Rendez-vous avec la peur

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L’intrigue se déroule dans un manoir retiré dans les Highlands au milieu de la lande écossaise. L’ambiance est orageuse, une tempête est annoncée.
Les personnages sont réunis pour préparer le prochain mariage entre Esther et le colonel Alistair Mc Combrie. Mais le mariage n’aura pas lieu, Esther étant assassinée.
Réveillés par le bruit assourdissant d’une armure qui a chuté au sol, les protagonistes découvrent le corps. Chacun se suspecte et mène l’enquête durant toute une nuit de tension et de peur car l’assassin est parmi eux.
Aux premières lueurs du petit matin la vérité finit par se révéler.

Scène 1

La scène représente le salon d’un manoir de taille moyenne, isolé en pleine lande écossaise, aux alentours de dix heures du soir. Le diner est terminé et tous les protagonistes en habits de soirée, sauf le père Nathaniel Blinker, sont réunis à l’exception de Margaret Asimov.

Le colonel Alistair Mc Combrie est dans un fauteuil près de la cheminée, un verre de whisky à la main, un cigare dans l’autre. Il est pensif.

Viviane Grey, une cigarette dans une main, un verre dans l’autre, se regarde dans un grand miroir et sourit à son image, Colin Yale est près d’elle. Il lui murmure des paroles, sans doute flatteuses, car elle émet de petits rires de contentement.

Susan Cotton se tient devant une bibliothèque et de temps en temps prend un livre, l’ouvre, et le repose avant d’en prendre un autre.

Enfin le père Nathaniel Blinker est assis sur un des bords du canapé, il lit sa Bible, le visage concentré.

 

Viviane Grey (avec un petit rire de contentement et minaudant) : oh Colin, vous êtes un incorrigible charmeur ! Vous savez parler aux femmes, mais ne vous y trompez pas, je ne suis pas dupe de vos flatteries !

Colin Yale (faussement innocent) : mais pas du tout Viviane, je suis sincère ! N’oubliez pas que je suis un photographe renommé et je sais reconnaitre la beauté quand je la rencontre !

Viviane Grey : oui je sais que vous êtes là pour les photos du mariage d’Esther, ma meilleure amie, avec le colonel Alistair Mc Combrie. Regardez-le dans son fauteuil. Je me demande à quoi il pense.

Colin Yale : Effectivement il n’est visiblement pas avec nous. Je pense qu’il est contrarié. Esther a été maussade toute la journée et guère plus sociable pendant le dîner. Tout le contraire de vous, quelle chance j’ai eue d’être à vos côtés.

Viviane Grey (riant de satisfaction, suscitant des regards de reproche des trois autres personnes) : Colin, soyez gentil, apportez-moi un autre verre.

Susan Cotton (exaspérée) : non, décidemment je ne trouve rien d’intéressant à lire ! (se tournant vers le Père Blinker) Vous n’avez pas ce problème de choix Père Nathaniel, vous avez votre Bible. Vous devez la connaitre par cœur à force de la lire et la relire !

Père Nathaniel Blinker : il est vrai que je la connais bien, mais vous savez Susan, il serait présomptueux de penser qu’on en a découvert tous les messages, je crois même que dépendant des circonstances de notre vie ces messages éclairent différemment les choix qui s’offrent à nous.

Colin Yale : oh vous êtes trop compliqué ! Profitons de la vie telle qu’elle se présente, et ne nous préoccupons pas du lendemain, c’est ma devise !

Père Nathaniel Blinker : Carpe Diem !

Colin Yale : quoi ?

Père Nathaniel Blinker : cela signifie littéralement « cueille le jour », cela veut dire « profite de la vie tant qu’il en est encore temps sans te soucier du futur »

Colin Yale : ah oui, c’est tout à fait moi, ça !

Colonel Alistair Mc Combrie : où êtes-vous allé chercher cet oiseau-là Susan ?

Susan Cotton : Colin Yale est un très bon photographe, il a une galerie à Edimbourg qui marche bien. J’y vais souvent, j’apprécie beaucoup la façon dont il photographie les gens ou les paysages. Alors quand il s’est agi d’organiser les préparatifs de votre mariage avec ma cousine, j’ai naturellement pensé à lui. Il faut dire aussi que cette union a été décidée si soudainement que je n’ai pas eu vraiment le temps de chercher quelqu’un d’autre.

Colonel Alistair Mc Combrie : je comprends que la rapidité de notre mariage puisse surprendre. Moi-même je ne m’imaginais pas, célibataire endurci comme j’étais, avoir un véritable coup de foudre pour votre cousine. Vous savez je suis un militaire, certes à la retraite, mais encore vigoureux. Je chasse en Afrique et j’ai rapporté de nombreux trophées. Je ne m’imaginais pas mener une vie plus sédentaire, mais avec Esther, c’est différent, du moins je le crois.

Susan Cotton : j’espère que vous êtes en sûr…

Viviane Grey : A propos de trophée, pourquoi la magnifique tête de lion qui trônait au-dessus de la cheminée a disparu ?

Colonel Alistair Mc Combrie : C’est vrai qu’elle était très belle, ce fut un vrai combat avec ce lion, un combat face à face, à la vie et à la mort. Je l’ai emporté mais, croyez-le ou non, j’ai eu du respect pour sa vaillance.

Colin Yale : face à face mais avec un fusil entre vos mains, pas très équitable comme combat, non ?

Colonel Alistair Mc Combrie : vous ne comprenez rien à la chasse, je ne prendrais pas la peine de vous expliquer. Nous ne partageons pas les mêmes valeurs visiblement…

Colin Yale : visiblement, et j’en suis heureux….

Viviane Grey : allons Colin, soyez un peu plus tolérant. Et donc pourquoi la tête de lion n’est plus là ?

Colonel Alistair Mc Combrie : une malheureuse initiative prise par la belle-mère d’Esther, Margaret. La tête de lion avait un défaut au niveau du pelage, sans doute la conséquence d’une bagarre que le lion avait eu avec un congénère. Elle l’a fait corriger pour améliorer l’esthétisme. Mais pour moi ce n’était plus MA tête de lion. C’est comme si en achetant un tableau d’un grand peintre, vous en fassiez corriger une partie parce qu’elle ne vous semble pas aussi belle qu’elle devrait. Cela lui ferait perdre toute valeur.

Viviane Grey : oh, d’une certaine façon je vous comprends, mais c’est dommage tout de même, elle était si belle…

Colonel Alistair Mc Combrie : ce n’est pas grave. Je l’ai expliqué à Margaret qui était sincèrement désolée et qui a reconnu qu’elle aurait dû m’en parler avant. Ce n’est vraiment rien.

(Viviane va prendre son sac à main qui était posé sur une petite table. Elle l’ouvre, mais un peu « pompette » en renverse le contenu. Parmi les affaires figure une petite boîte métallique que Viviane, soudainement paniquée, remet précipitamment dans le sac, en s’asseyant lourdement).

Susan Cotton : tout va bien Viviane ?

Viviane Grey : oui, oui , je crois que j’ai un tout petit peu trop bu, j’ai la tête qui a tourné tout d’un coup en ouvrant mon sac à main pour chercher mes cigarettes. (Pendant que les dialogues se poursuivront elle ouvrira discrètement sa boîte métallique, puis dos au public, prélèvera discrètement une pincée de poudre).

Père Nathaniel Blinker : je crois que vous devriez vous abstenir de fumer et de boire de l’alcool pour ce soir. Colin, apportez-lui un verre d’eau s’il vous plait.

Susan Cotton : que ma cousine Esther ait pour meilleure amie Viviane Grey est un mystère pour moi. Elles sont tellement dissemblables.

Père Nathaniel Blinker : ne dit-on pas que les contraires s’attirent ? Il est vrai qu’Esther est un modèle de piété, son assiduité aux offices est remarquable et je dois dire que je lui suis énormément reconnaissant pour les dons qu’elle fait pour la restauration de notre église à chaque fois que je la sollicite. Et que dire de sa générosité pour nos œuvres caritatives ! On peut dire que l’argent qu’elle a hérité de son père est bien employé.

Susan Cotton : Esther est très riche en effet, quant à sa générosité, je serais moins enthousiaste que vous Père Nathaniel. Certes Esther distribue de l’argent, pour vos œuvres, votre église, elle en donne aussi à sa belle-mère Margaret qui n’a pas été vraiment gâtée à la lecture du testament. C’est vrai qu’elle n’était que la seconde épouse, tout de même…. Non ce qui me gêne avec la générosité d’Esther c’est qu’elle s’accompagne de sermons, d’obligations à BIEN se comporter, à se repentir. Voyez-vous comme elle dit, sa « générosité se mérite ».

Père Nathaniel Blinker : votre jugement est sévère Susan, je n’ai pas du tout ressenti cela.

Susan Cotton : vous non naturellement, vous êtes un homme d’église. Mais pour le commun des mortels, c’est une chape de plomb qu’elle impose. Je n’ai jamais voulu recevoir, ne serait-ce qu’un penny, de sa part, sachant que le prix m’en serait insupportable. Et pourtant vous savez que je ne suis pas riche. J’ai accepté de prendre en charge l’organisation du mariage d’Esther en échange d’un revenu, jamais je n’aurais accepté de recevoir son argent sinon.

(Entrée de Margaret Asimov, tous les regards se tournent vers elle)

Margaret Asimov : Esther vous prie de bien vouloir l’excuser, elle ne nous rejoindra pas. Sa migraine ne passe pas malgré la prise de médicament. Elle s’est couchée.

Père Nathaniel Blinker : la pauvre enfant, visiblement elle n’était pas bien pendant tout le repas, on aurait dit qu’elle était contrariée. Elle n’a pas dit ce qu’il en était ?

Margaret Asimov : non elle ne m’a rien dit, mais elle a été comme cela pendant toute la journée, enfin depuis la fin de la matinée. Je me demande si ce n’est pas la lettre qu’elle a reçue qui l’a mise dans cet état. J’ai senti qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Je lui ai demandé mais elle m’a répondu que tout allait bien.

Père Nathaniel Blinker : c’est peut-être le cas.

Susan Cotton : vous êtes hyper-sensible Margaret, vous laissez votre imagination prendre le dessus, à moins que ce ne soit vos tarots. Quant à moi j’ai parlé avec Esther cet après-midi, et je n’ai rien remarqué.

Margaret Asimov : pourquoi m’agresser avec mes tarots divinatoires ? Je crois en ce qu’ils me disent, il suffit de savoir interpréter. Je suis peut-être hyper-sensible comme vous dites, mais permettez-moi de vous dire que vous êtes de l’excès opposé. Vous revendiquez d’être une femme organisée et « cérébrale », qui ne se laisse pas dominer par ses passions. Cela ne m’étonne pas que vous n’ayez rien remarqué chez Esther.

Susan Cotton (surprise par la réaction de Margaret) : excusez-moi Margaret, je ne voulais pas vous blesser. Je vois que mes propos étaient maladroits.

Père Nathaniel Blinker : bien sûr, il n’y avait aucune mauvaise intention de la part de Susan, Margaret.

Margaret Asimov : je sais Père Nathaniel que vous désapprouvez mes séances de tarots, mais je vous assure qu’elles ne m’ont jamais déçu dans les réponses apportées à mes questions. C’est grâce à ce lieu, à l’atmosphère de notre petit manoir en Ecosse, au milieu de cette lande marécageuse, j’en suis sûre. Nous sommes si isolés de la ville que toutes les forces de la nature se sont concentrées en ce lieu et ce sont dans ces forces que je puise la capacité à lire les cartes du tarot divinatoire. Je vous prie de m’excuser aussi Susan, la journée a été...

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