A l’ouverture, éclairage au plus faible : on devine la pièce.

 

MAUD (depuis son lit, paniquée) - Allumez la lumière mon ami ! J’entends du bruit !

 

CHARLES-HENRY (depuis l’autre lit) - Plaît-il ?

 

MAUD (allumant sa lampe de chevet) - De grâce ! Levez-vous et hâtez-vous Charles-Henry !

 

CHARLES-HENRY (se levant plein d’espoir) - Vous voulez que je rejoigne votre couche, ma Maud adorée ?

 

MAUD (agacée) - Il s’agit bien de cela ! Chaussez plutôt vos savates !

 

CHARLES-HENRY (enfilant ses savates et une robe de chambre, grognon) - Voilà une perspective beaucoup moins grisante !

 

MAUD - Allumez la lumière à présent !

 

CHARLES-HENRY (il appuie sur l’interrupteur, pleins feux donc) - Voilà, voilà ! (Exprimant sa contrariété.) Puis-je enfin savoir de quoi il s’agit ? Je dormais très bien à l’instant, figurez-vous !

 

MAUD - N’oyez-vous rien ?

 

CHARLES-HENRY (interloqué) - Non. Je ne noie rien ni personne ! Que me chantez-vous ?

 

MAUD (exaspérée) - Oyez ! Du verbe ouïr, sapristi !

 

CHARLES-HENRY - Non, je n’ois rien, pas plus que je n’ai ouï… Pourquoi ? Il y a quelque chose à entendre ?

 

MAUD - Ah, oui : j’ai ouï et j’ois toujours !

 

CHARLES-HENRY (contrarié) - Tant mieux si vous êtes en joie, mais vous troublez mon sommeil !

 

MAUD - Dieu, que vous êtes agaçant ! (Désignant l’armoire.) J’entends du bruit par là.

 

CHARLES-HENRY (s’approchant de l’armoire) - Sans doute quelque souris…

 

MAUD - Des souris ? Quelle horreur ! Elles vont grignoter ma garde robe !

 

L’armoire branle et craque sérieusement.

 

CHARLES-HENRY (avec un mouvement de recul devant l’armoire) - Diable ! Ces souris ont mangé du lion !

 

MAUD (se signant) - Seigneur, Marie, Joseph ! Nous avons dû offenser votre ancêtre Louis-Auguste ! Il revient d’outre tombe pour nous morigéner ! (Elle se cache sous les draps.)

 

CHARLES-HENRY - Pourquoi mon ancêtre viendrait-il nous chapitrer ? Ne fleurissons-nous pas sa tombe dignement à la Toussaint ?

 

MAUD (sortant la tête des draps) - Si fait, mais nous brocardions son drôle de nez en trompette pas plus tard qu’hier au soir !

 

CHARLES-HENRY - Certes, j’en conviens, mais l’offense ne justifie pas qu’il vienne nous tirer par les pieds ! De toute façon, il y a prescription…

 

MAUD - Que voulez-vous dire ?

 

CHARLES-HENRY - Nous ne faisions que railler son portrait qui date du seizième siècle… (Un temps.) Et dont la fidélité reste à prouver !

 

MAUD (scandalisée) - Comment ? Votre ancêtre était volage ?

 

CHARLES-HENRY - Je l’ignore. Je parlais du portrait qui n’est peut-être pas ressemblant.

 

MAUD - Ah ? (Désignant l’armoire.) Qu’y a-t-il donc dans cette armoire ?

 

CHARLES-HENRY (s’emparant d’une des savates roses de son épouse et la brandissant courageusement) - Un cambrioleur égaré sans doute ? (Il tourne la clef de la porte de l’armoire et l’ouvre d’un air menaçant.) A nous deux mon gaillard !

 

Les deux battants s’ouvrent et apparaît tout d’abord une femme vêtue en costume de spationaute (ou similaire, genre « Star Trek »)

 

CHARLES-HENRY (abasourdi) - Ma…Madame ? (Il lâche la savate rose.)

 

MAUD (outrée) - Une femme dans notre armoire ? Charles-Henry ! Espèce de débauché ! Vous cachez des femmes dans nos placards ? Je parie que c’est votre secrétaire !

 

CHARLES-HENRY - Pas du tout ! Je ne connais pas Madame ! Du reste, vous savez bien que je ne rapporte jamais de travail à la maison !

 

La spationaute sort de l’armoire et inspecte les lieux du regard étonnée, mais froidement. Un homme sort derrière elle.

 

MAUD - Là ! Il y a un homme qui sort de l’armoire !

 

CHARLES-HENRY - Oui, oui, je vois bien ! Ce qui...

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