Andersen ! Ton conte est bon !

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Le conteur Hans Christian Andersen a été assassiné !

Paul X, détective privé bien connu, mène l’enquête. En interrogeant les personnages des contes, il découvre qu’ils ont tous entamé une reconversion professionnelle avec l’aide d’Andersen. Néanmoins, la plupart d’entre eux ont des griefs contre leur auteur…

Paul X réussira-t-il à démasquer le ou les coupables malgré les pièges qui lui sont tendus et les situations saugrenues dans lesquelles il se retrouve ?

(24 personnages pour un minimum de 4 filles et 3 garçons)




Andersen ! Ton conte est bon !

Scène I

Paul X

Paul X, refermant un livre de contes d’Andersen, sur un ton désabusé.
Mouais… je trouve que les contes de Monsieur Hans Christian
Andersen commencent souvent agréablement… mais finissent bien tristement. La petite sirène amoureuse d’un terrien ne peut plus retourner dans la mer et disparaît dans les airs. La bergère et le ramoneur, deux amoureux de porcelaine, ne réussissent pas à se marier. La si gentille
petite marchande d’allumettes finit par mourir de froid. Et le petit
canard si mignon n’est accepté par aucun animal de la basse-cour. Les conteurs ont quand même de la chance que leurs personnages ne viennent pas leur demander des comptes afin qu’ils modifient la fin de leurs histoires de vie. Imaginons que l’un des personnages créé par Andersen soit mécontent du sort qui lui a été réservé par son auteur et qu’il lui demande de réécrire son histoire afin qu’elle se termine par un happy end. Et imaginons que ce monsieur Andersen refuse… et que, soudain, le personnage pris d’une colère subite… (Un court temps.) … le zigouille. Et alors ? Et alors ? Et alors ? Eh bien, on appelle à la rescousse Paul X, le détective bien connu, pour mener l’enquête sur l’assassinat d’Andersen. (Ravi.) Ah, que voilà une bonne idée ! (Voyant le public il s’adresse à lui.)
Ah, excusez-moi, je ne me suis pas présenté : c’est moi Paul X. Non, pas Police, madame. Paul X avec un X. Je suis détective privé et le X c’est pour garder la discrétion sur toutes les affaires que je traite. (Un temps, puis se reprenant.) Toutes les affaires… enfin quelques-unes. Par exemple, en ce moment ma voisine, une bourgeoise, m’a demandé de faire la filature de son chat angora pour savoir s’il ne va pas s’acoquiner avec la chatte de gouttière de Monsieur Lustucru, qui est un roturier.
Il y a aussi ma concierge qui m’a demandé de retrouver le locataire qui a empoisonné ses poissons rouges. Vous voyez je n’ai pas grand-chose à me mettre sous la dent… et pourtant il faut bien manger. En attendant l’affaire qui me rendra célèbre, je range mon bureau, et en le rangeant je suis tombé sur ce livre de contes de mon enfance. (Il baille.) Mais au bout d’un moment quand on lit des contes… ça vous endort. Eh bien, moi, je vais me faire une petite sieste en espérant qu’un client vienne me solliciter. Et quand on a faim… comme on dit : « Qui dort dîne. »

Il s’assoupit. La lumière baisse et on entend Paul X ronfler. Un temps. Puis la scène est éclairée comme dans un rêve. Musique douce. Puis sonnerie du téléphone. Paul X réveillé en sursaut cherche son téléphone, il sort plusieurs portables de ses poches avant de trouver le bon.

Paul X. — Allô ? Oui, c’est moi, Paul X, détective privé, discrétion assurée sur toutes les affaires traitées. C’est à quel sujet ? (Étonné.) Quoi ? Hans Christian Andersen est mort ? (Un temps.) Il a été assassiné ! Vous êtes sûr ? Mais je parlais justement de lui il y a deux minutes avec… (Il montre le public.) Et vous voulez que je m’occupe de l’enquête. (Pour lui et au public.) Yes ! La voilà mon affaire du siècle ! (Au téléphone.) Très bien. Donnez-moi votre adresse. Ok. J’arrive. (S’adressant au public.) Est-ce que je rêve ou est-ce bien la réalité ? Moi, Paul X, petit détective privé, je vais enquêter sur la mort de l’un des plus célèbres conteurs pour enfants. (Sûr de lui.) Et je trouverai quel est son assassin, je vous le promets !

Il sort. La lumière baisse puis remonte avec l’entrée du secrétaire.

Scène 2

Le secrétaire, Paul X

Le secrétaire, répondant au téléphone. Oui, Monsieur Dickens, c’est comme je vous le dis, votre ami Monsieur Andersen est mort brutalement. (Entrée de Paul X.) Ah, quel grand malheur pour la littérature ! Quelle perte pour l’univers des contes pour enfants ! (Apercevant Paul.) Excusez-moi, mais j’ai de la visite.

Il raccroche le téléphone.

Paul X. — Bonjour monsieur. Je suis Paul X, le détective privé. C’est vous qui m’avez appelé ?

Le secrétaire. — En effet. Bonjour, Monsieur Paul X. Je suis le secrétaire particulier de Monsieur Andersen qui vient de disparaître. Ah, quel grand malheur pour la littérature ! Quelle perte pour l’univers des contes pour enfants !

Paul X. — Bien sûr. Bien sûr. (Pour lui.) Il doit répéter la même formule à tout le monde. (Au secrétaire.) C’est vous qui avez constaté la mort de Monsieur Andersen ?

Le secrétaire. — Oui. Quand je suis venu lui apporter son petit-
déjeuner ce matin je l’ai trouvé assis, inerte, la tête en avant sur son bureau. Il était certainement en train d’écrire, puisqu’il avait encore sa plume d’oie à la main. Je n’ai touché à rien et j’ai tout de suite appelé le médecin.

Paul X. — Qu’a-t-il constaté ?

Le secrétaire. — Que Monsieur Andersen était décédé, victime d’un arrêt cardiaque. Il faut vous dire que Monsieur Andersen était soigné pour des problèmes cardio-vasculaires.

Paul X, déçu. Il s’agit donc d’une mort naturelle. Pourquoi m’avez-vous fait venir ?

Le secrétaire. — Eh bien… c’est-à-dire… que le coffre de Monsieur
Andersen a été fracturé et… vidé.

Paul X, content. Ah, ah ! Alors, là, évidemment, c’est une autre histoire…

Le secrétaire. — Et j’ai retrouvé ce carton sur le bureau. Tenez.

Il tend un carton à Paul X.

Paul X, lisant. « Ils m’ont tuer. » Tuer : (Il épelle.) … t-u-e-r. Cela m’étonnerait que ce soit un écrivain qui ait écrit cette phrase. Mais, dans un moment d’égarement, on ne sait jamais.

Le secrétaire. — Et j’ai retrouvé ceci dans son courrier de ces derniers jours.

Il donne deux morceaux de carton à Paul X.

Paul X, lisant. « Andersen ton conte est bon. » Ton conte : (Il épelle.) … c-o-n-t-e.

Le secrétaire. — Et ceci.

Paul X. — « Andersen, le conte à rebour a commencer. » Toujours conte : (Il épelle.) … c-o-n-t-e. À rebour sans s, et a commencer : e-r. Décidément le ou la signataire de ces phrases anonymes est fâché avec l’orthographe. (Réfléchissant.) Quoique… peut-être que l’auteur de ces fautes d’orthographe les a fait exprès, afin d’emmener les enquêteurs sur de fausses pistes. À mon avis Monsieur Andersen n’a pas dû mourir de mort naturelle. Étant malade du cœur il a pu décéder suite à une grande frayeur provoquée par… je ne sais qui ou je ne sais quoi pour l’instant. (Au secrétaire.) Qui savait que Monsieur Andersen avait des problèmes cardiaques ?

Le secrétaire. — Mais… tout le monde.

Paul X. — C’est-à-dire ?

Le secrétaire. — Toutes celles et tous ceux qui le fréquentaient et plus particulièrement les personnages de ses contes qui venaient le voir régulièrement.

Paul X. — Les personnages de ses contes !? Vous croyez que l’un ou l’une d’entre eux aurait pu le faire trépasser ? Mais pour quelle raison ?

Le secrétaire. — Je ne sais pas. Pourtant Monsieur Andersen les avait tous en amitié et il les aidait dans le cadre de leur reconversion professionnelle.

Paul X, étonné. Ah bon, ses personnages se sont reconvertis… professionnellement ?

Le secrétaire. — Avec plus ou moins de succès. Et ils n’avaient pas tous la même reconnaissance envers leur bienfaiteur.

Paul X. — Bien. Au fait, à quelle heure le médecin estime-t-il que la mort est survenue.

Le secrétaire. — Vers vingt-deux heures.

Paul X. — Pouvez-vous m’indiquer les adresses de ses personnages afin que je puisse les interroger sur leur emploi du temps d’hier soir.

Le secrétaire. — Tenez, voici leurs adresses.

Il tend un document à Paul X.

Paul X. — Excusez-moi… mais je dois aussi vous demander où vous vous trouviez hier soir à vingt-deux heures, puisque vous êtes le premier à avoir découvert le corps de Monsieur Andersen et le dernier à l’avoir vu vivant.

Le secrétaire. — Évidemment, monsieur. C’est tout à fait normal. J’étais au cinéma avec ma compagne. Nous avons vu la dernière adaptation d’un conte de Monsieur Andersen par les studios Walt Disney. J’ai des témoins.

Paul X. — Parfait. Je vous remercie. (La lumière baisse, le secrétaire sort. Paul X vient à l’avant-scène.) Je vérifierai tout de même son alibi. Et maintenant commençons notre enquête auprès des différents personnages des contes d’Andersen. C’est quand même une histoire étonnante, car où est la part du conte et celle de la réalité ?… On se croirait au théâtre.

Il sort.

Scène 3

Le soldat de plomb, Paul X

Le soldat de plomb se livre à des exercices militaires qu’il a du mal à réaliser car il lui manque un bras et une jambe.

Le soldat de plomb. — Demi-tour à droite ! Droite ! Présentez z’armes ! Garde à vous ! (Se reprenant.) Non, ce n’est pas ça, c’est dans le désordre. (Il prend une revue près de lui et la lit.) « Afin d’asseoir votre autorité vous devez crier : Garde à vous ! » D’accord… Ah, mais j’ai oublié qu’il fallait crier : « Repos ! » avant « Garde à vous ! » Suis-je bête ! Bon, je reprends : « Repos ! » (Un temps. Puis…) « Garde à vous ! » (Un temps.) « Présentez z’armes ! » (Un temps.) « Demi-tour à droite ! Droite. » Voilà, cette fois c’est dans l’ordre. Je crois que je suis capable de commander mon bataillon de soldats de plomb. Reprenons. (Il crie.) Repos !

Entrée de Paul X.

Paul X, regardant une adresse, puis sonnant. Ce doit être ici : caporal Deplomb. Je sonne.

Sonnerie de clairon.

Le soldat de plomb. — Ah, ce n’est pas vrai, voilà qu’on me
dérange au beau milieu de mes exercices militaires. Entrez ! (Entrée de Paul X.) C’est pourquoi ? Vous êtes une nouvelle recrue ? Vous venez vous engager dans mon régiment ? (Il crie.) Garde à vous !

Paul X. — Vous vous trompez. Je viens de chez Monsieur
Andersen et…

Le soldat de plomb. — Ah, enfin ! Vous apportez mes prothèses.

Paul X. — Pardon ?

Le soldat de plomb. — Vous voyez bien que je suis un soldat de plomb qui n’est pas tout à fait d’aplomb. Je penche d’un côté à cause de ma jambe qui me manque et de l’autre à cause de mon bras qui a pris un coup de chaud. Ce qui m’empêche de marcher en cadence. (Il crie.) Oun di ! Oun di ! Oun di ! Et de faire un « demi-tour droite, droite » sans me foutre...

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