Le nouveau Scapin

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Le prof de théâtre du groupe d’ados quitte le groupe quelques semaines avant la fin de la saison. Les jeunes comédiens sont atterrés. Mais personne ne veut baisser les bras : Pascal est parti, qu’à cela ne tienne ! Le spectacle se montera sans lui ! Après tout, il y a des années que le groupe participe à cet atelier et chacun en sait assez pour se débrouiller ! Enfin, en théorie … En pratique, les choses se corsent, notamment lorsque le groupe décide de monter “Les Fourberies de Scapin”. La langue de Molière est loin de celle des jeunes de 2005. Pour ne pas abandonner, les jeunes comédiens vont donc adapter la pièce à leur époque. Pour un résultat surprenant.

 

ACTE I

Scène 1

 

Géraldine entre en scène. Elle regarde dans la salle : personne. Elle inspecte la scène. Puis elle s’assied par terre et sort des feuilles de son sac à dos. Elle se met à lire, visiblement très concentrée.

Valérie entre en scène. Elle voit Géraldine et s’approche immédiatement d’elle.

Valérie - Y’a personne ?

Géraldine - Ils ne vont pas tarder.

Valérie - Ça va ?

Géraldine - Ça peut aller…

Valérie - Comment ça se fait que tu as pu entrer ? T’avais les clés ?

Géraldine - C’était ouvert.

Valérie - Ah bon ! Comment ça se fait ?

Géraldine - ’Sais pas. C’était ouvert, c’est tout.

Valérie - T’as vu Pascal ?

Géraldine - Non, j’ai vu personne.

Valérie - C’est bizarre… Il est quelle heure ?

Géraldine - Et quart.

Un silence.

Valérie - Tu fais quoi ?

Géraldine - Je révise.

Valérie - Ah…

Un silence. Valérie fait les cent pas.

Géraldine - Excuse-moi, Valérie, mais… tu peux pas arrêter de gesticuler ?

Valérie - Oui, pardon. (Un silence.) Je me demande ce qu’ils font.

Géraldine - Ils vont pas tarder.

Un temps. Puis Catherine entre en scène, théâtrale.

Catherine - Pââârdon, pââârdon, pââârdon ! Je suis en retard, je sais !

Valérie - S’il n’y avait que toi !

Catherine - Ben, y’a personne ?

Valérie - Faut croire.

Catherine (en faisant la bise à Valérie) - Comment tu vas, toi ?

Valérie - Ça irait mieux si on pouvait commencer !

Catherine (allant faire la bise à Géraldine) - Qu’est-ce qui se passe ? Ça a été annulé ce soir ?

Géraldine - Je crois pas, ils vont arriver, c’est tout.

Valérie - Ça fait dix minutes que tu dis ça.

Géraldine - Ça fait dix minutes que tu me demandes ce qu’ils font.

Valérie - Faut bien que je meuble, t’es pas très loquace.

Géraldine - Je suis à la bourre.

Catherine - Tu m’as surtout l’air de mauvais poil…

Géraldine - J’aime pas les retardataires. Sept heures, c’est sept heures. Avant l’heure, c’est pas l’heure, et après l’heure…

Catherine - Holà ! T’as bouffé du lion, toi !

Romane et Sylvain entrent en scène, des paquets dans les mains.

Valérie - Ben, c’est pas trop tôt !

Sylvain - Oui, bon, ça va. T’avais qu’à aller les chercher, toi, les accessoires !

Valérie - Je suis pas accessoiriste, moi !

Sylvain - Nous non plus !

Romane - Où on pose ça ?

Sylvain - Là-bas, dans le coin.

Romane - Ouh ! j’ai plus de bras ! Pascal n’est pas là ?

Géraldine - Tu l’as vu, toi ? Non, alors, tes questions idiotes…

Romane - Charmant… T’es encore mal lunée, toi !

Géraldine - Je bosse.

Sylvain - Que ça ne t’empêche pas de nous dire bonjour !

Géraldine (sans lever les yeux) - Bonjour.

Romane - Comment vous êtes entrés, si Pascal n’est pas là ?

Valérie - Paraît que la porte était ouverte.

Sylvain - C’est pas bon, ça. Vous avez été voir dans les locaux s’il ne manque rien ?

Catherine - Je te rappelle que c’est Pascal qui a la clé des locaux.

Sylvain - Pas s’ils ont été forcés. Je vais voir.

Catherine - Je viens avec toi.

Etienne, Hélène et Elisa entrent en scène à vélo. Ils les posent en fond de scène.

Etienne - Désolés pour le retard. Elisa a déraillé.

Géraldine - C’est la totale, ce soir.

Hélène - Bonjour le plan ! On était en pleine montée de l’avenue du Perche, et zing ! la chaîne par terre !

Elisa - En plus, les deux zouaves, là, ils roulaient devant et ils ne m’entendaient pas les appeler !

Géraldine - Passionnant. Vous n’avez pas croisé Pascal ?

Hélène - T’es de bon poil, toi, dis-moi… Non, pas de Pascal. Il n’est pas avec vous ?

Géraldine - Je ne te poserais pas la question.

Hélène - Super ! Géraldine est de bonne humeur !

Etienne - Sympa l’ambiance. Mais, dites donc, on est que ça ?

Valérie - Sylvain et Catherine sont allés voir si personne n’aurait forcé les locaux, parce que Pascal n’était pas là quand on est arrivé et la porte était ouverte.

Elisa - Oh ! c’est pas bon, ça !

Romane - C’est ce qu’on a dit.

Sylvain (en revenant avec Catherine) - Ah ! vous êtes là ! Bon, tout va bien, les locaux sont fermés à clé.

Elisa - Qui manque-t-il ?

Romane - Ben, Clémentine, Karine, Anne…

Hélène - … Ingrid, Luc et Thierry.

Clémentine, Anne, Ingrid et Luc entrent.

Clémentine - Nous sommes navrés ! On a été retenus par le prof de géo après le conseil.

Sylvain - Alors ?

Clémentine - Peut mieux faire.

Elisa - Qui ?

Clémentine - Tout le monde.

Etienne - Super.

Ingrid - Ben, Pascal n’est pas là ?

Romane - Non, mais la porte était ouverte.

Luc - Ah bon ! Et qu’est-ce qu’on fait alors ?

Etienne - Il manque encore Thierry. Il est malade ?

Anne - Oh non ! Je l’ai croisé tout à l’heure qui sortait de son entraînement de foot.

Géraldine - Ben, alors il va pas tarder.

Valérie - La vache ! T’as qu’une expression à ton vocabulaire, toi !

Géraldine - J’essaie de réviser et vous faites du bruit.

Etienne - Excuse-nous d’exister.

Luc - Bon, ça va, on va pas s’engueuler sous prétexte que
« Géralde » nous fait un cake aujourd’hui !

Elisa - Quelqu’un a son numéro, à Pascal ?

Anne - Je dois l’avoir noté quelque part. (Elle fouille dans son sac à dos.)

Clémentine - Et le numéro de Thierry ?

Elisa - Ça sert à rien d’appeler Thierry si Pascal ne vient pas.

Anne - Enfin, si, parce qu’ils sont voisins. Si Pascal...

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