C’est complet !

« Au vieux plumard », petit hôtel miteux, accueille le couple Labranche, tombé en panne d’essence. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que leur chambre est aussi occupée par le couple Delafeuille ! Qui plus est, Mme Delafeuille aurait quitté prématurément la société de M. Labranche, après avoir refusé ses avances. Nos deux couples vont alors, à plusieurs reprises, se croiser dans la chambre sans même s’en rendre compte, du moins, au début ! En effet, une série d’incidents va très vite conduire nos quatre protagonistes en bien mauvaise posture. Et malheureusement, quand vous tombez sur la patronne de l’hôtel (une vieille fille pantouflarde, pas très nette, plutôt négligée, vêtue d’une robe de chambre plutôt douteuse), plus préoccupée par son match de foot à la télé que par la bonne tenue de son hôtel, vous comprenez bien que ça ne va pas s’arranger !

Scène 1

Les Labranche

 

La scène est dans le noir. M. Labranche entre le premier, suivi de Mme Labranche, portant une grosse valise, de préférence assez reconnaissable.

  1. Labranche (en coulisse) - Tout droit au fond du couloir, prendre à droite, escalier de gauche, monter trois étages, couloir de droite, troisième porte à gauche, poussez fort… (Ce qu’il fait.) C’est là… Tu vois, ça sert d’avoir été scout… (Il entre dans le noir, trébuche, allume un briquet avant d’éclairer victorieusement la pièce.) Victoire ! (Il se retourne.) T’es où ? Alors, tu viens ? Toujours la dernière…

Mme Labranche entre sur scène, poussant sa valise à bout de bras… et à bout de forces, s’affale dessus.

Mme Labranche - Maudite valise… Trois étages à moi toute seule !

  1. Labranche - N’exagère pas. Et puis, c’est quand même pas de ma faute si l’ascenseur est en panne, hein !

Mme Labranche - Comme la voiture, d’ailleurs… Nous planter là en plein milieu de nulle part !

  1. Labranche - « Au vieux plumard »…

Mme Labranche - Tu dis ?

  1. Labranche - « Au vieux plumard », c’est le nom de l’hôtel.

Mme Labranche (jetant un coup d’œil autour d’elle) - Eh bien ! Il porte bien son nom !…

  1. Labranche - C’est pas du luxe…

Mme Labranche - Non, c’est pas du luxe de conduire dans les embouteillages… Et monsieur qui ronflait à côté, j’entendais plus le bruit du moteur !

  1. Labranche - Qu’est-ce que tu veux ! La voiture, ça m’endort ! Et puis si tu jouais un peu moins du klaxon, on n’en serait pas là ! Une vraie fanfare ! Tutut… tutut… Si tu t’étais un peu moins agitée, tu aurais peut-être remarqué que la jauge d’essence s’allumait ! Maintenant, on est bloqués ici toute la nuit !

Mme Labranche - ça a l’air de te déplaire. Au contraire, profitons-en pour prendre une revanche sur le temps qui passe. ça te rappelle pas des souvenirs tout ça ?

  1. Labranche - Bof !

Mme Labranche - Je vois… Il y a vingt ans, monsieur n’aurait pas hésité une seconde à me faire le coup de la panne. Mais maintenant, non seulement y’a la voiture, mais y’a aussi le bonhomme qu’est en panne !… Et puis, zut ! Toutes ces petites tensions m’insupportent !

  1. Labranche - Oui, là, au bas du dos. Tu peux pas savoir comme c’est douloureux.

Mme Labranche - Rends-toi à l’évidence : on n’arrête pas de se chamailler depuis cette aventure… avec ta secrétaire !

  1. Labranche (distrait) - Des vrais gamins, hein…

Mme Labranche - Et toujours à cause de cette histoire…

  1. Labranche - C’est promis : demain, je cours à la première station.

Mme Labranche - Si j’avais su…

  1. Labranche - C’est rien, va…

Mme Labranche - Me faire ça, à moi !

  1. Labranche - C’est des choses qui arrivent et si ça peut te rassurer, c’est pas la première fois !

Mme Labranche (en pleurs) - C’est pas… la première fois ?

  1. Labranche - Oui… C’est pas la première fois que la voiture tombe en panne… Qu’est-ce que tu croyais ?… (Confus.) Pardon ! Tu voulais peut-être parler de cette petite affaire avec ma secrétaire, Mlle Delherbe ? C’est de l’histoire ancienne, elle ne travaille plus chez nous. Tu n’as plus à te soucier de ça. D’ailleurs, j’ai appris qu’elle venait de se marier, tu vois. Mais ne parlons pas travail, s’il te plaît…

Mme Labranche - Les désirs de monsieur sont des ordres… Je devrais plutôt dire : les désirs de monsieur sont en désordre…

  1. Labranche - Allons… Débarrassons-nous de nos vieux fantômes. (Qu’il imite bêtement.) Ouh !…

Mme Labranche - Arrête ! Cet hôtel me donne la chair de poule !

  1. Labranche - Mais non, c’est très bien… (Il tapote un peu le lit. Il en sort un épais nuage de poussière.) C’est fou à quelle vitesse la poussière s’accumule ici, hein…

Mme Labranche - C’est sûr qu’à c’prix-là, on peut pas avoir le logis et la fée du logis !… La femme de chambre est en grève ?

  1. Labranche - J’espère que le room service n’est pas en grève, lui. Je vais nous commander une petite collation.

Mme Labranche - Si le sommelier est aussi poussiéreux que les chambres, on va avoir droit à un grand cru !

  1. Labranche - Qui l’eut cru ?

Mme...

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