Sketches à quatre mains

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Dix-sept sketches écrits à deux, tantôt délirants, tantôt décalés, tantôt poussant jusqu’à l’absurde des situations de la vie quotidienne, faisant émerger au final, pris dans leur ensemble, un univers théâtral original, placé sous le signe de l’humour, de la fantaisie et de l’imaginaire. De l’aficionado organisant sur scène une corrida pour escargots au point-virgule dépressif se lamentant sur la désaffection dont il est l’objet en passant par la grand-mère tagueuse et amateur de rap révoltée contre la maison de retraite qui la traite comme une vieille, une galerie de personnages inattendus qui feront les délices du ou des comédien(ne)s… et du public. Ces sketches peuvent au choix être interprétés séparément ou dans leur ensemble. Si l’on excepte un duo, ils font tous appel à un unique interprète, pouvant le plus souvent être indifféremment féminin ou masculin.

LES ACTIVITÉS D’ÉVEIL

 

 

Personnage : un homme

 

Le personnage arrive sur scène en chantant une chanson enfantine qu’il accompagne d’une gestuelle style école maternelle :

Un pouce

Deux pouces

Toc toc

Les doigts

Ah les petites mains

Ah les petites mains…

(Proposition de gestuelle : « Un pouce » : il montre un pouce. « Deux pouces » : il montre les deux pouces. « Toc toc » : il frappe les deux pouces l’un contre l’autre. « Les doigts » : il ouvre les mains et applique les doigts de la main droite sur les doigts de la main gauche. « Ah les petites mains » : il lève les bras et fait tourner ses mains dans un sens et dans l’autre.)

(Au public.) Vous avez vu, je suis drôlement éveillé pour mes trente-cinq ans…

C’est grâce à ma femme…

Quelle chance j’ai eue, d’épouser une institutrice de maternelle fanatique des activités d’éveil…

Ce qui est formidable avec les activités d’éveil, c’est que ça vous éveille…

Regardez, moi… Au début de mon mariage, quand j’arrivais du boulot, je m’installais dans mon fauteuil à lire le journal… C’est fou quand j’y repense… Eveil de la psychomotricité, zéro…

Ma femme, quand elle a vu ça, elle a fait ni une ni deux, elle a remplacé le fauteuil par un tapis d’éveil… Vous savez, un tapis avec des trucs qui font Pouet Pouet, Zim Zim, Gloum Gloum… Et à la place du journal, elle m’a mis dans les mains un bloc de pâte à modeler… Pour éveiller ma créativité…

Au début, j’ai eu du mal… Vous m’auriez vu la première fois que je me suis retrouvé assis sur mon tapis d’éveil avec mon bloc de pâte à modeler entre les jambes… Je restais là les bras ballants sans savoir quoi faire…

Il lui en a fallu de la patience, à ma femme, pour éveiller ma psychomotricité et ma créativité…

Dieu merci, grâce à elle, j’ai fait un sacré bout de chemin… Aujourd’hui, dès que je rentre du boulot, je saute sur mon tapis d’éveil, et je fais Pouet Pouet, Zim Zim, Gloum Gloum… Et côté pâte à modeler, plus besoin de m’expliquer le mode d’emploi… Hier, en une heure, j’ai fait toute une basse-cour… Des poules, des coqs, des oies, même des petits poussins… Et ne me parlez plus de lire un journal… Maintenant, vous me mettez un journal entre les mains, j’en fais un canard…

Quelle chance j’ai eue, d’épouser une institutrice de maternelle fanatique des activités d’éveil…

(Il recommence à chanter la chanson du début :)

Un pouce

Deux pouces

Toc toc

Les doigts

Ah les petites mains

Ah les petites mains…

Un autre exemple… Avant, quand je me déplaçais dans l’appartement, je marchais… Bêtement… Ça aussi, c’est fou, quand j’y repense…

Ma femme, quand elle a vu ça, elle n’a fait ni une ni deux, elle a installé partout des parcours d’éveil… Maintenant, si je veux, mettons, prendre un bain, pour aller dans la salle de bains, il faut que je marche sur une poutre ronde… Au bout de la poutre il y a un gros tuyau… Je rampe dans le tuyau… Et au sortir du tuyau, je plonge par un toboggan dans la baignoire pleine d’eau, en essayant d’attraper au passage la queue du Mickey qui vaut un bon point…

Quand j’ai cinq bons points, j’ai droit à un bisou…

Quelle chance j’ai eue, d’épouser une institutrice de maternelle fanatique des activités d’éveil…

(Il recommence à chanter la chanson du début :)

Un pouce

Deux pouces

Toc toc

Les doigts

Ah les petites mains

Ah les petites mains…

Elle vous plaît, ma chanson ?

C’est moi qui l’ai inventée… Toujours grâce à ma femme… C’est elle qui a su éveiller ma créativité artistique… Essayez d’en inventer une comme ça, de chanson ; si vous n’avez pas une femme institutrice de maternelle et fanatique des activités d’éveil, vous n’y arriverez pas…

Bon, c’est pas tout ça, il faut que j’aille manger ma sousoupe… Aujourd’hui j’ai été sage… Alors ma femme va me faire des bibises avant de mettre ma serviette autour de mon coucou…

(Il sort en chantant à nouveau sa chanson :)

Un pouce

Deux pouces

Toc toc

Les doigts

Ah les petites mains

Ah les petites mains…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA CORRIDA

 

 

Personnage : un homme (ou une femme)

 

On entend une musique entraînante genre musique accompagnant la parade d’ouverture d’une corrida. Le personnage fait sur scène une entrée triomphale, saluant d’un bras le public, et tenant sur l’autre bras un mouchoir rouge.

La musique cesse. Le personnage s’adresse au public.

Mesdames et messieurs, bonsoir… Exceptionnellement ce soir en cette ville, un évènement exceptionnel… Pour la première fois sur une scène de théâtre, une corrida, une vraie ; avec de la passion, des cris, un public enthousiaste et des « Olé ! »… J’espère que vous savez faire « Olé ! » ? (Après la réponse du public :) On va vérifier… Musique !

(On entend une musique de corrida genre musique sur laquelle la foule crie « Olé ! ». Le comédien fait signe au public chaque fois qu’il faut faire « Olé ! ». Une trentaine de secondes, puis :)

Je vois que la salle est emplie d’aficionados… Très bien, on va pouvoir y aller…

Mesdames et messieurs, j’ai l’honneur de vous présenter la première corrida non taurine, respectant l’interdiction d’organiser des corridas pour taureaux tout en permettant aux aficionados de s’adonner à leur passion… Il faut juste pas être pressé…

(Il sort de sa poche un escargot – en pratique, une coquille d’escargot – qu’il pose sur une table ou un tabouret, de façon qu’il soit visible par le public.)

Oui, mesdames et messieurs, une corrida pour escargots… (Comme répondant à une interpellation du public :) Ben quoi ? Les escargots aussi sont des bêtes à cornes… Et pour les affronter, croyez-moi, il faut les avoir bien accrochées… La première fois que vous voyez foncer sur vous un gros escargot toutes cornes dehors, je peux vous dire que vous n’en menez pas large… Si vous ne me croyez pas, venez cet été à la première féria de Dijon, et vous verrez… C’est moi qui l’organise… Ce sera comme la féria de Pampelune, sauf qu’au lieu de lâcher dans les rues des taureaux, on lâchera des escargots de Bourgogne… Croyez-moi, il y a des touristes qui vont avoir la peur de leur vie…

Bon, c’est pas tout ça… On va y aller, sinon la bête va s’impatienter, elle va être encore plus dangereuse… D’abord le « tercio de piques »… (Il sort une longue aiguille à tricoter et la brandit comme une pique.) Pour les néophytes, il s’agit du premier tiers de la corrida, durant lequel les picadors blessent l’animal avec une pique, pour l’affaiblir un peu… Ça va pas être de trop ! Vous avez vu le bestiau ?… Musique !

(Musique de corrida, sur laquelle il plante à trois reprises son aiguille à tricoter sur le dos de l’escargot – en pratique, juste à côté –, se livrant à toute une gestuelle imitant celle d’un picador plantant sa pique sur le dos d’un taureau. La mise en scène n’hésitera pas à en rajouter dans le côté pseudo-héroïque.)

Dites donc, c’est un méchant, celui-là ! Vous avez vu les mouvements de cornes ? Il va falloir se le farcir… Ça doit être un escargot pur Bourgogne… Depuis quelque temps, on importe beaucoup d’escargots des pays de l’Est, mais pour les corridas ils valent pas un kopeck… Vous leur montrez un mouchoir rouge, ils rentrent dans leur coquille… Le rouge, ça les rend marteau, et ça leur faucille le moral…

Et maintenant, mesdames et messieurs, deuxième partie du combat, le « tercio de banderilles »… (Il saisit deux petites piques à escargots, une dans chaque main.) De plus en plus dangereux : je vais planter successivement trois paires de banderilles sur le dos de l’animal… Musique !

(Musique de corrida, sur laquelle il plante successivement trois paires de petites piques à escargots sur le dos de l’escargot – en pratique, juste à côté –, se livrant à toute une gestuelle...

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