Les parasites sont parmi nous

Victime des intempéries, un car de touristes se retrouve bloqué dans un village ; les passagers sont hébergés chez l’habitant. C’est ainsi que la mère Guezec voit débarquer chez elle, un couple de snobs, un grand timide maladroit, une pleurnicheuse, une loubarde sans gène et même… un touriste japonais. Toutes ces personnes au comportement si différent se voient contraintes de cohabiter. Rapidement les conflits et la pagaille s’installent au grand désespoir de la mère Guezec qui se demande comment réagir lorsque “les parasites sont parmi nous”. Heureusement elle trouvera des alliés inattendus qui l’aideront à remettre de l’ordre dans la maison. Les situations comiques et les gags se succèdent dans cette pièce écrite dans un langage très actuel.

ACTE I

Jeanne, dans la salle, son tablier empli de grain, elle le jette par poignées dans le public.

Jeanne - Petits, petits, petits, piou, piou, piou. Allez, vous pouvez manger, vous ne savez pas qui vous mangera, piou, piou, piou. Tiens j’en vois quelques-unes qui seraient déjà bonnes à plumer… Oh, va être temps que j’te fasse le tri là-dedans, piou, piou, piou, d’autant que j’ai l’impression qu’il y a bien trop d’coqs dans cette basse cour.

La mère (voix off) - Jeanne ! Mais qu’est-ce que tu fiches il faut pas trois heures pour nourrir la volaille ! Arrête de les gaver, ils sont bien assez gras.

Jeanne (se baissant entre les spectateur) - Voilà, voilà j’arrive… toujours rien, c’est pas croyable… même pas la queue d’un.

La mère - Mais qu’est-ce que tu fais à la fin ?

Jeanne - Je cherche les œufs. (Bruits de tonnerre.) Calmez-vous la volaille, c’est juste le tonnerre qui gronde. Oh celui-là n’a pas dû tomber loin, nom de d’là, j’aime pas ça, vous non plus mes poulettes, c’est pas un temps à mettre une patte dehors, c’est moi qui vous le dis.

La mère - Jeanne !

Jeanne - J’arrive !

(Elle séclipse en coulisses, le rideau souvre dévoilant un intérieur de ferme. La mère est assise à une table, elle épluche des légumes.)

La mère - T’as entendu la musique ? Il y a du feu d’artifice dans l’air, va donc chercher la lampe à pétrole, on ne sait jamais.

(Arrivée de Jeanne.)

Jeanne - Quel temps de chien, c’est ça qui indispose les poules…pas une seule ponte… tu te rends compte.

La mère - Qu’est-ce que tu racontes, un orage n’a jamais empêché une poule de pondre.

Jeanne - Ben si ! Le stress qu’on appelle ça… la poule, du coup, elle est tellement angoissée qu’elle ne fait plus rien, elle se met la tête sous l’aile et elle ne bouge plus !

La mère - Moi à mon avis, ce sont plutôt tes coqs qui ne bougent plus…

JeanneMais je suis sérieuse la mère, à la ville c’est pareil, il parait qu’ils connaissent bien le phénomène, un surcroît d’activité associé à des événements inhabituels, ça suffit pour vous donner le stress.

La mère - Et c’est pour cela qu’à la ville ils ne pondent plus ? Tu prends ta mère pour une imbécile ?

Jeanne - Je n’ai pas dit cela.

La mère - Qu’est-ce que tu m’embrouilles alors avec tes gens de la ville.

Jeanne - C’était pour t’expliquer…

(On entend le tonnerre.)

La mère - Eh bien moi, je vais t’expliquer que t’as intérêt à fermer les volets parce que si le vent se prend dedans, c’est plus une maison qu on aura, c est un avion.

Jeanne - Tu exagères, elle ne va pas s’envoler.

La mère - Tu me tiens tête à nouveau, puisque je te le dis, allez va sans discuter. C’est incroyable, faut toujours que ça pinaille pour un oui pour un non.

Jeanne - Je pinaille pas, je cherche à te faire comprendre…

La mère - Elle recommence, ma pauvre fille, ton père serait encore là à c’t’heure, jamais t’oserais le quart de la moitié de c’que tu fais maintenant.

Jeanne - Ah c’est sûr qu’il a bon dos l’père, mal d’après mes souvenirs, je pense au contraire qu’il était doux comme un agneau et conciliant comme c’est pas possible. (Elle réfléchit.) Je suis sure qu’il était comme ça, ce qui explique mon sens du compromis.

La mère - Va fermer les volets que j’te dis.

Jeanne - J ’y cours maman chérie.

La mère - M’appelle pas comme ça hypocrite.

Jeanne - J’y cours la mère.

La mère - Ah quelle engeance, ça ne sait rien et ça a des réponses sur tout, moi d’mon temps… Enfin…

(Elle continue à éplucher ses légumes, dans la salle, arrive un groupe de personnes, le Maire en tête, un membre du groupe prend sans cesse le public en photo, tous portent sacs et valises.)

Le maire - Y a quelqu’un ? Madame Guezec ! Madame Guezec ! C’est moi, le Maire.

La mère - Je rêve ou j’entends des voix ? (Elle sapproche en devant de scène.) Tiens v’là aut’ chose !… Qu’est-ce que vous faites dans mon poulailler ?

Le maire - Ne vous offusquez pas Mme Guezec, et pardonnez notre intrusion, mais il y a comme qui dirait cas de force majeure.

La mère - Je veux rien savoir, c’est pas une heure de chrétien pour débarquer ainsi. Revenez quand il fera jour.

Le maire - Je vous dis qu’il y a urgence.

La mère - La seule urgence qui vaille c’est de déguerpir d’ici le plus vite possible et qu’ça saute.

Le maire - Mais enfin Mme Guezec, vous parlez au premier citoyen de la commune, je suis votre Maire.

La mère - y’a qu’une seule mère ici, c’est la mère Guezec ! Du balai que j’vous dis.

Le maire - Mme Guezec, je suis ici en qualité d’officier de police, comme le prévoit mon mandat, aussi vous m’écouterez.

La mère - Bien plus têtu qu’une mule, va falloir que j’sorte la fourche pour me faire entendre ?

(Arrivée de Jeanne.)

Jeanne - La mère, calme-toi !

Le maire - Pardon ! ?

Jeanne - J’ai dit : La mère !

Le maire - Ah bon !

La mère - Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi, celui qui me commandera dans ma maison n’est pas encore né !

Jeanne - Personne y est encore rentré dans ta maison, tu cries avant d’avoir mal. Prends donc le temps de l’écouter, ça ne t’engage pas.

La mère (sadressant au Maire) - Qu’est-ce qu’elle veut la commune ?

Le maire - Je suis, chère Mme Guezec, ravi de vous voir revenu à de meilleures dispositions. La commune est une grande famille dont nous sommes tous les enfants. Nous partageons bien sûr les joies, mais aussi les épreuves, et lorsque nous nous trouvons confrontés au malheur eh bien…

La mère - Aux faits, aux faits… Pas de baratin ni d’entourloupe, qu’est-ce qu’elle veut la commune ?

Le maire - Eh bien voilà, la foudre a frappé à l’entrée du village, à deux cents mètres d’ici. Un grand chêne s’est abattu sur le pont, la route est impraticable.

La mère - Et vous voulez que j’vienne avec mes p’tits bras, vous soulever votre arbre, c’est ça ?

Jeanne - Laisse-le causer, la mère.

Le maire - Avant que la foudre ne s’abatte, un autocar s’apprêtait à franchir le pont, heureusement le drame a pu être évité grâce à la présence d’esprit du chauffeur qui a su freiner à temps. Alors voilà… je ne vais pas vous faire un dessin, on se retrouve avec des passagers sinistrés, cinquante personnes à caser à droite, à gauche. Le village a fait preuve d’un civisme extraordinaire, une chaîne de solidarité s’est tout de suite forgée, et en venant vous voir, je pensais sincèrement que vous en seriez l’un des maillons.

La mère - Moi je dis : Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées

Jeanne - Monsieur le Maire, vous dites que tout le village s’est manifesté ?

Le maire - Dans un grand élan de générosité, oui Mlle Jeanne. La commune peut être fière de ses administrés.

Jeanne - Ainsi nous serions les seules à rester insensibles face au malheur de ces pauvres gens ?

Le maire - Je le crains Mademoiselle.

Jeanne - Et la mère Robic ? Ne me dites pas que la mère Robic…

Le maire - Mais si, mais si, Mme Robic a accepté, de bonne grâce, de prêter, non pas son lit, mais au moins...

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