Le Loto de la Lulu

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Lucienne Le Guérec, dite Lulu, rude bretonne bretonnante qui porte la coiffe, tient l’unique café de l’île de Ouassec. Ayant gagné au loto, elle voit débarquer un certain nombre de “parasites” pris d’une soudaine affection pour elle et décide de donner ses gains à celui ou celle qui sera capable de vivre un temps comme un “vrai” breton. Avec l’aide de Loïc, son ami d’enfance et capitaine de la Marie-Claudette, elle va mettre leur cupidité et leurs estomacs à rude épreuve. Qui emportera le gros lot : Rocket, la nièce loubarde, Bébel son copain rappeur, Nanard le neveu au QI de bigorneau ou encore Alexandra la conseillère financière BCBG ? Le public ne le saura que dans les ultimes répliques et ce ne sera pourtant pas la dernière des surprises que lui réserve cette pièce véritablement désopilante, multipliant les situations cocasses, les surprises et les gags.

Une comédie très rythmée et facile à monter qui enchantera tous les publics et dont les rôles équilibrés et pétillants raviront les comédiens.

Le rideau est fermé et la salle est dans le noir. On entend une bande-son : une musique traditionnelle bretonne et des cris de mouettes, puis la sirène d’un bateau qui annonce son entrée au port. Le rideau s’ouvre alors sur une scène vide et l’on entend une voix off.

Voix off. – Ah ! la Bretagne, ses paysages uniques et ses traditions séculaires ! La beauté sauvage de ses côtes, le calme de ses îles préservées ! Ah ! la Bretagne bretonnante, l’authenticité de ses habitants et son climat vivifiant !

Le capitaine, entrant en toussant et crachant. – Cré vain Dieu de temps de chien jaune ! Fait un vent à décorner les cocus ! (Bas, au public.) Contre les coups de tabac, rien de mieux qu’un p’tit coup de chouchen ! (Il se sert un verre en chantonnant.) « Ça s’en va et ça revient… »

Lulu, off. – Deux euros cinquante !

Le capitaine. – Ben cru qu’on n’arriverait pas à bon port ! Heureusement que « La Marie-Claudette » est un fameux bateau ! (Il se sert un deuxième verre de chouchen en se cachant un peu plus.)

Lulu, off. – Cinq euros !

Le capitaine, râlant. – Rrrrh ! Si ces satanés touristes n’avaient pas insisté, j’serions resté à quai. (Il se sert un troisième verre de chouchen après avoir changé de place sur la pointe des pieds.)

Lulu, off. – Sept euros cinquante !

Le capitaine. – Mais nom d’un merluchon avarié, comment qu’elle fait ?

Lulu, entrant. – Comme je peux et surtout… (Elle tend la main pour demander l’argent.)… comme je veux.

Le capitaine. – Tiens, voilà dix euros et je m’en sers un autre. (Il le fait.) Tu pourrais m’en payer un, je t’ai ramené de la famille.

Lulu. – De la famille ?

Le capitaine. – Oui, deux gars et deux filles. Devraient pas tarder à se pointer.

Lulu. – Pfft ! Il ne me reste plus qu’un neveu et une nièce perdus sur le continent. T’es sûr que tu n’as vu double, comme d’habitude ?

Le capitaine, chantant. – « Comme d’habitude, je… »

Lulu, hurlant. – La paix avec ton Claude François !

Le capitaine. – Bon, bon. J’te dis qu’ils sont quatre ; deux plus deux. Z’ont dû faire suivre les conjoints, femme, mari. Qu’est-ce que j’en sais, moi ? Copain, copi…

Lulu. – Ça va, j’ai compris. Comment tu sais qu’ils sont de la famille ? (Elle prend son verre et en reverse un peu dans la bouteille.)

Le capitaine. – Physiquement ils te ressemblent pas trop, mais ils ont bien ton côté grognon.

Lulu, menaçante. – Tu veux le voir de près mon côté grognon ?

Le capitaine. – Doucement ! C’était pour rigoler. M’ont juste dit qu’ils venaient visiter leur tante Lulu qu’ils n’avaient pas vue depuis un petit bout de temps.

Lulu. – Un petit bout de temps ? La dernière fois que je les ai vus, c’était pour l’enterrement de mon pauvre frère y a vingt ans. Ils étaient hauts comme trois pommes. Depuis, plus aucune nouvelle.

Le capitaine. – M’ont pourtant dit qu’ils l’aimaient beaucoup leur tantine.

Lulu. – Tu parles ! Ils ne m’ont même jamais envoyé une carte pour le Premier de l’An. Et ils débarquent comme ça, sans crier gare. C’est louche tout ça, c’est louche…

Le capitaine. – M’est avis qu’il leur est pas venu subitement un élan d’affection. C’est peut-être plutôt rapport à ce que t’as gagné au loto. Souvent les gens qui…

Lulu. – Tu leur as pas dit, vieux sac à vin ?

Le capitaine, faussement. – Ah non ! J’ai rien dit…

Lulu. – T’as pas pu t’empêcher de l’ouvrir ! Tu m’avais pourtant promis ! (Elle le prend par le col.)

Le capitaine. – J’ai rien dit. Pas à eux en tout cas, je te le jure.

Lulu. – Ne jure pas, mécréant ! À qui tu l’as dit que j’avais gagné au loto ? (Elle le menace de plus en plus.) À qui ?

Le capitaine. – À personne… Ou à pas grand monde… Juste aux copains du café de la Marine… Et à ceux de mon fan-club de Claude François.

Lulu. – Mais c’est comme si tu l’avais affiché à la criée un jour de grand arrivage, espèce de boit-sans-soif ! La nouvelle a dû se répandre comme des bigorneaux dans le fond d’un cageot !

Le capitaine. – Je pouvais pas savoir. J’ai pas pensé à mal…

Lulu. – Tu penses pas plus loin que le bec de ta casquette ! T’es plus bête qu’un filet percé ! Le jour où les cons vont se mettre à tourner, pour peu que t’écartes les bras, tu feras un sacré ventilateur ! Tu pourras travailler en soufflerie ! Tu révolutionneras la marine à voile à toi tout seul !

Le capitaine. – Pardon Lulu.

Lulu. – Grâce à toi, tout le continent doit être au courant, à présent. On va voir déferler un sacré paquet de parasites, à commencer par ceux de la famille !

Le capitaine. – Je te demande pardon, Lulu.

Lulu. – Tu me le paieras, vieux hareng !

Le capitaine. – Qu’est-ce que je peux faire pour me faire pardonner ?

Lulu. – Dans un premier temps, tu vas m’aider à les accueillir ; c’est quand même la famille. Et dans un deuxième, tu vas m’aider à m’en débarrasser si, comme je l’imagine, ils sont venus que pour mes sous.

Le capitaine. – On va rigoler un peu comme quand on était gamins ?

Lulu. – Moi oui ; mais toi, pas sûr.

Le capitaine, voyant la porte s’ouvrir sur Rocket et Bébel. – Attention, voilà la première vague !

Lulu. – Viens par là que je t’explique ce qu’on va faire.

Ils sortent en cuisine.

Bébel, entrant en soutenant un peu Rocket. – Ça y est, Rocket, on arrive.

Rocket. – Pas trop tôt ! Je suis sur les rotules.

Bébel. – Saleté de bateau !

Rocket. – C’est pas la barcasse, c’est l’air.

Bébel. – Trop froid ?

Rocket. – Non, trop pur. J’suis pas habituée. J’suis en manque de carbone, c’est sûr.

Bébel. –...

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