Bonjour l’ambiance

Séverine. – Oh mais dis donc, tu as maigri, toi !

Muriel. – Ah oui, tu crois ?

Séverine. – Ben oui, t’as plus que deux plis sous le menton, tu en avais cinq ou six la semaine dernière.

Muriel. – Mais non, j’en ai toujours eu que deux. C’est de naissance.

Séverine. – T’es sûre ?

Muriel. – Certaine. C’est facile à se rappeler, j’en ai autant que tu as de cernes sous les yeux.

Séverine. – Mes cernes ? Quels cernes ? Ah, tu veux parler de mes ombres d’amour… comme dit si tendrement ton ex.

Muriel. – Qui ? Pascal ?

Séverine. – Oui, Pascal, mon Pascalou, mon petit bout’chou.

Muriel. – À propos de petit bout, est-ce qu’il met toujours son fer sur « Nylon » pour repasser ses sous-vêtements ?

Séverine. – Et toi, tu le mets sur « amiante » ?

Un temps, elles commencent à être bien énervées.

Muriel. – Dis-moi, euh… c’est comment déjà ton prénom ?

Séverine. – Séverine.

Muriel. – Ah oui, je confonds toujours avec Soupline mais y en a une des deux qui sent bon.

Séverine. – C’est ça ! Et l’autre qui ne te sert à rien puisque tu ne changes jamais de linge.

Muriel. – Mais qu’est-ce que tu as ? Je te trouve toute crispée. C’est tes antidépresseurs qui ne te font plus d’effet ?

Séverine. – Écoute, Pluriel, laisse tomber la pharmacie, j’ai peur qu’il t’arrive une Valda.

Muriel. – D’abord, et d’une : je ne m’appelle pas Pluriel mais Muriel.

Séverine. – C’est vrai ? Mais alors t’es toute seule pour dire autant de conneries ?

Muriel. – Et de deux : si je te parle de tes crises de nerfs, c’est seulement parce que le docteur Lantier m’en a parlé avant.

Séverine. – Quand est-ce qu’il t’en a parlé ? Lorsque tu t’es fait liposucer deux kilos et demi de graisse ou quand tu t’es fait remonter les seins d’un mètre ?

Muriel. – Tu dis vraiment n’importe quoi. Le docteur Lantier s’occupe du cerveau.

Séverine. – Ah bon ? Alors comment se fait-il que tu le consultes ?

Muriel. – Je ne le consulte pas. Je l’ai rencontré à un cocktail très chic où il y avait une ambiance terrible.

Séverine. – « Ambiance terrible », ça doit vouloir dire que tu étais complètement pétée.

Muriel. – C’est fou ce que la jalousie peut te rendre acide ! Je n’y suis pour rien, moi, si j’ai ma photo dans le journal.

Séverine. – Ah ! ah ! (Rire moqueur.) Tu parles, dans « Santé magazine » !

Muriel. – C’est un début.

Séverine. – Et en plus on ne voit que ta vésicule biliaire.

Muriel. – C’est un principe : jamais en dessous de la ceinture.

Séverine. – D’abord c’est même pas certain que ce soit la tienne cette opération de la vésicule. Peut-être que c’est celle de quelqu’un d’autre. Ou peut-être même qu’ils l’ont faite sur un rôti, ça s’est vu. Tu sais, la viande c’est de la viande !

Muriel. – Mais tu es odieuse ! Tu trouves qu’on peut me confondre avec un rôti ?

Séverine. – Je trouve qu’on peut te confondre avec n’importe quoi ! D’ailleurs, Pascal me dit toujours…

Muriel. – Écoute, Soupline, ramène pas toujours le rescapé du bromure sur le tapis. C’est pas une référence.

Séverine. – Excuse-moi, je ne pensais pas te faire mal, je croyais que tu t’en foutais.

Muriel. – Oui, je m’en fous !

Séverine. – Lui aussi.

Muriel. – Je m’en fous !!!

Séverine. – Il va beaucoup mieux depuis qu’il est avec moi, tu sais ?

Muriel. – Je m’en fous !!!

Séverine. – Il n’enfonce plus du tout d’aiguilles dans les poupées en criant ton nom.

Muriel. – Je m’en fouououous !!!

Soudain elles font un break, se sourient.

Séverine. – Ça te suffit pas comme ça ? Moi je suis complètement excitée.

Muriel. – Moi aussi. Dépêchons-nous.

Elles enfilent deux tenues de contractuelles.

Séverine. – Ah la vache, la forme que j’ai ! La première bagnole en infraction, je te dis pas la contredanse que je vais lui mettre.

Muriel. – Ça va saigner, aujourd’hui, dans le quartier !

 

Ce que les gens pensent vraiment

Le principe de cette suite de sketches est simple. Il s’agit de jouer une scène deux fois. Tout d’abord la version que l’on dit et ensuite la version que l’on pense.

 

 

Le lit conjugal

 

Il arrive dans la chambre qui est plongée dans la pénombre. Il est encore habillé, costard-cravate, fripé, il tient son attaché-case à la main.

La lumière s’allume aussitôt.

Lui. – Oh, je te réveille ma chérie ? Je suis désolé. Je ne savais pas que tu dormais.

Elle. – Je ne dormais pas, j’étais inquiète. Qu’est-ce qui t’est arrivé ?

Lui. – Un boulot fou. Des...

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