Le 20ème Convoi

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Cette histoire est tirée de faits réels.
Youra et Choura sont deux frères juifs. La Belgique est envahie et les lois contre les Juifs se succèdent. Les premiers convois partent vers une destination inconnue à l’Est. Face à cette injustice, une idée folle naît : celle d’arrêter un convoi de déportés.
De l’idée, à sa mise en œuvre et jusqu’aux conséquences, c’est l’histoire de quelques héros qui décidèrent d’agir pour changer le cours de l’Histoire.

Liste des personnages (13)

Youra LivchitzHomme/Femme • Jeune adulte • 178 répliques
Youra est positif, souriant, chahuteur et plein d’esprit. Il est engagé et convaincu. Il amène un vent de fraîcheur, de dynamisme et de positivité même sur des sujets graces. Bien qu’ouvert à la discussion et réfléchi, son engagement le déborde lors de la scène avec Mauritz. Les scènes de départ pour l’Angleterre avec Rachel et d’échange avec son frère en prison laissent transparaître toute la tendresse et l’amour qu’il a pour eux. Tendresse et amour qu’il n’a aucun mal à partager. Ses yeux pétillent de respect pour son frère. La scène de son exécution est teintée de tristesse, mais on ressent surtout la fierté de ce qu’il a accompli.
Alexandre Livchitz dit « Choura »Homme • Adulte • 100 répliques
(1911-1944) - 32 ans Homme d’action et sympathisant marxiste, Choura était posé, courageux et intelligent. Toujours discret sur ses actions, il était fiable et on pouvait compter sur lui. Après échange avec Youra avec lequel il se mit d’accord que ce dernier devait rester auprès de sa mère, il participa serein à la guerre d’Espagne contre Franco puis devint un membre important de l’armée des partisans sous le nom de commandant Jean. Mince, beau, de grande taille, et plein de charme, Choura avait du succès avec les femmes. Bien que fiancé à Irène Gromberg, assistante sociale au Judenrat, il tomba amou-reux de Willy.
Rachel Livchitz dite "Saps"Femme • Senior • 31 répliques
(1889-1982) - 54 et 75 ans Née Rachel Mitschnick à Kichinev en 1889 d’une des plus riches familles de Bessarabie, propriétaire terrien et d’un haras en Russie. Elle avait 12 frères et sœurs, tous éduqués dans l’anticonformisme et dans l’ouverture au monde. Une gouvernante française s’occupa d’elle pendant son enfance. Rachel partit faire ses études dans différents pays d’Europe (France, Russie, Angleterre, Suisse). Elle se maria à un russe, Schelma Livschitz qui étudiait la médecine en Allemagne. Réquisitionné pendant la guerre, ils échouèrent à Kiev en 1917. En 1927, elle quitta son mari ne tolérant pas ses infidélités. Elle partit pour Bruxelles avec ses 2 enfants. Elle fut membre d’une communauté théosophique. Femme de caractère, très cultivée et très chaleureuse, Rachel était grande aux traits marqués, aux yeux d’un bleu éclatant et à la lourde chevelure qu’elle relevait sur le haut de sa tête. Elle parlait couramment anglais, français, allemand et russe. Elle avait beaucoup de classe et était décrite comme une personne remarquable par toutes les personnes qui la rencontraient. Elle avait l’esprit libéral et éduqua ses enfants dans la doctrine théosophique de l’égalité de toutes les religions et volontairement refusa de les élever dans la tradition juive. Elle était assistante sociale dans la communauté israélite et œuvra à cacher des enfants pendant la guerre.
Jean FranklemonHomme • Adulte • 34 répliques
(1917-1977) - 26 ans Membre du parti communiste. Mince et grand, son allure à la chevelure longue trahissait sa fibre artistique. De caractère joyeux, il était coutumier de remarques ironiques et de plaisanteries en tout genre. Engagé contre l’opprimé, il s’engagea dans la guerre d’Espagne. Il abandonna ses études de mathématiques pour étudier à l’Académie de La Cambre. Il fit partie de la troupe des « comédiens routiers » avec Jacques Huisman et répétait fréquemment au 2e étage de l’atelier de Marcel (notamment « les parents terribles » de Jean Cocteau). Après ses répétitions, il aimait venir écouter Marcel évoquer l’occupation allemande. Jean et sa troupe parcoururent le pays pour y jouer le plus souvent du classique parsemé d’allusions à la domination allemande. Excellent pianiste, on le retrouvait souvent dans un café place Flagey pour y mettre de l’ambiance au piano en fin de soirée. Excellent organisateur, il était également joueur et amateur de jeux de cartes. Il fut arrêté à un arrêt de tram le 7 août 1943 par la ges-tapo, dénoncé par Romanovitch. Il fut conduit à Breendonk où il retrouvait Youra. Il fut transféré dans le camp de concentration de Sachsenhausen puis d’Oranienburg. Il survécut aux marches de la mort. A son retour, après la Belgique, il partit s’installer en République Démocratique Allemande, où il mourut en 1977.
Robert MaistriauHomme • Adulte/Jeune adulte • 33 répliques
(1921-2008) - 22 ans Physiquement solide, Robert était équilibré, intelligent et prudent. Il avait la farouche volonté de s’engager contre l’occupation allemande. Pendant la guerre, il vivait chez sa mère, avenue Molière à Bruxelles. Il fréquenta l’athénée d’Uccle avec Youra. Engagé, il suivit la naissance du groupe « G » et en fut un membre actif. Il devint rapidement membre du quartier général du groupe « G », puis responsable de l’organisation et du recrutement du cercle dirigeant du maquis. Il participa à de nombreux actes de sabotage, mais avait la phobie des sangsues ce qui l’empêcha un jour de réaliser une mission de sabotage d’une écluse en plongeant dans l’eau. Il échappa de peu à une arrestation en août 1943, dénoncé par Romanovitch. Quelques semaines plus tard, après un nouvel acte de sabotage, il fut arrêté, mais il s’échappa. Il fut de nouveau arrêté en mars 1944, et interné à Breendonk puis déporté à Buchenwald à la mi-44. De Buchenwald, il fut ensuite affecté au camp annexe de Dora pour fabriquer des V2. Début avril 1945, il attra-pa une pneumonie qui l’envoya à l’infirmerie d’Harzungen. Le passage par l’infirmerie vous condamnait à une mort certaine. Le lendemain, le 5 avril 1945, l’ordre d’évacuation du camp fut proclamé. Par chance, il échappa aux marches de la mort, et fut envoyé en train à Bergen-Belsen. Le 15 avril, le camp fut libéré, il ne pesait que 39 kilos. En 1949, il partit au Congo pour essayer d’oublier ces démons. Il planta 200 hectares de forêt en zone aride. Après 40 ans en Afrique, il revint dans la région Bruxelloise pour y mourir à l’âge de 87 ans.
Marcel TerfveHomme • Adulte/Senior • 19 répliques
(1907-1978) - 37 ans Membre du PCB et de l’équipe dirigeante de l’armée des partisans. Il fut arrêté par les allemands le 22/06/1941, puis s’évada le 25/08/1941. Il participe à la constitution du front de l’indépendance à partir de septembre 41. En 1943, il en devient un des hauts responsables. Il mena après-guerre une grande carrière politique, et fut nommé au poste de ministre de la reconstruction en 1946. Personnage sec, pratique et sans détour. Il a une droiture militaire. Il laisse peu de place aux sentiments dans ses décisions. Direct, exigeant, analytique, réfléchi et précis, il donne l’impression fausse de froideur et de détachement. C’est une personne particulièrement fiable.
Yvonne JospaFemme • Adulte/Senior • 57 répliques
(1910-2000) - 34 ans Née le 3 février 1910 à Hava Groisman à Popouti, dans une famille bessarabe juive aisée. Elle décède à Bruxelles, le 20 janvier 2000. Yvonne Jaspar était son pseudonyme pour la résistance belge. Très belle femme au doux accent russe à la parole facile. Elle avait naturellement les cheveux noirs lissés qu’elle transformait en boucles blondes aux épaules dans la clandestinité. Elle se maria à Hertz en 1933 à Ixelles (commune bruxelloise). Ils furent engagés ensemble politiquement pour les opprimés et les défavorisés. Jeune sociologue, marxiste convaincu comme son mari, ils étaient tous les 2 membres du parti communiste, et travaillait en tant qu’assistance sociale dans le Borinage (région la plus pauvre de Wallonie). Elle participa à l’hébergement d’enfants réfugiés à la suite de la guerre civile espagnole et contribua à l’organisation de filières secrètes pour faire rallier l’Espagne aux volontaires belges des brigades internationales. En 1942, avec Hertz, ils fondent le CDJ et organisent le service « Enfance » du CDJ qui plaça plus de 1000 enfants dans des familles. Elle parcourait la campagne, les couvents, les pensionnats pour trouver des familles prêtes à héberger les enfants juifs. Sa gentillesse faisait qu’elle ne rencontrait quasiment aucun refus. Yvonne et Hertz ont dû se séparer de leur fils Paul lors de leur passage dans la clandestinité et le confièrent à une famille belge. Yvonne se cachait parfois dans la rue pour espionner son fils sans être vue. En 1964, elle cofonde l’Union des Anciens Résistants Juifs de Belgique dont elle assurera la présidence d’honneur jusqu’à sa mort. Elle sera également l’une des fondatrices de l’aile belge du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples fondé à Paris en 1949. Le mouvement sera rebaptisé en 1966 : Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Depuis janvier 1993, une rue porte son nom à Bruxelles.
Hertz JospaHomme • Adulte/Senior • 65 répliques
(1904-1966) - 40 ans Il avait les yeux noirs, était souriant, à l’écoute. Il était respecté et renommé dans différents milieux. Directeur scientifique du laboratoire d’une entreprise pharmaceutique de Bruxelles. Marxiste, fondateur avec sa femme et Chaim Perelman du Comité de Défense des Juifs. Pendant l’occupation, il faisait également parti des personnalités dirigeantes du parti communiste belge. Couple engagé, ils ont aidé les opposants au régime de Franco venant de l’Europe de l’est à traverser la Belgique, depuis 1936, ils ont été actifs au sein de la ligue contre le racisme et l’antisémitisme. Son nom de code était « Joseph ». Orientation pour le comédien : Hertz est empathique. Il est comme un buvard à la détresse des autres. Il est particulièrement mal et soucieux, (sans aller jusqu’à la tristesse), quand il veut agir pour arrêter les convois. Actif et raisonné lorsqu’il cherche à sauver Youra et Choura, mais son empathie lui fait prendre conscience de la conséquence de ce départ pour les 2 frères. Son lien avec Yvonne est naturel et limpide comme s’ils ne faisaient qu’un. Ils se ressemblent beaucoup.
Mauritz BolleHomme • Adulte/Senior • 57 répliques
(1888- ?) - 56 ans Il portait des lunettes et un certain embonpoint, amateur de la vie, il avait un faible pour le café. Originaire des Pays-Bas. Il eut une fille Hélène qui fit des études de médecine avec Youra. Avant l’occupation, il était homme d’affaires et aidait les réfugiés juifs à passer clandestinement la frontière vers la France. Il avait un réseau pour fournir de fausses cartes d’identité et des tickets de rationnement. Hertz Jospa le recruta pour faire partie du comité de défense des Juifs. Il travailla alors pour la résistance et détenait une résidence bourgeoise avenue Lepoutre à Bruxelles. Orientation pour le comédien : Mauritz a un côté maladroit et décalé qui le rend attachant. Il a des convictions qu’il est difficile pour lui à remettre en cause. Du coup, les conversations avec lui sont souvent enflammées. Néanmoins sa bonhommie et sa gentillesse, permettent de sortir rapidement du conflit. Il peut se fâcher et dans la seconde d’après tout pardonner.
Wilhelmine Cohen-Baudoux dite "Willy"Femme • Jeune adulte/Adulte • 33 répliques
(1913- ?) - 31 ans Wilhelmine Cohen-Baudoux, de son diminutif « Willy » avait pour nom de jeune fille Cohen. Bien que juive, elle était mariée à un belge et était inscrite dans le registre de la gestapo sous l’intitulé « couple mixte » qui la protégeait de la déportation. C’était une amie proche de Minnie Minet. Elle était brune, grande opulente, aux traits réguliers, et s’habillait pour mettre ses formes en valeur. Bien que mariée, Willy était volage et indifférente aux femmes qu’elle cocufiait. Elle tomba amoureuse de Choura. Orientation pour la comédienne : Willy est une femme de caractère qui se moque bien de ce que peuvent penser les autres. Séductrice de la gent masculine, elle est tout à fait à l’aise avec son corps. Elle est amoureuse de Choura, mais garde néanmoins une certaine retenue, du fait (et c’est paradoxal) justement de l’affection qu’elle a pour lui. Les scènes avec Choura sont empreintes de fierté et de l’amour avec retenue qu’elle a pour lui. Femme forte, elle va jusqu’à lui dire adieu dans sa cellule avant son exécution pour lui témoigner de son amour et de son soutien.
Officier SSHomme • Adulte/Senior • 15 répliques
Le chauffeurIndifferent • Age indifferent
Des déportésIndifferent • Age indifferent

Préambule

Un officier SS arrête un juif dans le public qui patiente avant l’ouverture de la salle.

Voix off. – L’histoire qui vous est présentée ce soir est tirée de faits réels. Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé est purement souhaité et ne peut pas être le fruit d’une pure coïncidence. Je le sais. J’en ai été le témoin !

 

Scène 1 - Les lettres

Rachel Livchitz vieille, puis Choura, puis Youra puis Youra, Jean, Robert, Jacqueline.

Juillet 1964 puis 1944 – Appartement de Rachel puis prison, puis bureau du CDJ. Elle prend un livre, laissant apparaître des lettres qu’elle regarde fixement, puis les prend. 

Rachel. – Ces lettres, mes lettres, sont les choses les plus précieuses qu’il me reste au monde. Elles racontent, à elles seules, les cicatrices non refermées de ma vie ; la blessure la plus profonde que peut avoir une mère. Ces lettres m’accompagneront jusqu’à ma dernière respiration. Ce sont celles de mes 2 fils, Alexandre Livchitz surnommé Choura et de mon petit dernier Youra Livchitz. Choura a écrit cette lettre, il y a 20 ans, le 9 février 1944 en prison.

Choura([1]). –  Saps([2]) ma chère mère, frérot, ma tendre Willy, mes amis, depuis deux heures, j’ai la certitude d’être exécuté demain à huit heures. Encore un tour de cadran par la petite aiguille et je serai enfin libre. Je suis calme, et quand on m’a lu la confirmation de ma condamnation ainsi que le rejet de mon recours en grâce, je n’ai pas bronché. Et je crois même que dans la chambre, où cette cérémonie a eu lieu, ces messieurs se sont sentis les vrais coupablesJe suis ému, mais moins que le jour où l’on est venu chercher Youra sans savoir que je n’allais plus le revoir. Je serai fusillé, c’est quand même plus beau que d’être pendu, mais j’irai au poteau la tête haute, sans regret, si ce n’est d’avoir causé

Rachel et Choura. – L’arrestation de personnes que j’ai aimées. J’ai la conscience tranquille

Rachel. – d’avoir essayé de faire de mon mieux pour lutter pour une vie meilleure… Demain, je passerai par la grande porte, on verra après… Willy, je crois que finalement je ne découvrirai jamais New York avec toi. Saps, Youra, Willy, prenez soin de vous. Je vous embrasse de tout mon cœur. (Au public) Ces lettres me replongent inexorablement au 247 avenue de Brugmann à Bruxelles, en 1943…

 

Scène 2 - Les Livchitz

Rachel, Youra, Choura.

11 avril 1943([3]), appartement de Rachel.

Rachel, chantant J'ai deux amours.
Mon pays et Paris([4])
Par eux toujours
Mon cœur est ravi. (Youra surprend sa mère) Youra ! Un jour, tu feras sauter mon cœur.

Youra. – Saps, tu chantes toujours !

Rachel. – Je chantais, ne vous déplaise.

Youra. – Vous chantiez ? j'en suis fort aise : et bien ! dansez maintenant.

Rachel. – Tu es fou mon fils ! Mon fils est fou !

Youra. – En réalité, je suis juste heureux. Qui comme Ulysse, a fait un beau voyage,

Rachel. – Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,

Youra. – Vivre avec sa daronne…

Rachel. – Youra !

Youra. – le reste de son âge ! Je sais que tu détestes que j’apporte ma touche personnelle aux textes originels.

Rachel. – « Vivre entre ses parents le reste de son âge ! »  Ne pas respecter le texte originel, c’est ne pas rendre…

Youra. – Hommage aux auteurs de ces proses.

Rachel. – Je radote tant que ça ? Toi ! Si tu rentres seulement, c’est que Jacqueline était présente ?

Youra. – Comment es-tu au courant ?

Rachel. – Il n’y a qu’à voir tes yeux qui pétillent quand tu entends son nom.

Youra. – Tu serais une espionne parfaite.

Rachel. – Il est si doux de te voir rieur et rêveur.

Youra. – Toi aussi tu l’es non ?

Rachel. – Pour moi, les rêves se sont évanouis et les rires se sont tus.

Youra. – On rit toujours !

Rachel. – Ce n’est plus la même chose.

Youra. – On rêve toujours !

Rachel. – Ce n’est plus la même chose.

Youra. – Tu es bien sombre maman, cela te ressemble si peu.

Rachel. – J’ai peur pour vous deux, même si vous aimer c’est aussi l’accepter.

Youra. – Qu’est-ce qui te tourmente à ce point ?

Rachel. – Hier soir, deux amis de ton frère se sont faits arrêter.

Youra. – Par les SS ou la gestapo ? Maman, par les SS ou la gestapo ?

Rachel. – La gestapo.

Youra. – Bon sang, leur torture délie n’importe quelle langue !

Choura. – Vous en faites un boucan !

Youra. – Choura ! La gestapo va te chercher ! Il faut que tu te caches !

Choura. – Justement, je me planquais super bien dans le fond de mon paddock. Ça sent bon !

Youra. – C’est quoi cette histoire d’arrestation ?

Choura. – Des macaronis à la sauce tomate ! Hier, deux de mes amis avec qui j’ai attaqué le poste de police de Molenbeek([5])  se sont fait arrêter.

Youra. – S’ils te dénoncent ?

Rachel. – Choura m’a certifié qu’on ne connaît ni son vrai nom, ni notre adresse.

Youra. – J’espère…

On frappe à la porte.

Choura. – Tu attends quelqu’un ?

Rachel. – Ne bouge pas, ne te montre pas. Oui, oui, j’arrive.  Je dois m’occuper du petit David. A tout à l’heure les enfants, je tâche de faire vite.

 

Scène 3 – Youra & Choura

Youra, Choura.

Appartement de Rachel.

Choura. – C’était quoi ça ?

Youra. – On confie à Saps des enfants juifs. Elle les prend en charge pour leur trouver de nouvelles familles belges, principalement à la campagne([6]).

Choura. – Comment sais-tu ça ?

Youra. – Je vis encore ici au cas où cela t’aurait échappé.

Choura. – Elle est incroyable !

Youra. – Ce que tu fais aussi Choura.

Choura. – Prendre les armes ne demande pas tant de courage.

Youra. – Que comptes-tu faire maintenant ?

Choura. – Je ne sais pas. Rester ici quelques jours et après je verrai. Et toi ?

Youra. – J’ai prévu de rencontrer le Comité de Défense des Juifs demain.

Choura. – A propos de ta théorie sur les convois ? (Youra fait signe que oui) Tu penses qu’ils te croiront ?

Youra. – Je ne sais pas. Je me dis que si j’ai réussi à te convaincre…

Choura. – Tu les vois à quelle heure ?

Youra. – A 18h dans les bureaux du CDJ.

Choura. – Je serai là mon frère. Avec toi.

 

Scène 4 – Le CDJ

Youra, Hertz, Yvonne, Mauritz.

Bureau du CDJ([7]), le 12 avril 1943.

Youra Livchitz écoute la radio russe. Il prend quelques notes sur un petit calepin qu’il sort de sa poche.

Youra. – Bonjour Yvonne, Hertz.

Hertz. – Youra. Tu as voulu rencontrer le comité de défense des Juifs, je me suis permis d’inviter un 3ième membre que je vais te présenter…

Youra. – Mauritz ! Comment va ta fille ?

Mauritz. – Bien, je te remercie.

Hertz. – Vous vous connaissez ?

Mauritz. – Youra a fait ses études de médecine avec ma fille.

Youra regarde par la fenêtre.

Yvonne. – Ça ne va pas ?

Youra. – Pardon. Choura devait m’accompagner et il n’est pas là.

Yvonne. – Il est certainement en retard.

Youra. – Choura est toujours ponctuel.

Yvonne. – Ne t’inquiète pas, son retard doit s’expliquer. Ils ont intensifié les contrôles ces derniers temps.

Hertz. – Cela ne te ressemble pas de nous demander un entretien formel.

Youra. – Je voulais une rencontre solennelle. Ce que j’ai à vous dire est de la plus haute importance.

Hertz. – De quoi s’agit-il ?

Youra. – Je ne sais pas par où commencer sans que vous ne me preniez pour un fou.

Yvonne. – Tu peux tout nous dire tu sais.

Mauritz. – On aime les choses directes.

Youra. – Pour faire bref, je pense que les Allemands sont en train de nous exterminer.

Mauritz, moqueur. – Ah oui, en effet c’est direct ! Mais, je ne comprends pas ce que tu veux dire.

Yvonne. – Qu’entends-tu...

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