L’Hôtel de la Bonne Humeur

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À l’hôtel de la Bonne Humeur, propriétaires et clients fidèles sont heureux de se retrouver, lorsque arrive une brochette de clients très particuliers : une acariâtre, un inhibé, un bellâtre et une dépressive. Dès lors, les problèmes vont se multiplier. Face à un tel déferlement, l’hôtel de la Bonne Humeur pourra-t-il continuer à justifier sa réputation ?

ACTE I

 

Sur scène, Nono sur son vélo.

Nono, pédale sur le vélo d’appartement, tout en commentant. – Et le peloton, toujours bien regroupé, aborde le dernier virage avant la ligne d’arrivée… Ça y est ! Le sprint est lancé ! Les coureurs sont au coude-à-coude, gare à la chute ! La lutte est acharnée, plusieurs coureurs se disputent la victoire, mais soudain un homme se détache… Mais oui ! C’est bien lui ! C’est Nono, notre champion préféré, Nono, notre gloire nationale, celui que vous attendiez tous et qui, une fois encore, d’un coup de pédale rageur, arrache la victoire de cette magnifique étape. (Il lève les bras en signe de victoire.) Et c’est sous les applaudissements de la foule en délire que notre champion descend de son vélo… Merci, merci. (Il salue avec un grand sourire.) Nous allons essayer de recueillir ses premières impressions… Nono, s’il vous plaît… Quelques mots pour nos téléspectateurs… (Faisant semblant de tenir un micro.) Où qu’elle est la caméra ? (Fixant le public.) Ah ! elle est là ! Ben voilà… Je suis content d’avoir gagné… Au départ, voilà, mon entraîneur m’avait dit : « essaie de faire le maximum », alors voilà, j’ai fait le maximum… Il m’avait dit aussi : « Si tu veux arriver premier, il faudra leur passer devant », alors voilà, j’ai appliqué ses conseils et quand je suis passé devant, j’ai vu que, voilà, du coup, je n’étais plus derrière… (Venant de la chambre, arrivée de Florence. Elle reste sur le seuil à écouter Nono.) D’autres projets, Nono ?… Ben oui… Le Tour n’est pas fini, il y a encore pas mal de coups de pédale à donner avant l’arrivée finale, il ne faut surtout pas oublier que plus on pédale moins fort et moins on avance plus vite. (Il aperçoit Florence qui a ôté les fleurs d’un vase et se dirige vers lui.) Mais c’est à présent l’heure de la remise des récompenses et la remise du bouquet, décerné par Miss Cassoulet que nous applaudissons bien fort. (Il applaudit. Elle lui remet le bouquet et ils s’embrassent.)

Florence. – Ah bon ? Je suis Miss Cassoulet, à présent ? La semaine dernière j’étais Miss Couscous, maintenant c’est Cassoulet.

Nono. – Pourquoi ? Ça ne te plaît pas ? Si tu veux, la prochaine fois, tu seras Miss Andouille.

Florence. – Non… Vois-tu, j’aime autant le cassoulet… Dis donc, champion, il serait peut-être temps de passer aux choses sérieuses parce qu’il y a du boulot qui t’attend.

Nono. – Pourquoi ? Le vélo, ce n’est pas sérieux ?

Florence. – Non, je n’ai pas voulu dire cela.

Nono. – Aucun respect pour les sportifs. (Il boude.)

Florence. – Ne commence pas à faire le boudin, Miss Cassoulet n’aime pas ça. À l’hôtel de la Bonne Humeur, on ne fait pas la gueule, d’accord ?

Nono. – Bon… ben d’accord. On ne fait pas la gueule. Un bisou ! (Elle lui fait un bisou, il lui tend les fleurs.) Tiens, c’est pour toi.

Florence. – Merci, c’est gentil. (Elle remet le bouquet dans le vase.) Tu sais, Nono, si en plus de ne pas faire la gueule tu pouvais nous faire sentir autre chose que de la sueur de sportif, ce serait parfait ! Alors, je compte sur toi pour aller faire un tour à la douche.

Nono. – Oh non ! Je me suis déjà lavé ce matin.

Florence. – Oui mais, depuis, tu as transpiré. Allez ! On ne discute pas et on y va ! Tu ne voudrais tout de même pas faire fuir les clients ? Tu sais, c’est important la propreté, surtout dans un hôtel. Retiens bien cela, Nono : si tu es propre, les clients te font confiance. Tu sais pourquoi ? Parce qu’ils te savent honnête, ils le savent et nous aussi, nous le savons, alors prends-le. (Elle attrape une savonnette derrière le comptoir.) Et va te laver, mon garçon ! Et sèche-toi bien les cheveux pour ne pas attraper la crève.

Nono, s’apprête à sortir puis revient sur ses pas. – Dis-moi, Florence… Est-ce que tu sais pourquoi, quand il fait un froid de canard, on a la chair de poule ?

Florence. – File avant que je te vole dans les plumes !

Entrée de Didier, venant de l’office. Il porte un plateau de cocktails qu’il déposera sur le comptoir.

Didier. – Eh bien, eh bien, que se passe-t-il ici ? On ne vole dans les plumes de personne, la chasse est fermée.

Florence. – Ne t’inquiète pas, mon chéri ! C’est pour rire. Je voulais juste inciter Nono à passer à la douche avant l’arrivée des premiers clients.

Didier. – Oui, d’autant qu’ils ne devraient pas tarder. J’ai préparé les cocktails de bienvenue.

Nono. – Hum ! Ça a l’air bon ! Je peux goûter ?

Didier. – Pas touche Minouche ! C’est pour les clients. Toi, tu n’es pas client, Nono.

Nono. – Et qu’est-ce qu’il faut pour être client ?

Didier. – Il faut prendre une chambre.

Nono. – Alors, je vais prendre une chambre comme ça je serai client et je pourrai boire un verre.

Didier. – Tu ne peux pas prendre une chambre puisque t’as déjà une chambre ici.

Nono. – J’ai déjà une chambre ?

Didier. – Oui. Ne fais pas l’innocent, tu sais bien que tu as une chambre.

Nono. – Alors si j’ai une chambre, je peux boire un verre.

Didier. – T’as une chambre mais tu n’es pas client.

Nono. – Pourtant, Didier, tout à l’heure, t’as dit qu’il fallait une chambre pour être client, et moi j’ai une chambre.

Didier. – Puisque je te dis… Florence, peux-tu dire à ton frère…

Florence, à Didier. – Laisse-le boire un coup, sinon on y sera encore demain.

Didier, tendant un verre à Nono. – O.K… Tiens, tu peux boire à ma santé. À la tienne, mon beauf ! (Tout en parlant, il arrange un ou deux coussins, vérifie que tout est en ordre puis va vers le coin détente sportive. Il remet le vélo en place puis s’empare de deux haltères pour les ranger.)

Nono. – Tu ne trinques pas avec moi ? Allez, Didier ! Viens boire un coup !

Didier. – Je n’ai pas soif et puis, tu le vois bien, je suis déjà dans le rayon des haltères.

Nono, à Florence. – Qu’est-ce qu’il dit ?

Florence. – Ne cherche pas, ça te ferait mal à la tête. Va plutôt te décrasser !

Didier. – Nono ! Exceptionnellement, je te prête mon eau de toilette.

Nono. – C’est vrai ?

Didier. – Il faut bien faire honneur à nos premiers clients.

Nono. – Merci Didier !

Il sort.

Florence. – Tu as vu, mon chéri ? Tu viens de faire un heureux pour la journée.

Didier. – Pourvu que ce ne soit pas le dernier !

Florence. – Il faut le souhaiter… J’ai hâte de retrouver les clients. Pas toi ?

Didier. – Bien sûr !

Florence. – Certains sont des habitués et nous ferons la connaissance des nouveaux qui, je l’espère, seront sympathiques et pas trop exigeants.

Didier. – À l’hôtel de la Bonne Humeur, il n’y a jamais de soucis… Tu connais ma théorie : le bonheur est contagieux et si nous sommes attentifs à rester de bonne humeur, nos clients le seront forcément aussi.

Florence. – Jusqu’à présent, nous avons eu de la chance, nous avons toujours connu une clientèle agréable, mais un jour ou l’autre on finira bien par tomber sur des râleurs.

Didier. – Pourquoi veux-tu qu’ils râlent ? Il n’y a pas de raison.

Florence. – Tu verras… Je ne veux pas nous porter la poisse mais, à mon avis, ton enseigne, elle va finir par attirer quelques tordus qui auront peut-être envie de la tester, ta bonne humeur !

Didier. – Eh bien, qu’ils viennent tester ! Je saurai les convertir, parce que… N’oublie jamais que… (Il sort du comptoir un petit chapeau pointu qu’il se met sur la tête et un sifflet sans-gêne. Il siffle et chante.) « Faut rigoler, faut rigoler avant qu’le ciel nous tombe sur la tête, faut rigoler, faut rigoler pour empêcher le ciel de tomber… » (Il entraîne Florence dans la danse tout en continuant de chanter.)

Florence. – Arrête donc un peu, grand fou ! (Elle cherche à se dégager tout en souriant.)

Didier, la reprenant, tout en braillant. – « Oui, je suis fou, je suis fou de vous ! »

Florence. – Arrête que je te dis ! Dis-moi plutôt… as-tu pensé à mettre des fleurs dans les chambres ?

Didier. – Oui, je les ai mises ce matin, dans chaque chambre. Tu verras, c’est ravissant.

Florence. – J’espère que c’est une bonne idée.

Didier. – Et pourquoi donc ? Tout le monde aime les fleurs.

Florence. – Oui, sauf ceux qui te diront qu’ils sont allergiques au pollen et ceux qui penseront que les fleurs vont leur bouffer tout leur oxygène.

Didier. – Mais c’est n’importe quoi ! On ne peut pas dire cela !

Florence. – Tu penses peut-être qu’un râleur a besoin de vérifier ce qu’il dit avant de se mettre à râler ? Détrompe-toi ! Un vrai râleur n’en a que faire de ton bon sens et de ta logique. Un vrai râleur râle simplement lorsqu’il a envie de râler. Un point, c’est tout.

Didier. – Mais qu’est-ce que tu as aujourd’hui avec tes râleurs ? Je ne voudrais pas dire, mais pour le moment, la seule râleuse que je vois, j’ai l’impression de bien la connaître.

Florence. – C’est vrai, il faut que je me calme.

Didier. – Ce doit être le syndrome de la réouverture. N’as-tu pas remarqué ? À chaque printemps, c’est la même chose. (La porte d’entrée s’ouvre sur une sonnerie de trompette ou toute autre musique amusante. Arrivée de Solange et Nanard.) Tiens, voilà les plus beaux ! Solange et Nanard !

Solange et Nanard, chantant. – « Faut rigoler, faut rigoler avant qu’le ciel nous tombe sur la tête, faut rigoler, faut rigoler pour empêcher le ciel de tomber. »

Didier. – Ça va les amis ?

Florence. – Vous avez fait bonne route ?

Ils s’embrassent.

Solange. – M’en parlez pas ! J’ai cru qu’on n’y arriverait jamais. Avec les problèmes de prostate de Nanard, il faudrait bientôt s’arrêter...

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