Barouf à la bonne auberge

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La pièce peut être jouée par des adultes ou par des enfants à partir de 8 ans A « La Bonne Auberge » le personnel est triste. Monsieur Pernillard – le gentil patron tant aimé de son personnel – cesse son activité et passe la gérance de son établissement à son gendre, le perfide Gilbert Pignaf. Pour son départ, après le dernier service, on organise une fête, on prépare un vin d’honneur. Mais Gilbert Pignaf, déguisé en faux client, martyrise les serveurs et renvoie Georges, le maître d’hôtel. Pire, il veut transformer la délicieuse auberge en fast-food à l’américaine et faire des profits en réduisant la qualité des produits. C’est bientôt la révolution dans le personnel qui décide de donner une bonne leçon au tyran. Une pièce dynamique qui trouve sa place tout naturellement dans l’air du temps de la malbouffe et des affairistes.

 

Tableau 1

Nous sommes dans la grande salle du restaurant “La bonne auberge”.

Un panneau publicitaire avec le nom du lieu est suspendu.

Plusieurs tables sont en train d'être dressées par les serveurs et les serveuses. Certains posent les nappes, d'autres les couverts, d'autres les verres, etc...

Quelques petits bouquets sur les tables apportent la touche de décoration.

L'ensemble compose une jolie salle pimpante digne d'un établissement rustique de cuisine à la française.

Il y a la porte d'entrée à cour, une porte de dégagement à jardin et une porte centrale (peut-être double et à battant) donnant sur la cuisine.

Tout en s'activant, le personnel échange des propos remplis de mélancolie.

- Je suis bien triste.

- Moi aussi je suis triste.

- Et moi aussi.

- Et moi aussi. (ad libitum)

- Nous sommes tous tristes.

- C'est toujours triste de perdre un bon patron.

- Un patron qui chouchoutait son personnel.

- Qui respectait sa clientèle.

- Qui aimait son établissement.

La porte du fond, à double battant et donnant sur les cuisines, s'ouvre et livre passage au chef en tenue de cuisinier.

Le Chef - Et qui aimait la bonne cuisine.

Quelques apprentis cuisiniers entrent derrière le chef, ils peuvent porter chacun le plat qu'ils présenteront.

- Le pigeon farci aux lentilles.

Le Chef - Qui c'est-y qui l'avait inventé ?

- Le lapereau à la cannelle ?

Le Chef - Qui c'est-y ?

- La terrine aux trois poissons avec son flanc d'écrevisses ?

Le Chef - Qui c'est-y ?

- La galantine de moules à la sauce ritournelle ?

- La croustade de carottes aux salsifis ?

- Le chaud-froid d'encornets ?

- Le salmis de grives et de palombes fumées ?

Le Chef - Qui c'est-y ?

- Les profiteroles au gingembre ?

- Le sorbet mille feuilles ?

- La charlotte glacée ?

- La tarte aux fruits jaunes ?

- L'île flottante à l'hawaïenne ?

Le Chef - Qui c'est-y ?

- Et le glacé au chocolat sur canapé de fruits des bois ?

Tous - Hum, c'est bon ça !

Le Chef - Qui c'est-y ?

- Et la pièce montée aux mille parfums ?

Le Chef - Alors, qui c'est-y ?

Tous - C'est monsieur Pernillard !

Le Chef - Oui, monsieur Pernillard, un bon patron et un grand maître.

- Pourquoi il s'en va monsieur Pernillard ?

- Parce qu'il est vieux.

- Fatigué.

- Malade.

- Et qu'il veut se reposer.

Le Chef - C'est surtout parce qu'il a une fille, monsieur Pernillard, une fille prénommée Mélodie...

- C'est joli Mélodie.

Le Chef - ...qu'il aime plus que tout au monde.

- Et que sa fille vient de se marier.

- Avec un certain Gilbert Pignaf.

- C'est vilain, comme nom, Pignaf.

- Mélodie Pignaf elle s'appelle à présent. C'est rigolo... mais c'est moche !

- Ça ne lui va pas du tout.

Le Chef - Et le Gilbert Pignaf, qui ne sait rien faire de ses dix doigts, qui n'a aucun diplôme, aucun métier, rien du tout, il a dit à Mélodie...

- Ton père est vieux, il se fatigue. Dis-lui de prendre sa retraite et de nous laisser son restaurant.

- Et Mélodie, qui est gentille et obéissante...

- Parce que amoureuse.

- Mélodie l'a répété à monsieur Pernillard.

- Et monsieur Pernillard qui est gentil et charitable...

- Parce que aimant sa fille plus que tout au monde.

- Monsieur Pernillard a dit : c'est d'accord.

- Voilà pourquoi nous sommes tristes.

- Parce que ce soir, après le service, monsieur Pernillard  nous fera ses adieux.

Le chef et les marmitons rentrent en cuisine, tristement, la tête basse et en traînant les pieds.

Les serveurs terminent leur travail.

Une serveuse laisse tomber un couvert sur le sol.

- Oh, je n'ai plus la tête à ce que je fais, moi !

Elle ramasse le couvert et le pose sur une table.

Le Maître d’hôtel -  Hé ! Qu'est-ce qui te prend ? Rapporte ce couvert à la plonge. Tu sais bien que ce sont les ordres de monsieur Pernillard ?

La serveuse - Je sais, je sais. C'est l'émotion. Oh j'ai honte. Si jamais monsieur Pernillard m'avait vue ! (Elle disparaît en cuisine.)

Un homme entre, habillé d'un manteau. Il porte un gros colis et semble essoufflé.

Clément - Excusez-moi ! J'arrive en retard mais c'est parce que je suis allé acheter le cadeau pour monsieur Pernillard.

Michel -  Vous faites un cadeau au patron ?

Clément - Oui, on a fait une collecte.

Un autre serveur - D'habitude c'est le patron qui fait des cadeaux aux employés mais nous on a voulu lui faire une surprise.

- Un témoignage de notre estime.

- D'ailleurs c'est pas au patron qu'on fait un cadeau, c'est à l'ami.

- Au compagnon.

- Au camarade.

- C'est à l'homme bon, humain, généreux...

- Et juste !

- Et courageux !

- Et honnête !

- Et drôle !

- C'est vrai qu'il a de l'humour !

- Et du charme !

Michel - Alors vous faites un cadeau ?

Clément - (le montrant) Oui, le voilà.

Michel - Et vous ne m'avez même pas demandé d'argent ?

- On sait que tu as des difficultés en ce moment.

- On n'a pas voulu te gêner.

Michel - Je veux donner tout de même ! (il tend un billet) Tenez...

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