ANTIQUITÉ

 

1

 

DENYS L’ANCIEN et DAMOCLÈS

 

Victorieux de deux longues guerres contre Carthage et d’expéditions contre plusieurs territoires de l’Italie méridionale qu’il a libérés de ses occupants carthaginois, Denys est désormais un tyran richissime et omnipotent. Il règne en maître absolu sur Syracuse, devenue grâce à lui la plus puissante cité hellène à l’ouest de la Grèce continentale. Cependant, craignant sans cesse d’être assassiné, il vit reclus dans la somptueuse citadelle qu’il a fait construire sur l’île d’Ortygie (Ortigia).

Damoclès est l’un des nombreux courtisans de Denys l’Ancien. On le dit parfois « maître des orfèvres à la cour de Syracuse ». A-t-il vraiment existé ou n’est-il qu’un personnage mythologique ? Toujours est-il que Cicéron consacre à sa légende le chapitre XXI du cinquième livre de ses Tusculanes.

 

Syracuse, palais de Denys l’Ancien, vers -385

 

Damoclès

Ô puissant seigneur, je te rends grâces de tes conquêtes comme ton peuple te rend grâces d’avoir rehaussé l’éclat de notre Syracuse. Jamais l’on n’a connu cité plus prospère. Par tes exploits et ta munificence, elle s’est agrandie et embellie jusqu’à devenir cette pure merveille que le monde entier nous envie et aimerait tant voir.

 

Denys l’Ancien

Tu dis vrai, Maître Damoclès, car tu sais estimer la valeur des choses et tes mots sonnent juste et clair comme ces gemmes que tu tailles, assembles et sertis avec tant d’expertise, ou ces métaux précieux dont tes mains habiles font des aiguières, des plats, des cratères, des coffrets et tant d’autres joyaux si minutieusement ornés. Nous te devons toutes ces splendeurs, preuves de notre richesse. N’es-tu pas maître des orfèvres de notre cour princière ?

 

Damoclès

Je le suis en effet, seigneur, grâce à ta bienveillance, puisque tu m’as honoré de cette distinction. Les joyaux dont tu parles soulignent ta noblesse, ces objets d’argent, d’or et de bronze ravivent l’éclat de ton palais. Avec les monuments dont se pare Syracuse, ils disent ta puissance, célèbrent ta gloire, illustrent ta renommée.

 

Denys l’Ancien

Tu me flattes, maître Damoclès. Ne serais-tu pas de ces obséquieux qui, usant de cautèle, espèrent de moi quelque avantage ?

 

Damoclès

Que les dieux de l’Olympe m’en gardent ! Je ne fais que dire ce qui est. Ne sais-tu pas que tous tes sujets t’admirent et que je suis, de tes sujets, ton plus dévot admirateur car tu es mille fois admirable. Tu fus le double vainqueur de Carthage ; tu as triomphé de Rhégion1, tu as soumis Locres2, Thourioi3 et Crotone4, tu en as délogé le Carthaginois. Comment ne pas te louer, toi qu’Isocrate a salué comme le champion de l’expansion grecque, toi qui as rendu grecques l’entière Sicile et tout le sud de l’Italie ? En vérité, mon Prince, comment ne pas envier ta fortune, tes palais et ses fastes, la puissance de ton armée, tes festins, l’abondance où tu vis, toutes ces fêtes où l’on rit, où l’on chante la gloire de Dionysos, le dieu à qui tu dois ton nom illustre. En vérité, seigneur Denys, à posséder tant de biens, tu ne peux qu’être heureux.

 

Denys l’Ancien

Cesse tes louanges, maître orfèvre, elles finiront par me lasser. Mais dis-moi, te plairait-il de prendre ma place, d’être Denys pour quelques heures ? Veux-tu, puisque tu trouves cette vie si délectable, en goûter toi-même la douceur et expérimenter mon sort ?

 

Damoclès

Ce serait, grand seigneur, réaliser un rêve.

 

Denys l’Ancien

Alors, cher Damoclès, je te laisse mon klinê 5. Installe-toi confortablement et abandonne-toi aux plaisirs.

 

Avide de connaître ce bonheur réservé, pense-t-il, aux puissants et aux riches, Damoclès s’assied sur un magnifique lit d’or. Alors, claquant des doigts et pointant l’index, Denys dicte ses ordres. Ses deux femmes, Aristomaque de Syracuse et Doris de Locres, viennent à Damoclès pour lui ceindre la tête d’une superbe couronne. On approche une table, aussitôt dressée avec de la vaisselle d’or et d’argent. De jeunes et beaux esclaves s’empressent de servir ce roi d’un jour. Damoclès se délecte des mets les plus fins et les plus savoureux. Il déguste des vins capiteux et corsés, tant et si bien que le besoin lui vient de s’assoupir. C’est alors que, rejetant la tête en arrière, il le voit enfin. Il sursaute, la couronne tombe. Damoclès se lève d’un bond, frappé de stupeur : un glaive tranchant et acéré est suspendu au plafond, retenu par un simple crin de cheval, juste au-dessus de l’oreiller où reposait sa tête. Quand il est un peu remis de sa sidération, Damoclès, tremblant, prend la parole.

 

 

Damoclès

Que signifie cela, ô mon prince ? Pourquoi ce glaive menaçant, ce fil si fin qu’il aurait pu se rompre à tout instant, entraînant ma mort, à coup sûr ? Mon esprit se trouble et ma raison s’égare. Voulais-tu donc m’envoyer rejoindre mes pères ? Ai-je mérité de mourir ?

 

Denys l’Ancien

Le sort en a décidé autrement, maître Damoclès. Ce fil est un fragile crin de cheval. Il a tenu. L’épée est restée suspendue. Je m’en réjouis pour toi car non seulement tu restes vivant mais ta vie, désormais, n’aura plus ni la même valeur, ni le même sens. Elle est aussi fragile que ce crin qui retient le glaive meurtrier. Le fil de la vie est l’ouvrage des Moires6 : Clotho le tisse, Lachésis le déroule et l’implacable Atropos le coupe. Les plaisirs ne sont donc qu’éphémères. Ils peuvent en un instant disparaître, avec la vie même, car des malheurs nous menacent que nous ne savons pas. Ils s’abattent sur nous sans que nous nous y attendions.

 

Damoclès

Voilà donc la raison de ta machination. Tu n’as pas craint, pour livrer ton message, de me mettre en péril, Pourtant, seigneur, je ne voulais rien d’autre que t’être agréable.

 

Denys l’Ancien

Justement, Damoclès, tu dois cesser de me complimenter car mon sort, vois-tu, est encore moins enviable que le tien. Comprends que mes richesses doivent bien peu à ton orfèvrerie mais beaucoup aux tributs amassés au fil de mes victoires : « vae victis ! »7, a dit l’infâme Brennos ; mon pouvoir ne se serait jamais construit sans la terreur que j’inspire tant à mes ennemis qu’à mon peuple ; loin d’admirer, comme tu le prétends, le guerrier que je fus ou le prince que je pourrais être, les Syracusains exècrent le tyran que je suis. Les ennemis que je n’ai pas massacrés, je les ai réduits en esclavage, les rebelles, en captivité. Ces gémissements qui parfois nous parviennent étouffés, ces cris dont tu feins de ne pas t’émouvoir, sont ceux des prisonniers que mes bourreaux torturent au fond de mes geôles. Est-ce donc un si grand secret ? Damoclès, j’essaie de tromper mes frayeurs par la satiété et mes inquiétudes par l’ivresse, mais en vain. Mes richesses ont un revers, la haine que mes sujets me portent et tant mes plaisirs que ma puissance s’annihilent dans l’angoisse permanente où je vis. Alors, dis-moi, Damoclès, peut-on connaître le bonheur quand on vit, inquiet, sous une menace permanente, comme d’une épée suspendue au-dessus de notre tête ?

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(1) Rhégion (Rhegium), colonie grecque fondée vers 720 av. J.-C. dans l’Italie du sud. C’est, aujourd’hui, Reggio de Calabre.

(2) Locres (Locri), ville fondée en Calabre au VIIIe siècle av. J.-C. ; elle faisait partie de la Grande-Grèce (villes et territoires de l’Italie méridionale fondés dans l’Antiquité par des colons grecs.)

(3) Thourioi (Thurium, Thurii ), ville fondée en 452 av. J.-C. par des colons grecs exilés de Sybaris, dans le golfe de Tarente (Calabre). Elle appartenait à la Grande-Grèce.

(4) Crotone, ville de Calabre fondée en 710 av. J.-C. Elle était rattachée à la Grande-Grèce. Elle fut la rivale de Sybaris.

(5) klinê : sorte de lit ou de canapé utilisé dans la Grèce antique.

(6) Moires (Moirai, en grec), divinités grecques du Destin. Elles sont trois sœurs dont les décrets s’imposent aux hommes et aux dieux. Elles deviendront les Parques dans la mythologie romaine.

(7) « Vae victis ! » (Malheur aux vaincus !), formule que le chef gaulois Brennos (Brennus) aurait prononcée après le sac de Rome, vers 390 av. J.-C., en faisant, à son avantage, un inéquitable partage du butin.

 

2

 

ALEXANDRE de MACÉDOINE et DIOGÈNE de SINOPE

 

 Âgé de vingt et un ans, Alexandre règne sur la Macédoine depuis un an sous le nom d’Alexandre III. Héros victorieux à la bataille de Chéronée en -338, il a été nommé chef de la confédération hellénique lors d’un congrès qui s’est tenu à Corinthe. Cette Ligue de Corinthe rassemble toutes les cités grecques alliées au royaume de Macédoine. Elle vient de voter la guerre contre les Perses. Alexandre en a naturellement été élu stratège, c’est-à-dire commandant en chef, succédant ainsi à son père Philippe II, décédé : déjà, Alexandre le Conquérant perce sous Alexandre III…

Le philosophe Diogène de Sinope est le principal représentant de l’école dite « cynique »1.  À Corinthe, il vit dans la rue, dans le faubourg du Cranium2, s’abritant dans une sorte de grande jarre appelée pithos. Pratiquant facilement l’invective, il dénonce l’hypocrisie des conventions sociales, critique les personnalités, hommes politiques comme philosophes, et use d’une rhétorique qui ne s’embarrasse guère de précautions oratoires. Il n’a pas voulu faire partie de l’aréopage qui est allé féliciter Alexandre de son élection. Alors, le roi décide d’aller lui-même rendre visite au philosophe. Il arrive au Cranium, accompagné de toute sa cour, et trouve Diogène allongé au soleil.

 

Corinthe, 335 av. J.-C.

 

Alexandre

Te voilà donc, Diogène le Cynique, Diogène le Chien, philosophe aux pieds nus, dont la réputation est venue jusqu’à moi. Voilà bien longtemps que je souhaitais te rencontrer, toi dont l’attitude et les propos - que l’on m’a rapportés - m’ont si souvent fait sourire, parfois rire, toujours réfléchir. Grâce à cela, tu as droit à mon respect et à ma reconnaissance. Demande-moi ce que tu veux, je te le donnerai.

 

DiogÈne

Alors, ôte-toi de mon soleil !

 

Alexandre en a la parole coupée. Il accuse le coup, sans n’en rien laisser paraître. Il s’écarte un peu pour que son ombre ne soit plus portée sur Diogène puis, s’étant ressaisi :

 

Alexandre

Je te trouve bien hardi, Diogène de Sinope !

 

 

DiogÈne

Où vois-tu de la hardiesse, Alexandre de Macédoine, je n’ai fait que te répondre et, d’un pas de côté, tu as exaucé mon vœu et tenu ta parole : tu ne me fais plus d’ombre. Merci pour cela.

 

Alexandre

Je ne te fais plus d’ombre… Dis-moi, Diogène, parlerais-tu au figuré ? Que dois-je comprendre : que je faisais écran entre ton vieux corps et l’astre du jour ou que ma gloire obscurcissait la tienne ? Te plaignais-tu d’un manque de lumière ou d’un défaut de célébrité ?

 

DiogÈne

Halte-là, Macédonien ! Diogène ne pratique pas la maïeutique3, il laisse cela à Socrate ; la dialectique4, il la laisse à Platon et à tous ses péripatéticiens qui ont tant devisé en déambulant dans les jardins d’Akadêmos5 ; Aristote, ton maître, fut du nombre. Au temps pas si lointain de ton adolescence, il t’a tout transmis, la métaphysique, la logique, la physique, et tout ce qui se peut élucubrer, c’est-à-dire pas grand-chose. Diogène, lui, te parle sans détours et sans ambages et s’il a dit que tu lui faisais de l’ombre, c’est que tu lui faisais de l’ombre. Rien n’est plus beau que la franchise. Diogène est franc : il exprime clairement la vision précise qu’il porte sur le monde, ce monde qui tourne autour de lui, ce qui n’a pas empêché Platon de clamer que Diogène était un « Socrate en délire ». En délire ? Je veux bien... mais Socrate ! La belle injure !

 

Alexandre

Alors, Sinopien6, si le monde tourne autour de toi, tu dois savoir que je viens d’être élu stratège et que tous les grands dignitaires du Péloponnèse sont venus m’en féliciter et s’en réjouir. Tous, sauf toi, Diogène ! Aurais-tu peur de moi ?

 

DiogÈne

Peur ? Qu’es-tu donc, un bien ou un mal ?

 

Alexandre

Un bien, évidemment.

 

DiogÈne

Qui donc pourrait craindre le bien ? C’est, par conséquent, pour d’autres raisons que je t’ai ignoré. Réfléchis, roi de Macédoine, ai-je l’air d’un dignitaire ? Et quand bien même je troquerais ce vieux chiton7, déchiré et troué, contre une exomide8 décente, crois-tu que je pourrais abandonner ma jarre, ma lanterne, mon bâton et mon baluchon pour me joindre à cet aréopage de parvenus, de prétentieux et d’envieux, ceux-là même que je vois derrière toi, qui ricanent sottement à chaque fois que j’ouvre la bouche, et qui n’ont rien d’autre en tête que l’obsession de s’enrichir et de recevoir des honneurs en te flattant, en t’abreuvant de bonnes paroles. Voilà bien tout ce que je hais, tout ce que j’exècre, tout ce que je fuis. La richesse, c’est la vomissure de la fortune. Les honneurs, je n’en ai cure, hormis celui d’être Citoyen du monde. Retourne donc dans ton palais avec tes courtisans, moi je reste allongé au soleil et profite encore de sa chaleur : elle est un bienfait pour mes vieux os de soixante-dix-sept ans et ne me coûte rien. Quand la fraîcheur se fera sentir, je prendrai ma lanterne et, à nouveau, j’irai par les rues et ruelles de Corinthe à la recherche d’un Homme car je n’en ai toujours pas trouvé. À te revoir, roi de Macédoine !

 

Alexandre

À te revoir, vieux sage, dans dix ans peut-être, quand de ce monde qui tourne autour de toi, ce monde dont tu t’enorgueillis d’être citoyen, je serai devenu le maître.

 

DiogÈne

Tu ne seras jamais le mien : je suis un homme libre ! Nous nous reverrons malgré tout car le temps finira par nous réunir : j’en ai eu la prémonition9.

 

Songeur, Alexandre s’éloigne avec toute sa suite. Courtisanes et courtisans continuent de ricaner en évoquant le philosophe-clochard : ils se moquent de son allure de vieux sage excentrique et, contrefaisant sa voix, ils répètent ses paroles sans les avoir comprises. Alors, le roi leur donne l’ordre de se taire et leur fait cette confidence : « Si je n’étais Alexandre, je voudrais être Diogène. »

 

(1) Cynique, du grec kunikos, « qui appartient aux chiens », de kuôn, « chien », les adeptes de cette école affectant de vivre comme des chiens.

(2) Cranium, nom d’un gymnase et d’un bois de cyprès situés, à Corinthe, sur une hauteur en forme de crâne.

(3) Maïeutique, art d’accoucher (les esprits), spécificité de l’enseignement socratique qui s’efforce, par une interrogation bien conduite, d’amener le disciple à prendre conscience, faire émerger, voire exprimer des connaissances qu’il croyait enfouies (du grec maieutikê, « art de faire accoucher »).

(4) Dialectique, art de la discussion ou méthode de raisonnement visant à faire éclore la vérité au moyen de questions et réponses.

(5) Akadêmos, Riche citoyen grec. Il possédait près de Colone, au nord-ouest d’Athènes, des jardins où Platon réunit ses disciples et installa sa propre école. D’Akadêmos est issu le mot « académie » qui a d’abord désigné l’école de Platon, fondée en 387 av. J.-C.

(6) Sinopien, natif de Sinope. En l’occurrence, le Sinopien désigne, bien sûr, Diogène. Située au bord de la mer Noire, Sinope appartient aujourd’hui à la Turquie (Sinop).

(7) Chiton, tunique de laine ou de lin, plissée, cintrée à la taille, portée avec ou sans ceinture.

(8) Exomide, tunique courte portée dans la Grèce antique par les soldats, les ouvriers et les esclaves.

(9) En effet, Alexandre le Grand et Diogène le Cynique sont morts la même année, en 323 av. J.-C. et, selon la tradition, le même jour, Alexandre à 33 ans, Diogène à 89 ans.

 

 

 

 

3

Scipion et Caton l’ancien

           

La deuxième guerre punique1 fait rage depuis quatorze ans. Elle oppose Rome à Carthage, les deux cités se disputant la suprématie en Méditerranée occidentale. Après avoir pris Sagonte en Hispanie (Saguntum), en - 219), traversé la péninsule ibérique, le sud de la Gaule, franchi les Alpes avec les dizaines de milliers d’hommes et les trente-sept éléphants qui composent son armée, conclu des alliances avec des tribus gauloises et italiennes, remporté plusieurs victoires en Italie - dont celles, décisives, du lac de Trasimène, au nord, et de Cannes (Cannæ, aujourd’hui Canne della Battaglia) au sud-est - Hannibal Barca est arrivé aux portes de Rome. Il y piétine pendant des années, attendant les renforts que son frère, Hasdrubal Barca, doit lui apporter.

Pendant ce temps, évitant tactiquement la confrontation directe avec l’armée d’Hannibal, les Romains entreprennent une reconquête de l’Italie sous le commandement de Marcus Claudius Marcellus (reprise de Syracuse et de Capoue) et de Fabius Maximus Cunctator (reprise de Tarente en - 209). Une reconquête de l’Hispanie est également engagée (reprise de Sagonte en - 212) sous la conduite de Publius Cornelius Scipion et de son frère Gnaeus Cornelius. Les deux chefs carthaginois étant tués en - 211, l’un à la bataille du Baetis, l’autre à celle d’Ilorci, Publius Cornelius Scipion fils, futur Scipion l’Africain, juste nommé proconsul d’Hispanie, décide de poursuivre l’entreprise. Il reprend Carthago Nova (l’actuelle Carthagène, - 209) et poursuit Hasdrubal Barca qui tente de rallier l’Italie pour prêter main forte à son frère. Scipion affronte Hasdrubal à la bataille de Baecula en - 208. Hasdrubal parvient à s’en soustraire mais il est tué l’année suivante en Italie, à la bataille du Métaure.

Très affecté par la mort d’Hasdrubal, Hannibal se retire quelque temps en Calabre. Scipion continue alors de réduire les forces carthaginoises en Hispanie ; en - 206, sa victoire à Ilipa permet aux forces romaines de contrôler toute la Bétique (l’actuelle Andalousie). La même année, Scipion obtient l’alliance et le soutien de Massinissa, premier roi de la Numidie unifiée, royaume berbère d’Afrique du Nord (partie de l’actuelle Algérie). Il se rend à Rome où une immense gloire le précède. Le Sénat romain lui refuse pourtant le « triomphe2 » au motif qu’il a remporté ses victoires en tant que proconsul d’Hispanie et non en tant que consul ou prêteur.

Caton l’Ancien a aussi participé activement à la deuxième guerre punique. Il a notamment combattu à la bataille du Métaure. De mœurs irréprochables, il fustige celles de ses concitoyens qu’il juge trop laxistes. Dénonçant l’influence délétère de la civilisation hellénistique, il ne craint pas d’être impopulaire. Il est également célèbre pour son art de l’éloquence. L’avarice, la misogynie, l’autoritarisme complètent son portrait. Après sa carrière militaire, il est entré en politique comme on entre en religion. Il a été nommé questeur3 en - 205. En - 204, Caton se rend à Syracuse où il retrouve Scipion, ce dernier ayant entrepris de pacifier la Sicile. C’est précisément à cette époque que l’on peut situer l’échange qui suit. 

 

Syracuse, 204 av. J.-C.

 

Scipion

Salut à toi, Caton, toi que Mercure, dieu de l’éloquence, a placé sous sa protection4, toi dont la droiture est glorifiée dans toute notre illustre République, à tel point qu’elle te vaut désormais de poursuivre ton cursus honorum5. Rends-toi compte, Caton, voilà trois ans, tu t’es distingué en combattant le Carthaginois à la bataille du Métaure où fut tué l’immonde Hasdrubal ; c’est peut-être même toi qui eus la vaillante idée de lui trancher la tête et de l’aller jeter par devant le campement de son frère, le non moins immonde Hannibal Barca, ce barbare, ce féroce ennemi de Rome. Puis, tu es entré en politique : de plébéien tu t’étais déjà hissé au tribunat et te voilà désormais questeur avec le pouvoir de gérer les deniers publics et l’insigne honneur d’entrer au Sénat où tu ne manqueras pas de convaincre par tes dons oratoires. En vérité, Caton, je te le dis et le prédis : tu ne tarderas guère à être nommé prêteur, puis consul, puis censeur. Jusqu’où ta bonne fortune te mènera-t-elle ?

 

Caton

Trêve de flagorneries, Publius Cornelius, je n’ai de mérite que celui que ma rectitude me permet. Je te rends ton salut et, à mon tour, te congratule pour ta récente accession à la dignité de consul ; je te félicite aussi pour tes succès guerriers : à Carthago Nova, à Baecula, à Ilipa, tu as su vaincre les Carthaginois, mais tu n’as pas vaincu Carthage : elle est affaiblie mais non encore soumise et notre ennemi juré fera peser sur Rome une menace effroyable tant qu’il sera en vie. Il faut mettre Hannibal à genoux, il faut détruire Carthage4 !

 

Scipion

Voilà de bien belles paroles, Caton, mais pour l’heure, le consul que je suis doit remettre un peu d’ordre à Syracuse où Romains et Grecs se querellent. Après, peut-être m’intéresserai-je de nouveau au sort d’Hannibal Barca dont on dit qu’il se morfond dans le Bruttium6 depuis la mort d’Hasdrubal, son frère. Pour le vaincre et réduire Carthage à néant, j’ai élaboré mon plan, j’ai conçu ma stratégie... mais dis-moi, Caton, n’es-tu pas de ceux qui, au Sénat, m’ont refusé le triomphe ?

 

Caton

Je n’en avais pas le pouvoir, je n’étais que tribun quand, il y a deux ans, tu es rentré à Rome, auréolé de gloire.

 

Scipion

Tu dis vrai, je venais de remporter la victoire à Ilipa sur l’autre Hasdrubal, Gisco, vengeant ainsi mon père et mon oncle que Gisco avait tués à la bataille du Bétis7. Par cette victoire d’Ilipa, j’ai permis à Rome d’avoir mainmise sur toute la Bétique7, c’est-à-dire sur une grande partie de l’Hispanie. Il faut aussi faire grand cas de cette autre victoire, pacifique celle-ci, mon alliance avec Massinissa et le soutien de la Numidie8, son royaume, ce pays du septentrion d’Afrique, si proche de Carthage. Ne méritais-je pas alors de défiler dans Rome à la tête de toute mon armée ? N’avais-je pas au moins mérité de marcher jusqu’au Capitole, ceint de la couronne de myrte et vêtu de la toge prétexte9, au son des voix et des instruments. À défaut de triomphe, j’aurais su me satisfaire de l’ovation. Caius Claudius Nero l’a bien reçue, lui, pour avoir tué Hasdrubal Barca au Métaure. Je trouve notre République romaine bien injuste, pour ne pas dire ingrate.

 

Caton

Tu te trompes, Publius Cornelius, il n’y a là ni ingratitude ni injustice mais seulement l’application objective de la loi qui réserve ces récompenses aux généraux investis de la charge de prêteur ou de consul. Qui plus est, cela est sage. Multiplier ovations et triomphes reviendrait à les banaliser et ne serait guère économique. Le législateur a eu raison. La loi est dure mais c’est la loi.

 

Scipion

Je te reconnais bien là, Caton, fidèle serviteur de notre République. Tu soutiens la justice et le bien public contre toute forme de malversation, tu combats la corruption et tu veilles sur le trésor de Rome comme si c’était le tien.

 

Caton

Et je dois sans cesse me tenir sur le qui-vive car les mœurs corrompues de la Grèce menacent de porter atteinte aux vertus traditionnelles qui ont fait la puissance de Rome. Ne vois-tu pas Scipion que les citoyens romains sont de plus en plus gagnés par la veulerie et qu’ils se laissent gouverner par leurs femmes ? Si nous n’y prenons pas garde, c’est une assemblée de femmes qui dirigera la cité, une assemblée semblable à celle qu’imagina le poète comique grec Aristophane. Rome vit désormais sans la moindre pudeur. Rome se vautre dans le stupre, la luxure et le luxe, les nobles et riches familles romaines gouvernent et dépensent tandis que la plèbe vertueuse est exclue du pouvoir. La République aussi s’appauvrit à force de financer cette interminable guerre contre Carthage. Voilà plus de quinze ans qu’elle dure. L’armée d’Hannibal a épuisé nos denrées agricoles. Notre armée, qui a dû être reconstituée après La Trébie, Trasimène, Cannes, le Bétis et d’autres, nous coûte de colossales fortunes : ce sont des dizaines de milliers d’hommes qu’il faut nourrir, loger, équiper et armer ; les armements sont efficaces, ingénieux mais dispendieux. D’ailleurs, tu réclames toujours de nouvelles armes alors que les vieilles pourraient encore servir. Depuis Sagonte, bien des batailles nous ont opposés aux Carthaginois. Tant de batailles, défaites ou victoires, ruinent notre République et tes exigences, Scipion, sont plus grandes à chacune d’elles. Est-il donc impossible de faire la guerre avec épargne ?

 

Scipion

Je compte les victoires plutôt que l’argent. Comment peux-tu vouloir que Carthage soit détruite sans en payer le prix ? Avant de détruire Carthage, nous devons affaiblir les Carthaginois. Carthage seule vaut mieux que cent villages mais chaque village détruit rend plus vulnérable la grande cité punique. Sois donc plus conséquent, Caton ! Tu veux voir Carthage rasée mais Carthage est sur le continent d’Afrique, à l’orient du pays numide devenu notre allié grâce à moi... il faut donc porter la guerre en Afrique : j’y suis prêt mais il me faut trente-quatre mille légionnaires, trois mille cavaliers, cinquante navires de guerre et quatre cents navires de transport. Je te prie, cher Caton, de porter ma demande au Sénat.

 

Caton

Publius Cornelius, je le ferai car tel est mon devoir, mais te dire la vérité l’est aussi : je ne soutiendrai pas ta demande, elle est déraisonnable. Va combattre le Carthaginois sur son continent, mes vœux t’y accompagnent mais, je t’en conjure, dans les batailles que tu n’auras pu éviter, remporte la victoire mais à bas coût.

 

Deux ans plus tard, Hannibal et l’armée carthaginoise seront définitivement vaincus à la bataille de Zama. La deuxième guerre punique y trouvera son dénouement et Scipion y gagnera son qualificatif d’«Africain ». En - 195, Hannibal s’exilera en Asie, Carthage sera détruite en - 146 à l’issue d’un siège de trois ans qui marquera aussi la fin de la troisième et dernière guerre punique. Victorieuse, Rome pourra, sans rivale, étendre son empire dans toute la Méditerranée.

 

(1) Punique, qui concerne Carthage avant qu’elle ne soit détruite en – 146. Pendant les trois guerres puniques, Carthage et Rome se sont disputé la domination de la Méditerranée occidentale.

(2) Triomphe, cérémonie organisée dans la Rome antique en l’honneur d’un général victorieux, détenteur du titre de consul ou de prêteur. Octroyé par le Sénat, le triomphe permettait à ce vainqueur de défiler dans Rome à la tête de son armée.

(3) Questeur, gardien du Trésor public dans la République romaine.

(4) L’éloquence de Caton était, selon Plutarque, « à la fois agréable et forte, douce et véhémente, plaisante et austère, sentencieuse et propre à la lutte. » Au cours de la deuxième guerre punique, Caton avait l’habitude de terminer chacun de ses discours par la formule Delenda Carthago !, « Il faut détruire Carthage ! »

(5) Cursus honorum, « parcours des honneurs », ordre dans lequel on accédait successivement aux titres de la magistrature romaine dans la Rome antique : questeur (âge minimal requis : 27 ans), édile curule ou tribun (à 30 ans), prêteur (à 33 ans), consul (à 36 ans).

(6) Bruttium : correspondait approximativement à la Calabre actuelle.

(7) Bétique : actuelle Andalousie. Cette province romaine était traversée par le Bétis, ancien nom du Guadalquivir.

(8) Numidie : ancienne région du nord de l’Afrique correspondant à une partie de l’actuelle Algérie.

(9) Toge prétexte, toge blanche bordée d’une bande pourpre (le latin pretexere signifie « border »). À Rome, elle était portée par les jeunes patriciens jusqu’à l’âge de seize ans. Certains hauts dignitaires portaient une toge semblable.

 

4

CÉSAR et vercingÉTorix

 

À l’issue d’un conflit d’environ six ans et d’un siège de plus de deux mois, après une ultime tentative de disperser, à l’aide de sa cavalerie, les légions romaines qui encerclent la ville, Vercingétorix, chef des Arvernes et d’une coalition de plusieurs autres peuples gaulois, décide de se soumettre au proconsul romain, le généralissime Jules César (Caius Iulius Caesar), faisant ainsi allégeance à Rome.

Cette reddition de Vercingétorix nous est rapportée par des auteurs anciens1 dont César lui-même, succinctement, dans ses Commentaires sur la guerre des Gaules (VII, 89).

Devant son conseil où siègent les chefs des nombreux peuples représentés dans Alésia, Vercingétorix s’est peut-être exprimé en ces termes :

 

Alésia, septembre – 52

 

« Frères, vous le savez, je me suis engagé dans cette guerre, non pas pour ma propre défense, ni pour protéger vos intérêts, mais pour une cause cent fois vingt2 plus vertueuse : sauvegarder notre liberté commune. J’ai échoué. J’ai mené trop de valeureux compagnons à une mort inutile ! Par Taranis3, je dois maintenant apaiser les Romains tout en expiant ma faute : tuez-moi et portez mon cadavre à César ou livrez-moi vivant. Je me soumettrai alors moi-même au Romain qui décidera de mon sort. Quelle que soit votre décision, mon sacrifice sauvera votre communauté. Que choisissez-vous ? »

 

Des délégués sont envoyés à César. Apprenant la décision du conseil gaulois, il ordonne :

 

« Que l’on m’amène les chefs et que l’on m’apporte les armes ! »

 

Sur la « livraison » des chefs et des armes, aucune précision n’est donnée. Dire que les armes furent « jetées » aux pieds de César, c’est accepter l’idée d’une inimaginable quantité d’épées, de lances, de boucliers, etc., amoncelée devant le tribunal : n’oublions pas que César parle de quatre-vingt mille hommes rassemblés dans Alésia. Quant aux chefs, ils sont aussi forcément nombreux, compte tenu de l’interminable liste de peuples coalisés autour de Vercingétorix dans la cité assiégée (Commentaires sur la guerre des Gaules, VII, 75). Deux des quatre chefs de l’armée de secours ne pouvaient toutefois être du nombre ; en effet, Commios4 continua sa lutte contre Rome après le siège d’Alésia, Vercassivellaunos5, cousin de Vercingétorix, fut fait prisonnier lors de l’attaque surprise lancée par l’armée de secours, quant à Éporédorix6 et Viridomaros7, on ne sait guère ce qu’ils sont devenus après la révolte de - 52.

 

 En tout cas, on le comprend implicitement, César accepte que Vercingétorix devienne une victime expiatoire dont la reddition, pour ne pas dire l’oblation, est ritualisée en une sorte de cérémonial. Monté sur son cheval de bataille superbement harnaché, le chef arverne, ayant lui-même revêtu sa plus belle armure décorée de ses plus belles phalères, paraît, selon Dion Cassius, « fort grand et terrible à voir ». Il lance son cheval au galop et fait trois fois le tour du tribunal où César s’est installé, devant le camp romain. Puis, faisant face au proconsul, il descend de cheval, arrache ses phalères et ses armes qu’il jette à terre, tombe à genoux. Enfin, bras tendus et paumes tournées vers le ciel, dans l’attitude du suppliant, il dit :

 

« Ave, César ! Tu as vaincu, ô toi le plus valeureux des hommes, un homme de grande valeur ! Accorde-lui ton pardon car il ne fut pas toujours ton ennemi8.

- Ave, toi que l’on nomme Roi-suprême-des-guerriers9. Aurais-tu perdu tout honneur ? Honte à toi ! Comment oses-tu me supplier ainsi, toi qui as jadis rompu notre amitié ? Tu l’as transformée en hostilité et tu prétends maintenant obtenir ma clémence !

- La clémence n’est-elle pas le privilège des princes ?

- Et c’est par ma clémence que tes semblables ont eu la vie sauve. À Rome, ils seront nos esclaves. Quant à toi, Ver-cingeto-rix - ou devrais-je désormais t’appeler Ruccorix10 ? -, je t’emmène à Rome ; lors de mon triomphe curule, enchaîné à demi nu sur un chariot, tu seras le plus attrayant trophée de mon cortège. J’ai grande hâte d’ainsi t’exhiber sur la Voie Sacrée, du Champ de Mars jusqu’au Capitole.

 

 Il en sera ainsi. En - 46, à l’issue du triomphe de Jules César et après six ans de captivité dans un cachot du sinistre Tullianum, Vercingétorix sera mis à mort, probablement égorgé. Nommé dictateur perpétuel, César disposera d’un pouvoir absolu. Il mourra en - 44 au Sénat, assassiné par un groupe de sénateurs conjurés. La Gaule, unifiée, administrée par Rome, deviendra progressivement romaine et ceux que César avait appelés « Gaulois » deviendront des « Gallo-romains ». 

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(1) En dehors du texte de César (Commentarii de Bello Gallico), aucun témoignage direct ne nous est parvenu sur cette rencontre, essentielle parce que décisive sur le cours de l’Histoire ; nous possédons cependant quatre autres récits sur la reddition de Vercingétorix ; celui de Paulus Orosus, prêtre et apologiste du Ve siècle et les écrits de trois historiens latins, Plutarque (v.46- v.125), Florus (v.70-v.140) et Dion Cassius (155-235). Tous ces écrits ont été critiqués par Camille Jullian en 1901 dans les « Notes gallo-romaines » de la Revue des Études anciennes, d’où il ressort que, loin de s’opposer ou de se contredire, ces récits se complètent et que leurs auteurs ont dû paraphraser un texte de Tite-Live (- 59-17), texte aujourd’hui disparu.

(2) Cent fois vingt, plutôt que deux mille ; on sait en effet que les Gaulois comptaient par vingtaines (système vigésimal ou vicésimal), système qui fut utilisé jusqu’au Moyen Âge (d’où, à Paris, l’hôpital des Quinze-vingts, fondé par saint Louis) et dont les nombres soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt-dix sont des vestiges.

(3) Taranis, dieu du Tonnerre et de la Guerre dans la mythologie celtique.

(4) Commios, chef gaulois des Atrébates, participe au commandement de l’armée de secours en - 52. Il a régné en Gaule Belgique et en Bretagne (Grande-Bretagne). Il a été l’allié de Jules César avant d’être son ennemi.

(5) Vercassivellaunos, aristocrate gaulois du peuple des Arvernes, cousin de Vercingétorix ; il fut l’un des quatre commandants de l’armée de secours pour Alésia.

(6) Éporédorix, chef éduen. Son nom signifie « roi (rix) des courses (redo) à cheval (epo) ». Il participe au siège de Gergovie dans la cavalerie de César avant de se rallier à Vercingétorix en même temps que Viridomaros. L’alliance des peuples de Gaule se fait à Bibracte (actuel mont Beuvray), capitale des Éduens. Éporédorix participe au commandement de l’armée de secours pour Alésia. Après la défaite d’Alésia, la capitale des Éduens sera transférée à Augustodunum (actuellement Autun).

(7) Viridomaros, notable éduen concitoyen d’Éporédorix qu’il accompagne dans sa trahison de César en faveur de Vercingétorix après le siège de Gergovie. Il est l’un des quatre dirigeants de l’armée de secours pour Alésia. Le gaulois uirido semble pouvoir signifier « courage » ou « loyauté », uiridomaros voulant alors dire « le Très Loyal ».

(8) Selon Camille Jullian qui intitule le sixième chapitre de son Vercingétorix, « Vercingétorix, ami de César », César lui-même aurait donné ce titre au chef arverne : « Il crut se le concilier en lui attribuant ce titre d’« ami » ; peut-être même lui fit-il, comme à Dumnorix, la vague promesse d’une royauté sur son peuple. » Cela aurait eu lieu en - 57.

(9) Roi-suprême-des-guerriers, c’est la traduction du gaulois Ver-cingeto-rix : ver, « sur, super » donc « suprême » / cingeto, « qui avance », donc, « héros, guerrier » et rix, « roi ».

(10) Ruccorix, néologisme formé sur les mots gaulois rucco, « honte, rougeur » et rix,  « roi ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

MOYEN ÂGE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

5

 

CLOVIS 1er et la REINE CLOTILDE

 

Nous sommes en l’an 494, dans l’une des nombreuses résidences royales - peut-être Chelles où Clotilde choisira de se retirer à la mort de Clovis et où elle fondera...

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