Textes de théâtre en ligne

L’escampette

Jean-Paul Cantineaux

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Thèmes :
Distribution : · · · ·
Durée : ·

24 décembre, 8h du matin.
Alors qu’un policier en uniforme monte la garde devant la porte, Gisèle, la secrétaire du centre médicosocial du quartier de l’Escampette, arrive au boulot. Elle fait entrer Mouloud, un SDF “sans papier“ afin de la mettre au chaud et à l’abri.
Pendant qu’arrive à son tour Elisabeth Dumesnil, l’assistante sociale, Gisèle s’engueule au téléphone avec Gérard son mari. Ce dernier, officier de police, lui annonce en effet qu’il a reçu pour mission de venir arrêter Mouloud en vue de son expulsion de France.
Tandis qu’une stratégie se met en place pour sauver Mouloud, la journée de travail commence. Les rendez-vous et les visites impromptues se multiplient : Sonia, prostituée sans trottoir, madame Pinglu, cas social très haut en couleurs, madame Villefort, propriétaire acariâtre soudain convertie à la charité, et… Même la mère-Noël !

Avec la complicité de Marie-Aimée, députée amie d’Elisabeth, le stratagème d’évasion se met en place. Pas évident avec une seule issue et un policier devant la porte…
Pourtant, lorsque Gérard (officier de police et mari de Gisèle) débarque pour l’arrestation, flanqué de son collègue Leguennec (flic en uniforme qui gardait la porte) Mouloud s’est envolé.
Gérard démêle les fils de cette évasion mystérieuse au milieu de l’hostilité affichée de tous et en particulier de son épouse Gisèle, qui, de honte, le traite comme un inconnu.
Et ce benêt de Leguennec n’arrange rien !
Mais bon… Veillée de Noël imminente oblige, une issue heureuse clôture bien sûr cette aventure au rythme effréné.

Liste des personnages (10)

ELISABETHFemme • Adulte/Senior • 94 répliques
Mme DUMESNIL Elisabeth – Assistante sociale.
GISELEFemme • Adulte • 61 répliques
GISELE Lebrun – Secrétaire médico-sociale.
JEANNETTEFemme • Adulte/Senior • 51 répliques
JEANNETTE Jeannette – Cas social typique.
Madame VILLEFORTFemme • Adulte/Senior • 67 répliques
Mme VILLEFORT - Propriétaire d’appartements à louer.
MOULOUDHomme • Age indifferent • 7 répliques
MOULOUD Belkacem - Sans papier, recherché pour expulsion du territoire. Personnage central de l'intrigue mais très peu présent (il se cache de la police).
MARCELFemme • Adulte/Senior • 22 répliques
SONIAFemme • Jeune adulte/Adulte • 47 répliques
SONIA : prostituée.
MARIE-AIMEEFemme • Adulte/Senior • 30 répliques
MARIE-AIMEE Sainte-Rose – Députée locale, adjointe municipale à la culture.
GERARDHomme • Adulte • 56 répliques
LEGUENNECHomme • Adulte/Senior • 37 répliques
LEGUENNEC – Agent de police (en uniforme), pas très futé.

Décor (1)

DECOR UNIQUEA gauche de ¾ face, le bureau de l’assistante sociale : Un bureau (ou une table) et 3 chaises. Téléphone, matériel de bureau.Au milieu une paroi (avec porte c’est le luxe) ou un simple paravent (perpendiculaire au bord de la scène). On passe entre le paravent et le fond de scène pour aller du bureau à la salle d’attente.A droite le secrétariat et salle d’attente : Au fond, chaise et bureau de la secrétaire (3/4 face au public), téléphone matériel de bureau. Sur les côtés : 4 ou 5 chaises (ou banc ou canapé) pour les visiteurs. Conseillé : un sapin de Noël décoré… On est le 24 décembre et le Père-Noël vient sur scène.

SCENE 1

Gisèle, Mouloud (sans dialogue), Mme Dumesnil,

Jeannette, Marcel

 

La secrétaire du centre médicosocial, Gisèle Lebrun, ouvre la porte pour prendre son service et fait entrer avec elle, en le soutenant un peu, un homme sdf (Mouloud), visiblement épuisé et alcoolisé qui n’émet que des grognements et des soupirs.

GISELE

Allez, entrez Mouloud. (Elle touche la joue de Mouloud.) Mais vous êtes gelé… Asseyez-vous là sur le banc comme d’habitude … (Elle va derrière son bureau puis revient avec un coussin et une couverture.) Voila, on a toujours votre coussin et votre couverture. Allongez-vous et reposez-vous.

Gisèle allume la guirlande électrique du sapin de Noël puis s’affaire  à son bureau.

Allongé sur un canapé ou sur plusieurs chaises, Mouloud s’endort profondément.

Le téléphone sonne, Gisèle décroche.

Allô, centre médicosocial du quartier de « l’Escampette », bonjour… Qui ça ?... (Tendre.) Ah c’est toi mon chéri !... (Stupéfaite.) Comment ?... Mais comment tu sais ?... Oui, bien sûr qu’il est là… Et je te dis pas dans quel état, il sent l’alcool à plein nez… Mais oui, chéri, je sais que “sans-papier“ c’est illégal de le planquer ici…. Oui, oui… Tu l’as déjà dit !… (Paniquée.) Comment ? Quoi ?.... L’arrêter… Ici ? Ce matin ! Mais qu’est-ce qu’on va faire ?... S’en débarrasser, s’en débarrasser, t’en a de bonnes toi ! Et je le mets où ?... (Révoltée.) Dehors, c’est ça, dehors, la veille de Noël… C’est ça avec le mercure du thermomètre qui donne même plus la température parce qu’il est figé !

Arrivée de madame Dumesnil, assistante sociale. Les deux femmes se saluent par gestes.

T’es bien un flic toi, hein ! … Oui parfaitement, vous ne savez que mettre les gens en dedans des prisons ou en dehors du territoire… Oui, je sais, Gérard, je t’ai épousé… Femme de flic, je sais… Eh ben, crois moi Gérard, je m’en vante pas !

Mme DUMESNIL

Oh la la ! ça barde !

Pendant que Gisèle continue de parler au téléphone, Mme Dumesnil hume l’air ambiant, intriguée par la forte odeur d’alcool et, tel un chien de chasse,  remonte jusqu’à la source et sort une bouteille presque vide dissimulée dans les plis du manteau de Mouloud..

GISELE

Non… Mais non, je préférerais pas que tu sois voyou ou terroriste… Non… Quoi ? Et ben… (Rêveuse.) Si j’avais pu choisir pour toi… Fleuriste, oui femme de fleuriste, ça j’aimerais bien… C’est ça… Mettre une annonce dans le journal pour trouver un fleuriste… (Très énervée.) Ça me changerait au lieu d’avoir à la maison un flic, un poulet, un condé, un keuf et en plus… Une balance !... Oui une balance, qui prévient qu’il va débarquer ici avec son commando pour renvoyer ce pauvre type dans un pays qu’il ne connaît même pas !... Tu sais pas Gérard ?... Et ben je te dis merde, merde et merde !

Elle raccroche violemment.

Mme DUMESNIL

Inquiète

J’ai bien entendu ?

GISELE

Hélas oui. Ils savent que Mouloud vient se réfugier au centre médico-social chaque matin depuis une semaine et ils vont venir le cueillir ici.

Mme DUMESNIL

Quand ?

GISELE

D’après mon flic de mari c’est pour dans une demi-heure tout au plus.

Mme DUMESNIL

Bon réfléchissons... J’ai vu à l’instant devant notre porte un policier (Elle peut ajouter «  en uniforme » si c’est le cas.)

GISELE

Oh c’est  vrai, je l’ai vu en arrivant. Je le connais, c’est l’agent Leguennec… Un échappé avant l’arrivée du peloton !

Mme DUMESNIL

Je ne vois qu’un moyen de sortir de cette situation délicate.

GISELE

Ah ? Lequel ?

Mme DUMESNIL

Le premier rendez-vous est à quelle heure ?

GISELE

8h30 : mademoiselle Zerkinzewski, Kervinzy… Bref, Sonia, vous m’avez comprise.

Mme DUMESNIL

Bien, je m’occupe du cas de Mouloud et si Sonia arrive, tu fais la patienter.

GISELE

Bien et lui, je le réveille ?

Mme DUMESNIL

Non, laisse la dormir, pas la peine de l’avoir paniqué sur le dos. Je vais de ce pas trouver une solution.

Elle va dans son bureau et décroche le téléphone. Sonneries…

Allô… Oui, bonjour … Je voudrais parler à madame Sainte-Rose s’il vous plaît… De la part de son amie Elisabeth Dumesnil, assistante sociale au quartier de « L’Escampette »…. (Attente.) Allô, Marie-Aimée, oui... Si, si bien sûr… Mais ce n’est pas pour ça que je t’appelle…. Tu sais, la situation de ce sans-papier, Mouloud, dont je t’ai parlé hier soir… Oui, c’est ça… Eh bien il est revenu au centre médico-social ce matin et figure toi que la police va venir l’arrêter ici dans moins de trente minutes… Si, trente minutes… Alors j’ai pensé que…

A cet instant le dialogue devient secret, une musique adaptée (Suggestion = “ Mission impossible “) couvre la conversation et l’on voit seulement madame Dumesnil faire des gestes étranges et drôles en l’absence de toute parole.

Ces gestes consistent à mimer brièvement la séance d’habillage de la scène 5.

Puis la musique cesse, la voix de madame Dumesnil revient.

D’accord, tu as bien tout compris ? Tu es formidable, à tout de suite.

La porte s’ouvre et Marcel Pinglu passe la tête.

MARCEL

Off, verbe très haut

Ah, c’est ouvert ! Viens Jeannette.

Marcel entre, le mégot au bec, suivi de da femme, Jeannette.

JEANNETTE

Ah ben tant mieux qu’c’est ouvert parce que vous saurez jamais c’qui nous arrive ! (Brandissant un papier.) Cet enfoiré d’huissier ! Maître Carré, qu’il s’appelle… Huissier de justice ! Ah elle est belle la justice !

Mme DUMESNIL

Gisèle, C’est mademoiselle Kervizki ?

GISELE

Non, madame, c’est Jeannette… Enfin je veux dire madame Pinglu et son mari.

JEANNETTE

Oh vous pouvez m’appeler Jeannette ! Depuis le temps que j’ viens ici ! Et mon Marcel pareil vous pouvez l’appeler Marcel ! Hein Marcel ?

MARCEL

A madame Dumesnil

Si qu’Jeannette elle vous l’dit.

JEANNETTE

Bon, elle est là l’assistante sociale ? Faut qu’on la voit d’urgence !

MARCEL

Ouais, et même plus que d’urgence !

GISELE

Mais c’est qu’elle a déjà des rendez-vous programmés ce matin.

JEANNETTE

Des rendez-vous ! Y-a des gens qu’ont...

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