RIFIFI chez les BIO’S.

L’action a lieu dans la pièce de vie d’une ferme (avec chambres d’hôtes) dans un village isolé sur le causse du Larzac, région emblématique de l’écologie, ou sinon une ferme isolée dans la région où le spectacle est produit.
Le thème : six militants écolos pittoresques vivent en communauté et apparemment en harmonie en dépit de nouvelles contraintes (il faut par exemple produire son énergie avec un vélo relié à un accumulateur) et en dépit d’alertes féquentes à diverses pollutions qui troublent la vie quotidienne.
La nature et la culture bio rythment la vie… Mais leurs enquêtes ont conduit vers le mas les pas de quatre enquêteurs, qui, sans ce connaître et sous de fausses identités, vont troubler la sérénité apparente du lieu et mettre à jour des personnages moins paisibles qu’il n’y paraît : revenus dissimulés au fisc, passé trouble, culture de plantes hallucinogènes, activisme radical…
Ça peut sembler très sérieux… Mais vu les personnages, jugez-vous-mêmes.

Liste des personnages (10)

EMILIEFemme • Adulte/Jeune adulte
EMILIE biologiste, cultive d’étranges plantes…
BRIGITTEFemme • Adulte/Jeune adulte
BRIGITTE militante acharnée de la défense des animaux, elle tombe sous le charme de Hugo.
LAETITIAFemme • Adulte/Jeune adulte
LAETITIA chimiste, formée aux explosifs, activiste déterminée mais discrète.
MARIE-JEANNEFemme • Jeune adulte/Adulte/Age indifferent
MARIE-JEANNE touriste en chambres d’hôte depuis la veille. En réalité Marie-Jeanne Louvier, inspectrice à la brigade de répression des fraudes.
DENIS(e)Indifferent • Adulte/Jeune adulte
DENISE (F ou Denis H) logé(e) en chambre d’hôte. En réalité Denis(e) Kowal, capitaine à la brigade des Stups. (Rôle mis au féminin dans le texte ci-après)
DOMINIQUEIndifferent • Adulte
DOMINIQUE (H ou F) est depuis 2 mois livreur de pizzas au village voisin (s’approvisionne à la ferme et y livre parfois ses pizzas.) En réalité Dominique Grandval, commandant à la brigade anti-terrorriste.
HUGOHomme • Adulte
HUGO visiteur apparemment impromptu. En réalité Hugo Bontemps, lieutenant à la police judiciaire sur les traces de Serge Valberg (Marcel.)
NICOLASHomme • Adulte/Jeune adulte/Senior
NICOLAS producteur de fromages de chèvres et brebis.
MARCELHomme • Adulte/Senior
MARCEL surnommé Dalaï-Marcel, adepte du bouddhisme. Il est en réalité Serge Valberg, ancien industriel en fuite depuis 10 ans après divers détournements de fonds. Il est aussi le père qui a abandonné autrefois Emilie (laquelle ignore son identité réelle).
JOSEHomme • Adulte
JOSE compagnon de Laetitia, démonteur de MacQuick, coupeur de maïs OGM et peut-être saboteur involontaire de caténaires sur la ligne TGV proche de la ferme.

Décor (1)

DECOR UNIQUELa pièce de vie commune d'une ferme. 2 portes. Un vélo d'appartement...

ACTE I

Scène 1

Marcel, Nicolas, José, Laétitia, Brigitte, Denise

 

Marcel est seul sur scène, assis en tailleur sur un carré de tapis, face au public, en tenue de bonze (orange) et en pleine méditation tibétaine. Une chaîne hifi diffuse en fond sonore une musique asiatique relaxante.

MARCEL – Oooouuuummmm… Oooouuuummmm… Oooouuuummmm…

Après 30 secondes, la musique ambiante se ralentit et devient dissonnante, l’éclairage tremblote.

Marcel bondit, attitude qui tranche avec son état antérieur.

Eh merde, encore cette batterie !

Il va vers le vélo d’appartement (relié par de gros câbles au circuit électrique) l’enfourche et se met à pédaler, tout en essayant de se remettre en état de méditation.

Ooooouuuuummmmm… Ooooouuuuummmmm

Au rythme de son pédalage et de ses « oum », la musique et la lumière reprennent vigueur ou  se ralentissent. Après un bon sprint « en danseuse », tout revient au niveau normal, il reprend sa place sur son tapis.

Oooouuuummmm… Oooouuuummmm… Oooouuuummmm…

20 nouvelles secondes, au loin les cloches du village retentissent à toute volée.

Eh merde, c’est pas possible d’ouvrir ses shakras ici ! (Il se lève et agacé lance en l’air son tapis.).

Il fonce vers l’armoire, en ouvre une porte  et  fouille…

Arrivée précipitée de Nicolas par la porte donnant sur le dehors.

Sur fond de cloches, on doit hurler pour se faire entendre.

Ah ben tu tombes bien Nicolas !

NICOLAS – Marcel… Les rouleaux ?

MARCEL – Justement, je suis en train de les chercher ! Tu sais pas où on les a fourrés ?

NICOLAS – C’est toujours le même foutoir ! Un jour cela aura des conséquences graves.

Marcel énervé continue à ouvrir portes et tiroirs et à fouiller l’armoire.

Il  finit par sortir un carton contenant des rouleaux  de papier adhésif.

MARCEL (brandissant un ou deux rouleaux d’adhésifs) – Je les ai !

NICOLAS (guettant au dehors) – Bon, c’est déjà ça… Mais qu’est-ce qu’ils foutent ?

MARCEL – Faut pourtant être sourd pour ne pas entendre ces satanées cloches.

NICOLAS – En voilà deux !

Entrées en trombe de Laetitia (en treillis militaire, maillot du « Che ») et José (tenue de berger).

Fin de la sonnerie des cloches.

MARCEL – Où sont les autres.

JOSE – Emilie est dans son labo. Elle a « je ne sais » quelle expérience en cours à terminer.

MARCEL – Quelqu’un a vu Brigitte ?

NICOLAS – Elle était avec moi à la fabrication des fromages. Elle est allée mettre le troupeau à l’abri.

JOSE – Encore à dorloter ces bestioles ! On lui a déjà dit cent fois qu’elle allait faire tourner le lait des chèvres et des brebis à les cajoler comme des peluches !

NICOLAS (à son tour guettant à la porte) - Elle a dû en profiter pour les mettre à l’abri dans la grotte. Tu ne la changeras pas… Tiens, la voilà, elle arrive. Il y a Denise avec elle !

LAETITIA – Il manque la pensionnaire de chambres d’hôtes, celle qui est arrivée hier... Marie… Marie...

NICOLAS – Marie-Jeanne… Elle doit être dans sa chambre.

MARCEL – Je préfère aller vérifier qu’elle ne soit pas sortie.

NICOLAS (il tend un rouleau de papier adhésif) – Tiens profites-en pour l’aider à bien isoler ses fenêtres.

Sortie de Marcel vers les chambres.

Entrée de Denise et Brigitte (cette dernière en tenue léopard, accompagnée d’un chien ou portant un chat ou tout autre animal).

LAETITIA (à Brigitte) – Vous voilà, c’est pas trop tôt !

NICOLAS – Bon, il ne manque plus personne. On est tous là… Alors maintenant au boulot !

BRIGITTE (très « chochotte » s’adressant à son animal) – Et qui est à l’abri pour échapper aux vilaines radiations ?... C’est mon joli bébé !

LAETITIA (parodiant Brigitte elle cajole José qui joue le jeu.) – Et qui c’est qui va s’y coller à calfeutrer portes et fenêtres ? C’est mon joli José !

NICOLAS – José tu viens avec moi, on va isoler le reste de la maison. Les filles on vous confie l’isolation de cette pièce.

Nicolas et José sortent armés des rubans adhésifs. Tandis que Laetitia  entreprend d’obstruer la cheminée ou de calfeutrer une fenêtre, Brigitte isole la porte d’entrée.

DENISE – Et moi je fais quoi ?

LAETITIA – Toi tu es locataire de chambre d’hôte, tu te reposes. Déjà que tu passes ton temps à nous aider à la ferme…

DENISE – C’est mon choix. C’est comme ça que j’ai envie de passer mes vacances.

LAETITIA – C’est comme tu veux, mais on t’a rien demandé !

Gênée par son animal et par  sa tenue peu adéquate, Brigitte s’active maladroitement d’une seule main et s’embobine dans l’adhésif.

DENISE (voyant Brigitte en difficulté) – Bon, je crois que j’ai trouvé ce que je peux faire pour aider.

Elle feint d’aider Brigitte mais en réalité l’enroule davantage encore de ruban tandis que Nicolas revient dans la pièce.

NICOLAS – De vraies gamines ! Arrêtez donc de chahuter. Les cloches à la volée vous savez pourtant bien ce que ça veut dire !... Dans l’affolement on a oublié de prendre nos cachets anti-radioactivité. (Il ouvre un meuble, fouille et en sort un bocal contenant des  comprimés multicolores.)

LAETITIA – Y-en a marre de cette foutue centrale éventrée ! Avec ce vent d’est qui a soufflé toute la nuit, fallait s’y attendre.

BRIGITTE – Un vent plutôt frais et ces pauvres chèvres qui tremblent dans leur grotte humide.

DENISE – Parquées au fond de la grotte, tes chèvres elles sont à l’abri du froid et de la radioactivité. Si tu es seule à les voir trembler c’est parce qu’elles ont la trouille (Montrant la tenue de Brigitte.) lorsqu’elles voient rappliquer un léopard.

NICOLAS (il donne 2 comprimés bleus à chacune des femmes et en prend lui-même deux autres) – Au lieu de vos chamailleries habituelles, vous feriez mieux d’écouter la radio, qu’on ait des infos précises sur cette nouvelle alerte. (Il allume la radio.)

Brigitte, Laetitia et Nicolas prennent des verres d’eau et avalent les comprimés  plus ou moins facilement. Denise préfère les sucer.

RADIO (son  inaudible, parasites) – …hier vers… crrrrrrrrr sécuriccccrrrrrrrrrrr… évacuation par cccccccccrrrrrrrrrrr décision préfectucrrrrrrrrrr rrrrrrrrrrrrrrrrr…riverains mécrrrrrrrrrrrrrrrrrr…

Nicolas soupire et enfourche le vélo. Le volume du son à la radio  suit le rythme de son pédalage.

… vent d’est et nouveaux rejets du réacteur N° 4 de la centrale de Cattenobyl, c’est une alerte de niveau orange ce matin sur 27 départements situés à l’ouest du Rhône. Selon les endroits, la radioactivité variera de zéro à 2500 becquerels par m2. Il est donc obligatoire de se rendre dans les abris dans les villes équipées, sinon de se calfeutrer chez soi en appliquant les précautions d’usage. Prochain bulletin dans 30 minutes. Nous reprenons notre programme musical (Suit une musique funèbre en sourdine.)

Nicolas descend du vélo et éteint la radio.

NICOLAS – Y-a plus qu’à espérer qu’on sera ici plus près de zéro que de 2500 becquerels ! Bon, je remonte aider José. Mais vous deux vous m’isolez sérieusement cette pièce !

LAETITIA – C’est comme si c’était fait.

Nicolas finit son verre d’eau et  sort.

 

 

Scène 2

Laetitia,  Brigitte, Denise, Marcel, Emilie

 

Tout en parlant, Brigitte et Laetitia vont terminer avec application l’isolation de la pièce.

DENISE (en train de sucer les pastilles anti-radioactives) – Tu y crois vraiment toi à l’efficacité de ces pastilles bleues contre les effets de la radioactivté ?

BRIGITTE – Evidement, c’est testé et prouvé !

DENISE – Ah bon ? Testé sur qui et prouvé par qui ?

BRIGITTE – Ben… testé sur les chèvres et les brebis et attesté… par moi.

LAETITIA – Non ! Qu’est-ce que t’es encore allée bricoler avec les troupeaux ?

BRIGITTE – Ben… Je donne chaque jour un comprimé par animal depuis trois mois et bien les dernières alertes radioactives n’ont déclenché aucun nouveau cas de maladie.

LAETITIA – Ah… C’est ça l’explication de la résistance des animaux !

BRIGITTE – Ben oui, je m’ suis dit : c’est bon pour nous, donc c’est aussi bon pour eux.

LAETITIA – Mais alors… Le lait de chèvre qui a des reflets bleu fluo… C’est toi ? Quand je pense l’inquiétude et les recherches que l’on a fait avec Emilie pour trouver une explication ! Mais… les pastilles pour le troupeau, tu les eues comment ?

BRIGITTE – Ben… Dans le labo d’Emilie… Le placard…

DENISE – Et ben si Emilie s’aperçoit que tu rentres au labo et que tu dévalises sa réserve de précieux comprimés pour les filer à becqueter aux chèvres et aux moutons…  Je te dis pas l’engueulade !

Retour de  Marcel.

MARCEL – Quelle engueulade ?

DENISE – Non, non… C’est entre nous… Rien d’important…

MARCEL – Je viens d’aller isoler la chambre d’hôte, et ben dis donc… Pas bavarde la pensionnaire arrivée hier. Elle a même pas ouvert la bouche pour avaler les deux comprimés que Nicolas est venu lui proposer. Même pas !

LAETITIA – Elle ne les a pas voulus ?

MARCEL – Ah mais si ! Mais elle n’a pas voulu les avaler de suite. Elle a juste bredouillé « plus tard »… Et même pas de merci !

BRIGITTE –  C’est vrai qu’on a eu des locataires plus communicatifs… Comme Denise tiens !

DENISE –  Je voudrais pas jouer les vipères, mais vous avez vu comment elle est fringuée la nouvelle ?

MARCEL (soupir en détaillant les tenues de femmes) – Faut dire que côté fringues, elle est aux antipodes de ce qu’on porte par ici.

LAETITIA – Tu peux causer toi, le Dalaï-Marcel, avec ta sortie de bain bouddhiste !

DENISE – En parlant de bain, je vais aller m’en prendre un pour me défaire de cette odeur de chèvre.

Denise sort.

MARCEL – Je vous en foutrais moi des sorties de bain !

BRIGITTE – Sponsorisée par « Orange.fr ».

LAETITIA – Ou bien il a chouravé un pyjama à François Bayrou…

MARCEL – Je reste zen, zen, zen en toutes circonstances… (Il pose son tapis, prend une position de méditation et ferme les yeux.) Ooooouuuuummmmm……………

BRIGITTE – ça y est c’est reparti avec ces « oooouuuummmm ».

Entrée d’Emilie, en blouse blanche, portant une petite plante en pot et un petit carton contenant 4 ou 5 flacons du même liquide coloré. Elle pose le tout sur la table.

          Marcel  médite (poses diverses) et parasite le...

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