Acte I
Scène 1
Un intérieur - deux chaises, un tableau accroché au mur, peut-être un tapis au sol … un homme et une femme - l’homme lit son journal , la femme habillée très chic (petit tailleur) très bien coiffée, tricote.
Thomas : et voilà et voilà le résultat ! à force d’envoyer des fusées sur la lune ils nous ont détraqué le temps et puis en plus voilà les agriculteurs qui s’y mettent ,des barrages maintenant ! de quoi ils se mêlent ces paysans … c’est incroyable , tout fout le camp, il n’y a plus de classe sociale (il continue sa lecture un moment en silence) ah nom d’un chien ! le cac 40 qui se casse la gueule ! tu entends ça Germaine ?
Germaine : hum, zut tu m’as fait perdre une maille … deux à l’envers et une à l’endroit, quelle heure est-il ?
Thomas : tu as entendu ?
Germaine : oui oui j’ai entendu, les macaques des paysans se sont carapatés sur la lune qu’est-ce que tu veux que j’y fasse, ils n’ont qu’à les attacher
Thomas : Pff, tu n’es rien qu’une femme, toi et la politique …
Germaine : quelle heure est-il ?
Thomas : moins cinq
Germaine : moins cinq ? je t’avais bien dit qu’elles seraient en retard, elles sont toujours en retard , c’est certainement une tare familiale du côté de mon oncle, ça… parce que moi, jamais ça ne m’arrive jamais , quoique … oh mon dieu, rappelle toi l’autre jour, chez le médecin, j’avais deux minutes de retard, quelle angoisse ! et si j’étais atteinte moi aussi ? hein, mon bichon, si j’étais atteinte ! ! tu crois que ça peut se déclarer sur le tard ?
Thomas : mais non, ma chérie … vu ton âge ça se serait déjà manifesté tu penses bien
Germaine : mais si c’était héréditaire ? ah, ça y est, j’ai des palpitations !
Thomas : allons, allons calme toi… tiens prends un cachou, ça va t’aider
Germaine : oh merci mon bichon… un demi seulement avec un peu d’eau pour… (elle sort une petite bouteille d’eau minérale de son sac et boit) là ça va mieux (soudain elle regarde la bouteille et panique) ah ah mon bichon regarde
Thomas : qu’est-ce ce qu’il y a ?
Germaine : regarde, mais regarde
Thomas (il prend la bouteille) : oui et bien quoi ?
Germaine (affolée) : c’est de l’eau gazeuse !
Thomas : ce n’est pas grave, c’est de l’eau quand même
Germaine : oui mais ça va me faire roter, j’en suis sûre, je le sens déjà, ça remonte, j’ai l’estomac qui se contracte, ça fait des bulles
Thomas : t’affole pas, allons (il lui tape dans le dos) là, du calme
(surgit Cécile, vêtue d’une jupe très courte, d’un petit blouson, de bas résilles l’allure garçonne mais très sexy)
Scène 2
Thomas, Germaine, Cécile
Cécile : salut les amoureux !
Germaine : ah mon dieu, Cécile, tu m’as fait peur
Cécile : merci du compliment… comment tu vas , mon petit germe de blé ?
Germaine : oh ne m’appelle pas comme ça, quelle horreur, ça me donne de l’urticaire
Cécile (à Thomas) : et toi mon gros bisounours, tout baigne ?
Thomas : ouais … cette manie que tu as de toujours donner des surnoms, c’est d’un ridicule !
Cécile : bonjour l’ambiance ! on attend qui au fait ?
Germaine : vous, comme toujours ! mon dieu il est 17 h 15
Cécile : et alors, t’as un train à prendre ?
Thomas : on avait rendez-vous à 17 h… ça fait une demi-heure qu’on poireaute nous, qu’on tourne en rond tous les deux
Cécile : fallait vous occuper, le temps vous aurait paru moins long
Germaine : nous occuper ? et comment ça nous occuper ?
Cécile : ben oui… quoi, je sais pas moi, vous faire des papouilles par exemple ou des suçons… vous bécoter, vous peloter quoi
Germaine : mon dieu, Cécile quelle inconvenance !
Thomas : ma chérie , c’est rien, tu veux l’autre moitié ?
Cécile : qu’est-ce qu’elle a ? qu’est-ce que j’ai dit ? enfin Germaine tu vas pas tourner de l’œil parce que j’ai parlé de vous papouiller ?
Germaine : je suis anéantie mon bichon… on croirait jamais que c’est ma sœur, ma petite sœur … en plus on n’est pas même pas samedi !
Cécile : je ne vois pas le rapport
Germaine : sidérée.. je suis sidérée par un tel manque de vergogne … Cécile tu .. tu… tu me sidères … voilà
Cécile : oh là là , ça va je me tais (elle va s’asseoir dans un coin et met un casque sur les oreilles)
Germaine : tu n’as vraiment aucun respect
Cécile : hein ?
Germaine (elle s’approche d’elle et lui ôte le casque) : je dis que tu n’as vraiment aucun respect
Thomas : Germaine a raison, tu ne respectes rien
Germaine : tu devrais avoir honte !
Thomas : tu es sans vergogne
Cécile : eh oh ça suffit les coincés ! n’en jetez plus la cour est pleine, c’est pas parce que je vous ai dit de vous peloter qu’il faut en faire un munster
Germaine : un fromage, on dit un fromage ! parle correctement , tu veux !
Cécile : c’est quif non ? un munster, c’est du fromage et un fameux fromage il t’a une de ces odeurs… une odeur sensuelle, une odeur de
Thomas : stop !
Cécile : quoi encore ? quelle face de carême tous les deux ! vous fileriez le bourdon à un macchabée !
Germaine : mon bichon… elle me sidère
Thomas : tu sais pourquoi on est là Cécile ?
Cécile : ma foi , non, pas vraiment
Germaine : si tu écoutais aussi, tu fais jamais attention à rien … on est là pour régler les affaires de Tata Amélie
Cécile : elle ne peut pas le faire toute seule cette vieille chouette ?
Germaine : elle est morte, Cécile
Cécile : la vieille guenon a passé l’arme à gauche ? non ? moi qui la croyais increvable
Thomas : arrête Cécile, tu deviens odieuse
Germaine : indécente même, un peu de retenue je te prie, n’oublie pas que c’était la sœur de papa
Cécile : je demande à voir …vu que c’est maman qui le dit, j’ai des doutes
Germaine : oh Cécile !
Cécile : ben quoi c’est pas vrai … tu sais vraiment à quoi t’en tenir avec elle ? elle est jamais là et quand elle est là par le plus grand des hasards c’est pour nous sortir des propos déplacés … qu’elle reste où elle est tiens , ça nous fait des vacances
Germaine : sidérée, je suis sidérée
Thomas : au fait c’est vrai ça elle est où Belle maman en ce moment ?
Cécile : ça, va savoir … remarque moins je la vois, mieux je me porte , enfin que veux-tu on choisit pas sa famille, c’est bien dommage
Germaine : oh ! mon bichon, donne donne
Thomas (qui lui tend une petite boite) : un seul ma chérie, un seul
Cécile : au fait qu’est-ce qu’elle nous lègue Tata Amélie ?
Thomas : justement, on est là pour faire le partage de ses biens
Cécile : moi je serais vous, je brûlerais tout
Germaine : tu es folle !
Cécile : et bien je préfère...