Textes de théâtre en ligne

Cadre exceptionnel

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Sylvain Brunet est un jeune cadre trentenaire et toujours célibataire. Il vit chez ses parents où il a convié Dominique, une femme qu’il a rencontrée sur Internet mais qu’il na encore jamais vue. Malheureusement pour lui, il na pas choisi la meilleure date! Le même jour, son père doit rencontrer un acheteur (lui aussi prénommé Dominique!) pour un cadre de vélo. Mme Brunet, quant à elle, a invité Mme Dumontier, femme austère et « vieille France » ainsi que son fils Édouard, polytechnicien coincé au possible. Un rapprochement entre les deux familles serait en effet le bienvenu, notamment entre Édouard et Juliana, la sœur plutôt délurée de Thomas, mais celle-ci ne l’entend évidemment pas de cette oreille! S’il n’y avait que cela! Ce serait oublier que se présente malencontreusement Aurélie, agent immobilier avec qui Juliana avait rendez-vous (mais seulement le lendemain!) en vue de louer en été et à prix d’or la maison de ses parents (à leur insu, naturellement), compte tenu de son cadre exceptionnel! Autant dire que les quiproquos vont s’enchaîner sans répit et pour le plus grand plaisir des spectateurs !

“Cadre exceptionnel” est une comédie virevoltante, aux dialogues pétillants, qui ravira tous les publics.

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ACTE I

SCÈNE 1

Juliana

 

Juliana est assise sur le canapé. Elle feuillette un journal de petites annonces.

Juliana - Alors, voyons voir qu’on rigole un peu… « Jeune homme soixante-dix ans… » Ça me paraît louche, ça… « Cherche relation durable… Pas sérieux s’abstenir… » Moi, je m’abstiens… Et là… « Homme, la cinquantaine, bien sous tous rapports… » (Sarcastique.) Ouais, j’imagine les rapports !… Et ici… « Cœur à donner… » À donner, mais sûrement pas à prendre ! (Son portable sonne.) Allô ! Manon ?… Non, non, tu ne me déranges pas : je révisais… Ouais, ça va… Et toi ?… Pas trop… Ah ? Matthéo vient de t’envoyer un mail ? Pour te dire qu’il te laissait tomber ?… Charmant… Tu sais, fallait s’y attendre… Et puis, crois-moi : au fond, il n’en valait vraiment pas la peine ! C’est bien pour ça que je te l’ai largué, d’ailleurs ! Allons, c’est pas grave : un de perdu, dix de retrouvés !… Ouais, un seul te suffirait… J’veux bien te croire : pour toi, ce serait déjà bien… Écoute : le prochain mec que je jette, je te le refile, comme d’habitude, promis !… Quand on peut se dépanner entre copines… Au fait, moi aussi j’ai reçu un mail… Devine de qui ?… Non, pas de Lucas ! Je ne vois pas pourquoi il me contacterait, cet idiot, vu qu’il est toujours avec sa cruche… Ni Sacha non plus… Ah ? Lui, n’est plus avec sa gourde, ce nigaud ? Première nouvelle… Intéressant dis donc… Faudra que je me penche sur son cas… Non, c’était une agence immobilière… (Juliana va s’assurer qu’il n’y a personne aux alentours.) Oui, pour la maison de mes parents… Tu vois, j’avais raison : ça démarre fort !… Vu le cadre exceptionnel de la villa, avec les gorges du Verdon en contrebas, la piscine et tout, je ne me faisais pas de souci !… Une affaire, c’est comme une fille : quand elle est bonne, il y a la queue… Et je m’y connais en la matière !… Alors figure-toi que cette agence a vu mon annonce sur Internet et elle doit envoyer quelqu’un samedi 15 pour visiter les lieux… Non, non, tu penses bien : y’aura personne ici, à part moi. Mes chers parents et mon nigaud de frère seront partis en week-end chez une lointaine cousine… Qui n’habite pas tout près d’ailleurs… Moi, j’avais dit que je restais potasser : ça tombe bien !… Mais t’en parles vraiment à personne, hein ? Si mes parents apprenaient que je vais me faire du fric dans leur dos en louant leur baraque pendant qu’ils sont en vacances, j’t’explique pas la catastrophe !… À propos de catastrophe, tu sais que Chloé n’est plus avec Loïc ? Là aussi, fallait s’en douter : t’as vu à quoi il ressemble !… Comment ? Sandy a largué Geoffray ?… Raconte…

Juliana gagne la terrasse, son portable collé à l’oreille.

 

 

 

 

 

SCÈNE 2

Thomas, puis Juliana

 

Thomas descend les escaliers. Il porte une tenue décontractée. Il s’assoit et feuillette à son tour le journal qu’a laissé Juliana sur la table basse.

Thomas - Tiens… Cultivons-nous un peu, ça ne fera pas de mal… Alors… « Vends barrique trois cents litres… » Non, on a déjà la femme de ménage deux fois par semaine, ça devrait suffire en capacité… « Débarrasse vieilleries encombrantes… » Dommage que la belle-mère soit entrée en maison de repos, ça aurait fait l’affaire !… Ah ! ça, c’est intéressant… « Cherche vélo d’occasion femme… » Ouais, intéressant… (Il prend le téléphone et compose un numéro.) Allô ! Oui, j’appelle pour l’annonce numéro soixante-neuf… Alors comme ça vous cherchez un vélo d’occasion ?… Oui, j’en ai un, forcément, puisque je vous téléphone… (À lui-même.) L’imbécile !… (Au téléphone.) C’est pour offrir à votre tante… Si vous voulez ! (À lui-même.) J’m’en fiche ! (Au téléphone.) Oui, oui, c’est un vélo femme… En fait, c’est celui de la mienne… Autant vous dire qu’il n’a pratiquement pas roulé ; le sport, ça n’a jamais été son truc… Vous vous en fichez ? Ah… En tout cas, il a beau être des années 70, il est resté en excellent état, ce qui n’est pas le cas de ma femme… Bon, faut quand même que je vous dise qu’il n’y a plus les pneus… Oui, on les avait récupérés… Voilà, c’est ça : il n’y a que le cadre, mais c’est un beau cadre, pratiquement neuf… Oh ! il y a bien un tout petit peu de jeu avec une pédale, mais ce n’est rien… La couleur ? Rose… Oui, c’est original… Le prix ? Oh ! j’sais pas trop : le mien sera le vôtre… Ou le contraire… Surtout, ça me débarrasserait, depuis le temps qu’il m’encombre !… Vous êtes intéressé ? Très bien… L’adresse ?… M. et Mme Brunet, 8, rue des Tulipiers… Non, des Tulipiers, pas des cyprès… Quoi que les cyprès, c’est joli aussi !… Ah ! pardon ! Vous disiez que c’était près… Près de chez vous… Tant mieux… En fin d’après-midi ? Si vous voulez… Ce sera votre sœur ou vous qui passerez ? L’un ou l’autre, ça m’est égal ! Parfait ! (Il raccroche.) Eh ben voilà !… Bon, pour l’instant, pas à un mot à Martine !

Retour de Juliana. Elle s’avance sans bruit dans le dos de Thomas et lui met les mains sur les yeux.

Juliana (joueuse) - Qui c’est ?

Thomas - À la voix, une jeune fille charmante.

Juliana - Gagné ! Bonjour papa !

Thomas (se retournant) - Bonjour ma Juju préférée.

Juliana - Papa ! Arrête de m’appeler comme ça ! Ça m’agace !

Thomas - C’est bien pour ça que je le fais.

Juliana - Tu sais que je n’ai jamais aimé les diminutifs.

Thomas - En revanche, si je ne me trompe, ce sont tes tifs qui diminuent, non ?

Juliana - Toi, tu auras toujours le mot pour rire.

Thomas (haussant les épaules) - On ne se refait pas, surtout à mon âge…

Juliana - Il y a des jours où je me demande si tu n’as pas déteint sur Sylvain.

Thomas - Bon sang ne saurait mentir !

Juliana - À part qu’avec lui, l’humour est un peu moins fin… Mais pour revenir à ma nouvelle coupe, tu as raison : j’avais envie d’éclaircir tout ça… Le court me va bien, non ?

Thomas (le regard sur sa jupe) - Et même le très court, à ce que je vois.

Juliana - Ça te plaît ?

Thomas - Si ça te plaît à toi, c’est déjà beaucoup, difficile comme tu es.

Juliana - Ça plaît aussi aux garçons, c’est l’essentiel.

Thomas - Ah ça ! Je suis sûr que ça doit en affoler plus d’un !… Ah ! de mon temps !

Juliana - Je sais : les jeunes filles étaient moins hardies ! Mais que veux-tu…

Thomas - Que tu m’accompagnes sur la terrasse, tout simplement. Je voudrais te montrer les laurelles que j’ai achetées.

Juliana - Si tu veux.

Thomas - Tu verras, elles sont épanouies, comme toi.

Juliana - Merci papa.

Thomas - Et puis, toi qui es si hardie, les laurelles, ça devrait t’intéresser, non ?

Juliana (ne comprenant pas l’allusion) - Je…

Thomas - Laurel et Hardy, ça ne te dit rien ?

Juliana - Bah non… S’ils étaient en fac, j’aurais repéré ce couple depuis longtemps, mais là… Et puis, tu sais, moi, à part Head and Shoulders…

Thomas (soupirant) - Ah ! triste culture !

Juliana - Papa, je voulais te demander…

Thomas - Quoi donc ?

Juliana - Cet été, en juillet, vous allez toujours chez mamie Jeanne ?

Thomas - Oui, pourquoi ?

Juliana - Pour rien… Mais ça m’arrange bien… (Se rattrapant.) Enfin, je veux dire que ça l’arrange bien, mamie, de ne pas se retrouver seule.

Thomas - Et tu ne veux toujours pas venir avec nous ?

Juliana - Non, merci

Thomas - Ça lui aurait fait plaisir.

Juliana - Je sais mais…

Thomas - Ton frère, lui, il nous accompagne bien !

Juliana - Justement : ce n’est pas une référence ! Et entre nous, le Jura et moi, ça a toujours fait deux.

Thomas - Tu as tort. Le Jura, c’est magnifique… Avec le soleil sur ses montagnes, c’est… surprenant.

Juliana - Ça, la rareté surprend toujours.

Thomas - Bon, je crois que c’est inutile de chercher à te convaincre.

Juliana - Peine perdue en effet… Papa, il faut voir le côté positif des choses : en restant ici, j’en profiterai pour réviser à fond mes partiels de septembre.

Thomas - Un tel courage m’étonne de ta part !

Juliana - Oh ! j’ai pas trop le choix : maman m’a enjoint d’obtenir ma maîtrise !

Thomas - C’est pour ton bien.

Juliana (peu convaincue) - Ouais.

Thomas (réfléchissant) - Je t’avouerai aussi que ça la rassure de savoir que la maison sera occupée pendant notre absence.

Juliana (allusive) - Pour être occupée, elle le sera !

Thomas - Et en août, tu vas toujours en Auvergne ?

Juliana (gênée) - Euh… oui.

Thomas - Chez ta copine Manon, c’est bien ça ?

Juliana - Officiellement.

Thomas - Et… officieusement ?

Juliana - Bah, papa, je… je voulais te dire…

Thomas - Oui ?

Juliana - Voilà… La copine, ce serait plutôt un copain, et l’Auvergne, à ma connaissance, ça ne touche pas la Méditerranée… Non, je suis invitée chez un ami à Nice…

Thomas - Oh ! oh ! Et je le connais cet ami ?

Juliana - Non, je ne crois pas… Moi non plus d’ailleurs, enfin pas trop…

Thomas - Après tout, tu auras bien mérité de te détendre après un mois de révisions acharnées.

Juliana - Mais pas un mot à maman, hein ?

Thomas - Tu ne comptes pas le lui dire ?

Juliana (évasive) - Si, enfin, non… Je verrai.

Thomas - Tu as raison : la connaissant, elle risquerait de très mal le prendre.

Juliana - Hélas !

Thomas - Même si, après tout, les deux programmes sont quasiment identiques.

Juliana - Ouais, quasi… Comme entre des sardines en boîte et du saumon de Norvège.

Thomas - Tu as de ces comparaisons !

Juliana - Ouais, mais c’est un peu ça.

Thomas - Bon, c’est promis, je ne dirai rien à ta mère.

Juliana (l’embrassant) - Papa, je t’adore !

Thomas - Je sais, je sais… Ah ! si seulement ta mère me le disait plus souvent !

Thomas et Juliana sortent sur la terrasse.

 

 

SCÈNE 3

Martine, puis Thomas et Juliana

 

Martine descend les escaliers. Le téléphone sonne. Elle décroche.

Martine - Allô !… Oui, elle-même… (Avec emphase.) Ah ! bonjour chère madame ! Quel plaisir et quelle joie de vous entendre !… Ça va très bien, merci… Vous aussi ? Parfait… Oui, oui, c’est cela, dix-huit heures… Ce sera un grand honneur de vous revoir… Et mon époux sera enchanté de faire enfin votre connaissance. Depuis le temps que je lui parle de vous… Mme Dumontier par-ci, Mme Dumontier par-là… (Retour...

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