Monsieur JO arrive guilleret, en chantonnant.
Monsieur NI entre, effrayé, encore sous le coup d’une violente émotion.
Il porte une valise.
Monsieur JO
Bien l’bonjour, monsieur Ni. Vous partez en voyage ?
Monsieur NI
Bon… bon… bonjour, monsieur Jo. Vous… vous êtes pressé ?
Monsieur JO
Oui… et non. Je suis pressé et pas pressé. Cela dépend de vous.
Monsieur NI
Je… je … je préférerais que vous ne le soyez point… ou pas trop.
Monsieur JO, le reprenant
Que vous ne le fussiez point ! Eh bien soit ! Je consens à ne pas l’être trop.
Tout de même je ne voudrais pas manquer mon cours de décontraction transcendantale.
Il regarde l’heure à sa montre.
J’ai quelques minutes à vous consacrer. Que puis-je pour vous ?
Monsieur NI
Savez-vous… savez-vous… savez-vous ce qui vient de m’ arriver ?
Monsieur JO
Partons du postulat suivant : je n’en ai aucune idée. Je vous écoute.
Monsieur NI
C’est… c’est… c’est affreux.
Monsieur JO
Si vous le dites.
Monsieur NI
Jamais… jamais…vous m’entendez ? Jamais… je n’aurais cru.
Monsieur JO, commençant à s’énerver
Je suis tout ouïe, monsieur Ni.
Monsieur NI
Pourquoi moi ? Bon sang ! Pourquoi moi ? Je ne méritais pas cela !
Je suis bon, charitable, j’aime mon prochain comme moi-même.
Je me suis toujours violemment élevé contre la misère dans le monde.