ACTE 1
SCENE 1
Justine – Auguste – Marc – Elise - Marlène
Justine et Auguste sont en train de finir de mettre la table pour 6 personnes, beaucoup de bouteilles de vin, quand on frappe à droite à la porte de la grande salle commune de la ferme.
JUSTINE - Voilà, je crois que je n’ai rien oublié. (à Auguste :) Va voir à côté si c’est prêt aussi.
AUGUSTE (il sort un court instant à gauche et revient) - Pas de problème, ils sont prêts, on va se surpasser aujourd’hui !
(On refrappe à la porte)
JUSTINE - Alors, allons ouvrir ! (Elle va ouvrir.)
JUSTINE - M’sieur et m’dame Debessart ! Nous vous attendions, entrez, mais entrez donc, restez point en travers d’ la porte. Vous êtes les bienvenus à not’ goûter à la ferme. Bonjour Marlène. Ah, quelle jolie plante vous avez là ! Si vous saviez comme Louis nous parle de celle qu’il veut fiancer !
AUGUSTE (bourru) - Il nous parle ? Il nous rabâche, te veux dire.
MARC, ELISE, MARLENE - Bonjour madame Pigeonneau… Bonjour monsieur !
AUGUSTE (bourru) – « Ouais, bonjour ! » (Justine lui file un coup de pied en douce pour qu’il change de ton.)
JUSTINE - Voici Auguste mon mari. Moi c’est Justine, vous pouvez d’ailleurs m’appeler Justine.
MARC - Alors appelez-nous par nos prénoms aussi : Marc, Elise et bien sûr Marlène.
JUSTINE - Vous allez vous assouère et nous allons vous servir not’ fameux « goûter à la ferme ». (Tout en continuant de dialoguer, Justine place ses invités.) Madame Debessart, pardon madame Elise, assoyez vous ici. Vot’ mari à côté ben sûr. Et pour not’ jolie p’tite fiancée, la place d’honneur, ici au bout d’ la table !
ELISE - Notre fille nous a beaucoup parlé de vos goûters et Louis nous assure que c’est un délice. Mais au fait, Louis n’est pas là et sa jeune sœur non plus ?
AUGUSTE - Louis a un p’tit travail à terminer à la grange, il va point tarder. Quant à not’ fille, Annette, vous la verrez point pour le repas elle est invitée pour l’anniversaire d’une amie au village.
MARLENE - Et il y a aussi le spectacle que vous offrez chaque dimanche, en plus du goûter, à vos clients.
ELISE - Marlène n’a rien voulu nous dire de plus sur ce spectacle !
AUGUSTE - Une idée saugrenue d’ ma pauv’ femme. Tout ça parc’ qu’elle s’est jamais r’mise d’avoir arrêté le théâtre dans sa jeunesse.
MARC - Mais dites-moi, ce spectacle, c’est de quel genre ?
AUGUSTE - C’est une surprise et pour plus tard. Pour l’instant, vous allez me goûter ça. Ma femme vous a mitonné un p’tit pâté aux boyaux de porc à la sauce d’orties urticantes… Vous m’en direz des nouvelles ! (Il se prend un nouveau coup de pied.)
JUSTINE - Ne l’écoutez point, mon mari est incorrigible, y faut toujours qu’y plaisante. Rassurez-vous, y a pas plus de pâté de boyaux dans not’ ferme, que d’ mirabelles sur l’ pommier d’ nos voisins.
ELISE - C’est aussi bien, car je me permets de vous dire que je suis végétarienne.
JUSTINE - Ah !
AUGUSTE - Végéta quoi ?
ELISE - … Rienne, végétarienne.
AUGUSTE (il s’est échappé de l’autre côté de la table pour éviter un nouveau coup de pied) - Oh ma pauv’ dame ! Et l’ monsieur, il est pas malade lui ? C’est grave ? Pas contagieux au moins ?
JUSTINE - J’ vous l’ai dit, il arrête jamais d’ blaguer ! Mais n’ vous en faites point, y a un tel choix ici qu’il y en a pour tous les goûts. J’ai les légumes du potager, cueillis du matin. Des saveurs comme vous n’en trouvez point en ville.
ELISE - Je suis certaine que nous allons nous régaler.
MARLENE (ton amusé) – « Et moi aussi ! »
A cet instant, on entend un cri épouvantable et strident. Marc et Elise se regardent.
AUGUSTE - Ah cette foué, y l’a enfin réussi à l’attraper !
MARC - A l’attraper ? Mais qui ?
AUGUSTE - Not’ fils, le Louis.
ELISE - Louis ? Mais pourquoi hurle-t-il comme ça ? (Nouveaux cris épouvantables.)
AUGUSTE - Bigre, c’est normal qu’il pousse des cris. J’voudrais vous y vouère vous si on vous attachait les pattes avec de la corde d’ marine.
MARC - Le pauvre jeune homme !
AUGUSTE - Vous en faites point pour lui, à 22 ans, y a longtemps qu’il a le cœur ben accroché, le bougre ! ça fait 8 ans qu’y fait du Rugby.
ELISE - Mais c’est cruel !
AUGUSTE - N’exagérons point. Ce n’est jamais qu’un cochon
ELISE - Vraiment, monsieur, votre propre fils !
JUSTINE - Je crois bien qu’il y a comme un petit malentendu. Auguste, si te veux bien expliquer à ces dames de quoi qu’il s’agit.
AUGUSTE - Ben je fais que ça d’expliquer. (Nouveaux cris horribles) ça c’est not’ fils qu’est en train de s’entraîner pour la fouère aux cochons. On lâche un cochon et c’est à celui qui l’attrape et lui ligote les pattes le plus vite. L’année dernière il a fait deuxième, il a gagné son poids en tripes, jambonneaux et andouillettes.
ELISE - Ah bon ! J’aime mieux ça ! Mais cette pauvre bête !
AUGUSTE - J’va aller vouère comment qu’ y s’débrouille. La dernière foué, le cochon y s’est tell’ment débattu, qu’y s’est échappé. Avec la corde qui lui traînait derrière il a accroché le l’ grillage du poulailler et y s’est enfui avec le grillage et toutes les volailles. Y-avait des plumes partout, quelle panique !
MARC - J’imagine !
AUGUSTE - Et la meilleure, tenez-vous bien, on a r’trouvé tout cet attelage sur le parking de la gendarmerie de ……………………. (Ville ou village à choisir.)
JUSTINE - Imaginez mon mari courant autour de la gendarmerie en hurlant « Mes poulets, mes poulets ! ». Il a failli avoir des ennuis !
AUGUSTE - Bon, j’ y va vouère, mais avant,… v’là un p’tit …………… (Choisir un vin local.) qui mérite l’ détour. (Il remplit copieusement de vin les verres de Marc et Elise et sort à gauche.)
SCENE 2
Justine – Marc – Marlène – Elise
JUSTINE - Pardonnez-nous, mais c’est la vie de la ferme !
MARC - C’est tout à fait pittoresque, enfin je veux dire traditionnel, surtout ne changez rien à vos...