Incorrigible

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Pour se venger de l’infidélité de son mari, Sylvie demande, moyennant finances, au jeune livreur de fleurs, de jouer le rôle de son amant. Efficace et… explosif ! Quant à la future mariée elle va « craquer » pour le chippendale venu à sa soirée d’enterrement de jeune fille… Le pauvre papi, en fauteuil roulant, témoin obligé à l’élocution difficile, fera les frais des disputes entre les deux époux.

 

 

 

 

 

ACTE I

 

Chantal est assise devant la table avec un papier et un stylo, le nez sur la feuille.

Chantal. – 101, 102, 103, 103... C'est bien ça !

André arrive des chambres.

Chantal. – 103 invités, tu te rends compte !

André. – Oui, ça fait beaucoup...

Chantal. – La question n'est pas là, le problème est que c'est un nombre impair !

André. – Quelle importance ?

Chantal. – Quelqu'un aura une place vide en face de lui.

André. – Et alors ?

Chantal. – Il n'aura personne avec qui discuter !

André. – Mais si, son voisin de droite et son voisin de gauche.

Chantal. – Son voisin de gauche ou son voisin de droite, c'est tout, puisqu'il sera le dernier de la tablée… et le pire, personne en face !

André. – Ah oui, effectivement...

Chantal. – C'est très ennuyeux. En fait, il manque un invité.

André. – Ou alors il y en a un en trop.

Laura et Hervé arrivent du couloir menant aux chambres.

Laura. – Qu'est-ce qu'il y a en trop ?

André. – Un invité. Il y en a un nombre impair.

Chantal. – On pourrait en placer un en bout de table, comme ça il aurait quelqu'un à sa gauche, quelqu'un à sa droite, et en plus il aurait tout le monde sous les yeux.

Hervé. – Excusez-moi mais c'est un faux problème : les tables sont rondes !

Chantal. – Première nouvelle ! à deux jours de la cérémonie, il était temps que je le sache ! Depuis près d'une semaine, je me casse la tête pour trouver comment les placer tous. Vous auriez pu me mettre au courant !

Laura. – Je ne vois pas pourquoi on en aurait parlé. D'ailleurs je précise que j'ai fait mon plan de table. Il s'agit tout de même de mon mariage, non ?

Chantal, vexée, se tait, l'air pincé.

André, à Laura. – Bien sûr ma chérie... Alors, tu t'es bien installée ?

Laura. – Sans problème.

Hervé. – Un petit quand même, votre fille a retrouvé sa chambre mais moi je vais être seul dans l'appartement.

Laura. – Désolée mon chéri, mais c'est la tradition.

André. – Hé hé, ça met un peu de piment, pas vrai ?

Hervé. – Oui, si on veut...

André. – Oh mais dis donc, c'est ce soir l'enterrement de ta vie de garçon !

Hervé. – Je me demande ce qui m'attend…

Laura. – Pour ma soirée, c'est pareil, les copines sont muettes comme des carpes.

André. – Vous ne vous mariez que dans deux jours, vous aurez le temps de vous en remettre !

Chantal. – C'est une tradition stupide qui ne fait que donner des maux de tête et des nausées !

André. – Pas stupide… salutaire ! Sur le front, on faisait boire les soldats pour leur donner du courage avant qu'ils aillent au feu en première ligne.

Hervé. – Vous n'allez pas comparer le mariage avec la guerre tout de même !

André. – C'est vrai… La guerre, c'est moins dangereux !

Tout le monde rigole sauf Chantal.

Chantal. – Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle… Passer une nuit blanche à se mettre la tête à l'envers !

Laura. – Vous, vous vous couchez trop tôt et vous ne buvez pas assez !

Hervé et Laura sortent côté cuisine.

Chantal. – Elle ne m'aime pas beaucoup, hein ?

André, très ennuyé. – Ben... C'est à dire... Elle se demande pourquoi tu veux t'occuper de tout.

Chantal. – Excuse-moi de vouloir rendre service !

André. – Mets-toi à sa place, elle se pose des questions, c'est normal.

Chantal. – Tu ne lui as rien dit pour nous deux ?

André. – N… non...

Chantal. – Pourquoi ?

André, de plus en plus mal à l’aise. – Mais… Parce que… Il n'y a pas grand-chose à dire…

Chantal. – Tu trouves ! Alors pour toi c'est sans importance !

André. – Je n'ai pas dit ça mais enfin...

Chantal. – Il faudra bien la mettre au courant.

André. – Le moment est mal choisi... Je ne veux pas la contrarier… De plus, elle adore sa mère…

Chantal, en colère. – Justement, tiens ! C'est elle qui est en trop ! Si ta fille n'avait pas insisté pour qu'elle vienne, on serait 102 et ce serait parfait !

André. – Mais... Puisque les tables sont rondes...

Chantal. – Oh ça va, hein ! Tu sais très bien ce que je veux dire.

André. – Laura veut avoir sa mère à ses côtés pour son mariage, avoue que c'est la moindre des choses. De plus, Sylvie est toujours ma femme !

Chantal, tranchante. – Elle a quitté le domicile conjugal, c'est une faute grave ! Elle reste ton épouse sur les papiers, c'est tout. En réalité, elle ne l'est plus.

André. – Ce n'est pas si simple...

Chantal, câline. – Ce n'est pas si compliqué... Imagine nous deux... (Tout en parlant, elle l’embrasse, lui passe la main dans les cheveux etc.) Je saurai t'aimer, moi... Je saurai te comprendre... Je m'occuperai bien de toi... On vieillira ensemble, comme deux pigeons...

André, essayant de se dégager. – Pourquoi des pigeons ?

Chantal. – Parce qu'ils forment un couple pour la vie, et les petits coups de becs se terminent par des roucoulements d'amour… (Elle roucoule.)

André. – Arrête...

Chantal. – Ne fais pas ton grincheux. Rappelle-toi nos folles nuits... Et il y en aura plein d'autres !

André. – Nos folles nuits ? Il n'y en a eu qu'une !

Chantal. – Elle a compté pour 10 ! Tu as été merveilleux !

André, arrivant à la repousser. – Allons... Sois raisonnable...

Chantal. – On est faits l'un pour l'autre, je le sais... et toi aussi, tu le sais !

André. – Ah bon ?!

Chantal. – Je n'ai jamais été dupe. Tu avais une telle façon de ne pas me regarder et de ne me parler que de travail… ça ne trompe pas, ça !

André. – Ah bon ?!

Chantal. – Tu faisais tellement d'efforts pour me montrer que je ne t'intéressais pas, c'était touchant...

André. – Je crois que tu t'emballes un peu, ma femme...

Chantal. – Ah oui, ta femme ! Finalement, c'est une bonne chose qu'elle vienne. C'est l'occasion pour toi de lui parler du divorce.

André. – Je ne pense pas que ce soit le bon moment...

Chantal. – Bien sûr que si !

André. – C'est un peu tôt, elle n'est pas partie depuis si longtemps que ça...

Chantal. – Ça va faire 3 mois !

André. – C'est délicat... Tu sais... Les querelles de couples...

Chantal. – Ne me dis pas que tu ne veux pas divorcer !

André. – Si... Non... Enfin, c'est un peu frais, tout ça...

Chantal, agacée. – Tu crois que je n'ai pas suffisamment patienté ! Toutes ces années à être à tes côtés 8 heures par jour ! à fermer les yeux sur tes aventures ! à te couvrir lorsque ta femme essayait de te joindre au bureau ! Et quand elle t'a quitté, qui t'a consolé ? C'est dans mes bras que tu t'es enfin réfugié !

André. – Ce jour-là, j'avais eu un coup de blues mais...

Chantal. – Il n'y a pas de mais ! Je veux que tu divorces et que tu m'épouses !

Elle sort.

Hélène arrive de la chambre du pépé en poussant celui-ci qui est en fauteuil roulant.

André. – Alors papa, tu as fait une bonne sieste ?

Le pépé. – Ui Ui...

Hélène. – Il a bien dormi, il va bien, il est tout propre. (Elle le met vers la fenêtre.) Voilà ! Tiens. (Elle lui tend son journal.) Je te pose ton verre d'eau ici. (Elle le met sur le petit guéridon.) Tu as besoin d'autre chose, papa ?

Le pépé. – Hon Hon...

Hélène, à André. – Dis donc, elle avait l'air d'être bien excitée, ta secrétaire ?

André. – Oui... C'est la préparation du mariage...

Hélène. – Comme si ça la concernait ! Et puis, quelle idée tu as eue de l'inviter ici ?

André. – C'est elle qui n'a pas compris ! Je l'ai invitée pour le mariage mais elle est arrivée avec sa valise et comme la maison est grande, je n'ai pas osé lui dire de repartir, d'autant qu'elle a proposé de s'occuper des préparatifs tu vois, comme le vin d'honneur par exemple...

Hélène. – Je voulais le faire mais elle m'a carrément virée !

André. – D'un autre côté, tu es très prise avec papa... Et puis tu sais, elle a l'habitude de planifier les choses, elle est très efficace !

Hélène. – Au bureau, je ne dis pas, c'est son boulot, mais là... Elle est en pays conquis. Tu devrais lui faire comprendre qu'elle n'est pas chez elle ici !

André. – C'est délicat...

Hélène. – Dis donc… Regarde-moi… Tu as un drôle d'air toi… Oh mais… ça ne serait pas ta maîtresse, par hasard ?

André. – Quelle idée !

Hélène. – Mais oui, c'est ça ! Avoue !

André. – Non... Enfin oui...

Hélène. – Oui ou non ?

André. – Une fois ! Rien qu'une petite fois ! Mais maintenant elle croit que c'est arrivé. Comment veux-tu que je fasse ? Si je l'envoie balader, elle va me laisser avec une tonne de dossiers sur les bras !

Hélène. – "Règle numéro 1 : ne jamais mélanger le plaisir et le travail". C'est ce que tu disais toujours, non ? Tu aurais pu trouver quelqu'un d'autre !

André. – Elle était là... Je l'avais sous la main... Et puis, tu me fais rire, trouver quelqu'un d'autre… Quand Sylvie m'a quitté, si tu crois que j'avais le cœur à aller draguer !

Hélène. – Oh le pauvre chou ! Mais tu as un zizi à la place du cerveau, ce n’est pas possible ! Ah, je comprends ma belle-sœur, moi, à sa place, il y a longtemps que je t'aurais planté là !

André. – Comme si tu savais de quoi tu parles, toi, une vieille fille !

Hélène. – Tu permets, je suis célibataire et fière de l'être, et ce ne sont pas des hommes comme toi qui me le font regretter !

Elle sort côté couloir, vers les chambres.

Le pépé. – Nu aurai pas dû ! Nai pa genti !

André. – Oui, oh, ça va, hein ! Ce n’est pas toi qui m'as donné l'exemple ! Si maman était encore là, coureur comme tu étais, elle serait bien contente de te voir en fauteuil roulant !

Laura et Hervé reviennent de la cuisine.

Laura, à André. – Tu as l'air contrarié ?

André. – C'est Hélène, elle est vexée parce que Chantal s'occupe des préparatifs.

Laura. – Il faut dire qu'elle a du culot, ta secrétaire !

André. – Elle veut aider, ce n'est pas un crime…

Hervé. – Elle a quand même téléphoné au DJ qu'on a choisi pour...

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