La Maison de Bernarda Alba

Genres :
Thèmes : · ·
Distribution :
Durée :

“La Maison de Bernarda Alba” est un drame en trois actes écrit par Federico García Lorca en 1936. Cette version du texte va trouver la comédie que Lorca a écrite dans la pièce et la prise de conscience des soeurs.

La pièce se déroule dans une Espagne rurale et conservatrice et explore les thèmes de la tyrannie familiale, de la répression sociale, et des tensions sexuelles.

Après la mort de son deuxième mari, Bernarda Alba impose un deuil strict de huit ans à ses cinq filles. La maison devient une prison où chaque aspect de la vie est contrôlé par Bernarda. Les conflits internes et les désirs réprimés des filles de Bernarda révèlent les conséquences destructrices d’une autorité implacable et d’une société rigide. En se plongeant plus profondément dans la pièce, on commence a comprendre que Bernarda fait ce qu’elle pense est le mieux pour protéger ses filles de cette société.

L’écriture des personages et des relations entre les soeurs sont une des particularités de la pièce. Lorca incarne l’esprit de chaque personage dans sa manière de parler, de respirer et dans cette version le mouvement individual sera aussi étudier et adapté au personnage.

Une scène d’introduction est ajoutée pour donner le contexte et une impression de chaque personage aux spectateurs.

La situation actuelle a Paris du féminisme et le mouvement #Metoo est touché par cette comédie mais il faut se souvenir que ces filles ne sont pas consciente du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. La situation était différente et cela informera la parole des femmes. Le texte ayant été adapté pour un publique international.

Durée 
ACT 134 minutes (29/07/2024)
ACT 2 30 minutes
ACT 328 minutes 

La Maison de Bernarda Alba 

 

Personnages 

Nombre de personnages féminins : 16 

 

  1. Bernarda (60 years) 
  2. Domestique 
  3. Poncia 50 
Maria Josefa, madre de 

Bernarda, (80 years)

1- Angustias 39 
2- Magdalena 30 
3- Amelia 27 
4- Martirio 24 
5- Adela 20 
  • Mendiante avec enfant 
  • Femmes du cortège funèbre
  • Femme 1 
  • Femme 2 
  • Femme 3 
  • Femme 4 
  • Fillette 

 

 

La pièce se passe pendant une canicule.

Acte 1 

Des cloches résonnent en fond de scène pendant que la salle se remplit. Les acteurs sont sur scène et marchent entre les spectateurs qui arrivent.

 

Scène 1 : Introduction de la famille

C’est l’été, il fait horriblement chaud. La famille vient d'enterrer le père de famille, le mari de Bernarda.

Tout le monde est debout en parade sur le plateau devant les spectateurs pour qu’on puisse les voir clairement. La scène est dans le noir, les comédiennes apparaissent une par une, de gauche à droite, avec une lumière qui les illumine. (Very Wes Anderson style speak over comme dans les Royal Tenenbaums). Pendant chaque illumination, les autres sont dans l’ombre et ou l’une d’entre elle introduit chaque sœur, ou il y a une voix off.

 

Personnage Texte parlé
Bernarda (60 ans) Bernarda Alba, 60 ans, mère des cinq filles, vient de perdre son mari. Côté très masculin pour survivre à la dure société de l'époque sans mari. Sa voix marquante suscite la peur dans l’âme de tout le monde qui l’entend.
Maria Josefa, mère de Bernarda, (80 ans)La maman plus féminine et “Mother Earth” de Bernarda. Forte à sa propre façon et elle vit dans son monde, ainsi que enfermer dans sa chambre. Elle adore Adela et son agneau…
1- Angustias (39 ans)Comme son nom espagnol le suggère, elle est anxieuse. Physiquement laide mais ce n’est pas sa faute. Elle est moche à cause de ses pensées torturées depuis sa naissance. Elle porte à présent ses angoisses sur son visage. Fille du premier mari, c’est elle qui a de l’argent. La préférée de sa mère.
2- Magdalena (30 ans)Belle, légère, souvent oubliée, pense aux autres. La préférée du père avec de fortes insinuations de viols incestueux mais consentants - tant qu’il soit possible qu’une jeune femme sans connaissance du sexe puisse s’opposer ou consentir...
3- Amelia (27 ans)Le devin de la famille. Elle dit peu mais dans ce qu’elle dit, elle est sérieuse et ne ment jamais. Extrêmement sensible. Elle est la figure stable des sœurs. Plus jeune que les deux aînées, les trois cadettes sont souvent ensemble.
4- Martirio (24 ans)Elle est l ’enfant martyr de la famille et l’opposée de sa sœur Adela, la plus jeune. Elles se complètent et sont les meilleures amies. Paradoxalement, la martyre et la plus libre des cinq filles.
5- Adela (20 ans)Adela, l’amour de toutes ses sœurs, celle qui mène le rire dans la maison et la joie. Amoureuse bien sûr du fiancé de sa grande sœur.
La domestique Pas grand-chose à dire. Elle est étrangère.
Poncia (50 ans)La vraie mère de famille. 30 ans à tout faire pour Bernarda et donc peut se permettre de lui prendre du chorizo mais a dû payer de nombreuses fois. Violée maintes fois par le père de famille Antonio.

 

Scène 2 : Poncia et la domestique

La domestique

J’ai la tête qui explose avec ces cloches ! Ding Dang Ding Dong ! Chut !!! Assez !

Poncia entre en mangeant du chorizo et du pain. (Elle en passe à un spectateur.) 

Poncia

Oui ça fait plus de deux heures maintenant… L'église était magnifique, des curés sont venus de tous les villages et évidemment Magdalena qui s’évanouit !

La domestique

C’est elle qui reste la plus seule… 

Poncia

La seule que son père aimait. Ouf ! Merci à Dieu qu'on soit enfin un peu tranquille. Moi, je suis venue manger. 

La domestique

Si Bernarda te voit !

Poncia

Comme elle ne mange plus, elle aimerait que nous aussi on crève la faim ! Quel tyran ! Haha, bien fait pour elle, je lui ai piqué du chorizo. (Au spectateur- et toi aussi !)

La domestique

 Pourquoi tu ne m’en donnes pas pour ma fille, Poncia ?

Poncia

 T’as qu'à aller chercher toi-même. Elle ne va rien remarquer aujourd’hui.

Voix, à l'intérieur

 Bernarda ! 

Poncia

 

La vieille. Attends, elle est bien enfermée à clé au moins ?

 

La domestique

 

Sa porte est fermée à double tour. 

 

Poncia

 

Oui, mais il faut mettre la barre de fer en plus. Elle a des doigts comme des crochets, cette vieille sorcière ! 

Voix

Bernardaaaa !

Poncia

Quelqu’un arrive ! (À la domestique). Astique-moi bien tout ça ! Si ça ne brille pas, Bernarda m’arrachera le peu de cheveux qu’il me reste.

La domestique

Quelle femme !

Poncia

Un tyran pour tout son entourage. Elle est capable de s’asseoir sur ton cœur et de te regarder mourir lentement sans perdre ce sourire glacial sur son maudit visage ! Allez frotte ! Nettoie partout et que ça brille !

La domestique

J’ai les mains en sang à force d’astiquer.

Poncia

Elle doit toujours être présentable, la plus décente, la plus grande même. Son mari a bien mérité son repos !

LES CLOCHES S'ARRÊTENT ENFIN !

La domestique

Et toute sa famille est venue ?

Poncia

Oui, sa famille à elle mais celle de son mari la déteste. Ils sont juste venus voir le mort et lui dire adieu.

La domestique

Il y a assez de chaises ? 

Poncia

Il en a même trop ! Et sinon ils n’ont qu’à s’asseoir par terre. Depuis que le père de Bernarda est mort, elle n’accueille plus personne dans cette maison. Elle ne veut pas qu’on voit chez elle. Maudite femme !

La domestique

Avec toi, elle a toujours été correcte. 

Poncia

Tu parles, 30 ans à laver ses draps, 30 ans à manger ses restes, à passer des nuits sans dormir quand elle tousse, des journées entières à espionner ses voisins par la porte et lui rapporter les ragots ; une vie sans secret l’une pour l’autre. Maudite soit-elle ! Faudrait lui planter des clous de torture pour lui crever les yeux !

La domestique

Quelle horreur !

Poncia

Mais, moi je suis une bonne chienne : j’aboie quand elle me l’ordonne et je mords les chevilles des mendiants quand elle m’énerve ! Mes garçons travaillent ses terres et tous les deux sont déjà mariés mais un jour j’en aurai assez…

La domestique

Et ce jour-là… 

Poncia

Et ce jour-là, je m’enfermerai avec elle entre quatre murs et je lui cracherai dessus sans m'arrêter pendant un an : “ Tiens Bernarda, prends ça, et ça encore, et pour tout le reste !”, jusqu'à la faire ressembler à un lézard écrasé. En vérité, des lézards, c’est ce qu’elles sont, elle et toute sa famille !  C’est sûr que je ne lui envie pas son triste sort. Il lui reste cinq filles, cinq  en plus, à part Angustias, l'aînée, qui est la fille du premier mari et donc qui a de l’argent, les autres ont de belles dentelles et des chemises en lin mais rien de plus que du pain et du raisin comme héritage. 

La domestique

Moi, j’aimerais bien avoir ce qu’elles ont ! 

Poncia

Nous, nous devons garder nos mains pour travailler et notre tête bien sur nos épaules. 

La domestique

Oui et cette tête, c’est la seule chose qu’on laisse à celles qui n’ont rien de rien. 

Poncia

Ces vitres sont pleines de taches… 

La domestique

Pardon mais pas moyen de les enlever, ni avec du savon, ni avec un chiffon... 

On entend les cloches. 

Poncia

Le dernier chant liturgique. Je vais l‘écouter. J’aime beaucoup quand le curé chante. Pendant le Pater noster, il monte et monte et monte avec une voix - comme une cruche qui se remplit d’eau petit à petit. Bon ça se termine toujours en cochon qu’on égorge ! Personne n’arrive à la cheville du sacristain qui a chanté pour la messe de ma mère. Lui quand il disait “Amen”, c’était comme si un loup venait d’entrer dans l’église ! (En imitant le prêtre) : Aaaaameeen! (Elle se met à tousser.)

La domestique

Tu vas te briser les cordes vocales. 

Poncia

Je “ briserais” bien quelque chose d’autre. (Elle sort en riant.)

Les cloches sonnent à nouveau.

La domestique, continuant à frotter

Ding Dang Dong. Que Dieu lui pardonne ! (Elle chante avec les cloches.)

Scène 3 : La Mendiante

 

La mendiante

Loué soit le Seigneur. 

La domestique

Loué soit le Seigneur.

La mendiante

Je viens prendre les restes.

Les cloches s’arrêtent.

La domestique

Prends plutôt la porte. Les restes d’aujourd’hui sont pour moi. 

La mendiante

Mais Madame, vous avez un abri et quelqu’un qui vous nourrit. Moi je n’ai rien.  Ma fille et moi, on n’a personne.

La domestique

 Oui et les chiens sont seuls eux aussi. Et ils survivent. 

La mendiante

 Les autres maisons me donnent toujours leurs restes.

La domestique

 Sors d’ici !!! Peste ! Qui t’a dit que tu pouvais entrer ? 

Les deux s’en vont. 

La domestique

 (Aux spectateurs) Faire briller les sols à la cire, nettoyer les armoires, les socles, les lits en acier. Et nous on doit avaler la poussière de nos cabanes en terre et vivre de trois fois rien. Y’a qu’à mourir et en finir de cette vie de souffrance ! Allez-y les cloches, sonnez ! Vous comme moi, on y passera tous à la fin !

(A Antonio) Bien fait pour toi Antonio ! Tout raide dans ton beau costume et tes grandes bottes ! Bien fait ! Comme ça tu ne viendras plus me tripoter sous mon jupon derrière la porte de la cour !

 

Scène 4 : Les femmes du village en deuil.

Deux par deux, les cinq filles et des femmes du village habillées en noir entrent sur scène. Magdalena est en sanglots. Les autres pleurent. La domestique commence à crier.

 

La domestique

 

AAAAaaaiiiiii Antonio Maria Benavides, toi qui ne reverras plus les quatre murs de cette maison, et qui ne mangeras plus le pain de cette maison ! C’est moi qui t’ai le plus aimé de toutes les servantes. (Se tirant les cheveux) Et comment vivre après ta mort ? Et comment vivre ? 

La dernière qui entre est Bernarda. 

Bernarda

 SILENCE !

La domestique

Bernarda ! 

Bernarda

Moins de pleurs et plus de travail. Tu aurais mieux fait de t’occuper de tout faire briller pour recevoir les condoléances. Va-t’en ! Ce n’est pas chez toi ici. Les pauvres sont comme les animaux. Ça se voit qu’ils ne sont pas faits comme nous. 

Femme 1

Les pauvres souffrent aussi. 

Bernarda

Oui et puis ils oublient leurs souffrances devant un plat de pois chiches. 

Fillette 1

On a besoin de manger pour vivre. 

 

Bernarda

 

A ton âge, les petites filles ne parlent pas devant les grandes personnes. 

Femme 1

Oui,...

Il vous reste 90% de ce texte à découvrir.


Connectez vous pour lire la fin de ce texte gratuitement.



Retour en haut
Retour haut de page