ACTE 1
Scène 1 : Pamela Smool, Edmonde
Elle entre par la salle et parle d'abord au public. Elle a la même coiffure que Chouki et montre une photo.
Pamela / Chouki ? ….. Chouki ? Vous n'auriez pas vu Chouki ? .. C'est mon chien.. Un cadeau de mon dernier mari... J'aurais du l'attacher. Mon mari aussi. Il mesure quarante centimètres. J’en ai eu quatre. Quatre maris, quatre chiens ! J'ai eu Roro ; Il perdait ses poils, j'ai dû m'en séparer. Titi ! Un danois abandonné. C’est mon mari qui l’avait trouvé. Il était tout l’temps malade, j’ai dû le faire piquer. J’ai eu aussi Doudou, un corniaud ; et Chouki,. … Un bichon. Il est très jaloux. Comme mon dernier mari. Faut le voir quand il me regarde. Il a l'air tout triste et en même temps, il remue sa p’tite queue. Je vois bien qu'il est content de me voir. .. (Elle monte sur scène) Chouki ?
Pamela / Edmonde ! Chouki a disparu.
Edmonde / (Edmonde entre) Il ne doit pas être bien loin
Pamela / (Autoritaire) Appelle-moi le ministre !
Edmonde / Vous ne pouvez pas déranger un ministre pour un chien ?
Pamela / Je paye des impôts ! T'en payes toi ?
Edmonde / C'est pas avec ce que je gagne..
Pamela / Appelle moi le ministre ! C'est un ministre d'intérieur, et moi je suis une femme d'intérieur ! Alors tu m'appelles cet abruti.
Edmonde compose un numéro et passe le téléphone à Pamela
Pamela / C'est pas avec ce que je gagne.. Elle devrait être contente de travailler pour moi. … Allô Kiki ? .. Faut pas t'appeler Kiki ? .. Je sais bien que t'es ministre et alors ? .. C'est pour Chouki. ..… Oui, celui qui t'avait mordu ! Heureusement que tes électeurs n'en font pas autant, tu serais mort. .. (Elle regarde Edmonde) .. Ça t'intéresse ? ….
Edmonde quitte la pièce
Pamela / Chouki a disparu. … Faut que tu me le retrouves. … Comment ça tu peux pas ? Ok. Je l'écrirai dans mon livre : Pamela Smool dit tout ! .. Bien. Tu m'envoies un détective. Tu vois, en politique, quand on veut ?.. Tout de suite ! Je n'ai pas un emploi du temps de ministre, moi. J'ai celui d'une star.
Pamela / (Elle raccroche) Edmonde ? .. Qu'est-ce qu'elle fout ?
Edmonde / (Edmonde entre) J'étais allé voir dans la cave. Même mort, il n'y est pas.
Pamela / Mort ! Mon Chouki ! Tu veux me tuer ?
Edmonde / On ben non. Et puis, en plus aujourd'hui, vous êtes attendue.
Pamela / Évidemment que je suis attendue, je suis toujours attendue.
Edmonde / C'est pour l'émission de télé, pour présenter votre pièce de théâtre.
Pamela / Chouki a disparu, et faudrait que je passe à la télé. Mais ils n'ont pas d'cœur !
Edmonde / Monsieur Rodripez doit venir vous chercher ce matin.
Pamela / Ah oui. Mon producteur. Il arrive quand, cet abruti ?
Scène 2 : Pamela, Rodripez
Rodripez / Je suis déjà là, ma chérie.
Pamela / William ! (Elle regarde Edmonde) Ça t'intéresse ?
Edmonde sort
Rodripez / Tu as l'air complètement retournée.
Pamela / Chouki a disparu.
Rodripez / Chouki.. Ce ne serait pas ce petit acteur roumain dont tu t'étais occupé ?
Pamela / C'est un chien ! Mon petit Chouki ! Il a disparu ! Il ne va pas revenir ! Je le sens. Il est parti... Pour toujours ! (Elle pleure très fortement et clame comme une tragédienne) Oh mon Dieu ! Pourquoi m'avoir pris mon kiki ? Sans mon Kiki, je suis finie !
Rodripez / Mais Pamela... Ce n'est qu'un chien.
Pamela / Ce n'est pas un chien ! C'est mon chien !
Rodripez / J'espère qu'il ne s'est fait pas écraser par une voiture. (il marche involontairement sur l'os musical)
Pamela / Chouki ! (Elle ramasse l'os) Le nonos à Chouki !
Rodripez / Il a peut-être vu une petite chienne
Pamela / Chouki ? Avec une chienne ? Ce n'est pas possible, il est homosexuel.
Rodripez / Y'a des chiens qui ne sont pas regardant..
Pamela / (Choquée) Chouki avec une chienne ? Ça ne plaisait pas à mon ex mari. Il m'avait dit : c'est le chien ou moi. J’ai été obligée de le castrer.
Rodripez / (Elle se sert à boire. Rodripez la regarde) Tu ne devrais peut-être pas boire à cette heure là.
Pamela / Ce n'est que le troisième depuis ce matin.
Rodripez / Tout de même..
Pamela / Tu préfères que je fasse une dépression ?
Rodripez / Tu sais que ce matin tu as une émission de télé.
Pamela / Je m'en fous !
Rodripez / C'est pour la pièce que tu vas bientôt jouer.
Pamela / Ah oui ! Une pièce ringarde écrite par un ringard. Comment il s'appelle déjà ?
Rodripez / Mourice. Jean-Pierre Mourice.
Pamela / Je te le dis, on va se prendre un four avec sa pièce de nul.
Rodripez / Si c'est toi qui joue, ça fera un tabac.
Pamela / Tu crois ?
Rodripez / J'en suis sûr. Alors faut que tu ailles à la télé, tout le monde va t'attendre.
Pamela / Le monde peut bien m'attendre.
Rodripez / Ton public, tes fans, y'aura aussi Bernard Pétarbeux.
Pamela / Bernard Pétarbeux ! Cet has been !
Rodripez / C'est lui qui fait ta mise en scène.
Pamela / Je n'ai besoin de personne pour me mettre en scène ! J'apparais, ça suffit.
Rodripez / Y'aura aussi Julia Chiquette.
Pamela / Chiquette la carpette ? Elle est nulle !
Rodripez / Elle est très demandée depuis son dernier film,
Pamela / Si seulement c'était le dernier.
Rodripez / D'accord, c'est un navet, mais les gens aiment bien les navets
Star / C'est normal qu'elle joue dans des navets, c'est une vraie courge !
Rodripez / Elle a quand même été primée pour son dernier film : le retour des castors.
Pamela / Elle est plus primée qu'une vache dans les concours agricoles.
Rodripez / Oui, mais elle joue.
Pamela / Comme une vache ! Elle joue comme une vache. Elle croit que le soleil sort de son cul.
Rodripez / Oui, mais elle joue beaucoup..
Pamela / Ça veut dire quoi ?
Rodripez / Ben. Tu n'est plus si...
Pamela / J'ai quarante ans et demi.
Rodripez / Et demi, et demi...
Pamela / Je peux tout jouer, même une pucelle ! J'ai gardé la fraîcheur. (Elle regarde le public) Tout le monde ne peut pas en dire autant..
Rodripez / La fraîcheur, la fraîcheur..
Pamela / Et toi, heureusement que tu n'es pas comédien, faudrait rembourser les spectateurs.
Rodripez / Je suis ton producteur.
Pamela / Producteur en fruits et légumes, spécialisé dans les navets.
Rodripez / Mais toi tu es comme la cerise sur le gâteau
Pamela / Justement, je suis la cerise, pas la poire !
Rodripez / Grâce à moi, tu as tourné en Amérique, au Japon. Parce que moi, je parle six langues : Anglais, américain, australien, canadien, et français.
Pamela / Tu parles six langues et tu dis que des conneries.
Rodripez / Pourtant, les dents de la grand-mère, ça t'a rapporté un maximum.
Pamela / Et toi ? Tu me dois tout. Ta bagnole ! Ta baraque ! Ta piscine, Même ta femme, ta belle petite femme, c'est grâce à mon pognon.
Rodripez / Ma femme, tout de même..
Pamela / Et alors ! Je connais les femmes, j'en suis une.
Rodripez / Mais elle m'aime.
Pamela / (Elle lui met un miroir devant sa figure) Que tu crois ! T'as vu ta tronche ?
Rodripez / J'ai compris. Tu veux te défouler, et bien vas-y, je te pardonne. Comme ton public. Il te pardonne tout.
Pamela / (Regardant le public) Et il a intérêt ! Sinon je ne joue pas.
Rodripez / J'en serais le premier malheureux. Tu es tellement merveilleuse.
Pamela / Je sais, je fais rêver. Mon public a le droit de rêver. Quand il me voit, je le comble. .. (Elle crie) C'est pas de ma faute si je plais !
Rodripez / Le public t'adore.
Pamela / (Elle regarde le public) Moi aussi, je m'adore..
Rodripez / Et pour l'émission, tu vas venir.. ?
Pamela / L'émission ? Je ne sais pas, je ne sais plus. (Elle hurle) Edmonde !
Scène 3 / Pamela, Rodripez, Edmonde
Edmonde / (Edmonde entre) Oui.
Pamela / Qu'est-ce que tu fous ?
Edmonde / Je cherchais dans la poubelle.
Pamela / Dans la poubelle ! Mon Chouki !
Edmonde / Il est pas non plus dans l'frigo.
Pamela / Ok. Je me calme. (Elle crie à Edmonde) T'es au courant ? J'ai une télé à faire ! Alors tu vas me donner un coup d'main ! Sinon je te vire !
Edmonde / Tout de suite.
Rodripez / Ne traînes pas trop.
Pamela / Ça veut dire quoi ?
Rodripez / Pour le maquillage..
Pamela / J'ai la tête de mes débuts, pas comme certaines qui en changent tous les deux ans. Pamela Smool ! Garanti sans colorants, sans produits chimiques, et sans lifting.
Rodripez / Pourtant...
Pamela / Y'en a, quand elles sourient, elles ont les oreilles qui font ventilateur.
Rodripez / Ne sois pas trop...