VISITE GUIDEE (JP Mourice) (5 m 30)

Toute la troupe (ou presque)

Un (ou une) guide fait visiter la salle à un groupe de touristes. Il brandit un petit fanion et fait des commentaires sur la salle et les spectateurs. Le groupe entre par le fond de la salle et la traverse en s'arrêtant selon les commentaires du guide. Le groupe, armé d'appareils photos prend tout en photo

Guide / Nous sommes ici dans la salle d'exposition. Une salle d'exposition tout à fait dans le style des salles d'exposition, puisque nous pouvons en remarquer principalement les murs qui en font le tour.. (Il montre les murs, tandis que le groupe tourne la tête en même temps pour les regarder) ainsi que ce plafond, entièrement d'époque, qui se trouve juste au dessus de nous.


Le groupe lève la tête

Un touriste / C'est autre chose que la Chapelle Sixtine.


Guide / C'est sûr.

Un touriste / C'est tout à fait étonnant.


Guide / C'est complètement dans le style

Un touriste / (Il montre les spectateurs) Et tout ça, c'est l'exposition ?


Guide / (Il montre les spectateurs) Une exposition unique au monde.

Un touriste / C'est incroyable.


Guide / Ce sont tous des modèles uniques.

Un touriste / Ils ont l'air plus vrais que nature.


Un touriste / Y'en a qui ont quand même une drôle d'allure.

Guide / Naturellement, l'artiste les a fait un par un en s'efforçant de témoigner de la diversité des genres dans la complexité des personnes tout en s'efforçant de s'éloigner des idées reçues et parfois fausses sur la réalité des représentations.

Un touriste / C'est incroyable !

Guide / Ils sont dans leur jus.

Un touriste / Je n'ai jamais vu ça !


Un touriste / (Il montre un spectateur qui se trouve assez loin). Et celui-là ! Vous avez vu celui-là ?

Guide / Ah oui ! Celui-là, il est très regardé. On voit tout de suite qu'il sort du lot.

Un touriste / Je peux le prendre en photo ?

Guide / Surtout ! Pas de flash ! Ça les détériore.

Un touriste / Moi je préfère les nus.


Guide / Ça dépend. . Des fois on est déçu..

Un touriste / Ça doit valoir cher.

Guide / Ça dépend s'ils sont cotés.

Un touriste / Et celui-là, ll est coté ?


Guide / C'est pas sûr...

Un touriste / Il aurait besoin d'une restauration.

Guide / Il a déjà eu des retouches, mais c'est loin de suffire..

Un touriste  / Oh ! La Joconde !

Guide / Ce n'est pas la vraie, c'est une copie.


Un touriste / Si elle faisait moins la tronche, ce serait la Joconde.


Un touriste / Je peux toucher ?


Guide / Surtout pas ! La dernière fois, celui qui a essayé s'est pris une baffe.


Un touriste / Vous avez vu ? Un Michel ange ?

Guide / Oui. On confond souvent.

Un touriste / C'est pas David de Michel Ange ?

Guide / Votre prénom je vous prie ?

Le spectateur répond

Un touriste / C'est sûr, c'est pas un Michel Ange.


Un touriste / Celui-là est moins connu, mais il vaut quand même le déplacement.

Un touriste / Vous rigolez ! Franchement j'ai vu mieux.

Un touriste / On devrait le mettre au musée du Louvre.

Guide / C'est que c'est très fragile à transporter.

Un touriste / Il n'est pas à vendre ?

Guide / Inutile. C'est hors de prix. Et ça fait partie du patrimoine. Ils n'ont pas le droit de quitter le pays.


Un touriste / Ca doit coûter la peau des fesses, un machin pareil.

Ensuite, les comédiens improvisent en fonction du physique du public. Exemples :

Un touriste / (il désigne un spectateur) Napoléon !

Un touriste / Van gogh !

Un touriste / Marylin Monroe !

Un touriste / Madame de Récamier !

Un touriste ! De Gaulle !

Un touriste ! Yvette Horner !

Un touriste / Papa !

Un touriste / Et l'autre là-bas !

Un touriste / Moi j'aime bien celui-là.


Un touriste / Ah non ! J'en voudrais pas chez moi. Il fait peur.

Un touriste / J'aime bien, moi.

Un touriste veut prendre des spectateurs en photo

Guide / Pas de photos !

Touriste / Mais pourquoi ?


Guide / C'est très fragile. Ils sont à une température constante de 37 degrés 5. Le moindre écart de température peut les dégrader irrémédiablement.


Un touriste / Vous vérifiez leur température ?


Guide / Trois fois par jour.


Un touriste / Et celui-là ?


Guide / C'est un spécimen très intéressant. On ne le sort que rarement.

Un touriste / Je peux toucher ?

Guide / On ne touche qu'avec les yeux !

Un touriste / Et y'a jamais eu de vol ?


Guide / C'est très difficile à enlever, mais ça peut arriver.

Pendant ce temps un autre touriste se prend en sel-fie devant les spectateurs. Le guide monte sur la scène, suivi du groupe de touristes.

Guide / Bon. On n'a pas que ça à visiter. Je vous rappelle que nous avons trois chapelles à voir, deux châteaux de la Loire, et la Belgique que nous visiterons en une heure, juste avant d'aller déjeuner.

Un touriste / J'ai faim.

Guide / Ok ! On annule toutes les visites et on va directement bouffer !

Le groupe de touristes / Ouais !

LA VOCATION (JP Mourice) (4 m)

2 hommes / 1 femme / Voix extérieure

Jacques (Chef de famille)

Ghislaine (Femme du chef)

Bob (Voix extérieure - Fils des deux)

Voisin (Voix extérieure)

Un cambrioleur se prépare à faire un cambriolage. Il attend son fils qui est dans sa chambre et refuse de participer. Sa mère essaie de calmer son mari .

Jacques / Il est où ?

Ghislaine / Il est dans sa chambre.

Jacques / Dans sa chambre ? ll sait qu'on a un casse à faire dans deux heures ?

Ghislaine / (Elle va à la porte de la chambre ? Dépêche toi. Y'a papa qui t'attend. Tu vas être en retard pour ton cambriolage !


Jacques / C'est toujours pareil, on ne peut pas lui faire confiance.


Ghislaine / Il est encore jeune..


Jacques / Encore jeune ? Moi, quand j'ai volé ma première sucette, j'avais un an et demi !

Ghislaine / Faut lui laisser un peu de temps..


Jacques / On n'a pas l'temps. On a deux heures pour visiter la baraque qu'on doit cambrioler. Les proprios sont au théâtre. Est-ce que j'vais au théâtre moi ! Alors, ce cambriolage, c'est ce soir ou jamais.

Ghislaine / Il a bien le temps d'apprendre.


Jacques / (Il frappe à la porte) Oh Bob ? On t'attend.

Bob / (Il crie à travers la porte) J'ai pas envie !

Jacques / Comment ça t'as pas envie ? Tu cois que ça m'amuse de faire deux cambriolages par semaine !

Ghislaine / Il a toujours été un peu différent.


Jacques / Différent ? Y'a des jours, je me demande si c'est moi l'père


Ghislaine / Comment tu peux dire ça ?


Jacques / Mais non, je sais bien que t'es pas capable de me tromper. Mais quand même ! Le nombre de fois où il est rentré de l'école sans un œil au beurre noir, la honte !


Ghislaine / C'est pas un bagarreur.


Jacques / C'est pas un bagarreur, c'est pas un cambrioleur, c'est quoi ? Moi quand j'allais à l'école, c'est toute la classe qui avait un œil au beurre noir. Pendant les récrés, je fouillais les cartables. D'accord, j'y suis pas resté longtemps, mais à l'école, j'ai tout appris.


Ghislaine / Il pourrait travailler normalement.


Jacques / Parce que cambrioleur, c'est pas un métier ? Nous on travaille tous les jours, et souvent de nuit. Et les risques ! Les risques de chute, quand faut monter les murs, les risques d’infarctus. Et des fois même, on se déplace pour rien. T'en connais beaucoup, des gens qui viendraient bosser pour rien ?

Ghislaine / Faut pas te fâcher.

Jacques / Mais je ne me fâche pas. Au contraire, je suis très calme. Quand t'es dans le cambriolage, tu dois toujours rester calme. (Il crie à travers la porte) Parce que si tu restes pas calme, alors là tu t'énerves, et les flics débarquent, et ça finit mal !

Voix extérieure / Vous pouvez pas la fermer ?


Jacques / Alors les voisins s'en mêlent ! (Il crie à travers le mur vers les voisins) Je suis chez moi, je fais c'que j'veux, et j't'emmerde !

Ghislaine / Calme toi, si jamais il appelle les gendarmes


Bob / Mais qu'il les appelle les gendarmes ! Je suis en train d'éduquer mon fils, alors j'ai besoin de personne ! Non mais, c'est qui l'patron ?

Ghislaine / (Elle crie à travers la porte) Bobby ? Tu fais de la peine à ton père

Bob / J'ai presque fini !

Jacques / Qu'est-ce qu'il fout ? Je te signale que t'a plus école ! Alors, je me demande bien ce que t'es en train d'faire de si important qui empêche ton père d'aller au boulot !

Bob / Je dessine.

Jacques / Il dessine.

Ghislaine / Il se débrouille bien en dessin


Jacques / Et alors Monsieur veut peut-être s'inscrire aux Beaux Arts. Dans la famille, les tableaux, on les peint pas, nous, on les vole !


Ghislaine / Il adore ça. Pour son anniversaire, on pourrait lui acheter un chevalet pour faire des paysages.

Jacques / Et puis quoi encore ! Pour son anniversaire, il aura la boîte à outils de son grand-père. Le pauvre, heureusement qu’il est mort ; il se retournerait dans sa tombe.

Ghislaine / Il s'intéresse à la peinture ; plus tard, Il pourrait vendre des tableaux.


Jacques / Vendre des tableaux ! Parce que tu crois que ça vend comme ça ! Mais pour que ça rapporte, faut être connu. Picasso ! Van Gogh ! Et c'est pas donné ! Tu piques un Picasso, tu peux te la couler douce jusqu'au cimetière ! Ça c'est d'la peinture !

Ghislaine / Tu sais qu'il dessine aussi des portraits. Il a même fait celui de la charcutière.

Jacques / Vu la tête qu'elle avait, il a pas eu besoin de la rater, ses parents l'avaient déjà ratée à la naissance.


Ghislaine / Et bien, c'est très ressemblant. Quand on les met côte à côte, on voit pas la différence.

Jacques / T'es sûre ?


Ghislaine / Il est doué, j'te dis.

Jacques / La peinture, on peut en vivre que quand on est mort. Alors, Va me chercher la boîte à outils ! Je vais l'ouvrir, sa porte !

Ghislaine / Tu vas quand même pas cambrioler ton fils  !


Jacques / Je vais m'gêner ! Va chercher ma boîte !

Ghislaine / Mais c'est ta maison ! T'es chez toi !

Jacques / Justement ! Je suis chez moi, je fais c'que j'veux !

Ghislaine / T'es malade !

Jacques / C'est pas une porte qui va m'empêcher de voir mon fils ! Les portes, moi, je les ouvre ou j'les défonce ! La porte qui m'empêchera de rentrer, elle est pas encore née !

Ghislaine / Bobby ! C'est ton papa ! Sois gentil !

Jacques / Ah bon ? (Il frappe doucement à la porte de Bob) Bob ? Bobby ? C'est papa..

Ghislaine / Bobby, fais quelque chose !

Bob glisse une feuille sous la porte (ou on voit juste un bras qui tend une feuille).

Ghislaine / C'est quoi ?

Jacques / Non ? Il a dessiné un billet de banque.

Ghislaine / Fais voir !

Jacques / Un billet d'vingt ! Tu t'rends compte. On voit pas la différence !

Bob / Il est pas fini !

Jacques / Il est pas fini ?

Bob / J'ai besoin de couleurs !

Jacques / T'en as fait combien ?

Bob / C'est l'premier.

Jacques / Mais pourquoi tu fais pas des billets de cinquante ?

Bob / Je peux en faire si tu veux papa.

Ghislaine / Et comment ! (A sa femme) Va acheter une boîte de crayons de couleurs. Le billet, faut qu'il le finisse. Notre fils est un artiste. Faut toujours encourager les vocations.

PAUSE DE L’ANGÉLUS (JP Mourice) 2 m

Variation autour de «l'Angelus», de Millet

1 homme, 1 femme

Un homme portant une fourche, et une femme poussant une brouette entrent et s'arrêtent au milieu de la scène.

Homme / J'en peux plus.

Femme / Et moi alors ! Qu'est-ce que j'devrais dire ?


Homme / Tu te plains toujours.


Femme / Forcément que je me plains. La brouette est lourde.

Homme / Et alors ? T'étais pas obligée de prendre la brouette.


Femme / Je te rappelle qu'au retour on passe chez les voisins, et que comme d'habitude, tu vas être bourré en sortant, alors faut bien que j'te ramène !

Homme / Les femmes, ça se plaint toujours.


Femme / Je pousse une brouette parce que je me traîne un fainéant


Homme / Moi ? Un fainéant ? Et la fourche ! Tu veux peut-être porter la fourche ?


Femme / J'en porte assez comme ça. Je te rappelle que j'ai porté tes douze enfants.


Homme / Tu m'portes pas, moi ?

Femme / J'te porte pas, j'te supporte.

Homme / Une brouette, ça roule tout seul.


Femme / Ça dépend de c'qu'il y'a d'dans.


Homme / Ça veut dire quoi ça ?


Femme / Ça veut dire que...

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