Le Don d’Adèle

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Les Veyron-Lafitte viennent d’engager une nouvelle bonne, or celle-ci a un don particulier : elle devine l’avenir des gens qui l’entourent. Ce don sème bien vite la perturbation dans la maison où le père, la mère, la fille Solange, et le fils Antoine font chacun pour soi des efforts désespérés pour éviter la ” catastrophe “. Mais pratique, Madame Veyron-Lafitte se rend vite compte que le don d’Adèle peut servir ses intérêts dans une certaine affaire.

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Le Don d'Adèle

Premier acte

Quand le rideau se lève, la scène est vide. Sonnerie du téléphone.

Solange sort de sa chambre en trombe et va décrocher le récepteur.

Solange (Très sophistiquée.) Allô ? (Changeant de ton brusquement.) Ah ! c’est toi… C’est-à-dire que j’attendais un coup de téléphone de Bill… Comment, quel Bill ? Tu n’es pas obligée de connaître tous mes amis, que je sache… Qu’est-ce que ça veut dire : « Encore un Américain » ? Oui, c’est un Américain. Qu’est-ce qu’ils t’ont fait, les Américains ?… Ce n’est pas de ma faute si tes parents ont exigé que tu apprennes l’espagnol au lycée ! Pourquoi pas l’espéranto !… Oui, je t’écoute… Que je te passe les notes du cours de puériculture ? Et c’est pour ça que tu me téléphones ? Tu es navrante, Marie-Chantal, navrante !… Non, mais est-ce que j’ai une tête à aller au cours du lundi matin !… Ces affreux bébés !… (Entre Gaston par le fond. Il enlève son pardessus qu’il jette sur un fauteuil avec son chapeau et sa serviette.) Bonsoir, papa.

Gaston Encore au téléphone !

Solange (Bouchant l’appareil d’une main.) C’est Marie-Chantal ! Elle vient de m’appeler. Je ne peux tout de même pas lui raccrocher au nez ! (Au téléphone.) Non, ce n’est rien. Seulement papa qui vient de rentrer !

Gaston Combien de fois t’ai-je dit et répété que le téléphone doit être utilisé pour des communications rapides et non pour faire la conversation pendant des heures…

Solange Pourquoi ? C’est le même tarif.

Gaston Ne discute pas.

Solange Bien, papa. (Au téléphone.) Allô, pour en revenir au cours de puériculture, tu as beaucoup manqué ce matin. C’était passionnant. On nous a appris à talquer les bébés.

Gaston (Devant le feu.) Il n’y a plus de charbon dans cette salamandre !

Solange Moi, je viens de me faire les ongles ! (Au téléphone.) Qu’est-ce que tu dis, mon chou ?

Gaston Où est ta mère ?

Solange (Mystérieuse.) … comme d’habitude… à l’endroit que tu sais… avec qui tu sais…

Gaston Ta mère ? Mais je ne sais pas du tout ! Qu’est-ce que tu racontes ?

Solange Je parlais à Marie-Chantal ! Naturellement maman est à la cuisine. Encore des histoires avec Régina… je préfère ne pas m’en mêler !

Gaston Il y avait longtemps !

Solange (Au téléphone.) … À propos, pour cette chose… tu vois ce que je veux dire… eh bien… mais pas du tout ! pas du tout !… la personne en question… non, tu ne comprends rien… l’autre… je dis l’autre… Écoute, fais un effort ! La panne ­d’essence dans la côte de Pontchartrain, ça te dit quelque chose ? Non ?… Marie-Chantal, tu sais bien que je ne suis pas seule…

Gaston (Ulcéré.) Si je te gêne le moins du monde, Solange, dis-le-moi. J’attendrai dehors !

Solange (Innocente.) Mais non, papa. Qu’est-ce que tu vas imaginer ?

Gaston Je n’imagine rien. Je constate. Est-ce que ce sont là des façons d’accueillir son père ?

Solange Oh ! Papa, tu es trop sensible. On dirait que tu reviens du pôle Nord !

Gaston Brrr… le pôle Nord, nous y sommes ! (Il secoue la salamandre.)

Solange Voyons, papa ! On ne s’entend plus ! Tu ne vois pas que je téléphone ?

Gaston Je vois la note à la fin du mois ! Tu téléphonais déjà quand je suis parti ce matin. Cela devient grotesque !

Solange Mais ne crie donc pas comme ça ! On entend tout ! Susceptible comme elle est, Marie-Chantal va le prendre pour elle ! (Au téléphone.) Mais non, je n’ai pas coupé… Continue…

Gaston D’ailleurs, c’est bien simple. Je vais supprimer ce téléphone. (Grandiloquent.) Je rentre ici après des journées harassantes. Je me tue pour que vous ne manquiez de rien. Qu’est-ce que je demande en échange ? Pas grand-chose : un peu de calme, de détente, déjeuner tranquillement en famille…

Solange n’a pas écouté, entrecoupant le discours de son père de monosyllabes destinés à Marie-Chantal.

Entrée d’Edmée en larmes et vêtue d’un peignoir.

Edmée Je suis découragée… tout à fait découragée… Vraiment je n’ai pas mérité cela…

Gaston (Résigné.) Qu’est-ce qu’il y a encore ?

Edmée Après tout ce que j’ai fait pour elle ! À midi moins le quart ! Alors que j’ai du monde à déjeuner !…

Solange (Au téléphone.) Chut ! Une seconde, Marie-Chantal… J’écoute ce qu’on dit…

Gaston Il s’agit de Régina ?

Edmée Je lui aurais dit quelque chose encore ! Mais non, j’étais décidée à fermer les yeux, à passer sur tout – tout…

Solange Oh ! je t’en prie, maman… Je t’ai entendue tout à l’heure… Tu la traitais de tous les noms !

Edmée C’est ça ! Prends son parti !… Ma propre fille !

Gaston Enfin, explique-toi.

Edmée (Elle éclate en sanglots.) Qu’est-ce que tu veux que j’explique… Il n’y a rien à expliquer. C’est fini… Elle est montée faire sa valise…

Gaston Encore une qui s’en va au bout de trois jours… De quoi avons-nous l’air ! Qu’est-ce que va penser la concierge ?

Edmée Je m’en fous, de la concierge ! Je me fous de tout !

Solange Enfin, maman ! Contrôle tes expressions ! Marie-Chantal est au bout du fil ! Elle va t’entendre !

Edmée Je me fous de Marie-Chantal !… Et puis, j’en ai assez de te voir suspendue au téléphone du matin au soir. Gaston, ordonne à ta fille de raccrocher immédiatement !

Gaston Ta mère a raison. Assez, Solange. Mais alors, comment vas-tu faire pour le déjeuner, Edmée ?

Edmée Nous irons tous au restaurant. Après tout, pour une fois, tu peux payer !

Gaston Ne dis donc pas de bêtises !

Solange (Reprenant sa conversation téléphonique.) Allô, Marie-Chantal… non, ce n’était rien, je te raconterai…

Gaston (Mesuré.) Elle avait pourtant l’air convenable, cette fille.

Edmée (Hors d’elle.) Quoi ??? Régina ? Une… fille de barrière ! Une… pétroleuse ! Tu es aveugle, Gaston, dangereusement aveugle ! Tu introduirais n’importe qui dans cette maison. Nous finirons tous égorgés !

Gaston Enfin, est-ce toi ou moi qui l’ai engagée, hein ?

Edmée Voilà bien ton égoïsme ! Tu aurais préféré que je reste sans personne, peut-être ? Et que je m’appuie la cuisine, le ménage et la lessive ?

Gaston Oh ! pour l’amour du ciel, écoute !

Edmée Non, je n’écouterai rien. Je n’écouterai plus personne maintenant ! Une fois de plus, les événements ont prouvé que j’avais raison.

Solange (Pouffant au téléphone.) Oh !… c’est trop drôle !

Edmée C’est ça ! Moque-toi de moi ! Ris de ta mère !

Solange Mais non, maman ! C’est Marie-Chantal qui me racontait…

Gaston Nom de Dieu, Solange, tu vas raccrocher ce téléphone ou je fais un malheur !

Solange (Rapidement.) Ça va mal ! Je te rappellerai plus tard. Bye-bye. (Elle raccroche.)

Edmée C’est vrai, ça. Si j’étais secondée, au moins ! Si Solange n’était pas une telle paresseuse ! Ah ! je t’ai bien mal élevée, ma petite fille !

Solange Oh ! là là… tu en fais des histoires pour un malheureux déjeuner. Je la comprends, Régina. Elle a eu plus de patience que les autres. Trois jours !

Gaston Tu ne crois pas que ta mère est assez énervée comme ça, non ?

Edmée (Pathétique.) Laisse-la. Je boirai la coupe jusqu’à la lie… Ce qu’il fait froid dans cette pièce !

Solange Régina n’est plus là pour descendre à la cave !

Edmée J’irai. Je le porterai sur mon dos, le charbon ! (Elle pleure.)

Gaston (Hausse les épaules.) Où est Antoine ? Jamais là quand on a besoin de lui, celui-là.

Solange Il va rentrer pour se mettre les pieds sous la table, comme d’habitude.

Edmée Critique ton frère, ça te va bien !

Gaston Calmons-nous. Après tout, deux personnes à déjeuner, ce n’est pas la mer à boire…

Edmée Deux ou dix, c’est la même chose.

Gaston Qu’est-ce qui était prévu ?

Edmée Je ne sais pas… je ne sais plus… Un soufflé au fromage, des rognons sauce madère avec du riz, un nègre en chemise… Un très bon déjeuner, comme tu vois.

Solange Ouais… Reste à le faire…

Edmée (Reprenant espoir.) C’est le soufflé qui m’inquiète. Le four est très capricieux !

Gaston (Très conciliant.) On peut faire autre chose.

Edmée Il me reste une bonne bouteille de madère pour les rognons, donc ça ira. Quant au nègre en chemise…

Solange … On vient de le livrer de chez Coquelin… Au moins, il y aura le nègre en chemise ! Parce que je te le rappelle, maman : tu n’as jamais été capable de faire cuire un œuf à la coque.

Edmée Elle recommence, Gaston ! (Elle fond en larmes.) Eh bien ! puisque c’est comme ça, je m’en lave les mains. Débrouillez-vous. On se met en dix et voilà comment on est récompensé. Toute ma vie je me suis sacrifiée et le résultat : personne ne m’aime. (Pitoyable.) Je voudrais me coucher sur le tapis du salon et me laisser mourir !

Antoine vient d’entrer. Il est pétrifié.

Antoine Qu’est-ce qui arrive ?

Gaston (Excédé.) Tu es ridicule, Edmée, je t’assure, de te mettre dans des états pareils ! (À Antoine.) Et toi, d’où viens-tu si tard ?

Antoine Si tard… si tard… L’heure de se mettre à table, quoi !

Solange (Odieuse.) Tu as faim ?

Antoine Plutôt.

Solange Très faim ?

Antoine Eh bien oui !

Solange Tant mieux. Ça me donnera du courage. Parce que le déjeuner, il faut le faire. Et qui va le faire, le déjeuner ? Moi. Et qui va m’aider à le faire, le déjeuner ? Toi.

Antoine Et Régina ?

Edmée Je ne veux plus entendre ce nom !

Antoine Ah ! bon. J’ai compris. Mais ce n’est pas aujourd’hui que viennent les Gachassin ?

Edmée Crois-tu ! Je l’ai choisi, mon jour !

Solange Tu viens, Antoine ?

Antoine (Qui s’était assis, se lève en bougonnant.) Oh ! quelle maison ! On ne peut pas être une minute tranquille !

Solange et Antoine sortent.

Gaston Quelle idée aussi – inviter ces Gachassin !

Edmée Comme si c’était pour mon plaisir ! Tu sais l’importance que ce déjeuner a pour tes affaires !

Gaston Eh bien ! non, je ne le sais pas, justement !

Edmée Gachassin est un homme qui remue beaucoup d’argent.

Gaston Un peu trop. D’où vient-il, cet argent ?

Edmée Dès que les gens gagnent plus que toi, tu trouves ça louche !

Gaston Après tout, nous ne les connaissons pas. D’où sortent-ils ?

Edmée Mon intuition ne me trompe jamais. Les Gachassin sont des gens très bien. Un peu parvenus, je te l’accorde. Mais après tout, il faut bien un renouvellement des classes sociales. Je les ai vus de près pendant un mois à La Bourboule.

Gaston (Les yeux au ciel.) Ah ! tes relations de vacances !

Edmée En deux jours, mon opinion était faite. Ils roulent voiture, chauffeur. Elle, uniquement habillée dans les grandes maisons. Gros jeu tous les soirs à la roulette… De quoi avais-je l’air avec mes deux jetons !

Gaston Oui. Je vois le genre d’ici.

Edmée Et tu ne sais pas tout. C’est même là que je voulais en venir. Gachassin a un pied en Égypte.

Gaston Et alors ?

Edmée Et alors ? Tu me fais pitié. Ma dot, mes terrains du Caire, la succession de maman… tu t’imagines que je vais laisser tout ça dormir là-bas ?

Gaston Du trafic de devises ? Je te félicite. Tu sais comment cela finit ?

Edmée Ai-je parlé de quoi que ce soit ? J’ai seulement pensé qu’à l’occasion, cela nous serait utile d’avoir les Gachassin dans notre manche. Sans compter qu’ils sont très flattés de me connaître. Je leur ai lancé deux ou trois noms… ils ont été très impressionnés !

Gaston Il ne leur en faut pas beaucoup !

Edmée Parle pour toi, mon cher ! Tu oublies que papa était chef du transit à la Compagnie du Canal de Suez. C’est un poste ! Nous menions grand train à Ismaïlia. Ah ! là là… quand je vois à quoi je suis réduite aujourd’hui !

Gaston Je m’étonne qu’à ton âge, Edmée, tu ne comprennes pas mieux la difficulté des temps.

Edmée Comment font les autres ? On n’a pas fait monter les prix uniquement pour toi. La vérité, c’est que nous vivons comme des miteux. Quand je vois Maggie, par exemple, son mari est loin d’avoir ta situation, eh bien ! je t’assure qu’elle ne se prive de rien, elle !

Gaston Et toi, de quoi te prives-tu ?

Edmée Je vais te le dire en un mot : de tout. J’en ai assez de te mendier mille francs par mille francs – que tu t’empresses de me reprendre tous les soirs au bridge. Ton bridge !

Gaston Tu n’as qu’à faire attention quand tu joues !

Edmée Ce ne sont pas les meilleurs joueurs qui gagnent. D’ailleurs, le bridge m’assomme. Je n’aime pas les cartes. Je m’exécute pour te faire plaisir et tu en profites pour rafler l’argent du ménage.

Gaston Cela revient au même puisque je te le rends le lendemain.

Edmée Enfin, tout ce que je peux dire, c’est que je suis toujours sans le sou.

Gaston Mais où veux-tu que je le prenne, l’argent ? Que j’aille le voler chez les gens ? Que je fabrique de la fausse monnaie ?

Edmée Comme tu es excessif ! On ne peut rien te dire !

Gaston L’argent ! L’argent ! Tu n’as que ce mot-là à la bouche. On dirait que je ne suis bon qu’à rapporter de l’argent. Tu crois que c’est si facile ?

Edmée J’ai toujours pensé, Gaston, que tu étais trop honnête. Comprends-moi bien. Ce n’est pas un reproche que je te fais. Mais les temps ont évolué. De nos jours on a une autre conception des choses. Que diable ! Le citoyen le plus intègre n’a pas la conscience tout à fait nette.

Gaston Si cela peut te faire plaisir, ma chère, apprends que je ne l’ai pas non plus.

Edmée (Effrayée.) Ne me dis rien. Je ne veux rien savoir… (Un temps. À mi-voix.) Déclaration sur le revenu ?

Gaston (Souriant.) C’est mon affaire.

Edmée Il faut bien vivre, n’est-ce pas ?

Gaston Comme tu dis. D’autant plus qu’au train où vont les choses, tes enfants ne sont pas près de voler de leurs propres ailes.

Edmée Ils sont encore bien jeunes !

Gaston Tout ce que je vois, c’est que Solange n’est pas fichue de se trouver un mari. Quant à Antoine…

Edmée Alors là, tu es injuste, Gaston…

Gaston Enfin voilà un garçon de vingt ans qui passe ses nuits dans une cave de la rive gauche à jouer de la trompette bouchée ! À quoi cela ressemble, veux-tu me le dire, à quoi cela ressemble ?

Edmée Ils ont formé un petit orchestre, entre jeunes.

Gaston Une bande de sauvages et de bons à rien ! Tu trouves que c’est de la musique, toi, ce tam-tam ?

Edmée Il faut chercher à comprendre ! Toi, tu en es resté à la Méditation de Thaïs… D’ailleurs, plains-toi. Il gagne ainsi très gentiment son argent de poche : huit cents francs par soirée.

Gaston (Les yeux au ciel.) Huit cents francs par soirée ! Je lui aurais trouvé une situation autrement plus intéressante s’il avait été capable de passer son bachot.

Edmée Comment, Gaston… Antoine n’a pas son bachot ?

Gaston Tu sais bien que non. Au sixième échec, il a bien fallu en prendre son parti.

Edmée Vraiment ?

Gaston Enfin, Edmée !

Edmée Tu vois, j’étais persuadée qu’il l’avait, son bachot ! À force de le dire… Après tout, ça revient au même, puisque tout le monde le croit bachelier. Même sa mère ! (Elle rit.)

Gaston Oh ! évidemment, toi… quand il s’agit de ton fils…

Edmée Si on le décourage, tout est perdu. J’ai vu dans sa chambre ce matin un projet d’affiche pour la gaine Scandale tout à fait remarquable…

Gaston Parce qu’il fait des affiches, maintenant ?

Edmée Enfin, Gaston, où vis-tu ? Depuis plus d’une semaine.

Gaston Première nouvelle ! J’en étais resté à son stage chez Gallimard.

Edmée Tu seras bien étonné quand on se l’arrachera à coups de dollars.

Gaston Ah ! ça oui… Mais je ne demande qu’à l’être !

Edmée Tu verras… Je dois dire que Solange me donnerait plus d’inquiétude. Ces petits jeunes gens du Racing et sa bande d’Américains pensent à tout autre chose qu’au mariage.

Gaston C’est à toi de la surveiller.

Edmée Comme c’est facile ! Tu as vu comme elle me traite. C’est de ta faute. Tu es trop faible avec elle. Je la vois bien te soutirer de l’argent quand j’ai le dos tourné, va.

Entre Antoine avec le seau de charbon qu’il va renverser dans la salamandre.

Antoine (Essoufflé.) Vivement le printemps !

Edmée À qui le dis-tu ? Cette pièce commune me rend malade !

Antoine Et je...

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