Marcel Premier

Dans un établissement psychiatrique de luxe, le jour de la galette des rois, Marcel est enfin devenu roi. Dès lors, il a le droit de faire ce qu’il veut et il veut tout.

Décor (1)

Marcel PremierSalle vide (Avec quelques décorations. Une table avec des boissons, des verres posés dessus. Des chaises tout autour de la salle, un meuble, etc..)

ACTE 1

Scène 1 : Infirmière - Directeur (Ou directrice)

L'infirmière et le directeur entrent

Directeur - Madame Rachel, aujourd'hui c'est un grand jour. La galette des rois !

Infirmière - Je sais, monsieur le directeur. Mais j'espère qu'il n'y en a pas un qui avalera la fève comme l'année dernière. On a quand même eu un mort.

Directeur - Ne vous inquiétez pas, cette année, les fèves sont toutes petites. Si quelqu'un l'avale, ça passera tout seul.

Infirmière - J'ai toujours peur qu'il se passe quelque chose.


Directeur - Au foyer des petits oiseaux, il ne se passe jamais rien. Mme Youp, c'est quoi la devise de notre maison ?

Infirmière - Euh.. Calme.. Tranquillité.. Et repos.

Directeur - Et joie de vivre, madame Rachel ! Joie de vivre !

Infirmière - Mais si jamais il y'en a qui s'énervent, comme l'année dernière ?


Directeur - Vous avez votre matraque électrique ?

Infirmière - Je l'ai toujours sur moi.

Directeur - Votre bombe lacrymogène ?

Infirmière - Mais si ça ne suffit pas ?

Directeur - Vous leur faîtes avaler un petit cachet, ça les aidera à se calmer.

Infirmière – Oui, mais ce sont quand même des malades. Et yen a qui sont bien malades.


Directeur - Madame Rachel ! je vous le dis toujours. Ici, il n'y a pas de malades. Il n'y a que des personnes qui souffrent d'une pathologie légèrement handicapante mais qui ne les empêche pas d'avoir une vie comme tout l'monde. Enfin presque.

Infirmière – Vous allez me laisser toute seule avec eux ?

Directeur - Je n'y peux rien votre collègue est en centre de réanimation depuis trois mois.


Infirmière - Je ne sais pas si c'est une bonne idée, une galette des rois costumée.


Directeur - Au contraire ! Le déguisement permet de se désinhiber.

Infirmière – Ils vont en profiter pour boire.

Directeur - Pas du tout ! Désinhiber, ça veut dire se décomplexer. Le déguisement permet à chacun de sortir un peu de son apparence, en quelque sorte de se décoincer.

Infirmière - Comme le Marcel, lui, il se décoince même à jeun. Un jour, il se prend pour Jeanne d'Arc, le lendemain c'est Napoléon. L'année dernière, il s'était déguisé en mérou. Soit disant qu'il voulait travailler avec le Commandant Cousteau.


Directeur - Complètement idiot. Le Commandant Cousteau n'a jamais embauché de mérous.

Infirmière(Un peu étonnée par la réponse) Euh.. Mais moi, je ne suis pas déguisée en infirmière ! Moi, je suis la réalité. Je ne vais jamais tenir.

Directeur - Mais si. Il suffit de rentrer dans leur jeu.

Infirmière - Sans compter le Donald et sa Mme Youp ! Ils ne se lâchent pas. Faut voir comment il la regarde. J'ai toujours peur qu'il lui saute dessus.

Directeur - Il ne lui fera pas grand mal.


Infirmière - Y'a rien d'sûr. La Youp est toujours en train de le titiller. Et vas-y que j'te titille ! Un de ces jours, elle va le désinhiber totalement, faudra mieux pas regarder !


Directeur - Vous avez mis du bromure dans la limonade ?


Infirmière – J’ai tout vidé. Avec ce que j'ai mis, ça découragerait un castor, mais le Donald, c'est pas sûr.

L'infirmière avale un cachet

Directeur - Qu'est-ce que vous faîtes ?

Infirmière - C'est un cachet contre l'anxiété.

Directeur - Madame Rachel, vous devez penser à votre santé.


Infirmière - Justement ! Je ne pense qu'à ça.

Directeur – Mais Vous verrez, ça se passera très bien.

Infirmière - Je vais faire le maximum, monsieur le Directeur.

Le cachet fait des effets, l'infirmière devient de plus en plus sûre d'elle.

Directeur - Madame Rachel, je compte sur vous.

Infirmière - Je n'vais pas me laisser faire.

Directeur - C'est bien, madame Rachel.

Infirmière - Ils vont voir comment je m'appelle. (Elle sort sa matraque) Et si y'en a un qui bouge..

Directeur - De la douceur, madame Rachel ! Encore de la douceur, toujours de la douceur..

Infirmière – Vous inquiétez pas, ils vont en avoir, de la douceur.

Directeur - C'est très bien. Mais vous m'excuserez, je ne voudrais pas rater mon rendez-vous. Alors, je vous laisse, et n'oubliez pas, ils sont un peu dérangés, mais en fin de compte ils sont comme nous.

Infirmière – Va pas falloir me chercher !

Le directeur sort

Scène 2 : Infirmière, Xavière, Edmond

Elle avale à nouveau un cachet, fait un signe de croix agite une cloche, puis crie

Infirmière - La galette des rois est prête ! A la bouffe !

Les Dubouille entrent, (costumes très fantaisistes de comte et comtesse. La comtesse brille de partout avec ses bijoux)

Xavière - Ce n'est pas top tôt.

Edmond - Nous avons failli attendre.

Xavière - J'espère que tout est prêt. C'est tellement important, cette tradition.

Edmond - Ne vous inquiétez pas ma chère comtesse. Irma aura fait le maximum, comme d'habitude.


Xavière - Ah ! Irma. Tout est-il en ordre ?

Infirmière - Je ne m'appelle pas Irma. Moi, c'est Rachel.


Xavière - Et bien pour moi, vous vous appelez Irma. J'appelle toutes mes servantes Irma, c'est plus facile pour se rappeler. J'en change tout l'temps.


Infirmière - Je ne suis pas servante, je suis infirmière.

Xavière - Une fermière. Qu'en pensez vous, mon mari ?

Edmond - La même chose que vous, mon épouse.

Infirmière - Vous êtes mariés ?

Xavière - Bien sûr. Je suis la comtesse Xavière Dubouille et voici, mon mari, monsieur le Comte Edmond Dubouille.

Edmond - Un amour fou. C’est.. Comment dire ?

Xavière - Complètement fou ! N'avez vous donc pas reçu un faire-part ?

Infirmière - Première nouvelle.

Xavière - Et bien maintenant, vous le savez. Alors, Irma ? Cette galette, yen aura-t-il assez pour nos gens ?

Infirmière - Bon, on va jouer l'jeu, puisqu'il paraît qu'il faut jouer le jeu. Oui madame la comtesse, on a mis le paquet.


Xavière - Tant-mieux ! Il faut toujours mettre le paquet ! N'est-ce pas Edmond ?

Edmonde - (Il s'approche d'Irma) A propos de paquet, vous savez que vous avez de beaux yeux..


Xavière - Cessez Edmond ! Vous voyez bien qu 'elle a autre chose à faire !

Infirmière - (Menaçante) Vous voulez d'la galette ?

Xavière - Mais bien sûr qu'il en veut ! Edmond, laissez donc notre Irma tranquille. Sinon nous allons encore manger froid.

Edmond - Après la galette, peut-être .. ?

Xavière – Edmond ! A chaque fois que vous tournez autour d'une servante, vous nous faîtes un petit, et nous sommes obligés de la renvoyer. Edmond, vous n'êtes pas raisonnable. C'est tellement difficile à trouver, le personnel, de nos jours.


Edmond - Je n'y peux rien. Chez les Dubouille, c'est la tradition.

Xavière - Ah cet Edmond.. Il ne changera jamais. Enfin, il faut mieux les voir comme ça qu'au cimetière. Irma, nos invités sont-ils arrivés ?

Infirmière - (Très lasse) Ils ne devraient pas tarder.

Xavière - Bien. (Voyant la galette) C'est donc cela, cette galette. Mais je ne vois pas la fève. Il n'y a pas de fève ?

Infirmière - Elle est dans le gâteau.

Xavière - Dans le gâteau ? Qu'est-ce qu'elle fiche dans le gâteau ?

Edmond - (Un peu lubrique) Elle attend qu'on la découvre, ma chère..

Xavière - Qu'on la découvre ! Oh Edmond ! Edmond ! Edmond ! Ah celui-là.. Si je ne me retenais pas...

L'infirmière, très lasse soupire

Edmond - On mange maintenant ?

Xavière - Allons. Nous ne toucherons pas à cette galette avant que nos invités soient tous arrivés. Irma, allez donc voir s'ils arrivent.


Infirmière - Je m'appelle Rachel..


Xavière - Irma. Ne faîtes pas votre...

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