La Bonne Trinquette

L’action se passe dans un café lorrain. C’est des gens d’un certain age qui racontent leurs aventures de gosses. Tour à tour, chacun se trouve raillé par les autres, mais tout s’arrange par la suite. Il y a dans cette pièce une petite intrigue amoureuse et un secret qui ne se révèle qu’à la fin de la pièce.

A la Bonne Trinquette

Pièce lorraine, humoristique.

Environ 1h15.

C’est un petit bistrot meusien qui évoque une atmosphère chaleureuse et conviviale.

Le rideau se lève sur Marie qui s’affaire à balayer la salle, et le téléphone sonne.

Marie : (chuchotant) Allô ? Marcel ! C’est toi ?

Marcel : (voix à travers le téléphone) Marie ! Que du bonheur de t’entendre ! Je vais pas te mentir, je kiffe trop ta voix.

Marie : (regardant autour d'elle, inquiète) Je t’avais dit de ne jamais m’appeler à l’heure là, alors magne-toi ! Le Gaston peut se pointer à tout moment.

Marcel : (rire léger) Toujours à l’affût, toi? Mais c’est plus fort que moi. Je peux pas m'empêcher de penser à toi. T’es trop canon, quand je t’imagine derrière ton zinc.

Marie : (gênée) Arrête, c’est pas raisonnable. Ça ne va pas le faire là. Je dois me grouiller de terminer le ménage, les clients vont débarquer.

Marcel : (soupir) Je sais, je sais. Mais j'aimerais grave, qu'on puisse passer plus de temps ensemble. Rien que nous deux, loin de tout ce bazar.

Marie : (regardant la porte) Chut ! Je t’en prie, dis pas ça. Tu rêves mon pauvre Marcel !Si, jamais, le Gaston sait ça, ça va être la fin des haricots !

Marcel : (plus sérieux) Je ne veux pas que t’ai d’histoire, moi, Marie. Tu sais bien que j’ferais tout pour toi. J’aimerais pas que tu sois triste.

Marie : (soupirant) T’es gentil, mais c'est galère. Le Gaston, c’est mon homme, et je l’aime bien moi, même si notre couple c’est pas çà qu’est çà.

Marcel : (avec tendresse) Je sais, je sais. Mais je t'attends avec impatience, moi. C’est quand qu’on peut se voir ?

Marie : (regardant l'horloge) Je sais pas trop, mais je peux passer en coup de vent, tout à l’heure.

Marcel : (tout émoustillé) C’est top! Viens vers 10h30, la Julie sera à la poste. On fermera boutique 1/2 heure. Je t’adore, toi !

Marie : (de la douceur dans la voix) Juste te faire un petit coucou vite fait. Si ça te dit, je passerai ce soir, après la fermeture. Mais il faut la jouer discret, hein ! Pas de connerie.

Marcel: (étonné) Oh, que oui ! Que je veux !

Marie:( enthousiaste) Tu sais bien que, comme tous les jeudis soir, le Gaston tape la belote avec sa bande d’imbibés.

Marcel : (reconnaissant) D'accord, je suis impatient, je vais compter les heures, les minutes, et même les secondes. Je vas te préparer un truc spécial, juste pour toi, le morceau du chef.

Marie : (sourire timide) Tu es incorrigible, Marcel. Mais je t'aime bien. Moi aussi, j’aurai, peut-être, une p’tite surprise pour toi.

Marcel:( poète) Oh ! Ma Marie ! Quelle grâce extraordinaire tu as, ma belle. Même dans tes gestes les plus ordinaires.


Marie : (Surprise) T’as piqué ça dans quel bouquin, toi ?(paniquée, chuchotant) Oh non ! il est là, devant la vitrine! Je dois te laisser, mon Marcel. A tout à l’heure.

Marcel : (voix douce) D'accord, mais fais gaffe. Je t'attends.

Marie : (raccrochant rapidement) Oui ! Ben c’est pas gagné !Tout plein de bisous. A plus.

Le carillon de l’entrée sonne, la porte du bistrot s'ouvre et Gaston entre, un sourire sur le visage.

Elle pose son téléphone juste à temps pour accueillir Gaston.

Gaston : (Arrive, un sachet de croissants à la main) Ah, Marie! Te voilà ! Tu es en avance aujourd'hui, ou c'est moi qui suis à la ramasse ?

Marie ne répond pas.

Gaston : ( avec un grand sourire) Salut, ma puce ! Mate ça, ce matin, j'ai apporté des croissants tout chauds pour le p’tit-déj !

Marie : (souriante) Oh, merci, Gaston ! Tu sais toujours comment me faire plaisir.

Gaston : Et, au beurre, bien sûr ! Tu sais, la serveuse était tellement appétissante, une vraie bombasse celle-là, que j'ai failli lui demander sa recette spéciale.

Marie :(agacée) Ah oui !Avec ses belles miches odorantes ! Et qu'est-ce qu'elle t'a dit ? "Tu les veux au beurre avec une pincée de charme" ?

Gaston : (imbu de sa personne) Exactement ! Mais, je me suis dit que je préférais les croissants chauds à la serveuse, au moins, eux, ils ne vont pas me charrier !

Marie:( à Gaston) Un jour, ton cœur d’artichaut te perdra, mon pauvre Gaston.

Gaston : (toujours flatté) Oui. Je dois avouer que j'ai hésité un instant, entre un croissant ou un rencard.

Marie : (moqueuse) Ha!Ha! C'est vrai ! Et puis, tu peux le croquer sans qu'il te rembarre, lui, au moins . Surtout, avec ta brioche. Et, à nos âges, on vit plus de souvenirs que de projets.

Gaston : (blessé) Ben quoi ! C’est la vie. On a tous pris un coup de vieux. On ne peut pas être et avoir été, et pis, ça arrive à tout le monde, les pannes d’oreiller.

Marie :(ironique) Panne d’oreiller ! Panne d’oreiller ! Mise en fourrière, pour une durée indéterminée, oui.

Gaston :(calmant le jeu) Bon ! On va pas en faire tout un fromage, passons ! Prête pour de nouvelles aventures ?

Gaston : (s'installant au bar) Qu'est-ce qui te turlupine, ma belle, avant que j’arrive, tu m’avais l'air bien préoccupée.

Marie : (sourire forcé) Oh, rien de spécial. Juste… le ménage, tu sais.

Gaston : (soupçonneux) Hum, d'accord. Mais je suis là maintenant, et je compte bien profiter de ma journée au bistrot !

Le carillon de la porte sonne.

Jean : (le pilier de bistrot arrive) Bonjour la compagnie !

Marie et Gaston : (de concert) Bonjour Jean !

Marie:( riante) Toujours prems, le gars.

Gaston : Comme d’hab, Jean. Toujours fidèle au poste . Un double ?

Jean : Oh ! Que oui. Tu sais bien que je ne roule que sur deux pattes, moi !

Marie:(amusée) Oui, une deux chevaux citron de compète, avec les bandes Gordini.

Jean:(imperturbable) Dis donc, ça caille ce matin !

Gaston : Bah!Normale, non ? T’es con toi ! On est fin novembre, c’est normale que ça meule... Dis-donc, toi, hier, avec la murge que tu tenais, tu est reparti comment, à quatre pattes?

Jean : (très gêné) Ben j’sais pas trop, m’en souviens pus. Je me suis réveillé, ce matin, frais comme un gardon. En arrivant à la cuisine, avant même que je m’essaie à un bonjour, à froid...Paf, Je m’en suis pris, une bonne de sawé, dans la gueule, je te dis-pas! La Lucienne était furax, à tel point que j’ai cru qu’elles étaient deux. Pas pu en placer une. Deux contre un, c’est pas juste, non ? Je me suis barré vite fait...Mais, j’ai pigé, en filant et en voyant la brouette, et la serpillière dans le couloir.

Gaston:(à Jean) Je vois d’ici le tableau. Elle est venue te charger, devant, sur le trottoir.Et en plus, t’as dégobillé partout, je parie ?Beurk !

Marie : (virulente) Pauvre Lucienne ! T’as du bol, toi, de ne pas avoir à faire à moi. Je t’aurais soigné au balai et au rouleau à tarte, moi. Ils auraient volé en boomerang autour de ta tronche.

Jean : (penaud) Et, tu cognerais un homme à terre, toi ? Et sans défense ? Et à deux en plus ?

Marie:(agressive) Sans défense, je t’en foutrais, moi, de l’homme sans défense !

Gaston :(calme) Allons, allons les amis. Doucement les basses. Finalement, la vie est chouette, non ?

Marie:(rongeant son frein) Enfin bref !Je t’aurais dérouillé, moi. (temps de pause) Pauvre Lucienne, avec un tel zèbre.

Gaston : (compatissant) Tu vois, tu n’as pas voulu que je te raccompagne. J’espère que ça va te servir de leçon ! Et que tu vas moins picoler.

Jean : (vexé) Ben !Arrête tes conneries ! C’est l’hôpital qui se fout de la charité. Je bois beaucoup moins que toi, moi !

Gaston : (moqueur) Que tu dis. J’ai pas besoin que la Marie me benne dans la brouette, moi, pour rentrer chez moi.

Marie : (moqueuse) Ah oui ! Gaston, encore heureux que t’as pas à traverser...

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