Dévorez-moi

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Alain Gelma, l’un des meilleurs chefs au monde, réputé pour son établissement “La Tour de Vermeil” a eu le malheur de séduire Ségolène, la troublante femme de Stanislas Lefauve, redoutable et redouté rédacteur en chef du Guide Lichemin. Pour se venger, Lefauve exerce un atroce chantage envers Gelma: pour sauver sa troisième étoile, le chef doit lui cuisiner un plat gastronomique hors norme…
Sur Internet, Gelma a déniché Katerina Krochnokov, une vieille fille déjantée et démoniaque qui s’est portée volontaire pour une expérience culinaire sans précédent…

Inspirée d’un véritable fait divers et à partir d’une situation explosive et jamais vue au théâtre, une pièce tout public, sans violence, aux nombreux rebondissements saupoudrés de dialogues percutants, bref tous les ingrédients pour une sauce comique relevée…

ATTENTION : la version de ce texte que vous pouvez lire ici a été actualisée par rapport à la version publiée.

PERSONNAGES

Par ordre d’entrée en scène :

SÉGOLÈNE, détonateur sexy
ALAIN GELMA, chef réputé
STANISLAS LEFAUVE, critique redouté SÉBASTIEN KRUCHOT, commis peu finaud KATERINA KROCHNOKOFF, démoniaque

DÉCOR

Un salon particulier au premier étage d’un restaurant renommé.
Au premier plan jardin, une porte donnant sur une chambre à coucher. Ensuite remontant vers le fond, une bibliothèque-bar avec devant une petite console avec téléphone. Ensuite une grande porte fenêtre donnant sur un balcon, avec découverte toits de Paris. Un pan de mur, puis fond scène, une porte donnant sur le rez de chaussée du restaurant, avec derrière petit couloir. Un pan de mur, avec devant trois chaises, puis une porte fond cour donnant sur la salle de bains du salon.... un pan de mur et au premier plan cour, une porte dérobée (derrière une tenture) donnant sur l’escalier de service.
Décoration luxueuse, vases, statue, tableaux, plantes vertes, vase avec fleurs.
Au Jardin, une table ovale pour 4 personnes, avec une chaise. Chandelier. Et à la cour, une méridienne.
Couleurs rouges et pourpres dominantes... pour donner un lieu chaleureux et raffiné.

Déposé à la SACD et à l’INPI

CRITIQUES DEVOREZ-MOI

.À Nous Paris « Saupoudrée de cocasseries et de gags visuels, cette comédie est servie par cinq excellents comédiens ! »

. Figaroscope « Une comédie au thème original traitée avec drôlerie ! »

. Le Parisien « On rit tous azimuts ! La pièce est drôle, gonflée, fine, rythmée. Jamais le soufflé ne retombe ! Des comédiens parfaits, un texte succulent, on passe un moment délicieux ! Une comédie comme on l’aime ! »

. Le Figaro Magazine « La pièce d’OL est vraiment drôle. Les comédiens s’en donnent à coeur joie ! Éblouissant ! »

. Madame Figaro « Une comédie hilarante sur le thème du cannibalisme ! Une soirée à croquer ! »

. Le JDD « Une comédie déjantée ! »

. 20 Minutes « Un quintet joliment drôle... Avis aux amateurs ! »

. Ici Paris « Une comédie hilarante longuement applaudie ! »

. France Dimanche « O. Lejeune affiche son talent : on bascule dans le rire ! Des comédiens hors pair brûlent les planches ! »

. Pariscope «Des situations irrésistibles, des gags et rebondissements rocambolesques ! »

. France Soir « O.Lejeune est un étonnant humoriste, déjanté et infatigable ! » (Paul WERMUS) Une pièce qui mêle gastronomie et humour ! »

. Paris Paname « Exceptionnel ! »
. Tatouvu « Efficace et innovant ! »
. Télé Magazine « Attention à l’indigestion de rires ! »

. Détective « A consommer sans modération »
. Paru Vendu 1 « Tous les ingrédients y sont pour une sauce comique relevée. Des situations absurdes et drôles, un rythme qui s’emballe, des comédiens excellents dans leur rôle ! »

. AFP « Riche en rebondissements, une situation jamais vue au théâtre ! » . Jeunes à Paris « La distribution brûle les planches littéralement ! »

DERNIER ACTE (c’est normal !)

Un salon particulier au premier étage d’un grand restaurant. Lumière tamisée. Au jardin, la table est dressée pour un seul couvert. Grand luxe. Argenterie, cristal, nappe brodée, photophores allumés. Ségolène entre par la porte dérobée cour. Elle met la clef dans son sac, elle dépose des paquets luxueux. Énervée, elle examine la table jardin. Notamment une bouteille vide en train de décanter dans une carafe.

SÉGOLÈNE énervée
Oh ! (elle se dirige vers la porte du fond, les appliques s’allument. Elle se cache côté cour de la porte du fond. d’où apparaît Alain dans son costume de chef, portant un plateau contenant poivrier, salière, couverts, serviette, corbeille de pain. Il se dirige vers la table. Ségolène derrière lui) Un coup de main ?

ALAIN sursautant effrayé et laissant tomber son plateau Aaah ! T’es folle, tu m’as fait une de ces peurs...

SÉGOLÈNE

Pourquoi ? Je suis devenue si effrayante ?

ALAIN abasourdi
Mais qu’est-ce que tu fais là ?!

SÉGOLÈNE

Oh ! Ta question est tellement énorme, je te la retourne. Qu’est-ce que tu fais, là ?

ALAIN gêné, s’agenouillant
Ben tu vois... je ramasse tout ce qui est tombé... (indiquant côté cour) T’es passée par l’escalier de service !

SÉGOLÈNE

Alain, c’est pour qui cette table ?

ALAIN implorant Ma petite caille...

SÉGOLÈNE

Ah non ! Surtout pas “petite caille”. Tu me vois sur un plat, entourée de trois grains de raisin ?

ALAIN continuant à ramasser
Non t’as raison, trop classique comme garniture. (angoissé) T’as bien laissé la clef sur la porte ?

ALAIN continuant à ramasser
(angoissé) T’as bien laissé la clef sur la porte ?

SÉGOLÈNE

Tu fermes “La Tour de Vermeil” un jeudi soir ? Sans même me prévenir ?

ALAIN

Titou...

SÉGOLÈNE

Tu ouvres ce salon particulier pour un seul couvert alors qu’au rez de chaussée tu peux t’en faire quatre vingt ?

ALAIN

Chérie, je n’ai pas terminé ma mise en place...

SÉGOLÈNE

Parce qu’en plus t’as donné congé au personnel ? Alain, j’exige une explication...

ALAIN

Mon amour... tu es la femme de ma vie...

SÉGOLÈNE

Ta vie ? Vu comme j’y participe, je prends la sortie de secours. Je te quitte

ALAIN

Oh pitié ça recommence....

SÉGOLÈNE

Non, ça se termine. Franchement, notre avenir, tu le vois comment ?

ALAIN

Pervers. tes yeux pervers, j’en suis fou...

SEGOLENE

Ça je te comprends mais notre avenir, foutu ?

ALAIN

Pas du tout. L’avenir est toujours meilleur, c’est bien connu.

SÉGOLÈNE

Et tu changeras quoi pour y arriver ?

ALAIN tentant de la faire sortir
Titou, je t’en supplie... ne me quitte pas mais là va-t-en !

SÉGOLÈNE

Tu ne te lèveras plus tous les matins à cinq heures ?

ALAIN

Tu sais bien qu’à Rungis, pour obtenir les meilleurs produits...

SÉGOLÈNE

Le soir, tu rentreras avant minuit ?

ALAIN montrant son front
Là y’a pas marqué Cendrillon. Tout dépend de la dernière commande. Tu veux bien me laisser bosser...

SÉGOLÈNE

Est-ce qu’une seule fois tu m’as vue dormir ?

ALAIN

Quelle question ! Bien sûr...

SÉGOLÈNE

Jamais. Tu t’endors comme une pierre... enfin comme une pierre, comme un tas, oui... et je me réveille toujours la première. Tellement je suis excitée.

ALAIN flatté dans sa virilité
Ah bon ? Je te fais toujours autant d’effet ?!

SÉGOLÈNE

Excitée à l’idée de ne plus t’entendre ronfler.

ALAIN

Alors ça c’est faux, je ne ronfle pas.

SÉGOLÈNE

Quoi ? Mais t’es force huit sur l’échelle de Richter. Mon chat est tellement complexé qu’il n’ose même plus ronronner. Tu crois que c’est une vie ?

ALAIN

Pour qui ? Pour ton vieux chat tout pelé ? Il n’a qu’à faire chambre à part.

SÉGOLÈNE

Ah non, Dracula continuera à dormir sur notre lit.

ALAIN

Mais dès je veux te faire un câlin, il se recroqueville, il sort ses griffes. et il me regarde en louchant. Je t’assure, c’est stressant pour ma libido

SÉGOLÈNE

Jamais de vacances, jamais de week-end...

ALAIN

Et c’est reparti ! Tu ne vois pas que je suis dans le jus ?

SÉGOLÈNE

Alain, donne-moi une seule raison pour que je reste avec toi.

ALAIN

Mon physique ravageur.

SÉGOLÈNE éclatant de rire
Non, tu me fais rire ! (changeant de ton) Enfin de moins en moins. Qui dîne là ce soir ? Une femme ?

ALAIN

Non.

SÉGOLÈNE

Alors un homme ?

ALAIN

Non.

SÉGOLÈNE

Une bête ?!

ALAIN

Je ne te dirai rien.

SÉGOLÈNE

Pire qu’une bête... une maîtresse !

ALAIN

Enfin si c’était une maîtresse, j’aurais mis mon couvert à côté du sien. Et puis c’est toi que j’aime. Tu vas te sauver, oui ?

SÉGOLÈNE

En tout cas, c’est quelqu’un de friqué. S’offrir pour lui tout seul l’un des meilleurs chefs français ....

ALAIN, rectifiant
“LE” meilleur chef français.

SÉGOLÈNE

Un émir ? Une megastar ? Dis-moi, ça m’amuse...

ALAIN

Ségolène, j’ai promis l’incognito, secret professionnel.

SÉGOLÈNE

Bon alors rassure-moi, l’addition tu vas bien la saler ?

ALAIN

Ça pour être salée, elle va être salée. Guérande et ses marais salants, à côté, ce sera du pur sucre. Tu vas te sauver, oui...

SÉGOLÈNE le vampant
Tu sais que t’es craquant, toi, dans ton petit costume de chef...

ALAIN

Je sais, mon charme est cent pour cent textile.

SÉGOLÈNE le poussant vers le canapé
Et ce canapé ? Tu te souviens ? C’était là notre première fois...

ALAIN

Comme si je pouvais oublier. En plein service ! Oh, ces hurlements...

SÉGOLÈNE coquine
Ça, c’était toi le responsable....

ALAIN

Non en bas, les hurlements de la table quinze qui attendait ses plats.

SÉGOLÈNE

T’es d’un romantisme....

ALAIN

Les clients trouvaient le temps long...

SÉGOLÈNE

Eh ben pas moi ! Elle est très facile, la recette pour accommoder un chef (lui déboutonnant sa veste) Vous préchauffez la bête...

ALAIN

Ségolène, ce n’est pas le moment.. Pas les têtons, pas les têtons !

SÉGOLÈNE le renversant sur le canapé pour se jeter sur lui
Et une fois qu’elle est à température... vous consommez sans modération.

ALAIN se dégageant
T’es diabolique. Il y a deux secondes tu me quittes et là tu....

SÉGOLÈNE

Chef, ce n’est pas à toi que je vais apprendre les subtilités du chaud et froid... (très vamp) Alors vraiment, sans façon ? Un petit canapé ?

ALAIN

Comme si t’étais un amuse-bouche ! Toi et ton manque de pudeur (fondant) j’adore. À tout à l’heure ma chaud bouillante...

SÉGOLÈNE

À tout à l’heure mon lapin tiède. Dis, sans t’énerver, passe-moi douze mille euros.

ALAIN

Pardon ???

SÉGOLÈNE

C’est dingue. À partir d’une certaine somme tu deviens sourd. Comme si on t’avait greffé les oreilles au fond du portefeuille...

ALAIN

Mais enfin pourquoi douze mille euros ... ?

SÉGOLÈNE

Ma carte bleue a été avalée par un distributeur...

ALAIN

C’est qu’il devait avoir faim, le malheureux. Ségolène, je ne peux plus te renflouer, t’es incolmatable, tu fuis de partout... Là, uniquement par curiosité, c’était pour quoi ?

SÉGOLÈNE

J’ai fait les soldes.

ALAIN effondré
Aaah ! Le nombre de cardiaques qui sont morts en entendant cette phrase

SÉGOLÈNE

Mais je n’ai plus rien à me mettre...

ALAIN

Aaaaaah ! Et ça, c’est ce qui achève tous ceux qui avaient réussi à survivre. Mais rien qu’avec ta garde robe, on pourrait travestir tout le Brésil !.

SÉGOLÈNE allant vers ses paquets
Ils font nocturne, j’ai promis de repasser les régler. Chéri, je vais te montrer, tu vas adorer. Pour le prix, c’est donné...

ALAIN

Mais qu’est-ce qui peut bien te pousser à acheter en permanence ?

SÉGOLÈNE

T’es toujours absent... je compense.

ALAIN

Non, tu dépenses ! Rapporte ça immédiatement où tu l’as pris.

SÉGOLÈNE

Pardon ? J’ai mal entendu...

ALAIN

C’est dingue, toi aussi tu deviens sourde.

SÉGOLÈNE

Tu me refuserais ? Alors que ce soir, tu vas t’en mettre plein les poches...

ALAIN

Ce soir, si tu savais ce qui m’attend...

SÉGOLÈNE

Un gros client pour lequel t’as mis à décanter un Château Petrus 47...

ALAIN

Et alors ? Quel rapport ?

SÉGOLÈNE

Douze mille euros. C’est bien le prix indiqué sur ta carte ?

ALAIN

Cette bouteille, c’est le fleuron de ma cave...

SÉGOLÈNE

Et tu me refuses un tout petit geste de douze mille euros ? Moi qui suis soi- disant le fleuron de ta vie ? Je te quitte. (allant pour sortir)

ALAIN

Ségolène, pourquoi tu me persécutes ! Tu le sais bien, si je suis aussi mal financièrement c’est à cause de tes beaux yeux. Pervers.

SÉGOLÈNE après un temps Embrasse-moi, mon écrevisse.

ALAIN

Pourquoi “mon écrevisse“ ?

SÉGOLÈNE

Dès qu’on te parle argent, tu marches à reculons !

ALAIN l’embrassant
Oh toi toi toi, je t’ai dans la peau...

SÉGOLÈNE

C’est bien ma veine, ta peau, elle ne vaut plus lourd.

ALAIN baissant la voix
Oui mais ce soir, si je réussis mon coup, on est sauvé. Allez file...

SÉGOLÈNE charmeuse
Tu sais, moi pour être heureuse, je n’ai pas besoin de grand chose...

ALAIN

Non... une nouvelle carte de crédit...

SÉGOLÈNE

Toi alors, tu comprends les femmes.

ALAIN

Oui mais tu m’as bien aidé. Allez ouste !

SÉGOLÈNE ayant récupéré ses paquets
Et merde merde pour ton dîner... mystère.

ALAIN extirpant d’un petit pain des boulettes de mie de pain Attends, je vais quand même te faire un cadeau...

SÉGOLÈNE

C’est vrai ? Oh ! Déjà rien qu’avec trois mille je peux garder les chaussures...

ALAIN lui donnant les boulettes de mie de pain Tiens mon titou d’amour...

SÉGOLÈNE ahurie De la mie de pain ?!

ALAIN

Non, des boules Quiès pour ton chat.

SÉGOLÈNE

Tu sais ce qui me plaît en toi ? T’es aussi barge que moi !

Elle sort par la porte cour. Apparaît Stanislas Lefauve par le fond de scène STANISLAS sinistre

Touchant, vraiment touchant. L’archétype même du couple idéal.

ALAIN

Je vous croyais au rez de chaussée, je ne pensais pas que vous entendiez, je suis désolé ...

STANISLAS

Au contraire. Je sais enfin où en sont les tourtereaux après un an de vie commune. Vous ne sentez pas une odeur de brûlé ?

ALAIN

Vous me haïssez ?

STANISLAS

Profondément. Aussi profondément que ce canapé.

ALAIN

Je vous l’ai déjà dit, je ne savais pas qu’il s’agissait de votre femme.

STANISLAS

Non, vous ne saviez pas que j’étais l’un des clients de la table quinze.

ALAIN

D’habitude les critiques gastronomiques, je les repère facilement, ils se pointent tout seul.

STANISLAS

Voilà pourquoi j’étais venu en couple, avec quelques amis. L’anonymat, c’est le b-a-ba pour un inspecteur du guide Lichemin.

ALAIN

Pas n’importe quel inspecteur, le rédacteur en chef !

STANISLAS

Et réaliser après coup... qu’au dessus de ma tête... ma femme...

ALAIN douloureux Je sais, je sais...

STANISLAS

Pendant que moi... par ironie du sort... j’attendais ma morue...

ALAIN

Hé oui, les plats, c’est moi qui donne le feu vert pour les envoyer...

STANISLAS

C’est sûr, on ne peut pas s’envoyer à tous les étages.

ALAIN

En vingt ans de carrière, c’est ma seule fausse note.

STANISLAS

À propos de note, l’addition de ce jour là, je l’ai fait encadrer au dessus de mon bureau.

ALAIN

Pourquoi ? Il y avait une erreur ?

STANISLAS

Mieux que ça. Vous me piquez ma femme et juste après, vous me comptez un supplément pour changement de garniture... Ça fait cher le plat de résistance pour une femme qui n’en a opposé aucune...

ALAIN

Enfin avouez qu’elle m’avait bien cherché...

STANISLAS

Et qu’est-ce...

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