On dînera au lit

Jacqueline, croyant – à tort ou à raison – que son mari, Bernard, la trompe, trouve dans une revue féminine une recette pour se venger.
La chronique, tenue par une conseillère du cœur, suggère aux femmes qui veulent se libérer de la routine conjugale de pratiquer le « sex-group ».
Prenant le prétexte d’être à la mode, Jacqueline exige de son mari de passer à la pratique. Bernard met tout en œuvre pour tenter de l’en dissuader.
Les protagonistes de cette aventure seront parachutés dans une cascade d’erreurs et de quiproquos.

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On dînera au lit

Acte I

Un lit au centre de la scène, adossé au mur du fond. À la tête du lit, de chaque côté, table et lampe.
Au pied du lit, dans le sens de sa largeur, une banquette basse qui peut faire office de table.
À chaque extrémité de cette banquette, un pouf.

Premier plan cour, une porte qui sera la porte de chambre d’ami de Brigitte.

Deuxième plan, une commode avec une lampe.

Troisième plan, la porte de la chambre à coucher proprement dite.

Quatrième plan cour, deuxième porte chambre d’ami qui sera la chambre de Robert.

Premier plan jardin, une porte donnant sur la salle de bains.

Deuxième plan, une fenêtre. Devant la fenêtre une coiffeuse et devant la coiffeuse une bergère.

Troisième plan, une porte qui sera la porte des appartements privés de Jacqueline. Sur la coiffeuse, une autre lampe. Un troisième pouf à côté de la coiffeuse et de la porte de la salle de bains.
Un quatrième pouf à côté de la porte premier plan cour, dite chambre de Brigitte.

Quand le rideau se lève, le lit a l’air vide, la chambre est dans l’obscurité. On voit une lueur venant des rideaux de la fenêtre.

Le téléphone sonne. La porte de la salle de bains s’ouvre. Le rayon lumineux éclaire le pied du lit. Bernard décroche le téléphone. Il est en chemise et pantalon. Le téléphone se trouve sur la coiffeuse.

Bernard. – Allô… (Il descend brusquement la voix.)
Ah, c’est toi ?… Oui… Oui… Comment tu ne m’entends pas ?… Non, je ne suis pas enrhumé… Non… (Comme il a le dos tourné au lit, la tête de Jacqueline émerge dans le lit et elle regarde. Bernard ne s’en aperçoit pas. Il continue à téléphoner.) Mais non, je ne peux pas parler plus fort… Mais non, écoute, Solange, je t’ai dit de ne pas me téléphoner ici… Oui, bien sûr qu’elle est là… Attends, je vais voir… (La tête de Jacqueline disparaît dans le lit. Bernard pose le téléphone et le combiné sur la coiffeuse. Il s’approche du lit, regarde, puis revient au téléphone.) Non, non… elle dort… mais tu aurais pu la réveiller, ce n’est pas prudent !… Mais non, je sais bien que… Mais non, je ne t’en veux pas… Mais oui, tu es adorable…
Cet après-midi au même endroit ?… À cinq heures ?… Ah, il faut que j’aille voir sur mon carnet… Mais si, mais si… De toute façon je m’arrangerai pour me libérer… Oui… Écoute… Je te rappelle tout de suite sur l’autre ligne… Oui, tout de suite !

Il raccroche, pose le téléphone à sa place sur la coiffeuse, traverse sur la pointe des pieds et sort par la porte principale de la chambre. Dès qu’il est sorti, Jacqueline se lève, sort du lit, prend le téléphone, revient avec le téléphone sur le lit et compose un numéro.

Jacqueline, au téléphone. – Allô, maman ?… Figure-toi que je viens d’apprendre la plus belle !… Tiens-toi bien !… Bernard me trompe !!… Oui !!… Mais si, j’en suis sûre !… Avec Solange !… Si !!… Solange Bertheau !… Mais oui, maman, il n’y a aucun doute, je l’ai entendu lui téléphoner… Oui, c’est épouvantable !… Comment ?… Mais, maman, pour prendre un amant d’abord il faut le trouver !… Et puis… Non, non, je n’ai pas lu la chronique de Delphine… Eh bien maman, écoute… Oui, bien sûr que je vais la lire… Je lis Le Cœur ouvert chaque semaine, mais ce n’est vraiment pas le moment de me parler de Delphine ! Parce que je ne vois pas ce que Delphine peut conseiller dans un cas comme le mien !… Comment Delphine a le meilleur moyen de me venger ?… Oui, je te crois… Comment ?… Oui, oui… C’est entendu, je vais la lire !… (On entend un bruit à la porte principale de la chambre.) Attends, c’est lui, je raccroche… Oui, je t’embrasse… Oui, je te tiens au courant !… (Jacqueline raccroche, repose le téléphone sur la coiffeuse et rentre dans le lit précipitamment tandis qu’on frappe.) Qu’est-ce que c’est ?

Voix de Victor. – Eh bien, c’est moi !

Jacqueline. – Alors, entrez !

Victor entre. Il porte un plateau de petit déjeuner avec cafetière, deux tasses, sucre, pot à lait, beurre, jus d’orange et du courrier. Il porte un gilet de valet de chambre. Victor pose le plateau sur le lit.

Victor. – Bonjour, Madame !

Jacqueline, s’asseyant sur le lit. – Bonjour !

Victor. – Voilà !

Jacqueline. – Merci ! Qu’est-ce qu’il y a ?

Victor est allé ouvrir les rideaux de la fenêtre.
Le premier rideau augmente la lumière en scène.

Victor. – Rien, mais c’est trente-cinq !

Jacqueline. – Trente-cinq ?

Victor. – Minutes ! (Victor manœuvre le deuxième rideau. La lumière augmente sur la scène. )

Jacqueline. – Bon, oui, alors, écoutez, une fois pour toutes donnez-moi l’heure en français.

Victor. – Ah oui, pardon ! C’est moins vingt-cinq.

Jacqueline. – Mais de quoi ?

Victor. – Bien, ça dépend : plus trente-cinq c’est de onze et moins vingt-cinq c’est de midi !

Jacqueline. – Déjà ?

Victor. – Eh oui ! Quand on dort pendant que les autres travaillent, ça file quand même !

Bernard entre.

Bernard. – Bonjour, Victor !

Victor. – Bonjour, Monsieur.

Bernard. – Bien dormi ?

Victor. – Oh là là, c’est loin tout ça ! J’étais debout au quart ! (Vers Jacqueline.) Enfin, je veux dire au quart de six !

Bernard. – Et qu’est-ce que vous avez fait pendant tout ce temps ?

Victor. – J’ai déjeuné !

Bernard, le regardant. – Ah oui, en effet !

Victor, se touchant le visage. – Ça se voit tant que ça ?

Bernard. – Non, pas du tout !

Victor. – Ah bon ! Monsieur me rassure ! (Il est allé fermer la porte de la salle de bains. Bernard s’assied sur le lit à côté de Jacqueline et l’embrasse.)

Bernard. – Et toi, ma chérie, tu as bien dormi ?

Jacqueline, qui finit son jus d’orange. – Oui, oui.

Bernard. – Eh bien, tant mieux !

Il prend une tasse de café. Jacqueline qui regardait son courrier sur le plateau :

Jacqueline. – Mais quel jour sommes-nous ?

Victor. – Ça suit son cours !

Jacqueline. – Victor !

Victor. – Ah bon ! Eh bien disons que l’on vient d’attaquer le week-end !

Jacqueline. – Comme ça, c’est clair ! Alors, où est-il ?

Bernard. – Qui ça ?

Jacqueline. – Le Cœur ouvert, ma revue qui arrive tous les samedis !

Victor. – Ah ! Il n’y avait que ça au courrier !

Jacqueline. – Ce n’est pas possible !

Victor. – C’est comme je le dis à Madame !

Jacqueline. – Eh bien, filez au kiosque !

Victor. – Mais je viens juste de remonter !

Jacqueline. – Eh bien, redescendez !

Victor. – Oui, descendre, ça va, mais c’est la montée, l’ascenseur est en panne !

Jacqueline. – Ah, encore ? Eh bien, tant pis !

Bernard. – Oui, on l’achètera en sortant !

Jacqueline. – S’il en reste !

Victor. – Bon, je vais y aller, je ne veux pas que vous commenciez votre journée sur une contrariété !

Bernard. – Vous savez, pour moi ça n’a aucune importance !

Victor. – Oh oui, ça je sais bien que Monsieur s’en fout, mais Madame y tient, alors c’est pour elle que ma décision de me taper cinq étages est irrévocable !

Bernard. – C’est très délicat de votre part ! Mais surtout prenez votre temps ! Inutile de courir !

Victor. – Ah, comptez sur moi ! J’ai dit que j’y allais, je n’ai pas dit que j’allais me crever ! (Il sort.)

Bernard. – Tu aurais pu lui éviter de redescendre !

Jacqueline. – C’est ta faute !

Bernard. – Quoi ?

Jacqueline. – Oui ou non, est-ce que je t’ai donné le bulletin de réabonnement il y a plus de quinze jours ?

Bernard. – Oui, oui, j’ai dit à ma secrétaire de le renvoyer !

Jacqueline. – Et qu’est-ce qu’elle a fait ?

Bernard. – Ça je ne sais pas, peut-être qu’elle a oublié, elle oublie tout !

Jacqueline. – Tu es d’une ingratitude !

Bernard. – Pourquoi ?

Jacqueline. – Pourquoi ? Il y a deux ans que nous sommes abonnés, autrement dit cent quatre samedis !

Bernard. – Cent cinq ! L’année dernière était bissextile !

Jacqueline. – Oui, bon, bref, si tu veux ! Cent cinq samedis que Delphine donne ses conseils dans le Cœur ouvert ! Et je ne les raterais pas pour un empire, étant donné que ça nous a toujours très bien réussi !

Bernard. – C’est très excessif !

Jacqueline. – Autrement dit, j’exagère ! Enfin, quand tu as brûlé le veston de ton costume prince-de-galles ! Sans le truc de Delphine, on ne l’aurait jamais récupéré !

Bernard. – Il a fallu sacrifier le pantalon !

Jacqueline. – Et alors, maintenant, tu as un blazer !

Bernard. – Oui ! Et un bermuda !

Jacqueline. – C’est comme la recette de la tronçonnade d’anguille au chocolat, d’ailleurs !

Bernard. – Ah oui ! Ça, je m’en souviens ! Bourgoin l’a prise de plein fouet !

Jacqueline. – Il l’a trouvée délicieuse, il en a repris trois fois !

Bernard. – Parce que tu l’as servi ! Seulement, il n’était pas immunisé, et en sortant de table il pleurait !

Jacqueline. – Mais total, il a acheté tout ce stock invendable que tu avais…

Bernard. – Oui ! Il a signé parce que je lui ai tenu la main ! Ça, je n’ai jamais compris qu’il ne m’attaque pas en dommages et intérêts !

Jacqueline. – À cause du stock ?

Bernard. – Ah non, du dîner !

Jacqueline. – Quoi qu’il en soit, si tu as réussi cette affaire, c’est bien grâce à Delphine ! Comme tout le reste !

Bernard. – Quel reste ?

Jacqueline. – Tout ! N’importe quoi ! Au hasard ! Quand le chien des Vidal a coulé dans leur piscine, si j’avais ignoré le bouche-à-bouche, qu’est-ce qu’il serait arrivé ?

Bernard. – Eh bien… il ne m’aurait pas mordu la semaine d’après !

Jacqueline. – Mais en tout cas, toi, tu n’aurais plus de femme ! Si deux mois plus tard je n’avais pas respiré à travers un linge mouillé quand il y a eu des fuites de gaz !

Bernard. – Des petites émanations…

Jacqueline. – Émanations, émanations… c’est vite dit ! En rentrant, tu m’aurais trouvée momifiée !

Bernard. – On ne peut pas se momifier en trois heures !

Jacqueline. – Moi si !

Bernard. – Ah ! Dans ces conditions…

Jacqueline. – Bref, quoi que tu en dises, Delphine m’a sauvé la vie ! Et toi, pour la remercier, qu’est-ce que tu fais ? Tu ne renouvelles pas l’abonnement !
(On frappe.) Entrez !

Victor. – C’est moi ! (Victor entre. Il tient à la main la revue Le Cœur ouvert.) Ah, dites donc, c’est dur ! Enfin, voilà l’objet !

Jacqueline. – Merci !

Victor. – Le dernier qui restait !

Jacqueline, à Bernard. – Et c’est sorti aujourd’hui ! Tu te rends compte ?

Bernard. – Oui, ça tu as eu de la chance !

Victor. – C’est l’exemplaire personnel de la marchande, j’ai dû payer ce machin dix fois son prix !

Jacqueline. – Elle devait y tenir !

Victor. – C’est bien simple, Madame, elle s’y cramponnait ! (À Bernard.) C’est pour ça que j’ai dû faire ce sacrifice !

Jacqueline. – Vous l’avez, c’est l’essentiel !

Victor. – N’est-ce pas ? (À Bernard.) À cette occasion, j’ai d’ailleurs vu sur une manchette que le SMIG des personnes de maison venait juste de remonter, comme moi !

Bernard. – Vous n’êtes pas au SMIG ?

Victor. – Non. Dieu m’en préserve, mais enfin le bas a toujours été là pour pousser ce qu’il y a au-dessus ! Si Monsieur voit ce que je veux dire…

Bernard. – Oui ! Eh bien d’accord ! C’est acquis !

Victor. – Quoi ?

Bernard. – Eh bien, c’est acquis !

Victor. – Ah ça, je ne sais pas, c’est forcément à quelqu’un d’autre !

Bernard. – Quelqu’un d’autre ?

Victor. – Oui ! Enfin, celui à qui c’est ! Mais c’est à qui ?

Bernard. – C’est à vous !

Victor. – À moi ?

Bernard. – Oui ! À qui voulez-vous que ce soit ?

Victor. – Mais alors pourquoi est-ce que Monsieur me demande à qui c’est si à qui c’est à moi ?

Bernard. – Je ne vous demande pas à qui c’est, je vous dis c’est acquis !

Victor. – En somme, Monsieur me dit c’est à qui et me répond c’est à vous ?

Bernard. – Voilà ! C’est acquis à vous !

Victor. – Quoi ?

Bernard. – Eh bien, l’acquit, il est à vous !

Victor. – À moi ?

Bernard. – Oui, cet acquit est acquis !

Victor. – Mais à qui ?

Bernard. – Mais à vous !

Victor. – À moi ?

Bernard. – Oui, vous avez acquis cet acquit !

Victor. – Qui ?

Bernard. – Vous !

Victor. – Moi ?

Bernard. – Oui, vous !

Victor. – Ah !… Cet acquit est à moi, à qui c’est moi, et moi c’est à qui ?

Bernard. – À personne, puisque c’est à vous !

Victor. – Ah oui, ça y est, j’ai compris ! Je ne suis pas idiot !

Bernard. – Le bas a poussé le haut !

Victor. – Oui, oui, mais enfin il n’y avait pas urgence !

Bernard. – Mais non, mais non ! C’est normal ! Vous êtes très dévoué !

Victor. – Oh ! J’aime tellement Monsieur et Madame que je ferais tout ce que je peux pour qu’ils soient heureux !

Bernard. – C’est très gentil !

Victor. – Oh non ! Rien qu’à l’idée qu’il puisse vous arriver quelque chose, j’en frémis !

Bernard. – Allons, allons !

Victor. – Oh, mais enfin Monsieur, sans vous, qu’est-ce que je deviendrais ?

Bernard. – Eh bien, vous iriez ailleurs !

Victor. – Impossible ! Une place comme celle-là c’est unique !

Bernard. – N’exagérons rien !

Victor. – Introuvable, Monsieur ! Je pèse mes mots : bien payé, logé, chauffé, les vins sont extra !…

Bernard. – Oui, bon, d’accord !

Victor. – Et je n’ai même pas parlé des vacances en bateau l’été ! Et puis l’hiver ! Quand vous partez à la neige et que je reste là, tout seul, sans vous, tranquille devant la télé !

Bernard. – Eh bien, tant mieux si ça vous plaît !

Victor. – Si ça me plaît ? Franchement, Monsieur, est-ce que vous me verriez travailler à mon compte alors que j’ai tout à vos frais ?

Bernard. – Eh bien, je vous remercie de votre franchise…

Victor. – Mais c’est l’évidence, Monsieur ! J’ai une très grande reconnaissance envers Monsieur et Madame pour l’existence douillette qu’ils me font mener !

Bernard. – Dans le fond, heureusement que nous sommes là !

Victor. – Oh là là, oui ! Heureusement ! Alors, surtout restez en bonne santé ! Il y va de la mienne !

Jacqueline. – Merci beaucoup.

Victor. – Tout ça vient du cœur, Madame !

Bernard. – Oui ! Après cette profession de foi, j’aurais du mal à en douter !

Victor. – Eh bien, je suis enchanté d’être compris par Monsieur et Madame.

Bernard. – Mais vous l’êtes !

Jacqueline. – Puisque vous faites quasiment partie de la famille ! (Pendant tout ce qui précède, Jacqueline a lu Le Cœur ouvert.)

Victor. – Eh bien, ça, ça fait plaisir !

Bernard. – Alors, ayez le sourire !

Victor. – Ça pour l’avoir, je l’ai ! Regardez ! (Il sourit à se démettre la mâchoire.)

Bernard. – Superbe !

Jacqueline. – Bon ! Vous pouvez me faire un autre jus ?

Victor. – Encore du café ? Oui, Madame, tout de suite ! (Il a pris la cafetière.)

Jacqueline. – Mais non, un autre jus de fruits !

Victor, en reposant la cafetière. – Ah oui ! Il y avait comme une erreur ! Ça pour le faire, je peux ! (Il ne bouge pas.)

Bernard. – Eh bien, alors ?

Victor. – Alors, je vais chercher l’agrume !

Jacqueline. – La… quoi ?

Victor. – Non, pas l’à quoi, c’est l’acquit et il est à moi, je veux parler de l’agrume !

Bernard. – C’est l’orange !

Jacqueline. – Ah bon ! (À Victor.) Eh bien alors, dites-le !

Victor. – Je vais couper l’agrume avec le sourire encore ! C’est à qui, c’est à moi… et pour moi c’est acquis ! (Il sort 3 cour porte principale de la chambre à coucher.)

Bernard, sortant salle de bains. – Bon, je vais finir ma toilette !

Jacqueline. – Mais oui, mais oui ! (En regardant la revue Le Cœur ouvert.) Mais oui, naturellement ! Naturellement ! C’est encore maman qui a raison, une fois de plus !

Bernard entre.

Bernard. – Qu’est-ce que tu dis ?

Jacqueline. – Non, non, rien ! Je vais te lire la chronique de Delphine !

Bernard. – Ah oui ! Lis-la-moi ! Ça m’intéresse de savoir comment elle va se débrouiller pour faire un cinq-pièces terrasse plein soleil avec un rez-de-chaussée sur cour !

Jacqueline. – Mais oui ! Mais oui ! (Jacqueline est sortie du lit et elle est à genoux au pied du lit, en train de lire pour que Bernard l’entende bien.) « … Certaines de mes amies pourront être étonnées de ce changement de ton de ma part, mais la rédaction du Cœur m’a demandé de moderniser notre rubrique et de la mettre dans le vent. Je ne vous donnerai donc plus de notions pratiques mais dorénavant des conseils pour assurer pleinement votre condition de femme et son épanouissement à la recherche du bonheur. »

Bernard entre.

Bernard. – Pour une fois, elle paraît plus intelligente.

Jacqueline. – Tu trouves ?

Bernard. – Ah oui ! Ça change des recettes de confiture !

Jacqueline. – Je continue ?

Bernard, en sortant. – Mais oui ! Mais oui !

Jacqueline, lisant. – « … Cette semaine, je préconise à toutes mes amies de pratiquer au plus tôt l’expérience du groupe. »

Bernard, entrant. – Qu’est-ce que tu dis ?

Jacqueline. – Ça n’est pas la peine que je te lise si tu n’écoutes pas !

Bernard. – J’écoute, j’écoute, mais je crois que j’ai mal entendu !

Jacqueline. – Bon, alors je recommence ! (Elle lit avec insistance.) « … Cette semaine, je préconise à toutes mes amies de pratiquer au plus tôt l’expérience du groupe. »

Bernard. – Quel groupe ?

Jacqueline. – Comment quel groupe ?

Bernard. – Oui, qu’est-ce que ça veut dire ?

Jacqueline. – Ce que ça veut dire, ce que ça veut dire… ce qui est écrit !

Bernard. – Oui !… Bon, enfin ça ne veut rien dire !

Jacqueline. – Comment, rien dire ? Si Delphine l’écrit, c’est que ça veut dire quelque chose !

Bernard. – Oui, peut-être, mais de toute façon, il n’est pas question de faire ce qu’elle dit !

Jacqueline. – Pourquoi pas ?

Bernard. – Eh bien, eh bien… parce que c’est… c’est déjà fait !

Jacqueline. – Comment, déjà fait ?

Bernard. – Eh bien oui, tu n’es pas seule, n’est-ce pas ?

Jacqueline. – Bien sûr que non, puisque tu es là !

Bernard. – Donc je ne suis pas isolé non plus puisque je suis avec toi !

Jacqueline. – Oui ! C’est ça ! Nous...

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