures vous êtes libre ?
Lucie Heu…oui !
Michel Parfait ! Je vous invite à prendre un verre à 15 heures. On fera connaissance…
Lucie D’accord ! A tout à l’heure…
Michel C’est ça…
Lucie part.
Scène 2
Michel Et de trois ! Va falloir gérer la situation maintenant. Donc, Jules Merron et Vincent
Corbières. Natacha pour Jules et Anna pour Corbières, la voisine en réserve.
On sonne à la porte
Michel Déjà là !
Guy Je suis mort ! L’ascension de l’Everest à côté ça doit être de la rigolade.
C’est pas possible de laisser un ascenseur en panne dans une tour de 12 étages.
Michel Que veux-tu que je fasse ?
Guy Téléphoner au gardien d’immeuble pour qu’il le fasse réparer.
Michel Quelqu’un l’a certainement déjà fait !
Guy Bon j’ai compris, j’appellerai moi-même ! Oui, bonjour je suis Guy courant un ami de
Monsieur Briçon du douzième, votre ascenseur est en panne. Ah, ils vont venir…très
bien…qui ? Oui, Schindler le fabricant…mhmm…oui, oui je comprends…il a fallu que
vous trouviez la liste de Schindler…enfin tout va rentrer dans l’ordre. Merci…
Michel Tu vois c’est en ordre. J’espère qu’il sera réparé avant le rendez-vous de Merron, le
pauvre les douze étages !
Guy Y a pas que ton Jules qui va se les faire les 12 étages ! Ton banquier idem. Natacha, ça devrait pas lui poser de problème, elle a l’habitude de grimper !
Michel Oh c’est fin !
Guy Et Anna?
Michel Elle ne devrait pas tarder. Elle se prépare à côté. Elle va nous sortir le grand jeu !
Scène 3
La porte s’ouvre et Anna entre plus pimpante que jamais, transformée ! Les deux acolytes sont
bouches bée.
Anna Messieurs bonjour !... vous comptez rester longtemps avec ces têtes d’ahuris ?
Michel C'est-à-dire qu’on a pas l’habitude de vous voir comme ça !
Guy Ah non ! Pas vraiment…
Anna Apparemment, l’effet est réussi. Il n’y plus qu’à amadouer nos deux jojos.
Michel Là, franchement je pense que c’est possible. Donc Anna, je vous rappelle que vous
allez rencontrer Monsieur Corbières le commerçant dont je vous ai parlé. N’oubliez pas qu’il m’a l’air très exigeant et contrairement à ce qu’il dit, il doit savoir ce qu’il se veut.
Anna Ce cher célibataire arrive quand ?
Michel Il devrait être là dans quelques dizaines de minutes. J’espère que Natacha ne va pas
tarder.
Anna Guy ! Venez avec moi à côté pour me faire répéter mon personnage. Il faut toujours
répéter son personnage !
Michel Vas-y, je viendrai vous chercher quand il sera là.
Guy et Anna partent dans le bureau d’à côté. Michel range quelques affaires.
On sonne à la porte
Michel Ça doit être Natacha…
Scène 4
Il ouvre la porte et voit Jules Merron porté par Vincent Corbières face à lui.
Michel Vous ? Je ne vous attendais pas si tôt et surtout pas ensemble !
Vincent C’est que Monsieur et moi-même avons eu la même idée. Pour une première rencontre vaut mieux avoir de l’avance. Et avec votre COFFRE FORT ascenseur en panne, nous avons bien faits.
Jules Je pensais que je n’arriverai jamais au sommet de cette tour. On ne peut pas dire que vos bureaux aient pignon sur rue !
Michel Je vous en prie asseyez-vous et reprenez votre souffle.
Le temps pour moi d’aller préparer le bureau où vous rencontrerez, je l’espère l’amour.
Michel s’en va et laisse les deux clients dans le bureau. Ils s’installent dans le sofa.
Jules Avec tout ça, je ne me suis pas présenté ! Merron, Jules Merron comme le mérou mais avec un « on ».
Vincent Vincent Corbières, comme la région.
Jules Je m’ suis dit qu’avec des fleurs pour un premier rendez-vous, ce serait mieux !
Mais elles ont encore moins supporté l’ascension que moi.
Vincent J’espère que vos chances ne se sont pas fanées PROFIT !
Jules J’ai une petite quincaillerie à Mérac, « Au boulon doré » et vous que faites-vous ?
Vincent Je suis ban…
Jules Banquier ! J’étais sûr…vous avez la tête !
Vincent Pas du tout !
Jules Ah si ! Vous avez la tête !
Vincent Je ne suis pas banquier mais ban… joïste !
Jules Banjoïste ? Ça sert à quoi ?
Vincent A jouer du banjo, je suis musicien et je joue du CHEQUIER banjo.
Jules Etonnant ! L’habit ne fait vraiment pas le moine. Excusez-moi de vous avoir pris pour un de ces banquiers cupides. Les apparences sont vraiment trompeuses !
Vincent Je ne vous le fais pas dire…et la quincaillerie, ça marche ?
Jules Oh ! Ce n’est plus ce que c’était, bientôt cela ne vaudra plus un clou ! Les clients
abandonnent les petits commerces mais je reste optimiste et si tout va bien, cette
année je vais doubler le bénéfice !
Vincent Bien ! Et vous avez fait combien l’année passée ?
Jules Zéro !
Scène 5
Michel, Guy et Anna entre dans le bureau.
Michel Messieurs ! Tout est prêt ! Je vous présente Anna !
Vincent Mes hommages MAINLEVEE Madame !
Jules Enchanté Merron ! Jules Merron !
Anna Messieurs ! Très honorée de faire votre connaissance.
Jules C’est la mienne ?
Michel Monsieur Merron ! Non, Anna souhaite rencontrer Monsieur Corbières.
Guy ! Je te propose d’accompagner Monsieur Merron dans le bureau d’à côté et de lui tenir compagnie en attendant Mademoiselle Natacha.
Guy Bien Michel, Monsieur Merron s’il vous plait.
Jules C’est ici que nos chemins se séparent, je vous souhaite plein succès avec Madame.
( à Anna) Madame… (à Guy) je vous suis.
Jules et Guy quittent la pièce.
Michel Je vous laisse faire connaissance, je vous prie mettez-vous à l’aise. Je vais aller
accueillir ma cliente en bas de la tour. A tout de suite.
Michel part en laissant Vincent et Anna ensemble.
Scène 6
Vincent Je vous en prie Madame, asseyez-vous.
Anna Pas de Madame, appelez-moi Anna.
Vincent Bien, c’est la première fois que vous passez par une agence matrimoniale ?
Anna heu… oui, c’est la première fois !
Vincent Vous êtes célibataire, divorcée ?
Anna Je suis…veuve ! Une inconsolable veuve ! Ah ! Mon cher mari, quel homme ! Je n’ai
rien vu venir…la veille de sa mort, il était encore vivant !
Vincent Incroyable ! La vie ne tient vraiment qu’à un fil !
Anna Pour mon mari ce fut le contraire, il s’est pendu !
Vincent Ah ! Excusez-moi !
Anna Vous ne pouviez pas le savoir. Que faites-vous dans la vie ?
Vincent Je suis un honnête commerçant.
Anna Intéressant… dans quel domaine ?
Vincent Eh bien… j’ai une quincaillerie « Au boulon doré ».
Anna C’est un joli nom. Et les affaires vont bien ?
Vincent Couci-couça ! Les temps sont durs et je n’ai pas beaucoup de liquidités.
Anna Et voilà, comme mon mari ! Vous créez une entreprise, vous travailler d’arrache-pied, vous prenez des crédits et lorsque les temps sont durs personne pour vous soutenir. Et surtout pas les banquiers ! Dans le cas de mon mari, c’est son banquier qu’il l’a tué ! Il l’a poussé à bout !
Vincent Ah ? Vous pensez vraiment ce que vous dites ?
Anna Et comment ! Je ne sais pas quelles sont vos relations avec le vôtre, mais mon mari a eu à faire à un odieux égoïste ! C’est facile d’être derrière son bureau et d’avoir le
pouvoir de décider. Mon Guillaume était un honnête homme qui a travaillé dur pour
monter son affaire. Au début, son banquier était tout sourire, on lui aurait donné nos économies sans confession. Mais dès que vous vous retrouvez dans la difficulté… alors là… y a plus personne au guichet ! Et quand vous voyez les bénéfices qu’ils annoncent, vous vous demandez si votre rôle n’est pas de voler autour des églises !
Vincent C'est-à-dire ?
Anna D’être un pigeon !
Vincent Ah oui ! Mais ils ne sont certainement pas tous comme cela.
Anna Vous rigolez ! On voit bien que vous ne les connaissez pas ! Croyez-moi ! Là où le
banquier passe, les commerçants trépassent !
Vincent Vous exagérez ! J’en connais de très bien. Qui s’investissent dans leur travail, cherche à comprendre les difficultés de leurs clients.
Anna Vous vivez dans un rêve cher Monsieur ! Mon patron… enfin je veux dire un de mes
anciens patrons en souffre, son banquier n’a que faire de sa situation. S’il venait ici
enfin je veux dire chez mon ancien patron, il se rendrait compte de tout le travail qui est fait sans compter sa femme de ménage qui ne compte pas ses heures…
Enfin, nous ne sommes pas là pour discuter d’économie…au contraire ! Soyons
généreux… cela fait longtemps que vous êtes seul ?
Vincent Eh bien… deux mois !
Anna Et vous avez gardé votre alliance ? Curieux ?
Vincent Ah !... je n’avais pas remarqué ! En effet, ce n’est pas très judicieux de l’avoir laissée pour venir ici !
Anna Cela peut-être même un handicap pour trouver l’âme sœur !
Scène 7
La porte s’ouvre et Michel entre avec une gardienne de la paix et Natacha.
Michel Entrez. Cela doit certainement être une erreur !
Madeleine Cela m’étonnerait ! Dans la police on en fait rarement ! Madame est connue de nos
services mais pas dans cette tenue !
Anna Tout va bien Monsieur Briçon ?
Michel Ça pourrait aller mieux ! Je vous en prie, faites comme si nous n’étions pas là !
Vincent Pas facile, il y a des ambiances plus intimes pour faire connaissance !
Madeleine Ne vous inquiétez pas ! Dans notre métier, on a l’habitude d’entendre beaucoup de
choses sans pour autant les répéter. Donc Monsieur Briçon, vous me dite que Madame Natacha est l’une de vos clientes. Vous êtes sûr que ce n’est pas l’inverse ?
Michel Oui tout à fait ! C’est une de mes clientes ! Et Madame a rendez-vous avec un
monsieur.
Natacha Cela ne la change pas de ses habitudes !
Michel Madame a rendez-vous avec un client de l’agence.
Natacha C’est ce que je vous ai dit !
Madeleine Avec l’un de vos clients…et vous dites que vous avez une agence matrimoniale ?
Michel Oui, l’agence Cupidon ! Enfin Madame…c’est inscrit sur la porte !
Madeleine Sergent Boudard ! Et ce n’est pas parce que c’est écrit que c’est vrai.
Michel Bien, sergent Boudard, ce n’est pas parce que Madame Natacha est connue de vos
services, qu’elle n’a pas le droit de faire appel à une agence.
Anna Moi, je serais vous, j’enlèverai votre alliance, elle risque de vous réserver des
surprises !
Madeleine Qu’avez-vous dit Madame ?
Anna J’ai dit à Monsieur Corbières d’enlever son alliance.
Madeleine Monsieur est marié et fréquente une agence matrimoniale ?
Vincent Non !
Madeleine Vous ne fréquentez pas l’agence matrimoniale ?
Vincent Oui !
Madeleine Pas très clair !
Vincent Oui, je suis client de l’agence et non je ne suis plus marié.
Madeleine Et vous portez toujours votre alliance ?
Vincent Je suis veuf et j’ai oublié de l’enlever.
Michel Ecoutez Madame le sergent ! Vous voyez bien que ce Monsieur est un honnête
homme. Ce n’est pas un crime que de laisser son alliance après le décès de son
épouse !
Madeleine Certes…mais curieux tout de même ! (à Natacha) Donc vous, vous seriez une cliente de cette agence à la recherche d’un mari ?
Natacha C’est ce que je me tue à vous expliquer !
Madeleine Vous avez décidé de vous ranger des voitures ?
Natacha Faut pas pousser non plus ! C’est une activité temporaire !
Madeleine Parce que chercher un mari vous appelez ça une activité temporaire !
Natacha Ben oui…c’est une activité qui va me prendre un certain temps donc elle est
temporaire…
Madeleine Mmhm… bon en dehors du fait que de vous trouver ici m’interpelle, je vous rappelle
Monsieur Briçon que mon problème est le véhicule de marque Peugeot, modèle
Berlingot parqué sur la place handicapé.
Vincent Ce n’est pas moi, je suis venu en taxi.
Anna Moi en métro.
Natacha En berlingot ? Pourquoi pas en cannette ?
Michel Bien, cela doit être Monsieur Merron.
Madeleine C’est qui ça ?
Michel Un client qui patiente à côté et qui a rendez-vous avec Madame Natacha.
Natacha Vous permettez que j’aille me rafraîchir avant qu’il me rencontre?
Michel Faites… je vais avertir Monsieur Merron que vous êtes là !
Vincent Pardonnez-moi Monsieur Briçon, mais n’auriez-vous pas un endroit plus calme ? Je
crains qu’ici cela soit difficile de poursuivre ma discussion avec cette chère Anna.
Michel Heu…oui, suivez-moi ! Je vais vous placer dans le petit bureau. (à Madeleine) Merci de patienter, je reviens de suite.
Vincent Sergent, ce fut un plaisir de vous rencontrer, vous permettez ?
Madeleine Allez-y ! Monsieur Briçon ne tardez pas, j’ai encore à faire.
Michel Tout de suite…
Michel part dans le bureau avec Anna et Vincent, Madeleine en profite pour inspecter le bureau.
Scène 8
Michel revient avec Jules Merron
Michel Voilà mon Cher Jules !
Jules Vous ne m’avez pas dit qu’elle était de la police ! Elle était mieux sur la photo !
Michel Non, ce n’est pas Madame Natacha ! Je vous présente le sergent Boudard !
Madeleine Monsieur ! Le Berlingot c’est à vous ?
Jules Sûrement pas ! Je ne fais que dans les capsules de bouteilles ! Les berlingots ne sont pas pratiques à collectionner !
Madeleine Qu’est-ce qu’il me raconte ?
Michel Jules ! Le sergent vous demande si la Peugeot Berlingot parquée en bas est à vous ?
Jules Ah ! Excusez-moi ! Oui, oui c’est ma voiture. Très pratique quand on est un petit
commerçant pour les livraisons.
Madeleine Et actuellement vous êtes en livraison ?
Jules Heu, non ! C’est plutôt Monsieur Briçon qui doit me livrer aujourd’hui !
Madeleine Il doit vous livrer ? Mais quoi donc ?
Michel Rien ! Monsieur Merron joue un peu avec les mots ! Il a rendez-vous c’est tout !
Madeleine Bien. Monsieur vous êtes en stationnement sur une place handicapé, ce qui est
interdit.
Jules C’est interdit, sauf si l’on a un handicap !
Madeleine Et c’est votre cas ?
Jules Au golf, oui ! Même un très grand !
Madeleine Pardonnez-moi Monsieur, mais si vous vous fichez de moi, cela ne va pas se passer
comme cela !
Jules Excusez-moi Sergent ! Je plaisantais….
Madeleine Est-ce que vous trouvez que j’ai une tête à plaisanter ?
Jules Maintenant que vous le dites…pas trop !
Madeleine Ce n’est pas correct Monsieur de prendre ces places destinées aux handicapés. Si vous prenez leurs espaces, prenez aussi leurs handicaps. Voici Monsieur ! Quant à nous, je souhaite encore éclaircir quelques points sur votre agence.
Michel Bien sûr, nous allons aller à côté nous serons plus au calme.
Scène 9
Natacha sort de la salle d’eau.
Michel Ah ! Madame Natacha, je vous présente Monsieur Jules Merron.
Natacha M’sieur Jules, c’est un plaisir.
Jules Vous êtes sûr que c’est la même que sur la photo ?
Michel Oui, tout à fait…
Jules Elle a vieilli !
Michel La photo n’était pas récente…et puis la tenue…
Jules Bien sûr, bien sûr…
Michel Je vous laisse avec Madame Natacha, sergent veuillez me suivre.
Madeleine Si vous revenez dans le quartier, je vous ai à l’œil Cher Monsieur !
Jules Je n’en demande pas tant !
Michel et Madeleine quittent le plateau.
Jules C’est un peu curieux de vous rencontrer dans ces conditions.
Natacha Oh, vous savez…ce n’est qu’une question d’habitude. Moi je croise la police tous les
jours.
Jules Ah ? Qu’est-ce que vous faites comme travail ?
Natacha Eh bien…en fait….je travaille dans…le social.
Jules Ah ?! Mais c’est très intéressant…oui, oui, c’est bien de se soucier du bien être des
autres. Ma femme était aussi dans le social mais plutôt du côté des clients !
Je vous ai apporté quelques fleurs en espérant qu’elles vous plaisent.
Natacha Oh ! C’est gentil….elles sont…ravissantes !
Jules Vous avez des enfants ?
Natacha Oui, un garçon que j’élève toute seule.
Jules Ah… et le père ?
Natacha Je ne le vois plus, nous n’avons pas vécu longtemps ensemble.
Jules Combien de temps ?
Natacha Un soir !
Jules En effet, c’est court !
Natacha La vie n’est pas facile, quand il était tout petit et que je lui donnais le sein, je n’arrivais pas à joindre les deux bouts !
Jules Cela ne doit pas être facile ! Remarquez, on en utilise qu’un à la fois !
Natacha Pardon ? (Jules Mime)… Ah oui ! Oh vous êtes drôle !
Et vous ? Vous avez connu votre femme jeune ?
Jules Oh oui, très jeune ! Nous étions bénévoles pour une association de chrétiens sourds.
Natacha Cela ne doit pas être facile pour eux d’entendre la bonne parole !
Jules Tout était prévu ! Il y avait des traducteurs en langue des signes. Pour eux ce n’était pas la bonne parole mais le bon geste !
Natacha Et vous avez vécu longtemps ensemble ?
Jules Plus de trente ans ! Rendez-vous compte ! Et puis, elle est partie me laissant seul avec le commerce.
Natacha Vous avez un magasin ?
Jules Oui, j’ai une petite quincaillerie « Au Boulon doré » à Mérac. Vous connaissez ?
Natacha Non.
Jules C’est très joli, un petit bourg de 3'000 âmes. Mon magasin est à l’impasse du cul-de-sac! C’est facile à trouver, je suis au fond !
Natacha Et cela fait longtemps que vous cherchez une compagne ?
Jules Oui assez, mais avec le magasin ce n’est pas facile de trouver du temps pour aller à la chasse et ma clientèle est plutôt masculine alors cela ne facilite pas les rencontres.
Natacha Sauf si on cherche un homme.
Jules Heu… oui… mais moi je cherche une femme ! Sur la photo que j’ai vu, vous
étiez… comment dire…plus….moins….
Natacha Différente ?
Jules Voilà c’est ça ! Différente ! Alors, je m’attendais à ce que vous soyez plus…moins…
Natacha Différente ?
Jules Oui !... différente…
Natacha C’est ma tenue qui vous étonne ?
Jules Eh bien, un peu…Oh ! Mais elle est très jolie… mais sur la photo, elle
était… plus… moins…
Natacha Différente !
Jules Voilà !... en fait tout ceci est très… différent !
Natacha Mais vous savez la tenue ne veut rien dire. L’habit ne fait le moine…
Jules Oui, bien sûr….
Natacha Tout est dans l’attitude…vous préférez les femmes entreprenantes ?
Jules heu, oui… c'est-à-dire que… ma femme l’était… entreprenante…mais pas avec moi !
Natacha C’est dommage ! Et dire qu’elle avait tout à la maison !
Jules Alors ça vous pouvez le dire, tout ! Elle avait tout pour bien faire à la maison ! Un lave-linge avec un séchoir intégré, un aspirateur sans sac, une jolie cuisine complètement équipée, nous étions les premiers du quartier à avoir un vitrocéram ! Rendez-vous compte !
Natacha Ah oui ! Quelle chance elle avait !
Jules Je ne vous le fais pas dire. Je vois que vous connaissez la valeur des choses. Je
commence à bien vous cerner. Si sur votre photo vous étiez…
Natacha Différente !
Jules Pas comme maintenant, c’était sans doute pour mieux vous vendre ! Oh ! Excusez-moi, je ne voulais pas dire non plus que vous vendiez vos charmes ! Je ne me
permettrais jamais et puis on voit bien que vous n’êtes pas ce genre de femme !
Natacha Non, bien sûr !
Jules Je ne sais pas si Monsieur Briçon vous l’a dit mais j’ai une collection exceptionnelle !
Natacha Ah non ! Il ne me l’a pas dit !
Jules Je suis certain que cela va vous impressionner pour ne pas dire vous faire mousser !
Natacha Je suis toute excitée !
Jules Attention…et voilà l’objet de toutes les convoitises…j’ai le plaisir de vous présenter
l’une des plus belles collections de capsules de bouteilles !
Natacha Ah !...c’est en effet…impressionnant !
Jules N’est-ce pas ? Exceptionnel, non !
Natacha Ah oui…et le mot est faible !
Jules Vous êtes vraiment une femme de goût. Et mes plus belles pièces sont à la maison, je ne les sors pas pour des questions de sécurité.
Natacha Bien sûr…
Jules Si vous le souhaitez, je pourrai vous inviter à la maison pour vous les montrer ?
Natacha Eh bien…comment dire…ce sera avec plaisir. Vous collectionnez d’autres objets de
valeurs ?
Jules Oh non ! Un collectionneur digne de ce nom se concentre que sur un sujet et le monde de la capsule est vaste. Je sens que nous sommes sur la même longueur d’onde.
Natacha Cela ne fait aucun doute.
On sonne à la porte.
Jules Et vous ? Vous ne collectionnez rien ?
Natacha A part les désillusions, je ne vois pas.
Jules Mais il faut rester optimiste dans la vie ! PPP Pensées Positives Permanentes !
Natacha Je serais plutôt III Idées Incohérentes Incessantes !
On resonne
Jules Ah ! Monsieur Briçon n’a apparemment pas entendu la sonnerie, je vais y aller.
Jules va ouvrir la porte et Lucie ainsi que Fanny sont derrière la porte.
Scène 10
Jules Bonjour Mesdames ! Bien venue à l’agence Cupidon ! Entrez !
Jules entre dans le bureau suivi des deux femmes.
Fanny C’est ça ton Michel tout mignon ?!!! Tu es sûre que tes lunettes ne mériteraient pas
une révision ?
Lucie Tu es bête ! Ce n’est pas lui ! C’est la première fois que je le vois.
Jules Entrez, entrez. Faites comme chez vous !
Lucie Monsieur Briçon n’est pas là ?
Jules Si, si, il est à côté avec la police.
Lucie Il s’est passé quelque chose ?
Jules Je ne sais pas, je ne suis qu’un client de l’agence à la recherche de la femme idéale.
Fanny Eh ben il est pas prêt de trouver, lui !
Jules Je vous présente Madame Natacha avec qui je faisais connaissance.
Natacha Mesdames…
Lucie Bonjour !
Fanny Salut !
Jules Je vous en prie, prenez place. Je me présente, Jules Merron comme le mérou mais
avec un « on ».
Lucie Lucie Boulay, je…
Fanny Fanny Rey comme récurer mais sans le curé.
Lucie Je m’excuse de vous interrompre dans votre discussion mais j’avais rendez-vous à
15h00.
Jules Aucun souci ! Et puis je ne vais pas me plaindre d’être en compagnie de trois
charmantes personnes. En m’inscrivant, je ne pensais pas que je pourrais d’une pierre faire trois coups !
Les trois femmes le regardent…
Jules Oh pardon ! Ce n’est pas ce que je voulais dire ! Ce que j’entendais, c’est…
Fanny J’espère que ce n’est pas ce que l’on a compris. Parce que si c’est le cas, le mérou
avec un « on » risque de boire la tasse !
Lucie Fanny ! C’est bon ! Tu vois bien que les paroles de Monsieur ont dépassé sa pensée.
Fanny J’ai l’impression qu’il n’y a pas que ses paroles qui le dépassent !
Jules Vous vous connaissez ? Vous faites une recherche commune ?
Fanny C’est bien ce que je disais ! Oui Monsieur ! On fait une recherche commune, parce
pour vivre avec des hommes comme vous, vaut mieux être deux pour pouvoir faire
des tournus !
Lucie Arrête ! Il t’a rien fait ! Si j’avais su, je ne t’aurai pas prise avec moi !
Michel et Guy entrent dans le bureau avec le sergent Boudard.
Scène 11
Michel Ah ! Voisine vous êtes là ! Je n’ai pas entendu la sonnerie.
Fanny Ca on avait remarqué !
Lucie Je vous présente Fanny mon amie qui est venue chez moi à l’improviste alors je l’ai
prise avec moi.
Michel Enchanté ! Voici Guy, mon meilleur ami.
Guy Salut !
Lucie Bonjour, vous avez un problème ?
Michel Pourquoi dites-vous ça ?
Fanny Ben à cause de Madame…
Madeleine Boudard, Sergent Boudard.
Michel Ne vous inquiétez pas. Le sergent est venu faire son travail à cause de la voiture de
Monsieur Merron mais maintenant tout est rentré dans l’ordre, n’est-ce pas ?
Madeleine Tout est en ordre jusqu’à la prochaine infraction.
Scène 12
Vincent et Anna entrent
Michel Je vois que tout le monde s’est donné rendez-vous !
Jules Mon cher banjoïste, j’espère que vous avez rencontré celle que vous attendiez ?
Vincent Cette rencontre fut très intéressante.
Anna Banjoïste ? Qu’est-ce que c’est que ça ?
Jules Monsieur est musicien, il joue du banjo !
Anna Mais vous m’avez dit que vous étiez quincaillier… à Mérac !
Jules Ah non ça c’est moi !
Anna Qu’est-ce que vous m’avez raconté ?
Vincent C'est-à-dire que… en fait… je suis ban…
Jules Banjoïste ! J’ai tout compris ! Monsieur avait certainement de la difficulté à vous
annoncer qu’il était artiste. Ce n’est pas rassurant pour une femme de vivre avec un
artiste, un musicien et encore moins avec un joueur de banjo ! C’est vrai, on en voit
pas dans tous les orchestres ! N’est-ce pas ? Ce n’est pas grave comme petit
mensonge et puis quincailler c’est un beau métier.
Anna Petit mensonge peut-être mais mensonge quand même !
Vincent Je suis désolé, chère TRESOR PUBLIC… Anna…
Michel Voyez Monsieur Corbières, vous auriez mieux fait de dire tout de suite que vous étiez banquier.
Guy Là, on commence à être dans la merde !
Anna Parce que vous êtes banquier ?
Jules Non, je vous ai dit qu’il était banjoïste ! Pourquoi voulez-vous qu’il dise qu’il est
banquier alors qu’il est banjoïste !
Fanny C’est pas triste chez ton voisin !
Madeleine S’il vous plait ! Je crois que je me dois d’intervenir dans votre discussion. J’étais prête à partir, mais là… j’aimerai comprendre à quoi vous jouer !
Michel Nous ne jouons à rien ! C’est juste une méprise.
Madeleine Une méprise ? Il me semble plutôt que je suis en compagnie de beaux menteurs !
Fanny Ben nous on y est pour rien ! Allez viens Lucie laissons-les se débrouiller avec leurs
histoires.
Madeleine Stop ! On ne bouge plus ! Vous restez ici tant que je n’ai pas compris qui est qui, qui fait quoi et qui va où. Bon ! Afin que je puisse procéder aux interrogatoires, je vais vous demander de venir ici à tour de rôle. Les autres vous patienterez derrière. C’est clair pour tout le monde ?
Jules C'est-à-dire que je dois retourner au magasin et je suis mal parqué.
Madeleine C’est un peu tard pour y penser et avec ce que je vous ai donné, vous avez quelques heures de crédit.
Lucie Excusez-moi Madame le sergent mais nous, nous y sommes pour rien dans tout ceci. J’avais juste rendez-vous avec Monsieur Briçon à 15h00.
Michel Tout à fait !
Madeleine Et vous aviez rendez-vous pourquoi ?
Lucie Pour faire connaissance et boire un verre.
Madeleine Donc vous n’êtes pas pressée ! Parfait !
Vincent Si vous le permettez sergent, j’ai également encore de nombreuses choses à régler et je ne peux pas rester plus longtemps.
Madeleine Alors vous ! Le roi du mensonge, si vous croyez vous en sortir comme cela !
Fini les excuses pour tout le monde. Vous ! Monsieur Méron ! Asseyez-vous ici ! Quant aux autres, merci de patienter derrière.
Fanny On croit rêver !
Lucie Arrête Fanny, tu vas exciter le sergent.
Natacha Je connais des méthodes plus fiables pour exciter.
Vincent Tout ça pour une bête profession !
Anna Si j’avais su, j’aurai refusé de vous aider !
Guy Michel, excuse-moi c’est un peu de ma faute !
Michel Taisez-vous et tout le monde dans le bureau !
Scène 13
Les sept quittent le bureau principal et laissent le sergent Boudard avec Jules Méron.
Madeleine A nous deux…Méron !
Jules Qu’est-ce que vous allez me faire ?
Madeleine Rien… si vous me dites la vérité !
Jules Je vous jure que je ne pensais pas à mal en me parquant sur cette place handicapé.
J’ai bien un peu d’asthme quand je suis stressé mais j’avoue, je n’ai pas de handicap. Je suis ici seulement pour trouver une femme, ça je vous le jure !
Madeleine Papiers d’identité !
Jules Bien sûr ! Voilà…sur la photo je n’ai pas la moustache mais c’est moi !
Madeleine 13, rue de l’Impasse du Cul-de-sac !
Jules Oui, tout au fond !
Madeleine Votre profession ?
Jules Quincailler ! Comme je l’ai dit tout à l’heure, je suis quincailler. Toutes spécialités, vis, boulons, clous, petit outillage…
Madeleine Et vous avez connu l’agence comment ?
Jules Par cette annonce voyez…et comme j’ai perdu ma femme, je voulais simplement en
trouver une nouvelle mais je ne pensais pas que ce serait aussi compliqué !
Madeleine Vous l’avez perdue… mhmm… où ça ?
Jules Comment ça, où ça ?
Madeleine Où avez-vous perdu votre femme ? Avez-vous avisé notre service des personnes
disparues ? Sans doute pourront-ils vous aider à la retrouver.
Jules Mais je sais où elle est ! Et rassurez-vous, elle ne va pas en bouger !
Madeleine Si vous savez où elle est…vous ne l’avez pas perdue ! Elle n’a pas disparu !
Jules Elle a disparu, je l’ai perdu, elle est morte !
Madeleine Ah ! Excusez-moi !
Jules Vous voyez le mal partout ! Vous êtes une suspicieuse…
Madeleine Mon Cher Monsieur, sachez que si la police ne l’était pas suspicieuse, elle ne ferait pas son travail.
Jules Et vous voyez le mal en moi ?
Madeleine Je vous avoue que ce n’est pas la première chose que l’on voit chez vous !
Jules C’est quoi ?
Madeleine Disons que la première chose que l’on voit chez vous…c’est vous ! Donc, vous êtes
veuf et vous êtes là pour chercher une nouvelle épouse.
Jules C’est ça ! Vous comprenez vite !
Madeleine Gardez vos remarques Cher Monsieur. Veillez plutôt à bien vous garer. Il serait stupide de collectionner les contredanses.
Jules Ah ça ! Ce n’est pas mon genre. Moi je collectionne plutôt les capsules de bouteilles,
en priorité celles de…
Madeleine Très bien on verra ça plus tard !
Jules Je peux y aller ?
Madeleine Non, pas encore. Vous restez ici tant que je n’ai pas tout éclairci.
Monsieur Briçon !
Michel Oui Sergent Boudard ?
Madeleine Merci de bien vouloir faire venir Monsieur Corbières.
Michel Tout de suite.
Scène 14
Michel va chercher Vincent.
Jules Je savais que trouver une femme serait compliqué, mais alors là…
Vincent Vous m’avez demandé ?
Madeleine Oui, asseyez-vous !
Bien Monsieur Corbières, déclinez votre identité.
Vincent Corbières Vincent ! 2, ruelle des Oliviers à CREDIT… Rançy
Jules Excusez-le Madame le sergent mais il a la maladie de Gillette !
Vincent Syndrome Gilles de la Tourette.
Madeleine Encore un mensonge ?
Vincent Absolument pas ! Je suis un honnête citoyen et si vous continuez votre zèle de
débutante, je puis vous assurer que j’écrirais à votre hiérarchie afin de les informer de votre ACTE DE DECES… attitude.
Madeleine Gardez vos menaces, Monsieur. Votre profession ?
Jules Ban…
Vincent Quier ! Je suis banquier !
Jules Mais vous m’avez dit que vous étiez banjoïste ?!
Vincent Je vous l’ai dit, mais je ne le suis pas ! Et cessez de dire à tout le monde que je suis
banjoïste !
Jules C’est vous qui me l’avez dit ! Va pour banquier d’ailleurs vous en avez la tête, je le
savais !
Madeleine Vous êtes banquier ? Mais pourquoi avoir dit à Monsieur que vous étiez banjoïste et à l’autre dame que vous étiez quincailler ?
Jules Sans doute à cause du secret bancaire !
Vincent Ce n’est pas faux ! J’ai dit que j’étais banjoïste à Monsieur parce que je n’ai pas eu
d’autre idée. Monsieur Briçon connaît ma véritable BOURSE profession, je ne voulais
pas que ma recherche soit faussée par ma situation. Quant à cette chère Anna, je lui ai dit quincaillier spontanément sans réfléchir. Ce n’est pas un crime tout de même ?
Madeleine Non, mais attention avec l’usurpation d’identité ! Monsieur Briçon ?
Michel Oui, sergent !
Madeleine Faites entrer Madame Anna !
Scène 15
Michel va chercher Anna
Anna Ca va durer encore longtemps cet interrogatoire ? J’ai encore du ménage à faire !
Madeleine Cela durera le temps qu’il faudra ! Prenez place ! Monsieur Briçon restez seulement.
(à Michel) Vous saviez que Monsieur Corbières était banquier ?
Michel Oui, tout à fait. Il m’a demandé de ne pas dire sa véritable profession afin que les
femmes qu’il rencontreraient ne soit pas influencées par sa situation.
Vincent Vous voyez, c’est ce que je vous ai dit !
Madeleine Et vous Madame Anna, cela fait longtemps que vous cherchez un mari par
l’intermédiaire de l’agence Cupidon ?
Anna Eh bien…non pas longtemps… en fait…
Jules Voyons Sergent, vos questions la gênent… cette pauvre petite dame…
Michel Sergent ! Cette chère Anna est en réalité…
Madeleine Je pense que Madame peut répondre toute seule à mes questions…alors ?
Anna En fait, je suis mariée !
Jules Quoi ? Ben ça alors !
Vincent Vous n’êtes pas veuve ? Je ne suis pas le seul à avoir des secrets !
Madeleine C’est du propre ! Monsieur Briçon, est-ce que par hasard je viendrais de découvrir une agence de rencontre quelque peu particulière ?
Michel Pas du tout ! Anna vous dit la vérité. Elle est mariée et elle travaille pour moi en tant que femme de ménage.
Madeleine Eh bien ! Je ne suis pas certain que vous fassiez bien votre travail, il me semble qu’il y a encore beaucoup de ménage à faire ici ! Pouvez-vous me dire à quoi vous jouer ?
Anna L’agence a quelques difficultés et j’ai voulu aider Monsieur Briçon à renflouer les
caisses en jouant le rôle de la jeune veuve.
Vincent Rôle que vous avez magnifiquement tenu ! Je vous félicite, j’y ai cru !
Anna Merci…
Madeleine Monsieur Briçon ! Cette histoire est vraie ?
Michel Hélas oui… au départ je ne voulais pas mais… la situation de l’agence est mauvaise et j’ai cherché un moyen pour la sauver.
Madeleine Et vous avez encore imaginé beaucoup de scénarios dans ce genre ? Appelez-moi le
reste de votre troupe !
Scène 16
Michel va chercher Guy, Natacha, Lucie et Fanny.
Jules Je commence à comprendre votre slogan. En effet ! Votre agence ne vaut pas un
rond ! Et comme quincaillier je dirai même pas un clou !
Guy Alors ? Ça s’arrange ?
Michel Pas dans l’immédiat !
Madeleine Bien, maintenant que vous êtes tous là, on va tenter d’y voir plus clair. (à Guy) Vous
Monsieur, vous êtes qui ?
Guy Je suis Guy Courant, le meilleur ami de Michel et je n’ai rien à voir avec tout ceci !
Michel Tu ne manques pas de toupet !
Madeleine C'est-à-dire ?
Michel C’est lui qui m’a proposé ce stratagème pour m’aider dans mes affaires !
Madeleine Donc Madame Anna, c’est Monsieur Courant qui vous a demandé de faire la veuve ?
Anna Ah non ! C’est Michel qui me l’a demandé ! Et comme, je ne veux pas perdre mon
travail ici, j’ai accepté !
Madeleine Du mobbing ! Décidément, je vais de surprises en surprises !
(à Natacha) Et vous ? Vous allez toujours me faire croire que vous êtes là pour un
mari ?
Natacha Ben là, je ne sais plus trop quoi dire… M’sieur Briçon, qu’est-ce qu’il faut que je
réponde ?
Madeleine La vérité, chère Madame…
Natacha C’est Monsieur Courant qui est venu me voir en me disant que je pourrai me faire du blé assez facilement en jouant la célibataire.
Jules Mais… vous ne travaillez pas dans le social alors ?
Guy Disons qu’elle s’occupe plus des corps que des esprits ?
Jules Des corps… vous êtes pédicure ?
Natacha Non… mais avec moi, tu prends quand même ton pied !
Michel Bien, je crois que c’est pas la peine d’allonger !
Natacha Ca me change !
Fanny Ma chère Lucie, j’avoue que tes fréquentations m’étonnent ! T’as un sacré voisin ! On s’amuse ici !
Lucie Je ne savais pas tout ça ! Et dire que j’ai passé la nuit ici ! Mais il ne s’est rien passé !
Madeleine (à Michel) Quant à ces chères demoiselles, vous pensiez également les engager ?
Michel Pas du tout ! Lucie est ma nouvelle voisine que j’ai invité à prendre un verre pour
faire connaissance.
Vincent Bien Sergent ! Vous voilà bien avancée maintenant ! Qu’allez-vous faire ? COFFREFORT… Coffrer tout le monde pour mensonges ? Je crains que vous n’ayez rien contre nous.
Madeleine C'est-à-dire qu’avec tout ce que j’ai entendu, il y aurait de quoi. Tout le monde a
trompé son monde. Mais je ne peux rien faire en l’état sans plainte.
Monsieur Merron, voulez-vous porter plainte ?
Jules Oh ! Pourquoi ? J’ai passé un bon moment ici, ça m’a sorti de mon outillage. Mais si je pouvais récupérer mon petit investissement…
Michel Bien sûr, je vous le dois bien mon cher Jules !
Madeleine Madame Anna ?
Anna Bien sûr que non ! J’espère simplement que les affaires reprendront que je garde mon travail.
Madeleine (à Natacha) Vous ! Je vous ai à l’œil, votre jeu ne me plait pas mais je peux rien faire contre aujourd’hui. On se reverra.
Natacha Oui, ben faut pas vous presser…
Madeleine (à Lucie et Fanny) Mesdames, choisissez mieux vos relations, c’est un conseil !
(à Vincent) Cher Monsieur, dommage que vous usiez ainsi du mensonge, ce n’est pas à porter à votre crédit.
(à Michel) Quant à vous Monsieur Briçon, vos méthodes sont répréhensibles, vous avez de la chance que tout le monde ait quelque chose à se reprocher. A l’avenir, soyez vigilant car moi je le serai encore plus !
Monsieur Merron, j’ai votre berlingot en ligne de mire !
Bonne fin de journée. Messieurs, Mesdames.
Madeleine quitte le bureau.
Fanny Et puis maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? On le boit ce verre ?
Lucie Fanny, je crois pas que ce soit le bon moment ! Et puis, Suzie doit se poser des
questions.
Fanny Oh tu nous gonfles avec ta perruche. Et puis, on devrait rester parce que
question… drôle d’oiseaux…ici y en a une belle collection !
Jules Alors ça c’est sûr ! Et croyez-moi, je m’y connais en collection !
Guy Désolé Michel, je pensais que mon idée pourrait t’aider. Si M’sieur Merron avait bien
parqué sa voiture, la fliquette n’aurait jamais atterrit ici !
Anna Vous n’allez pas mettre ça sur lui, c’est le seul avec les voisines qui n’a rien fait !
D’ailleurs, Monsieur Corbières, vous êtes sûr d’avoir tout dit tout à l’heure ?
Vincent C’est-à-dire ?
Michel Anna, de quoi vous mêlez-vous ? Je crois qu’il y en a assez eu pour aujourd’hui !
Anna Je veux dire…votre alliance que vous aviez à votre doigt et que vous avez ôté lorsque nous sommes allés à côté, c’est vraiment un oubli ?
Guy Mais qu’est-ce qu’elle veut dire ?
Natacha Encore un mari distrait, je connais.
Anna Je veux dire que Monsieur Corbières qui est banquier, mais qui m’a dit être quincaillier, et banjoïste à M’sieur Merron, aurait oublié d’enlever son alliance suite au décès de son épouse. Vous l’avez perdue il y a longtemps ?
Michel Anna ! Tout le monde a eu sa dose de questions, merci !
Vincent Laissez ! Elle a raison !
Fanny Moi je te dis que tu as bien fait de déménager ici. C’est drôlement animé !
Lucie Oui, peut-être…
Michel Elle a raison sur quoi ?
Vincent Et bien, je suis banquier, je suis…
Jules Atteint de la tourniquette…
Vincent Gilles de la Tourette, même pas ! J’ai décidé d’avoir ce syndrome pour être sûr de
n’intéresser personne car je suis marié. Et ma femme est bien vivante !
Anna Je le savais. Ah ! L’intuition féminine !
Michel Ben ça alors !
Guy Ah ouais… ben ça alors !
Michel Mais pourquoi venir dans mon agence si vous êtes marié.
Natacha Pour trouver de la distraction ! Ils s’ennuient tous ces banquiers !
Vincent Pas du tout !
Jules Alors dites-le nous !
Vincent Vous avez fait parvenir il y a deux mois à la Banque Lévy & Co, co comme Corbières, un dossier d’emprunt pour relancer votre affaire. Et comme nous avons à cœur de prendre des décisions réfléchies, j’ai voulu me rendre compte par moi-même de votre situation.
Michel Vous êtes mon banquier ?
Vincent En personne.
Guy Tu vois, je t’avais dit d’aller voir ton banquier.
Jules Un banquier qui se déplace chez son client ! Vous êtes une espèce en voie de
disparition.
Natacha Moi j’en ai pas mal qui se déplace…
Lucie Fanny, vient on rentre !
Fanny Non, c’est maintenant que ça devient intéressant.
Anna Et votre comédie… elle sert à quoi maintenant ?
Vincent Eh bien, je suis persuadé qu’à notre époque les gens ne se rencontre plus comme par le passé et qu’il faut leur donner un coup de pouce. Aussi en voyant votre dossier, je me suis posé la question si une agence comme la vôtre avec le soutien d’un bon site internet et une gestion impeccable pouvait être rentable. Je pense que oui.
Tous Et ?
Vincent Et… si vous me jurez de travailler honnêtement et de donner le meilleur de vous-même, je suis prêt à vous aider. Même plus, à m’associer pour l’agence Cupidon & Co.
Guy Alors là… moi je suis baba.
Michel Et moi donc !
Anna Je vous avais dit quand Anna est là, les hommes sont babas !
Jules Si vous le permettez, je réinvestis ma petite somme pour être le premier client de la
nouvelle agence.
Fanny (à Lucie) Tu devrais t’inscrire aussi ! Tu ne vas pas vivre avec ta Lucie toute ta vie !
Natacha Et si vous me trouvez un homme, un vrai qui m’aime et qui reste à la maison, je veux bien m’inscrire aussi.
Michel Je ne sais pas quoi vous dire ! Merci Monsieur Corbières, vous êtes un grand cru !
Vincent Je suis certain que les affaires vont reprendre.
Guy Pour fêter ça, on pourrait peut-être aller sur ton bateau faire sauter le champagne ?
Michel Très bonne idée ! Venez que je vous mène en bateau mais cette fois, vous êtes tous
au courant. Chère voisine, on va le boire ce verre ! En route pour le port et vive la
nouvelle agence Cupidon !
Jules L’agence qui vous trouveras l’amour pour pas un rond, parole de Merron !
Tous Comme le mérou mais avec un « on » !
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