Le Carton

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9h du matin.
Antoine est sorti du lit par un coup de téléphone de son propriétaire qui lui somme de déménager dans la journée.
Une seule solution : appeler ses amis en catastrophe.
Vincent arrive le premier, surexcité par la soirée qu’il vient de passer. Une fois de plus il a trompé Marine.
Puis c’est Marine qui arrive, elle cherche Vincent. Pour éviter les explications, celui-ci se cache sous un carton.
Commence alors une folle journée où sept personnages vont plutôt déballer leurs histoires qu’emballer des cartons.

ACTE 1

 

 

SCÈNE 1

 

Antoine

 

Un matelas au milieu de la pièce. Dessus, Antoine en train de dormir. Le téléphone sonne. Antoine se réveille difficilement. Il s'assoit sur le matelas. Il s'éclaircit la voix.

ANTOINE (pour lui.) - Allô... Allô... Allô... Allô...
(Il décroche.) Allô... Oui... Bonjour Monsieur... Ah non pas du tout, je suis un petit peu enroué... Oui, bien sûr... C'est ça, on s'était dit jeudi ou vendredi, plutôt vendredi... Non ?... Aujourd'hui ?... Donc jeudi... Ah, non, non, pas de problème... Non, non de toute façon, moi, j'avais prévu pour aujourd'hui ou demain, donc ça change rien pour moi... J'ai vraiment deux cartons à finir, donc ça ne pose aucun problème... Ah... Donc, on fait pas d'état des lieux ? Remarquez, c'est, c'est nickel... Si, hein, on fait quand même un état des lieux... Bien sûr, non c'est mieux... Comme ça, y'a pas de mauvaises surprises, pour l'un... comme pour l'autre exactement... Bien sûr, c'est encore mieux comme ça... Elle veut passer à quelle heure ? Pas trop tôt, comme ça je... je finis tranquillement ce qui me reste à faire, et quand elle arrive, c'est vide et propre... D'accord. À partir de 13h, aucun
problème... D'accord, merci... Vous aussi... Au revoir Monsieur.

Antoine raccroche, reste assis sur le matelas, se fige. Panique intérieure.

ANTOINE (calme.) - C'est une catastrophe. (Antoine regarde sa montre.) C'est une catastrophe. (Il décroche son téléphone et compose un numéro. Il attend un long moment.)
Merde... Excellent ton nouveau message, un peu long mais excellent. Vincent, je suis sûr que tu dors, s'il te plaît décroche...
Vincent !... Vince, c'est super urgent !... Allez ! Allez, debout ! Réponds...
Vas-y décroche, je te jure, c'est super urgent !... (Il raccroche et recompose un nouveau numéro.) ... Allô ? Allô Vince ?... Je t'ai réveillé ?... Pourquoi t'as pas décroché ?... T'as pas eu mon message ? A l'instant, je viens d'appeler chez toi... Ah bon ? T'es où ?... Heu, j'ai un gros pépin là... Il faut que je déménage aujourd'hui, tu peux venir ?... Maintenant... Oui, tout de suite, enfin dès que tu peux... Je suis désolé, je... Je sais, non mais, je sais mais... Ouais, ouais, tout le monde va venir... La camionnette va arriver, tarde pas trop... (Sur lui.) La camionnette, la camionnette !... (À Vincent.) Hein ?... Non, non rien. Ouais je sais ouais... C'est vrai ?... C'est cool... À tout de suite. (Il raccroche.) La camionnette ! La camionnette ! La camionnette ! (Il recompose un nouveau numéro. Lorenzo, salut c'est Antoine. Bon il faudrait que tu me rappelles assez vite, en fait dès que tu auras ce message. Voilà, c'est pour la camionnette. En fait, on s'était dit jeudi ou vendredi et heu, jeudi, ça serait pas mal en fait. Comme tu m'avais dit n'importe quel jour, si t'étais prévenu à l'avance, voilà je te préviens... Donc si tu peux me rappeler assez vite vu que jeudi c'est aujourd'hui, ce serait très bien. Allez, ciao Lolo... Ça, c'est fait. (Il raccroche et recompose un nouveau numéro.)
Allô... Marine. Salut, c'est Antoine... Ouais, ouais, un peu speed mais ça va... Tu sais, je devais déménager aujourd'hui ou demain. Et, en fait mon proprio vient d'appeler et je déménage aujourd'hui... Ouais, donc je t'appelais pour savoir si tu pouvais me filer un petit coup de main avec David... Ah ouais ?... Jusqu'à quelle heure ?... D'accord, O.K. Ouais, de toute façon, il restera des trucs à faire... Vincent ?... Heu, si, enfin, je l'ai eu, il devrait pas tarder... Ah bon ?... Non, non, bien sûr... O.K. À tout de suite... Marine, oublie pas de le dire à David... Non, non le réveille pas... Si remarque, je veux bien que tu le réveilles. O.K., à tout de suite.

Il va dans la salle de bains ; le téléphone sonne. Il
ressort à moitié lavé.

Il suit le fil du téléphone pour trouver celui-ci. Une fois trouvé, il se jette dessus.

Pendant la conversation, il s'habille tant bien que mal.

ANTOINE - Lorenzo ?... Maman ! Ouais, ouais ça va... Non, non, pas du tout mais je croyais que c'était un copain... Un copain... Un copain... Aujourd'hui ? Non, j'ai pas oublié, mais je vais pas pouvoir. Parce que, en fait, j'ai eu Rodier, et sa fille vient faire l'état des lieux cet après-midi... Ouais, il faut que je déménage aujourd'hui... Non, non c'est pas la peine... Non, non, attends on est au moins 4, 5, ça va... Non, c'est bon, je te promets. Bah je sais pas, ce week-end. On verra, j'en sais rien... Quoi la lampe ?... Ah oui, la lampe, je sais pas, faut que je voie... Je sais plus, la jaune ou la noire... (Il s'énerve.) J'en sais rien, je suis pas installé, comment veux-tu que je choisisse la couleur d'un abat-jour !... Mais, je m'énerve pas, mais il est 9h30, j'ai un déménagement à faire et t'es en train de me demander si je préfère la lampe jaune ou la lampe noire. J'en sais rien ! (L'interphone sonne.) Bon, je te laisse, ça sonne... O.K... Ouais... Oui. Bisous. D'accord, d'accord O.K.

Antoine répond. À l'interphone, on entend la voix de Vincent qui chante une chanson ringarde de boîte de nuit
"It's raining men...".

 

 

 

 

 

SCÈNE 2

 

Antoine, Vincent

 

Vincent sonne. Antoine lui ouvre. Vincent entre sans dire bonjour. Il est en costard mode, cravate détachée. Il semble très content de lui. Long silence entre Antoine et Vincent. Antoine le regarde, un peu surpris.

ANTOINE - Ça va ?

Vincent le fait asseoir.

VINCENT - La nana, je la connais pas... La nana, je la connais pas... La nana, je la connais pas... La nana, je la connais pas... Je sais pas, j'ai pas encore compris. Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Y'avait tout... Une heure plus tôt, y'a rien. Et d'un seul coup... Je comprends pas. J'ai rien compris. Qu'est-ce que j'ai ?... Il est 23 heures. Lorenzo m'appelle "salut Vince", "salut". "J'ai une fête, ça te tente ?", j'ai pas encore répondu, je suis déjà dans ma voiture. "C'est où ?","au Duplex". Je suis dans la voiture, je suis déjà en troisième. "C'est quoi comme fête ?", "un magazine de mode qui invite tous ses mannequins"... Je brûle un feu rouge : l'émotion. "Ça va être extra, alcool à volonté et défilé de lingerie à 1heure du matin, tu viens ?". Je brûle un autre feu rouge : l'émotion. "Alors tu viens ?", je suis en cinquième, j'aperçois le Duplex, je me gare. "Je t'entends plus... Tu viens ?", au bout de la rue je vois Lorenzo devant le duplex. "Vincent, tu m'entends ?... Tu viens ou pas ?", je m'approche de lui, je l'embrasse. "Oui, j'arrive"... On entre... Y'a des filles, beaucoup de filles. J'ai beau chercher, y'a presque pas de mecs. Je me sens bien, d'un coup je me sens très bien. Elles sont superbes, elles sont très peu vêtues et elles sont superbes. Elles dansent, elles dansent presque toutes et elles sont superbes. Je me sens encore mieux. Je me dis que j'aime ça les fêtes et j'ai envie de pleurer...
Il est 5h du matin, je danse comme un fou. Et là, ça démarre, tout va très vite. Musique "It's raining men...", je suis déchaîné... Elle arrive. Elle est fantastique. Elle me regarde et elle se met à danser, elle se met à danser comme une folle et elle me regarde ! Je sais plus où me mettre. Je la fixe. Reprise "It's raining men...", et là on danse ensemble. J'ai l'impression que ça fait vingt ans qu'on danse ensemble ! J'ai l'impression que ce que je veux faire dans la vie, c'est danser avec elle. J'ai l'impression qu'elle pense comme moi. "Salut, je m'appelle Émilie", "salut, moi c'est Vincent". "On va faire un tour, Vincent ?", je renverse mon verre sur ma chemise : l'émotion. "D'accord". Et après, je sais plus, je sais plus si on a fait l'amour cinq ou six fois. Je sais plus. Je sais plus, si on est chez elle, si on est chez moi, je sais plus. Je sais plus quelle heure il est... Je sais plus rien... J'ai rien compris. D'un coup, le portable sonne, il est 9heures du mat', on est dans la rue... Tu m'appelles pour que je vienne déménager, je dis oui. Je lui dis que je dois aller travailler. Elle me donne son numéro, je lui donne le mien. Elle me dit "à plus tard". Je vais chez toi. Sans m'en rendre compte, je ne marche pas, je danse... Il est 9h30, j'arrive, tu me demandes si ça va... J'ai envie de te dire oui.

Antoine reste béat devant la tirade de son ami.

VINCENT - Et toi ça va ?

ANTOINE - Oui.

VINCENT - On commence par quoi ?

ANTOINE - Le problème, c'est que j'arrive pas à joindre Lorenzo et du coup, j'ai toujours pas la camionnette.
Y'a David qui devrait pas tarder.

VINCENT - Lorenzo, je crois qu'il avait une séance photos ce matin. T'as essayé de le joindre ?

ANTOINE - Ouais, messagerie.

VINCENT - Ressaye.

Antoine essaye à nouveau. Il raccroche. Il regarde sa montre.

ANTOINE - Quel con ce Rodier !... Je te jure, j'en reviens pas...

VINCENT - Et moi donc ! La nana, je la connais pas...

ANTOINE - Quoi ?

VINCENT - Je te dis, moi non plus, j'en reviens pas, j'ai rien compris. Elles sont malades, je te jure, elles sont malades...

ANTOINE - Mais de quoi tu me parles ? Je te parle pas de ça, je te parle de mon propriétaire qui m'appelle ce matin à 9heures pour que je...

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